LES MONDES NUMERIQUES

Blog des Masters en Sciences Sociales de l'Université Gustave Eiffel

La pollution numérique est-elle connue et comprise de tous ?

par Barbier Romain 

Dans le documentaire américain Une vérité qui dérange (An Inconvenient Truth) de Davis Guggenheim, le politique Al Gore met en lumière la quasi-unanimité des scientifiques s’accordant sur le réchauffement climatique. Le prix Nobel de 2007 met également en avant les graves conséquences que le changement climatique produira si la quantité d’émissions de gaz à effet de serre n’est pas significativement réduite dans un futur très proche. (1) Plus tard, lors de la COP 21 à Paris en 2015, 195 pays se sont réunis pour décider des mesures à mettre en place dans le but de limiter le réchauffement climatique. A l’issue de la COP 21, un accord international sur le climat a vu le jour. Ce dernier fixe l’objectif de limiter le réchauffement mondial entre 1,5°C et 2°C d’ici 2100. (2)

Le monde entier s’engage à moins polluer et à adopter un comportement protecteur de la planète. Cependant, le réchauffement climatique est-il seulement occasionné par l’usage des voitures, l’agriculture, les usines ? La réponse est non. Une part de la responsabilité est portée par la pollution numérique. Ce dossier montrera dans un premier temps les spécificités et le fonctionnement de la pollution numérique. Dans un deuxième temps, l’écrit répondra à la problématique suivante : Est-ce que la pollution numérique est connue et comprise de tous ?

Partie I – Qu’est-ce que la pollution numérique ?

  1. Définitions

La pollution désigne la détérioration d’un écosystème par des substances ou des radiations altérant son fonctionnement. L’introduction de polluants est le plus souvent d’origine humaine. L’Homme pollue différents milieux : l’air, l’eau, les sols ou encore l’espace avec la pollution sonore. En polluant, il influe de manière très négative sur la santé et sur la biosphère. Par exemple, le réchauffement climatique est le résultat de l’activité de l’Homme. La pollution entraîne également l’apparition de maladies, des migrations de certaines espèces et leur extinction si elles n’arrivent pas à s’adapter au nouvel environnement créé par l’être humain. Selon l’OMS, plus de 7 millions de morts sont attribuables aux effets des pollutions de l’air extérieure et domestique, et les régions de l’Asie et du Pacifique sont les plus touchées. La pollution de l’air est désormais le facteur le plus important affectant la santé, tout le monde est touché, que ce soit dans les pays riches ou dans les pays pauvres. (3) La pollution de tous les milieux grandit de jours en jours avec l’expansion de l’activité humaine et de la population mondiale. Cette problématique revêt un caractère présent mais surtout futur.

La numérisation ou encore la dématérialisation est le processus par lequel on passe d’une technologie matérielle à une technologie numérique. (4) Le terme digitalisation est également utilisé pour parler de numérisation. Nous sommes en présence du numérique lorsque l’on parle des photographies sur Facebook. Ces photographies sont immatérielles. Elles ne sont que des enchainements de 0 et de 1 du langage binaire. Pareillement, lors d’une embauche dans une entreprise, les candidats remplissaient dans le passé des dossiers papier de candidature. Dorénavant, ces mêmes dossiers sont recopiés informatiquement et proposés sous une forme numérique. Le numérique est présent partout dans notre monde actuel : les photographies, les films, les livres, les conversations (emails, sms, messages instantanés).

Par addition, la pollution numérique est la pollution découlant de l’usage du numérique. Sans numérique, nous n’aurions pas ce type de pollution.

