par Nam-anh HUYNH-MAI et Charlotte PERETOU
Nés avec la révolution numérique, les adolescents ont grandi avec l’image. En effet, depuis leur plus jeune âge, ils ont été exposés aux « objectifs sous toutes les coutures et ont vite appris à se la jouer en jonglant avec les tenues et les postures pour s’incarner. » selon Xavier Pommereau (Nos ados.com en images, comment les soigner, 2011.) Certains vont se mettre en scène, en affichant leurs goûts, leurs centres d’intérêts et aptitudes afin de capter le regard de l’autre et de recevoir des retours positifs de la part de celui-ci. Il faut se montrer, ce qui peut les pousser à être connectés en permanence. Le téléphone ou bien Internet offrent des possibilités de communication entre pairs quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. D’après Didier Lauru, le « tout, tout de suite » semble être à portée de main. Cela pourrait répondre aux exigences pulsionnelles d’immédiateté de l’adolescent. A un moment de leur existence, où les représentations numériques produites par les familles peuvent être temporairement rejetées, la mise en scène produite par soi-même peut être privilégiée. Pour ces adolescents, elle peut constituer la meilleure représentation de soi dans un monde où l’image est devenue omniprésente. Il ne s’agit pas de montrer une image de soi correspondant parfaitement à soi-même mais de jouer sur une image de soi qui peut être fortement idéalisée.
Sous l’effet de la généralisation des nouvelles technologies, certains vont donc attacher une importance considérable à leur représentation en ligne. Une nouvelle forme de communication apparaît : la conversation à travers les images. Avec le développement des réseaux sociaux, « l’image conversationnelle » s’est installée progressivement dans les usages vers 2010. Elle est omniprésente. Xavier Pommereau parle de « règne de l’image » à l’heure du numérique. En s’exposant au regard de l’autre, ils cherchent à se rassurer et à plaire à leur groupe de pairs. Les adolescents doivent suivre la tendance pour se conformer et s’intégrer à leur cercle d’amis. Un travail de mise en valeur de leur vie quotidienne s’observe à travers l’affichage de leurs accessoires, vêtements et postures. On peut parler de séduction en images où l’on va privilégier la forme au fond.
Tout cela nous a amenées à nous demander en quoi ces nouveaux supports, et plus particulièrement Snapchat et Instagram, permettent d’acquérir de la reconnaissance chez les adolescents.
D’après une enquête issue du ministère de la Culture, les adolescents représentent la classe d’âge la plus concernée par la production de photographies. On observe que les réseaux sociaux fondés sur l’image (Snapchat, Instagram, Tumblr, Flickr…) ont encore contribué à intensifier la pratique photographique. Les filles utiliseraient ces applications deux fois plus que les garçons d’après l’observatoire Cemea (2013-2014). C’est pourquoi dans le cadre de notre enquête, nous avons choisi d’interroger trois adolescentes.
La première personne que nous avons interrogée est une lycéenne âgée de 16 ans habitant à Cernay-la-Ville dans les Yvelines (78). Elle est en première S. Elle est très active sur les plateformes Snapchat et Instagram. Lors de notre entretien cette adolescente avait un score de 40 632 sur le compte Snapchat qu’elle utilise actuellement. Sur son précédent compte, elle avait un score de 9 771, (le score correspond au nombre total de snapchats échangés). Elle a une centaine d’amis sur Snapchat. Sur son Instagram, elle a 460 abonnés. Elle pratique de l’escrime à haut niveau.
La deuxième personne que nous avons interrogée est également une lycéenne âgée de 16 ans, elle habite à Paris dans le 14ème, Porte d’Orléans. Elle pratique aussi de l’escrime à haut niveau. Elle n’utilise pas Instagram, mais par contre elle est très active sur Snapchat : elle a 150 amis. Son score sur Snapchat est de 22 250.
La troisième personne interrogée est une lycéenne de 17 ans, habitant à Villelongue de la Salanque avec son père et à Canet-en-Roussillon (près de Perpignan dans le 66) avec sa mère. Elle est en terminale ES. Elle pratique la danse et aime beaucoup la pâtisserie. (Elle prend beaucoup en photos la nourriture qu’elle fait ou qu’elle mange.) Elle n’utilise pas Instagram, mais Snapchat. Son score sur Snapchat est de 54 146 et elle a environ 150 amis.
Dans un premier temps, nous allons présenter les différentes plateformes (Snapchat et Instagram). Puis nous verrons qu’elles contribuent à développer une nouvelle forme de conversation qui va passer principalement passer par l’image.
Ensuite, nous nous intéresserons à la question de la représentation de soi et plus particulièrement au contrôle de l’image et à l’influence des modèles.
Et pour finir, nous aborderons les limites, en montrant que les adolescents sont à la recherche d’une validation constante auprès des autres, ce qui peut entraîner une dépendance. On peut également s’interroger sur le respect de la vie privée et à propos des autres dangers que cela peut engendrer.
I – Outils de communication
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Présentation et utilisation de Snapchat et Instagram
Les applications photographiques sont recherchées et développées par toutes les grandes plates-formes : Twitter propose Vine, Yahoo a racheté Flickr puis Tumblr. Google a développé ses propres applications : appareil photo de Google, Google camera, Photosphere… Facebook a acheté Instagram, puis Whatsapp, puis a essayé d’acheter Snapchat sans succès, etc. Nous allons nous intéresser ici à Snapchat et Instagram, deux applications dédiées à la photographie dont les adolescents raffolent.
