Par Sophie CHHOEUM, Master 1 CMW.
Introduction
D’après l’infographie ci-dessous, sur 66 millions d’habitants en France, on compte 30 millions, soit 1 français sur 2, qui aurait un compte actif sur les réseaux sociaux.
Les réseaux sociaux, tous confondus, se développent fortement avec le web 2.0.
On peut catégoriser les différents types de réseaux sociaux, selon les types d’usage. Il y a les applications destinées à un usage professionnel comme LinkedIn ou Viadeo, pour le partage de contenus : micro-blogging tel que Twitter ou à dominante visuelle comme Instagram, ceux dit “locaux” qui permettent aux individus de se connecter entre eux en fonction de leur géolocalisation.
La notion de “réseau” est en effet ancienne. Dans son ouvrage intitulé “Sociologie des réseaux sociaux”, Pierre Mercklé rappelle les origines et le développement de sa signification et de son usage. Dans notre cas, nous étudierons le terme “réseau” plutôt par les types de relation qu’entretiennent les individus entre eux.
Les réseaux sociaux font partis intégrante de nos vie. Selon les chiffres de Wearesociasg.com, nous y consacrons en moyenne plus d’une trentaine d’heures par mois.
La pratique régulière des réseaux sociaux nécessite une gestion entre sa vie virtuelle et sa vie réelle. Il en faut également maîtriser la communication car en effet, les messages diffusés sont différents selon qu’on communique sur un réseau social professionnel ou qu’on poste un contenu plus personnel sur un réseau social de type Facebook.
Nous poserons la question de quel est l’usage qu’on a des réseaux sociaux lorsqu’on est en couple ? Quels impacts ont-ils sur notre vie de couple ?
Nous verrons dans un premier temps que les réseaux sociaux constituent la vitrine de nos vie réelle. Ensuite, nous verrons que l’usage des réseaux sociaux peuvent être un danger pour le couple et finalement, changent nos codes dans nos relations.
I. Réseaux sociaux : les rencontres 2.0
La drague en face en face n’est pas forcément facile pour tous. Certains sortent d’une relation qui ne leur convenait pas, d’autres ont peur de ne pas plaire ou encore ne trouve pas l’âme soeur. Les sites de rencontres sont multiples et chacun propose sa particularité. Il existe par exemple, des sites de rencontre selon les convictions (Droiterencontre, Gaucherencontre) ou encore selon les âges tel que Parship.
A. Les réseaux sociaux : la multiplicité du choix
Les réseaux sociaux sont des territoires vastes et larges pour pouvoir mener sa conquête à l’âme soeur. En effet, sur les réseaux sociaux tels que Facebook, selon Journaldunet, c’est plus d’un milliard et cinquante cinq millions d’utilisateurs dans le monde qui sont actifs. En effet, il existe un panel large de réseaux sociaux qui permet de s’inscrire selon ses affinités, ses passions, sa géo-localisation ou encore son âge. Ces communautés sont créées afin de filtrer dès l’entrée, les profils des utilisateurs et de filtrer selon ses recherches.
B. Compte commun : banalité ou engagement ?
Une grande partie des couples décident de créer un compte commun sur les réseaux sociaux. Certains considèrent cette décision comme un outil qui permet simplement de rassembler les amis en commun ou rencontrés pendant le temps de relation, sur un même compte et faciliter la communication lorsque l’un des deux souhaite organiser un évènement important pour l’autre (un anniversaire, un repas entre amis etc). Mais dans un autre sens, la création du compte commun peut être aussi également vue comme un engagement commun. Dans le même exemple que lorsqu’un couple s’unit devant la mairie. Cela en devient un symbole auquel chacun tient à entretenir et pour que cela fonctionne, le couple doit en maîtriser la communication.
C. Mise en scène du couple grâce à la communication
Chaque réseau social a sa particularité. Dominique Cardon, dans son ouvrage intitulé “Le design de la visibilité”, le chercheur a observé différents formats de visibilité selon le type de réseau social et de l’usage qu’on en fait. Les réseaux sociaux de type “se cacher et se voir” et “montrer et caché”. Le professeur et sociologue Catherine Lejealle, écrit en 2013 un article intitulé “Facebook et la mise en scène de soi : contrôler son image est euphorisant” dans lequel elle explique les raisons pour lesquelles l’individu contrôle son image sur les réseaux sociaux, et tout particulièrement sur Facebook.
En effet, l’individu attache une importance à son image en voulant la rendre “fabuleuse”. On peut supposer que le but est le même dans un couple car, quand on y pense, aucun couple ou très peu, publie qu’il est en froid avec l’autre.
D’autre part, on pense également que l’entretien de ce compte commun peut être aussi une manière de dire avec qui l’on est parce qu’on en est fier. Ce sentiment de fierté s’exprime par exemple par son changement de statut sur Facebook, par la publication de photos en couple, par l’organisation d’évènements avec les amis en commun etc. La vie du couple est continuellement mise en scène sur les réseaux sociaux afin de calquer sur la vie réelle, jusqu’à ce que le danger se présente.