  1. Contexte historique

Pour comprendre ce qu’est la pollution numérique, il faut connaître son origine. Avant la naissance de l’informatique, le savoir sur nos civilisations et notre monde était sauvegardé dans des lieux très précis. Au tout début, les lycées grecs ont accueilli ces connaissances. Par la suite, ce sont dans les monastères que les Hommes stockèrent leur histoire. Puis, les académies des sciences sont apparues en Occident à Londres, Paris ou encore Bologne. Dans ces institutions du savoir, l’Homme cherchait à comprendre et à analyser le monde. Pour la première fois, le savoir était distinct de la religion. Aujourd’hui nos recherches passées et présentes sont stockées dans les universités. Ces établissements, inventés par Humboldt au 12ème siècle proposent des laboratoires de recherche. De nos jours, le savoir du monde est de plus en plus numérisé. Que ce soit en université ou à titre particulier nous mémorisons nos connaissances. Cela est moderne et utile. Nous pouvons copier notre mémoire informatiquement et limiter la perte de données avec des évènements plus ou moins tragiques (perte, vol, incendie, etc.). Pour exemple, lors du Grand Incendie de Londres en septembre 1666, les dégâts matériels ont été chiffrés à 13 200 maisons, 87 églises paroissiales, 44 maisons de guilde, le Royal Exchange, la Custom House, la Cathédrale Saint-Paul, plusieurs prisons et les trois portes de la Cité. 70 000 à 80 000 Londoniens ont perdu leur domicile. (5) (6) Lors de cet évènement, de nombreux écrits ont brûlé. La perte de savoir fut importante. De même, les londoniens ont perdu une grande partie de leurs biens personnels, photographies de famille, factures, reconnaissances de dettes, papiers d’identité, acte de mariage, etc. Cela aurait été différent avec la présence du numérique.

Il a fallu attendre la naissance de l’informatique pour parler de numérique. Le monde doit cette dernière à Alan Mathison Turing. (7) Ce mathématicien britannique est le premier Homme à conceptualiser un ordinateur. Pour lui, l’ordinateur permet de résoudre tout problème algorithmique. Avec son concept de machine universelle de Turing, il posa les bases théoriques de l’informatique moderne. Après la Seconde Guerre Mondiale, ATT le laboratoire de DELL a inventé le transistor. C’est un composant informatique composé de silicium. Il est fondamental pour le fonctionnement des appareils électroniques modernes. (8) Cette innovation rend les machines plus petites, plus rapides, plus fiables et plus économiques. C’est grâce au transistor que l’informatique s’est développée. De plus en plus de personnes, d’entreprises, d’institutions ont acheté des ordinateurs. Il fallut attendre la naissance d’internet dans les années 1970 pour commencer à voir apparaître l’informatique que nous connaissons aujourd’hui.

L’informatique a rapidement eu recours au stockage de données. Il faut savoir que le premier disque dur a été inventé en 1956 par IBM. Cette firme américaine a conceptualisé un ensemble de 50 disques en aluminium de 61 centimètres de diamètre, tournant à 3600 tours par minute et recouverts d’une fiche couche magnétique, permettant de stocker un total de 5 millions de caractères (5Mo). Ce disque appelé Ramac 305 proposait un taux de transfert de 8,8 Ko/s et pesait plus d’une tonne. Près de 10 ans après, IBM commercialisa le disque 1301 proposant une capacité de 28 Mo. A partir de cette année, différentes entreprises se lancèrent dans la course au stockage de données. (9) Aujourd’hui, les disques durs ont un visage totalement différent. Ils sont petits, rapides et stockent une quantité astronomique de données. Le stockage de données et les autres technologies ont permis de numériser notre monde et de le modifier. Dorénavant, passer une commande pour des semences agricoles se fait grâce à une centrale d’achat sur le WEB. Acheter des actions ou des obligations sur différents marchés internationaux est réalisable directement sur ordinateur. Toutes les données nécessaires sur l’achat ou la vente sont disponibles 24H/24H toute l’année sur internet. Tout ce que nous faisions auparavant est ou peut être numérisé. Toutes les données produites par l’activité humaine sont enregistrées numériquement sur des disques durs. En 2017, de plus en plus de données sont produites par les entreprises et les particuliers et sont à l’origine de la pollution numérique.