Snapchat est une application numérique de partage de photos et de vidéos, disponible sur mobiles et tablettes, téléchargeable gratuitement. Elle permet également d’échanger des messages instantanément, à la manière de SMS. Elle a été conçue en 2011 par des étudiants californiens et a été évaluée à dix milliards de dollars en juillet 2014. 400 millions de photos ou vidéos sont échangées chaque jour. 80 % des 15-25 ans selon le baromètre Harris Interactive Social Life 2015 connaissent Snapchat. 71 % des utilisateurs de Snapchat ont moins de 25 ans et 65 % sont des femmes, selon Business Insider, c’est pourquoi nous nous intéressons particulièrement à l’utilisation de Snapchat par les adolescentes.
La particularité de Snapchat tient en l’existence d’une limite de temps de visualisation pour le destinataire du contenu numérique. Chaque photo ou vidéo envoyée ne peut être visible que pour une durée de une à dix secondes, ce qui explique le choix du fantôme pour le logo de l’application. L’image envoyée est amenée à disparaître presqu’au moment de sa réception, à ne laisser aucune trace, sauf le souvenir que chacun en garde et dont il pourra d’ailleurs finir par douter tant la photo lui est apparue peu de temps. Ou alors avec les « stories », il est possible de rendre disponibles des images pendant une durée de vingt-quatre heures à l’ensemble de ses contacts. Une des adolescentes interrogées nous confie qu’elle aime bien les stories parce que ça lui permet de suivre la vie de ses amis et même de ses amis un peu moins proches avec qui elle ne discuterait pas forcément régulièrement.
Snapchat permet, entre autres, de dessiner sur les images ou d’appliquer des filtres. On peut aussi ajouter des données personnelles comme l’heure ou la température. La mise à jour de janvier 2015 propose des filtres (« geofilters ») permettant de géolocaliser l’image ou la vidéo. Chaque ville, évènement, marque peut désormais avoir son propre filtre.
La sociologue Joëlle Menrath a observé lors de son enquête, auprès de jeunes de 12 à 17 ans, une utilisation moyenne de 50 à 80 snapchats par jour. Les personnes que nous avons interrogées nous ont dit passer facilement plusieurs heures par jour sur l’application et elles estiment qu’aujourd’hui, rares sont ceux qui n’ont pas Snapchat dans leur entourage.
Snapchat est en train de devenir la plateforme la plus populaire. Et du coup « Tous les grands réseaux sociaux commencent à copier Snapchat. » remarque une des adolescentes que nous avons interrogée. Le succès de Snapchat peut s’expliquer par le fait qu’il s’agit d’une application pour smartphone essentiellement visuelle, facile d’utilisation, que les publications sont sans conséquence puisqu’elles disparaissent au bout de quelques secondes, qu’on peut suivre quelqu’un sans qu’il soit forcément notre ami (mécanique sociale asymétrique qui diminue la pression sociale). Le fait que les adultes (les parents) sont presque complètement absents de cette plateforme contribue également à son succès car les adolescents peuvent se comporter librement, sans tabous.
Sur Snapchat, les photos qui sont prises sur le vif, sont généralement destinées à un public restreint, choisi, constitué de personnes considérées comme intimes à qui l’on veut montrer son vrai visage. Les photos envoyées pourront donc être intimes, parfois même compromettantes, puisque l’on a confiance dans le destinataire qui est connu et qui, normalement, de par le principe même de l’application, ne va pas rediffuser l’image reçue. On constate que, la plupart du temps, les utilisateurs laissent effectivement les images disparaître, même s’ils savent faire des captures d’écran pour les conserver, cependant ils les gardent et les partagent parfois quand elles sont particulièrement intéressantes. Les images échangées sur Snapchat peuvent se présenter sous différentes formes et posséder de multiples fonctions. Il peut s’agir d’autoportraits laissant transparaître l’humeur de l’utilisateur à la manière des émoticônes, en fonction de l’expression du visage et du commentaire ajouté, de façon bien plus efficace qu’avec un simple message texte. Le commentaire permet d’expliquer le contexte, ce qu’on est en train de faire.
D’après l’article Vous n’avez rien compris aux selfies, d’Aurélien Viers, qui recueille les propos d’André Gunthert, spécialiste de la culture visuelle, celui-ci affirme : « Sur Snapchat, on ne fait pas des photos de soi pour apparaître sous son meilleur jour. Son image, on la triture, on la surligne, on la salit, et in fine, on la laisse s’effacer au bout de quelques minutes, au maximum 24 heures. ». C’est une des applications qui respecte le moins l’image, puisque l’on écrit sur l’image, à la différence d’autres applications où l’on écrit en-dessous ou à côté pour préserver l’intégrité de l’image. Ce spécialiste de l’image ajoute encore : « Sur Snapchat, on rature l’image et on programme sa destruction. C’est sans doute le summum de la subversion, la désacralisation ultime de l’image. L’image n’a pas vocation à être belle, mais à faire parler. Et à rigoler, aussi. »
En général, dans une conversation, on plaisante et c’est bien ce qui se passe avec Snapchat où l’on est souvent dans la dérision, le sarcasme, l’ironie, le « lol ». « Le rire est un vecteur de sociabilité plus puissant que la respectabilité. » annonce-t-il plus loin.
Les raisons du succès d’une image partagée ne sont pas vraiment d’ordre esthétique, mais social : sur Snapchat seul le nombre de vues et d’éventuelles réponses compte, tandis que sur Instagram ce sont les likes et les commentaires suscités qui primeront.