II. Réseaux sociaux : un danger pour le couple ?
Les réseaux sociaux sont un outil de plus pour espionner son conjoint. La jalousie peut amener les individus à fouiller le téléphone, les comptes réseaux sociaux de l’autre. Dans l’article intitulé “Les réseaux sociaux ont-ils changé nos codes amoureux ?” de maxisciences.com, l’article rapporte les chiffres d’une enquête menée auprès de 1 307 couples français, 15% avouent une pratique régulière et 61% des conjoints le fait en cachette. L’espionnage est d’autant plus permis avec les outils de géo-localisation et de messagerie privée.
A. Différence de pratique entre les célibataires et ceux casés ?
La sociologue Catherine Lejealle a relevé les analyses de Carlos Duik, analyste des données Facebook. Il révèle dans son analyse que la fréquence de publication sur Facebook est beaucoup plus forte lorsque l’individu est célibataire que lorsqu’il est en couple : on passerait moins de temps sur son écran lorsqu’on est amoureux que lorsqu’on est célibataire. La sociologue cite Francesco Alberoni, auteur du “Choc amoureux« qui décrit 3 phases : la “disponibilité affichée”, la “transition de célibataire à personne en couple” et le “rite de passage et de mise en scène du couple”.
La première phase consiste à montrer sa disponibilité par la publication de posts de manière régulière afin de montrer qu’on est ouvert à la rencontre.
Ensuite vient la seconde phase, celle de la transition. C. Duik a observé que les publications diminuaient et que les individus se créent une “nouvelle identité avec l’autre”. C’est aussi selon lui, le moment pour le couple de s’accorder sur leurs rituels, sur leurs habitudes afin de ne pas agacer l’autre. Quand cette harmonie est posée dans le couple, la “communication sur l’extérieur” est possible.
La dernière phase est celle du “rite de passage et mise en scène du couple”. Elle correspond à par exemple, des publications de photos sur les activités du couple, les cadeaux qu’ils s’offrent etc. Le couple doit trouver une harmonie dans la communication de cette mise en scène car elle peut être une raison de dispute ou de désaccord.
B. L’adultère sur les réseaux sociaux
Les réseaux sociaux sont la cause de nombreuses séparations de couple. On se souvient “Ashley Madison” qui s’est fait voler les données. Ashley Madison est une plate-forme dédiée à l’adultère. Plus de 32 millions d’adresses de courriels ont été publiquement diffusées.
Les réseaux sociaux deviennent, de plus, une preuve en matière de divorce au vue de la jurisprudence. L’avocate Juliette Daudé évoque “en matière d’adultère : Si la jurisprudence avait déjà admis qu’un SMS pouvait prouver l’adultère et donc constituer le fondement d’un divorce pour faute (à condition que celui-ci n’ait pas été obtenu par violence ou fraude), la Cour d’Appel de Douai a appliqué ce principe à une publication sur une page Facebook. Un tel élément peut donc être utilisé comme moyen de preuve d’une demande de divorce pour faute. La Cour de Cassation a elle aussi jugé que l’échange de mails équivoques et de photos intimes d’une épouse sur un réseau social constituait un manquement grave et renouvelé aux obligations du mariage. En effet, selon l’article 242 du Code civil, « Le divorce peut être demandé par l’un des époux lorsque des faits constitutifs d’une violation grave ou renouvelée des devoirs et obligations du mariage sont imputables à son conjoint et rendent intolérable le maintien de la vie commune ». Les Juges ont condamné le comportement grave et répété de l’épouse, à savoir l’envoi des messages et photos sur le réseau social, au regard de son devoir de fidélité.“
Conclusion
Internet et l’usage des réseaux sociaux redéfinissent nos codes amoureux. La fréquence de l’usage n’est pas le même selon qu’on est célibataire ou en couple. Lorsqu’on est en couple, la communication au sein du couple et sur les réseaux sociaux doit être harmonieuse et maîtrisée car elle peut être sujet de disputes et parfois mener à l’adultère. Cela implique de faire attention à ce qu’on dit aux autres, à ce qu’on publie sur soi-même et sur le couple, afin de ne pas blesser l’autre. Etant donné l’évolution des réseaux sociaux et le nombre grandissant d’utilisateurs, les réseaux sociaux, constituent chacun, même si l’usage premier n’est pas de trouver l’âme soeur, un lieu de drague possible en débutant simplement par un échange sur des passions communes etc.
Sources
CARDON Dominique, “Le design de la visibilité . Un essai de cartographie du web 2.0”, Réseaux 6/2008 (n° 152) , p. 93-137
LEJEALLE Catherine, “On publie moins sur Facebook quand on est amoureux : les 3 phases du célibat à "en couple"”, leplus.nouvelobs.com, publié le 17/02/14.
LEJEALLE Catherine, “Facebook et la mise en scène de soi : contrôler son image est euphorisant”, leplus.nouvelobs.com, publié le 5/10/13.
MEIGNAN Philippe, “Les réseaux sociaux ont ils changé nos codes amoureux ?”, maxisciences.com, publié le 30/05/12.
Couplesfamilles.be, “Internet a-t-il changé l'amour?”, couplesfamilles.be, publié en 2011.
Agende Presse Ottawa, “Ashley Madison poursuivi après le vol de données d'utilisateurs”, techno.lapresse.ca, publié le 21/08/15.