  1. La pollution numérique : les causes et les enjeux

En 2017, effectuer des recherches sur Google, poster des photos sur Instagram, acheter sur Amazon, ce sont des gestes du quotidien. Que ce soit sur ordinateur ou sur smartphone, nous échangeons près de 200 millions de courriels par minute. (10) Pour assurer une expérience mondiale optimale, les réseaux structurant internet fonctionnent toute l’année. Pour stocker les données produites par les internautes privés et les entreprises, d’extraordinaires usines de stockage ont été créées. Ces usines nommées data centers traitent et stockent les datas (équivalent de données). Les professionnels de l’informatique estiment que si nous ne changeons rien dans nos habitudes, les data centers émettront autant de C02 que le trafic aérien mondial dans un avenir proche. En effet, selon le rapport de Global e-Sustainability Initiative (GeSI), les centres de traitement des données des géants du web sont responsables de 2% des émissions de CO2 dans le monde. C’est autant que ce qu’émet l’aviation civile. (11) En surfant sur la toile, nous polluons. Une recherche sur Yahoo pollue comme une voiture. Pour exemples, visionner une vidéo sur YouTube de 10 minutes consomme 1 gramme de CO2. Faire une recherche Google émet 0,2 gramme de CO2. Utiliser Facebook consomme 269 grammes de CO2 par utilisateur et par an. (12) Cela peut paraître dérisoire, mais la consommation rapportée à l’échelle de la planète et de sa population change le résultat. La pollution occasionnée par notre activité numérique est loin d’être négligeable.

Le fonctionnement de notre monde numérique est permis par les data centers. Ces derniers sont des lieux abritant des kilomètres de câbles électriques, des centaines de servers ainsi que des systèmes de climatisation. Selon le leader des études sectorielles Xerfi, en France nous avions 137 data centers en 2013. Près de la moitié de ces centres est située aux Etats-Unis (40%). Pour Xerfi, la France profite d’un emplacement central au sein du réseau internet en Europe. (13) Dans ces différentes usines de données, les milliers de servers hébergent les photos de famille des internautes, les emails ou encore les données clients des entreprises. Dans le reportage de Public Sénat, nous apprenons que la capacité de stockage du data center de Reims est de 5 000 To. Cette capacité représente l’équivalent de 50 000 000 000 d’emails. Il est connu que les données sauvegardées dans ces lieux sont copiées deux à trois fois sur des servers différents. Cela peut paraître inutile et énergivore, mais les spécialistes du stockage le font pour plus de sécurité. Si jamais un incident arrive sur l’un des servers, ou une panne sur une partie de l’usine, les données des utilisateurs sont sauvées et disponibles.

Aujourd’hui, nous savons que nos infrastructures pour sauver nos données polluent. Elles polluent à cause de la production d’énergie. C’est pour cette raison que les dernières générations de servers consomment moins d’électricité et sont plus performantes. Consommer moins d’électricité est le défi de tous les centres de données mondiaux. Cependant, même en perfectionnant les installations, les usines sont encore énergivores. Elles sont équipées de systèmes d’extinction d’incendie, de climatisations en redondance et d’alimentations sans interruptions appelées onduleurs. Les onduleurs permettent d’assurer le rôle d’une batterie en cas de panne EDF, tremblement de terre sectionnant le réseau électrique, etc. L’une des dépenses les plus importantes des data centers concerne les systèmes de climatisation. Dans les salles informatiques, la température optimale est de 22,1°C. Cette dernière est difficilement maintenable dans un milieu où des centaines de composants informatiques chauffent.