Instagram, une application pour mobiles et tablettes, permet de partager ses photos et ses vidéos avec son réseau d’amis, d’aimer (avec des « ♥ ») et de laisser des commentaires sur les images déposées par les autres utilisateurs. Les applications comme Instagram participent au développement de la pratique de la phonéographie, ou photographie avec un téléphone mobile. L’une des raisons du succès de l’application Instagram sont les filtres qui permettent aux utilisateurs d’embellir, voire de sublimer leurs photos. L’utilisateur prend d’abord une photo avec l’application ou en récupère une sur son smartphone, puis il utilise des filtres pour modifier l’aspect visuel de l’image (noir et blanc, sépia, avec des filtres comme Moon, Mayfair, etc.), il peut aussi jouer sur d’autres réglages (contraste, luminosité, saturation, ajouter des contours, etc). L’application dispose d’une messagerie interne « Instagram direct » pour discuter avec les autres Instagramers. Les adolescentes que nous avons interrogées lui préfèrent, toutefois, la messagerie de Snapchat. Instagram, créée en 2010 et rachetée par Facebook en 2012 pour 1 milliard de dollars, revendique 600 millions d’utilisateurs à travers le monde, en 2016. Les utilisateurs d’Instagram sont communément appelés les « Igers ». 95 millions de photos et de vidéos sont publiés chaque jour. 4,2 milliards de « ♥ » sont prodigués quotidiennement.
Instagram compte plus de 200 millions de publications taguées « selfies » et plus de 300 millions avec le hashtag « #me ». Les 16 – 24 ans représentent 41% des utilisateurs totaux d’Instagram. La France comptait 2,6 millions d’utilisateurs en 2014.
Divers acteurs institutionnels ont choisi Instagram comme outil de communication, car c’est la plateforme sociale la plus populaire sur toutes les classes d’âge, avec un contenu jugé plus qualitatif et des images qui perdurent. Selon l’étude SelfieCity, « Instagram est un documentaire de la vie contemporaine ».
On a demandé à des adolescentes de comparer Snapchat et Instagram, il en ressort que : « Y’a Snapchat pour les potes et Instagram pour les stars, c’est vraiment un truc pour se promouvoir ! » et qu’« Instagram c’est pour se la péter, mais c’est sympa quand même… ». Elles préfèrent largement Snapchat à Instagram, elles n’ont d’ailleurs pas toutes un compte Instagram et celles qui en ont un pourraient plus facilement supprimer leur compte Instagram que leur compte Snapchat.
Pour A. Gunthert, « Sur Instagram, de manière assez classique, on produit des images. Sur Snapchat, on lance une conversation, en raturant sa propre image. »
Autre différence majeure c’est la question de la temporalité : sur Snapchat les images sont éphémères, prises et postées sur le vif, alors que sur Instagram les photographies ont pour vocation de durer et sont souvent publiées à posteriori, après avoir été judicieusement sélectionnées et retravaillées.
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Conversation par l’image : un rôle social
Comme le constate André Gunthert, spécialiste d’histoire visuelle : « La victoire de l’usage sur le contenu est particulièrement flagrante avec Snapchat (2011) […] L’application illustre clairement l’abandon du territoire de l’œuvre et de l’élaboration au profit de la conversation en acte. » Les images constituent un nouveau langage. Elles peuvent remplacer les mots, les phrases et même les récits, mais l’échange auquel elles donnent lieu manque de profondeur. De par leur nature éphémère, les images n’ont pas vraiment le temps de raconter quelque chose de concret. Elsa Godart, philosophe et psychanalyste, prétend que : « L’image conversationnelle n’offre une « conversation » qu’en apparence. L’étymologie latine de conversation, conversatio, renvoie à la « fréquentation » mais, dans ces images, il n’y a aucune mise en présence qui rende possible la fréquentation : l’autre n’a pas d’odeur, ni de goût. »
Ce néo-langage s’appelle le pic speech (discours par l’image). Utilisé surtout par les adolescents, il est « une langue à dimension globale puisqu’elle s’appuie sur des outils et des technologies diffusés mondialement », remarque Thu Trinh-Bouvier, spécialiste de la communication digitale, responsable des nouveaux médias chez Vivendi. Elle précise : « Que ce soit sur Facebook, Instagram, Snapchat, Twitter ou Whatsapp, le pic speech se développe à l’intérieur de ces différents espaces : sites web sociaux, applis mobiles, applis de messagerie instantanée. » Cette langue commune aux jeunes du monde entier – ce qui ne s’était encore jamais produit – n’est pourtant pas universelle, car tous ne la comprennent pas nécessairement. « Le pic speech s’inscrit dans un temps court, impatient, souligne Thu Trinh-Bouvier. […] Les jeunes recherchent avant tout des modes de communication rapides et simples, d’où l’utilisation, pour le moment, plus importante des images que des vidéos : les fichiers image étant plus légers, ils savent qu’ils vont arriver plus rapidement à leurs interlocuteurs. » Le contenu de l’image reste secondaire par rapport à l’urgence de sa diffusion. La spécialiste de l’image conclut : « cette tendance fait entrer de plain-pied le pic speech dans le langage semi-parlé semi-écrit où il n’y a plus de trace de nos propos que dans la mémoire subjective de chacun des protagonistes (l’envoyeur et le récepteur) ». Le contenu de ces conversations est souvent assez pauvre. On ne peut plus vraiment parler de dialogue au sens socratique, car il n’y a plus vraiment d’argumentation.