La pollution numérique n’est pas seulement due à la consommation énergétique des data centers. En effet, c’est un ensemble de choses. Construire des équipements, des serveurs, des terminaux, tout cela pollue énormément. Le monde digital lié par internet devient de plus en plus central dans notre société moderne. La baisse du coût d’internet et des machines entraine un développement du monde numérique très rapide. Ce dernier ne cesse d’intégrer tous les pans de notre vie. Quand nous comptabilisons l’énergie nécessaire à la maintenance de notre monde digital, Peter Corcoran et Andres Andrea disent que sa demande totale en énergie représente 7% des demandes en énergie mondiale. Ce chiffre date de 2012. Leur projection pour 2017 est que ce chiffre augmente jusqu’à atteindre 12%. Jusqu’à 2030, il y aura une progression de 7% par an. (14) En 2012, le fonctionnement des ordinateurs consommait 47% de l’énergie du secteur informatique (34% en 2017), la manufacture représentait 18% (16% en 2017), les data centers avaient une part de 15% (21% en 2017) et les réseaux requéraient 20% (29% en 2017). Ces différents chiffres montrent l’importance du stockage de données et du réseau dans notre société actuelle. En 2015, nous avions environ 9 milliards d’appareils connectés. Pour rappel, selon l’ONU la population mondiale est estimée à 7,43 milliards au 1er Juillet 2016. (15) Ce phénomène n’est pas sans conséquences. La pollution numérique pollue et a des impacts environnementaux. Les impacts d’un internaute par an sont estimés à 250 kilogrammes de CO2, 300 kWh d’électricité ou encore à 3000 L d’eau douce. Il peut sembler étonnant que l’activité numérique consomme de l’eau mais cela est lié aux centrales nucléaires. En effet, en France l’électricité produite provient en grande partie du nucléaire. Cette technologie utilise de grandes quantités d’eau pour refroidir les réacteurs dans les centrales.

De plus, la pollution numérique est amplifiée par nos avancées technologiques. Par exemple, le poids d’une page WEB a été multiplié par 115 entre le début du web et 2017. La différence entre les deux périodes ? L’apparition de la HD, de contenus volumineux, etc. Un des défis de notre civilisation est de concevoir un web vert. Par ailleurs, la production d’une donnée numérique sur un réseau filaire et sur un réseau sans fil n’est pas identique sur le plan pollution. En effet, sur réseau mobile, la consommation énergétique occasionnée est deux fois plus importante. Ainsi avec l’arrivée de la 3G et 4G, nous avons un impact encore plus important sur notre planète.

Pour résorber au maximum notre pollution numérique, nous devons changer nos habitudes, adapter au mieux nos technologies et utiliser des énergies durables pour limiter l’impact négatif de notre monde digital. Selon le conseiller en numérique durable Frédéric Bordage, les Hommes peuvent tous mener de petites actions. La première est celle d’éteindre sa box internet la nuit. Ensuite, le renouvellement de smartphones, d’ordinateurs doit être fait de manière réfléchie et durable. Autre geste pour la planète possible : privilégier la télévision TNT plutôt que la télévision internet.

L’arrivée des objets connectés qui utilisent des réseaux mobiles et qui stockent jours et nuits des données doit être analysée et décryptée. Cela peut révolutionner notre expérience de vie, mais peut également détruire de plus en plus notre environnement.

Partie II – Questionnaire et analyse

  1. Méthodologie

  1. Logique de création des questions

Dans le cadre de la réalisation du dossier en sociologie du WEB, il est apparu nécessaire de faire une étude auprès de la population. Cette étude a pour mission de faire ressortir la réponse à notre problématique de départ : La pollution numérique est-elle connue et comprise de tous ? Pour cela, j’ai tout d’abord questionné différentes personnes de mon entourage pour cibler leurs connaissances et leur culture en matière d’environnement. Cette première étape m’a permis d’ajuster mentalement les questions que je voulais poser dans mon questionnaire.

Le questionnaire final est composé de 20 questions réparties dans 5 catégories. La première catégorie « Toi ? Qui es-tu ? » me permet de connaître le répondant. Ce dernier peut inscrire son nom, prénom, la tranche d’âge à laquelle il appartient et ce qu’il fait dans la vie. La deuxième catégorie « Dis-moi ce que tu as à disposition » donne au participant l’occasion de décrire ce qu’il possède en matière d’informatique (ordinateur, tablette, internet, supports de stockage ou encore un accès au cloud). La troisième partie du questionnaire « Petite question juste pour toi… » testait les connaissances du répondant sur la notion de pollution numérique. Cette partie est essentielle dans la réponse à la problématique initiale. Pour cela, la question était ouverte. Ainsi, les participants devaient obligatoirement écrire du texte et non cocher une puce oui/non. En procédant de cette manière, je maximisais les chances de voir si la personne connaissait réellement la notion de pollution numérique ou non. Dans l’avant dernière catégorie, j’interrogeais les personnes sur leurs habitudes de stockage. Cela permettait d’établir trois profils différents : ceux qui stockent leurs données dans le cloud, dans le non cloud, ou dans les deux. Finalement, le questionnaire se termine par une catégorie « Dernière étape et après tu es tranquille ! ». Cette étape finale me permet de découvrir la culture environnementale et les habitudes écologiques des répondants. « Fais-tu le tri des déchets ? », « Te sens-tu prêt-e à changer tes habitudes pour rendre le monde meilleur » sont des exemples de questions posées. La finalité de cette partie est de voir si les personnes sont prêtes à changer leurs habitudes en connaissance de cause.

  1. Modélisation du questionnaire numérique

Une fois l’étape de la création du questionnaire papier achevée, il est apparu essentiel de le modéliser sur un format numérique. L’outil choisi est Google Form. Cette fonctionnalité proposée par Google permet de créer des questionnaires épurés, simples et fonctionnels. J’ai alors recopié mon questionnaire sur l’interface web en prenant soin de sélectionner les bons choix de réponses (puce radio, boîte à cocher, texte, etc.). D’un point de vue ergonomique, j’ai coupé le questionnaire en 5 pages pour différencier les 5 catégories citées. Egalement, pour encourager le répondant, la mise en place d’une barre de progression semblait nécessaire. L’ajout d’une présentation courte en début de questionnaire et d’un thème neutre complétaient l’ensemble.

  1. Mode de diffusion du questionnaire

Une fois le questionnaire prêt et testé, j’ai procédé à l’envoi. Pour cela, j’ai créé des groupes d’envois différents. Premièrement, le formulaire a été adressé à mon réseau personnel familial et amical. Ce réseau regroupe donc une vingtaine de personnes très proches et en qui j’ai confiance. J’ai adressé à ces différentes personnes un email ou un message personnalisé en leur demandant de remplir le questionnaire et de le partager avec une autre personne (au minimum). Cette logique me permettait d’assurer environ 40 réponses. Au-delà, de ce premier envoi, mon choix s’est porté sur mon réseau universitaire et professionnel. Pour cette deuxième catégorie de contacts, j’ai envoyé le questionnaire dans un post Facebook sur le mur de la promotion actuelle et sur le mur Facebook général CMW. En ce qui concerne la partie professionnelle, l’envoi d’un email corporate m’a semblé le plus adapté.

  1. Limites du questionnaire

Malgré les nombreux retours positifs, il est apparu une gêne non négligeable. L’anonymat promis lors de la publication des résultats n’a pas suffi a instauré un climat de confiance pour remplir le questionnaire. Certaines personnes sur Facebook ont demandé pourquoi je demandais le nom et prénom dans la première catégorie du questionnaire. Cela avait uniquement pour but de relancer certains participants si besoin. La remarque est constructive et est à prendre en compte pour les futurs questionnaires. Il semble évident que certains participants souhaitent garder l’anonymat tout au long de leur expérience sur le formulaire.

Egalement, les réponses obtenues ne reflètent pas véritablement la population française et encore moins mondiale. En effet, les personnes interrogées me sont assez socialement proches (mêmes amis, même famille, même formation, même géolocalisation). Les réponses obtenues concernent peu les personnes âgées, les adolescents ou encore les agriculteurs. De manière similaire, je n’ai pas envoyé ce questionnaire aux savants et professeurs des universités. Ceci exclu une part non négligeable de personnes connaissant la pollution numérique et les sujets sur l’environnement. Au regard de mon cercle professionnel, j’ai adressé le questionnaire à deux entreprises de Grande Distribution (Monoprix et Groupe Casino). Ainsi les employés y travaillant ne représentent pas non plus l’ensemble des travailleurs français.