Toutefois une photo permet de faire passer un message qui en dit beaucoup sur l’identité et une image peut souvent avoir bien plus d’impact qu’un long argumentaire.
Communiquer par l’image est rapide et est à l’origine d’une surexposition de l’intimité. Les adolescents eux-mêmes le disent : c’est plus « pratique », « ça va plus vite » que les sms et cela permet une « présence à distance ».
Le fait de produire et de transmettre des images est une nouvelle forme d’expression orale. L’image n’est plus un outil qui sert uniquement à conserver un instant, elle est devenue un outil de conversation. « Les réseaux sociaux, ce n’est pas des conversations à propos des photos, mais des conversations avec les photos. », énonce André Gunthert.
Pour les adolescents, les photos sont plus importantes en tant que sources d’interactions avec d’autres, que pour fixer des souvenirs, ce qui explique pourquoi la signification d’une photo pourra être différente en fonction de son destinataire ou de l’application utilisée pour son partage. Le moment où la photo est prise est également important aux yeux des adolescents.
On ne produit pas un selfie pour soi, mais pour les autres, comme nous le révèlent les adolescentes interrogées.
Barthes estime que le récit « peut être supporté par le langage articulé, oral ou écrit, par l’image, fixe ou mobile, par le geste et par le mélange ordonné de toutes ces substances ». Les images apparaissent alors comme de véritables supports à la narration.
Sur Snapchat on constate que les photos sont souvent au moins des « twinnies » car l’adolescent veut montrer qu’il est intégré dans un groupe de personnes de son âge, il ne veut pas paraître trop autocentré, mais au contraire comme faisant partie d’un groupe. En effet, l’adolescent se représente lui-même, mais comme un autre, et souvent avec les autres.
« L’image doit produire de l’interaction et de la conversation. » affirme André Gunthert. « Photographier » est bien souvent indissociable de « partager ». Robert Doisneau affirmait déjà qu’on ne fait des photographies que pour les montrer à ses amis. L’innovation numérique permet seulement de faciliter la diffusion à grande échelle.
II – La représentation de soi
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Le contrôle de l’image
Ces supports permettent d’exposer une image de soi maîtrisée notamment sur la plateforme Instagram. En effet, d’après les entretiens, certaines procèdent à plusieurs prises de photos avant de les poster sur la plateforme : « Euh c’est vrai que sur Instagram, avant de poster une photo, je vais peut-être la prendre 2-3 voire 20 fois [rires] ». Ici, l’adolescente procède à plusieurs prises de photos afin de sélectionner celle qui la mettra à son avantage. Ce qu’elle montre peut être une image idéalisée d’elle-même s’inscrivant dans une logique de mise en valeur de son apparence.
D’après l’étude de Rachida Bouaiss sur les « Collégiennes en quête de beauté » (2013), certaines adolescentes recherchent une mise en valeur de soi basée sur une bonne image de soi. Ce qui peut marquer une volonté de se mettre en avant et en valeur, grâce notamment à la mise en relief de ses atouts esthétiques mais aussi à des retouches, ou bien à des filtres permettant de s’embellir sur Instagram comme ici : « On va essayer de la changer, changer l’éclairage, mettre un filtre, essayer d’embellir la photo. La priorité sur Instagram, c’est que nous on soit jolies après sur Snapchat, un peu moins parce que y’a moins les moyens de le faire. » Ainsi, elles vont essayer d’embellir leurs photos et notamment leurs selfies afin d’apparaître sous leur meilleur jour auprès de leur cercle social sur Instagram. Les filtres de retouche et de correction sont donc utilisés. On peut parler de camouflage des imperfections dans une logique de mise en valeur. Leur image sur Instagram est travaillée et mise en scène. Les adolescentes ici peuvent donner à voir une image à leur avantage, voire fortement idéalisée. Ce qui peut les inciter à demander conseil à d’autres personnes sur le choix de mettre telle ou telle photo : « Enfin ça dépend si c’est une photo de moi, je vais demander l’avis pour demander si je suis bien dessus, si on prend un selfie à plusieurs aussi ouais. » Les selfies sont soigneusement sélectionnés avant de les mettre sur la plateforme. Instagram peut donc apparaître comme un outil de promotion pour ces adolescentes, afin de se valoriser auprès de leurs pairs. D’après Serge Tisseron, les adolescents vont sur Internet pour valoriser leurs expériences intimes. Ils vont jouer avec leur apparence en proposant par exemple des images fantaisistes d’eux-mêmes afin d’en tester la validité auprès des autres. Mettre des photos valorisantes d’eux-mêmes sert à demander la validation de l’expérience. Les contenus partagés vont donc faire l’objet d’une opération de sélection par ces adolescentes, passant par ce contrôle de l’image.
La plateforme peut apparaître comme une sorte de « carte d’identité » pour ces jeunes filles, où l’on expose les photos qui les embellissent le plus. Ce qui peut marquer une différence avec Snapchat puisque l’application ne dispose pas de filtres aussi perfectionnés permettant de retoucher les photos à la manière d’Instagram. Une différence d’usage entres les deux plateformes s’observe : « Snapchat ça sera plus sur le moment, après Instagram tu vas te dire, « ah cette photo elle est pas terrible du coup je vais peut-être la supprimer », un ou deux mois après. On se met plus en scène sur Insta en fait. » Ici, l’application Snapchat est utilisée pour partager une photo prise sur le vif et qui ne sera donc pas retouché comme sur la plateforme Instagram. Les images partagées sur Snapchat montrent des activités prises sur le moment, contrairement à Instagram dont les photos ont plus vocation à se fixer dans la durée.