  1. Résultats

Après diffusion de mon questionnaire, je comptabilise 104 réponses. Voici les résultats obtenus.

Toi ? Qui es-tu ?

Quel est ton nom de famille ?

Confidentiel

Quel est ton prénom ?

Confidentiel

Quel est ton âge dans les tranches suivantes ?

10 – 20 ans : 5 soit 4,8%

21 – 30 ans : 83 soit 79,8%

31 – 40 ans : 4 soit 3,8%

41 – 50 ans : 5 soit 4,8%

51 – 60 ans : 5 soit 4,8%

61 – 70 ans : 0 soit 0%

Plus de 71 ans : 2 soit 1,9%

Que fais-tu dans la vie ?

J’étudie (alternants et stagiaires compris) : 56 soit 53,8%

Je travaille (CDI, CDD, intérim, freelance, autres) : 42 soit 40,4%

Je suis à temps plein chez Pôle Emploi : 4 soit 3,8%

Je suis à la retraite : 2 soit 1,9%

Dis-moi ce que tu as ou non à disposition

As-tu un ordinateur ? ET/OU smartphone ? ET/OU tablette ? ET/OU minitel ?

Oui : 103 soit 99%

Non : 1 soit 1%

As-tu internet chez toi ? ET/OU sur ton mobile ?

Oui : 104 soit 100%

Non : 0 soit 0%

As-tu au moins une clef usb ou disque dur ou disquette pour les plus nostalgiques ?

Oui : 102 soit 98,1%

Non : 2 soit 1,9%

As-tu un espace de stockage sur le cloud ? (Dropbox, iCloud, Google Drive, OneDrive, autres)

Oui : 83 soit 79,8%

Non : 21 soit 20,2%

Petite question juste pour toi…

Sans aide, sans Google, sans rien… Qu’est-ce que la pollution numérique ? (Réponse courte) – Traitement et calcul effectués par Romain Barbier

Réponse correcte : 46 soit 44,2%

Réponse incorrecte : 58 soit 55,8%

As-tu déjà entendu parler de ce type de pollution à la télé, FB, journaux, conversations ?

Oui : 55 soit 52,9%

Non : 49 soit 47,1%

Tes habitudes pour mieux te comprendre

Lorsque tu utilises ton ordinateur, tablette, smartphone, que fais-tu ?

De la bureautique : 87 soit 83,7%

Je surfe sur le WEB : 102 soit 98,1%

Je discute instantanément : 92 soit 88,5%

Je regarde plus ou moins légalement des vidéos : 75 soit 72,1%

Je fais des visios : 39 soit 37,5%

Je joue : 40 soit 38,5%

J’envoie des emails : 95 soit 91,3%

Lorsque tu sauvegardes un élément (document, image, ou ce que tu veux), tu privilégies le cloud ou le non cloud ?

Cloud : 9 soit 8,7%

Non Cloud : 54 soit 51,9%

Les deux (tout dépend de ce que j’enregistre) : 41 soit 39,4%

Dernière étape et après tu es tranquille

Savais-tu que regarder ta série en streaming pollue la planète ?

Oui : 81 soit 22,1%

Non : 23 soit 77,9%

Savais-tu qu’envoyer un email et les conserver pollue également ton environnement ?

Oui : 42 soit 40,4%

Non : 62 soit 59,6%

Savais-tu que le cloud polluait ?

Oui : 31 soit 29,8%

Non : 73 soit 70,2%

Es-tu sensible, préoccupé-e par la pollution ?

Oui : 87 soit 83,7%

Non : 17 soit 16,3%

Fais-tu le tri des déchets ?

Oui : 84 soit 80,8%

Non : 20 soit 19,2%

Question intime, fais-tu attention à ta consommation d’eau ? (Plutôt bain, douche ou ni l’un ni l’autre)

Oui : 73 soit 70,2%

Non : 31 soit 29,8%

Pour faire simple, la pollution numérique pollue la Terre. Vilainement. Te sens-tu prêt-e à changer tes habitudes pour rendre le monde meilleur ?

Oui : 85 soit 81,7%

Non : 19 soit 18,3%

Si oui, comment ? (C’est fini !) – Traitement et calculs effectués par Romain Barbier

Nombre de réponses obtenues avec la condition du « oui » : 84

Réponse « acceptable » : 48 soit 57,1%

Réponse « hors-sujet » ou « vide » : 36 soit 42,9%

  1. Compréhension des résultats

Rappelons la problématique : La pollution numérique est-elle connue et comprise de tous ? Les réponses obtenues nous permettent de dire que cette notion est encore beaucoup ignorée. En effet, seulement 44,2% de l’échantillon interrogé est capable de donner une définition pertinente du phénomène. Les 55,8% restants représentent le flou autour de la notion. Beaucoup de répondants pensent que la pollution numérique est le fait d’être « submergé », « pollué » par des informations inutiles (mails, newsletters, actualités). Ce résultat problématique doit être mis en relation avec la réponse à la question « As-tu déjà entendu parler de ce type de pollution à la télé, FB, journaux, conversations ? ». Plus de la moitié des participants estime avoir été informée sur la pollution numérique. Il se peut que la communication ne fonctionne pas de manière optimale puisque même informés nous nous trompons encore sur la définition de la pollution numérique.

Nous nous apercevons que sur les 104 personnes interrogées, seulement une personne n’a pas à disposition un ordinateur ou un smartphone. Mais internet est disponible pour tous les répondants. On voit que l’informatique est pleinement intégrée dans notre mode de vie. Rares sont ceux qui sont exclus de cette technologie (tout du moins dans cet échantillon). Les habitudes informatiques des répondants montrent que 83,7% utilisent les outils de bureautique, 98,1% surfent sur internet, 88,5% discutent instantanément, près de 75% visionnent des vidéos et plus de 9 personnes sur 10 envoient des emails. Les deux secteurs les moins utilisés sont le secteur gaming et celui des visios (skype, FaceTime, etc.). Nous pouvons donc constater que les participants de l’étude consomment et stockent des données lors de l’utilisation informatique.

Concernant le stockage, l’étude apporte des informations intéressantes. 98,1% des personnes interrogées possèdent un support de stockage externe matériel (clef USB, disque dur, etc.). Presque 80% des utilisateurs détiennent également un espace de stockage dans le cloud. L’échantillon interrogé peut donc choisir de sauvegarder sur le cloud ou le non cloud. D’ailleurs, 39,4% des réponses montrent que l’utilisation de ces deux moyens de stockage est majoritairement privilégiée. Seulement 8,7% utilisent seulement le cloud. Plus de la moitié des personnes utilise des supports physiques pour effectuer leurs sauvegardes. Grâce à ces différents chiffres, il apparaît que le réflexe de stocker ses données dans le cloud n’est pas encore d’actualité et un automatisme pour tout le monde. Ce mode de stockage est à privilégier pour éviter d’amplifier la pollution numérique.

L’étude menée dépeint une culture en matière environnementale mitigée. En effet, 8 personnes sur 10 ne pensaient pas que regarder une série en streaming polluait. 6 personnes sur 10 ne connaissaient pas l’impact environnemental des emails. Enfin 7 participants sur 10 ne savaient pas que le cloud polluait. Ces chiffres font ressortir la problématique. La pollution est inconnue et incomprise. Pourtant, 83,7% des répondants se sentent sensibles et préoccupés par la pollution de la Terre. Ils sont plus de 80% à faire le tri des déchets et plus de 70% à vérifier leur consommation en eau. Après information sur le phénomène de la pollution numérique, 81,7% de l’échantillon sont prêts à changer leurs habitudes pour rendre le monde meilleur. Un peu moins de la moitié (42,9%) ne sait pas comment procéder pour changer ses habitudes.