En effet, le principe de Snapchat repose sur la destruction du contenu après son envoi à tel ou tel destinataire défini. On observe une différence d’usage entre ces deux plateformes. Les photos exposées sur Instagram ont parfois exigé plusieurs prises et plusieurs retouches, avec notamment l’utilisation de filtres pour s’embellir au maximum. Alors que sur Snapchat, l’image tend à être une image communicative s’expliquant par sa destruction et non une image esthétisée : « : Bah comme sur Snapchat c’est plus sur le moment, on est pas forcément maquillé, ou préparé ». Snapchat se révèle être plutôt une plateforme pour exprimer un moment présent et instantané contrairement à Instagram. Les images sont temporaires, cela peut réduire la pression sociale poussant les jeunes à apparaître sous leur meilleur jour. Avec Snapchat, seul le moment présent peut être saisi et partagé. Le contenu temporaire apparaît sans importance. On observe un nombre réduit de prise de selfies sur cette plateforme par rapport à Instagram : « Après avec Snapchat, c’est vrai on prend un peu moins de selfies que sur Insta, peut-être 2-3, pour la garder pour moi. » L’application a été créée initialement à des fins ludiques, permettant de partager des photos qui vont s’effacer, à l’opposé d’Instagram qui se caractérise par sa fonction archiviste. Ces adolescentes vont donc moins prendre des photos d’elles-mêmes sur Snapchat, puisque les moyens de retouche ne sont pas aussi perfectionnés que sur Instagram.
Parmi les impacts des TIC, on observe que les interfaces valorisent une structuration formelle de l’utilisateur. En effet, la présentation du profil sur Instagram tend à être important pour ces jeunes filles : « Moi je trouve que la bio c’est important, moi elle en parle beaucoup, elle voulait être sur la bio d’une de ses amies, enfin elle cherchait ce qu’elle pourrait mettre dedans pour être sur la sienne ». La biographie se compose des éléments que l’on va indiquer sur soi afin de se présenter au sein de son cercle social. Elle a une importance. Ces éléments peuvent être la ville où l’on habite, l’activité que l’on exerce, ses passions, ou une jolie citation qui peut attirer l’attention : « Ouais ils essaient de mettre une phrase d’accroche au tout début, j’avais une amie qui avais mis « moi je vous laisse, j’y vais » elle avait mis un mot, mais je sais plus lequel mais c’était ce mot-là qui était drôle ». Une image de soi maîtrisée peut également donc passer à travers l’exposition d’une biographie mettant l’adolescent en valeur. Puisqu’en effet les profils peuvent assurer la fonction de « page personnelle », c’est-à-dire de présentation officielle de soi. Choisir par exemple la « citation parfaite » ou bien une citation originale permettant de se démarquer des autres individus, comme le dit une des adolescentes peut être un moyen pour attirer un plus grand nombre d’abonnés, et proposer une image de soi que l’on souhaite montrer.
- Les modèles
Au cours des entretiens, nous avons remarqué que les adolescentes suivaient certaines célébrités sur Instagram et Snapchat. Ces réseaux sociaux peuvent impulser une dynamique de mise en mouvement sur le mode d’une ouverture au monde en suivant des personnalités comme ici : « Bah ils racontent vraiment toute leur vie dans leur story, c’est vrai que Kylie Jenner enfin on les envie beaucoup dans leurs snaps, c’est un peu un modèle ». Une des adolescentes interrogée suit Kylie Jenner, personnalité de télé-réalité américaine âgée de 19 ans. La notion de « modèles à suivre » fait sens au regard des adolescentes interrogées. En effet, certaines souhaitent leur ressembler. Une enquête menée par Ipsop Santé/Fondation réalisée pour le forum Adolescences révèle que 80% des adolescents ont besoin de modèles pour devenir adultes. Les adolescentes suivent aussi des marques : « Je vais suivre un ou deux comptes beauté qui vont publier de tout, maquillage, et mode. Je suis certains mannequins, et certaines marques aussi, et célébrités. » Certaines vont suivre ces comptes pour s’inspirer et trouver des astuces par exemple pour la coiffure ou bien pour le maquillage. Selon l’étude de Rachida Bouaiss, on peut observer une fonction coéducatrice des marques. Ces jeunes filles peuvent s’en inspirer. Ces marques peuvent avoir vocation à les accompagner tout au long de leur construction. Ces adolescentes peuvent ainsi apparaître comme des « cibles » faciles auprès des marques. Les plateformes comme Instagram peuvent leur servir à suivre leurs marques préférées, mais aussi leurs modèles et ainsi se conformer aux standards et codes de la beauté féminine, tels que la société les édicte : « Bah on les envie beaucoup, vraiment, ah j’aimerais bien être comme elle, je suis pressée d’être riche pour pouvoir faire comme elle ou ce genre de choses en fait. » Suivre ces modèles peut participer à leur construction individuelle et sociale. Ainsi d’après la sociologue des médias Monique Dagnaud, les NTIC permettent aux adolescents de s’informer, d’approfondir leurs connaissances et de suivre leurs modèles, ce qui va les inciter à effectuer un travail de mise en scène de leur vie et de présentation de soi inspiré des personnes qu’elles suivent sur ces plateformes.
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Les complexes
Un sentiment de frustration peut être ressenti par certaines adolescentes lorsqu’elles naviguent sur le réseau Instagram. Sur cette plateforme, les célébrités ou les simples individus vont rechercher la perfection sur leurs photos. Certains vont tenter de vendre une image fantasmée d’eux-mêmes et de leurs vies comme on peut le constater avec la présence de « post bads » sur le réseau : « Je voyais sur Instagram il y a beaucoup de comptes post bad, et du coup on va voir des filles qui reproduisent les mêmes poses ». Une post bad est par définition une personne qui va vendre du rêve par son physique, sa plastique et surtout par sa côte de popularité qui peut s’illustrer par un grand nombre d’abonnés c’est-à-dire de personnes abonnées à son compte ou bien par un grand nombre de « likes ». Elles ont en commun un physique parfait. Certaines adolescentes vont tenter de reproduire les mêmes poses sur leurs photos que les post bads. Pour se mettre en valeur, ces adolescentes vont reproduire les mêmes postures sur leurs photos, à la manière de ces modèles pour elles. On parle à nouveau de cette « valorisation utopique » (Rachida Bouaiss, 2013) passant par une exposition de soi par le biais de produits cosmétiques comme le maquillage, ou bien de beaux vêtements. Certaines vont complexer en regardant leurs photos : « Des fois je complexe en regardant leurs photos, j’aimerais bien leur ressembler ». Nous pouvons voir ici que l’application peut altérer l’estime de soi des adolescentes. En effet, comme ici, lorsqu’elles sont confrontées aux photos des autres utilisateurs d’Instagram. Le fait de voir des individus postant des photos très valorisantes d’eux peut provoquer ce sentiment de frustration. L’exposition de leur physique ou de biens matériels peut leur rappeler ce qu’ils n’ont pas ou ce qu’ils ne sont pas. Ce sentiment peut donc être amplifié car l’image renvoyée sur Instagram est systématiquement perfectionnée.
III – Les limites
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La recherche de validation constante
La simplicité d’utilisation des plateformes comme Snapchat ou bien Instagram peut encourager les plus jeunes en mal de reconnaissance à s’exposer en permanence. L’émergence du web participatif a contribué à une explosion de la prise de parole permettant à la fois de laisser des traces sur les usagers mais également les contributeurs. D’après l’étude de Dominique Cardon sur les usages du web (2011), les réseaux sociaux attirent les utilisateurs pour la richesse des activités de publication et d’expression, ce qui leur offre la possibilité de s’exposer et de valoriser leur identité dans la vie réelle. Ce qui peut s’illustrer par la recherche constante de « likes » par les adolescents sur Instagram. Sur les réseaux sociaux, il existe un grand nombre d’indicateurs destinés à s’évaluer et se comparer les uns les autres. Cette plateforme permet aux individus de commenter, de liker et de publier du contenu. Ce sont principalement des photos mais aussi des vidéos. Le « like » est l’expression d’un soutien ou d’un intérêt déjà acquis. En effet, une des adolescentes nous a dit : « Instagram eh bah on attend un nombre de likes assez élevé et après bah on voit quoi et puis aussi des commentaires, bah ça fait un peu comme Facebook à ce moment-là, quand on poste une photo de profil, ils vont être là « Oh t’es jolie », oh na na na… voilà. ». Elles attendent ainsi un nombre de « likes » assez élevé, ce qui peut leur apporter une certaine satisfaction et leur donner une certaine estime de soi. Lorsqu’elles publient une photo, ou une vidéo, c’est toujours dans l’espoir d’avoir un retour. L’image en ligne véhiculée par les adolescentes est donc souvent très travaillée pour ensuite faire l’objet d’une « évaluation » par les pairs à travers ces dispositifs d’évaluation que sont les « likes ». Cet attrait pour le nombre de « likes » et d’interactions en tout genre peut se transformer en véritable course à la popularité pour certains.
La quantité de commentaires ou de « likes » laissés par leurs pairs peut-être associée à la popularité du propriétaire du profil. Certaines d’entre elles publient des photos pour l’image que les autres leur renvoient d’elles-mêmes. Ces photos sont donc postées pour les autres, et non pour elles-mêmes, ce qui peut les amener à passer un temps considérable afin de sélectionner la photo « parfaite » : « ça peut prendre beaucoup de temps [rires], bah quand j’ai rien à faire, je peux passer 1h voire 1h30 à prendre plein de photos de moi maquillé, et après à choisir la bonne, je peux prendre environ 20-30 photos avant de la poster. » Ici, l’adolescente prend le temps de choisir la photo qui la mettra la plus en valeur. Ces photos vont permettre aux pairs de marquer leur approbation. Rachida Bouaiss parle de « valorisation utopique » qui renvoie principalement à l’expression de soi et à l’interaction avec les autres via notamment le maquillage. S’exposer sous leur meilleur jour va déterminer leur popularité. Ce qui peut conduire l’adolescent à être à l’affut du moindre « like » ou commentaire posté sur une nouvelle photo de profil par exemple. Une dépendance pour ces réseaux peut donc s’installer dû à leur besoin de reconnaissance. Le nombre de « likes » peut-être perçu comme étant positif et jouer en faveur de leur attractivité sociale auprès de leur cercle social.