Au final, l’étude montre que la pollution numérique est incomprise et encore loin d’être connue. La majorité des personnes est soucieuse de l’environnement et de l’avenir de la planète. Il paraît alors nécessaire d’informer la population sur cette pollution et de l’expliquer comme nous savons le faire pour les maladies (SIDA, grippe) ou pour l’impact des voitures sur la couche d’ozone.

Conclusion

La pollution numérique est un phénomène complexe et encore inconnu. L’informatique appartenant au monde scientifique, la population ignore son fonctionnement ses technologies (ordinateur, internet, smartphone, Wi-Fi, transitor, 4G etc.). Pourtant, cette pollution est loin d’être négligeable et influe véritablement sur notre environnement. Les ordinateurs, smartphones, et internet sont de plus en plus accessibles à la population mondiale, l’enjeu de maîtriser notre impact numérique paraît inévitable. Le plan d’action possible dans la lutte contre la pollution semble débuter avec une communication sur le sujet puis la mise en place de processus durables à grande échelle comme à petite échelle. La communication doit se faire grâce aux différents médias disponibles. Mais selon le sociologue d’origine autrichienne Paul Felix Lazarsfeld, les médias n’influencent pas de manière catégorique la population. Dans l’étude The People’s Choice (1944), le sociologue enquête pendant 6 mois lors de l’élection présidentielle américaine. Il étudie les choix de 600 adultes pendant cet évènement. Selon lui, les médias ne changent pas l’influence de la population. Ce qui influence cette dernière c’est les groupes familiaux, l’Eglise, les clubs, etc. Dans une étude menée en 1955, Paul Felix Lazarsfeld étudie les habitudes de 800 femmes dans différents domaines (achats alimentaires, mode, cinéma, affaires civiques). Il explique alors que les contacts personnels ont une importance déterminante dans le processus de décision. De même, selon le sociologue, des leaders d’opinions sont vitaux dans la prise de décision des femmes. Une petite minorité des leaders d’opinions servent d’intermédiaires entre les médias et la population. Cette étude montre que nous sommes plus influencés par les autres que par les médias. L’avenir de la planète et la diminution de la pollution numérique est donc entre les mains de certains influenceurs comme nos politiques, nos associations, nos chercheurs, nos journalistes ou encore notre famille et nos amis.

Bibliographie et webographie

(1) Al Gore, « An Inconvenient Truth », de David Guggenheim, 2006, 98min

(2) http://www.gouvernement.fr/action/la-cop-21

(3) « La pollution de l’ai a causé 7 millions de morts en 2012, selon l’OMS », Le Monde, 25/03/2014

(4) https://fr.wikipedia.org/wiki/Digital

(5) Roy Porter, London : A Social History, Harvard, Cambridge, Harvard University Press, 12/02/1998

(6) Adrian Tinniswood, By Permission of Heaven : The Story of the Great Fire of London, Londres : Jonathan Cape, 2003

(7) http://www.bnf.fr/documents/biblio_alan_turing.pdf

(8) https://fr.wikipedia.org/wiki/Transistor

(9) http://www.commentcamarche.net/contents/478-histoire-du-disque-dur

(10) Public Sénat, « La pollution cachée d’internet – Les pieds sur terre », https://www.youtube.com/watch?v=WWJECP5LTYU&t=714s

(11) « C02 : Internet pollue autant que les avions », Le Parisien, 07/10/2015

(12) « C02 : Internet pollue autant que les avions », Le Parisien, 07/10/2015

(13) Antoine Crochet-Damais, « Data center : la France, quatrième pays le mieux équipé au monde », JDN, 11/07/2014

(14) Gary Cook, Clicking clean : who is winning the race to build a green internet, Greepeace Inc., Janvier 2017

(15) https://esa.un.org/unpd/wpp/

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