Ainsi d’après Serge Tisseron dans son étude sur les « Jeunes et la culture Internet » (2009), les adolescents vont sur la toile pour valoriser leur image. Mettre des photos d’eux-mêmes les représentant dans leur quotidien est une manière de retenir l’attention de leurs pairs, ce qui s’illustre par les likes que vont accorder ces derniers. Ce qui peut participer à alimenter leur confiance en eux-mêmes, mais aussi provoquer une dépendance envers le regard de l’autre chez ces adolescentes. La dynamique de conformité, capitale pour la reconnaissance et l’acceptation des autres se confirme. L’application peut donc affecter l’estime de soi, notamment à travers un commentaire jugé négatif déposé sur le réseau : « J’ai préféré supprimer ce commentaire, c’était une remarque, ah oui si si je m’en souviens, c’était à un mariage, j’avais posté une photo, j’avais une longue jupe en fait, j’ai un ami qui a commenté : on dirait une nonne avec la longue jupe noire, alors j’ai supprimé le commentaire au lieu d’y répondre ». L’adolescente a fait le choix de supprimer ce commentaire. Un commentaire négatif peut-être vécu comme un rejet social selon les jeunes filles. Les réactions des adolescentes interrogées font apparaître la valorisation sociale de la beauté comme étant importante. Même si tous les adolescents ne cherchent pas à embellir leur image, il faut veiller à ne pas la salir comme on peut le voir ici. Ainsi, pour accroître leur statut, elles veillent à s’exposer par le biais par exemple d’une image de profil toujours soignée et une gestion des commentaires via l’effacement de commentaires désobligeants. Leur démarche consiste ici à mettre sur ces réseaux des fragments de leur intimité physique afin d’en éprouver la valeur par le retour positif de la part des autres utilisateurs, ce qui peut créer une forme de dépendance à l’image que ces adolescentes renvoient. Sur ces réseaux, pour certaines, l’importance va donc se mesurer au nombre de clics mais sans que soient comptabilisés les commentaires négatifs par exemple.
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La dépendance
Avec la présence du smartphone à portée de main, la possibilité de prendre tout en photo et de partager en un instant, il est difficile pour certains de résister… Prendre en photo ce qu’on mange, le dernier vêtement qu’on s’est acheté, immortaliser sa nouvelle coupe de cheveux ou un beau paysage, les opportunités semblent infinies…
Mais que découvre-t-on de soi quand, au lieu de vivre l’instant, on s’interrompt pour le photographier ? « Photographier la jouissance en pleine jouissance, c’est interrompre cette jouissance. », signale Elsa Godart. Pareil pour la vie, quand on la met en scène ou on l’interrompt pour se photographier, on finit par s’en éloigner. Une certaine distance se crée, on ne peut plus vraiment rencontrer l’autre, créer des liens profonds avec lui lorsqu’on vit sa vie derrière un écran plutôt que dans la vraie vie.
Un jeune Britannique de 19 ans, Danny Bowman, à la recherche du « selfie parfait » a presque été entraîné vers la mort en 2014. Tous les jours, il ne faisait que se prendre en selfie (il passait plus de 10 heures par jour à se prendre en photo), au point de devoir arrêter l’école, en effet, il pouvait réaliser jusqu’à 200 selfies par jour. Il avait perdu douze kilos, en six mois : « J’étais constamment à la recherche du selfie parfait et lorsque j’ai réalisé que ce n’était pas possible, j’ai voulu mourir. J’ai perdu mes amis, mes études, ma santé et presque ma vie », a-t-il raconté au Mirror. Il a finalement été traité pour sa dépendance à la technologie, pour ses TOC et pour dysmorphophobie (déformation négative de l’image de soi). Ce n’est pas le seul dans ce cas, d’autres peuvent également être obnubilés par leur image et parfois même être complexés par rapport aux stéréotypes des canons des comptes beauté ou fitness, ou à la représentation de la femme ou de l’homme que l’on peut voir dans la presse ou les magazines. Ce qui peut parfois engendrer, comme ici, un certain mal-être et des TOC, ou alors même, de l’anorexie et la volonté de mettre fin à ses jours.
On a demandé à des adolescentes si elles pouvaient se passer de Snapchat et Instagram. On en retire qu’elles auraient du mal à s’en passer, puisque « c’est vrai que ça occupe beaucoup nos journées quand même » nous confie l’une d’elles, une autre admet : « ça me manque quand je n’ai pas Snapchat pendant une journée » et encore une autre pense « que je m’ennuierais en fait sans ».
En ce qui concerne ce que pensent les parents de leur utilisation, on remarque une vision plutôt négative de la part des parents des plus adeptes de ses applications. « Moi je pense que mes parents ils sont toujours là à nous reprocher qu’on est beaucoup beaucoup dessus, ils sont toujours là à nous reprocher : « oh lâche ton téléphone na na na, ou Snapchat », ils sont même prêts à nous confisquer les téléphones pendant toute une soirée ! », nous révèle une des adolescentes. « Non, mais moi mon père il dit que je suis complètement droguée : « vous êtes complètement drogués, vous passez tout votre temps sur votre téléphone, prenez un livre ! » », nous raconte une autre adolescente.
« C’est vrai que l’apparition de toutes ces applications n’a pas arrangé le fait qu’on soit tous sur nos téléphones en fait (avec Snapchat, Facebook, Insta,…) » conclut une des adolescentes.
A force de prendre tout en photo, il est parfois possible de tomber dans l’excès. On peut penser aux selfies à côté d’un mort ou d’un SDF qui soulèvent bon nombre de questions quant au respect de certaines valeurs morales. Par exemple, il y a eu un jeu trash pour ados qui consistait à prendre des selfies décalés à des enterrements : « Ceux-ci ont en effet cru bon de prendre la pose pendant les funérailles d’un proche et de poster la photo sur Instagram… Et histoire de ne pas en louper une miette, un Tumblr intitulé Selfies at Funerals compile ces autoportraits. On découvre alors des jeunes gens fiers de leur coupe de cheveux, d’autres grimaçant dans une voiture ou même certains conscients d’être borderline mais postant tout de même le cliché sur les réseaux sociaux », note la journaliste Sabrina Pons… Les exemples sont multiples et variés, comme une adolescente qui pose joyeuse et souriante devant les baraquements d’Auschwitz… Le selfie peut parfois plonger en pleine indécence et les limites entre le vulgaire et l’esthétique, le bien et le mal, le dangereux et l’audacieux ne sont alors plus clairement définissables. La surproduction de selfies peut même, dans certains cas, nous ôter une part de notre faculté de jugement et nous éloigner de tout esprit critique, ne serait-ce que le temps d’une photo…
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Les dangers : atteintes à la vie privée
D’après l’étude de Sophie Jehel sur « Les pratiques des jeunes sous la pression des industries du numérique » (2015), les jeunes sont vulnérables. La maîtrise de leur identité sociale n’est pas totalement acquise à leur âge. C’est un âge où ils sont vulnérables et facilement influençables. Les plateformes peuvent les inciter à s’exposer, ce qui passe par une publication de leurs moindres faits et gestes approuvé par le nombre de « likes ». L’influence des modèles médiatiques comme ceux de la télé-réalité les incitent à s’exposer en permanence car ils valorisent ces comportements. Selon Sophie Jehel, « Le fonctionnement commercial du web favorise le buzz, la transgression et l’agressivité. » Les adolescents ne réfléchissent pas toujours aux conséquences de leurs actes notamment avec l’envoi de photos pouvant montrer une part de leur intimité : « L’histoire d’une fille qui envoyait des photos qu’un garçon a screenées et qu’il a envoyées à une autre fille qui la déteste et qui fait tourner toutes les photos et c’est un cercle infernal après ça s’arrête jamais, surtout pour la fille et sa réputation, elle a changé de club et sa réputation l’a suivie ». Cette jeune fille avait entretenue une relation amoureuse de trois semaines avec un garçon. Elle avait partagé des photos d’elle dénudée « tel des cadeaux d’amours » (Lachance Jocelyne, Grandir dans un monde d’images. Des adolescents acteurs, réalisateurs, et spectateurs, 2016). Ils se sont quittés. Suite à leur rupture, le garçon sans aucune gêne a montré les photos de la jeune fille à tout son entourage par vengeance.
Par rancœur, certains n’hésitent pas à humilier et salir la réputation d’individus par l’envoi de photos dévoilant une part de leur vie privée et intime appelés des « sextos », messages ou images à caractère sexuel ou érotique comme c’est le cas ici. L’adolescent séduit par l’image, peut être régulièrement trompé par un individu se présentant autrement que ce qu’il est, jouant ainsi avec les caractéristiques de la communication numérique. C’est-à-dire en attirer un autre vers soi, mais le conduire également ailleurs, le tromper ou bien le détourner. Certaines se sentent donc moins en sécurité et vont donc chercher à se protéger en ne dévoilant pas leur vie intime à n’importe qui « : Oui, je pense, dans le sens on ne sait pas sur qui on va tomber, après déjà faut être un minimum prudent, faut avoir confiance en les personnes, on va pas prendre des photos comme ça les envoyer à quelqu’un ». Ce qui va les amener à être prudentes, et privilégier des plateformes comme Snapchat qui leur promet la disparition des images, une fois envoyées : « Snapchat c’est dans l’instant déjà, il n’y a pas de traces, enfin je veux dire je peux envoyer des photos horribles à des amis et s’ils ne screenent pas elles disparaissent, enfin on l’espère parce que apparemment c’est gardé, jusqu’au moment où toutes les photos vont ressortir ». D’après Frédéric Tordo (Séduire à l’ère du numérique : une séduction polymorphe à l’adolescence, 2015), ils vont considérer Snapchat comme étant une plateforme présentant moins de risques du fait de la destruction des images. Louise Merzeau (Partager ses secrets en public, 2013) ajoute que les adolescents : « ne veulent pas de réseaux sociaux ouverts mais ils veulent une intimité, ils ne pensent pas que tout acte doit être permanent, ils imaginent le web comme quelque chose d’effaçable. » Ce qui peut expliquer leur motivation à vivre de manière plus discrète au niveau de l’exposition de leurs moindres faits et gestes sur les réseaux sociaux. Et donc à se tourner plutôt vers Snapchat qui promet de ne conserver aucune donnée (« snaps »), contrairement à Facebook par exemple, connue pour ses nombreuses polémiques au sujet de la vie privée et son utilisation des données privées à des fins commerciales.
Conscientes de l’impact que peuvent avoir les réseaux sociaux sur leur vie privée, les adolescentes vont privilégier certains réseaux plutôt que d’autres dans le cadre d’une gestion stratégique de ces réseaux. On observe donc une gestion consciente et stratégique de leur capital social et symbolique en ligne (Balleys, 2015). Avec le développement des réseaux sociaux, les données personnelles et la vie privée sont devenues un des sujets majeurs de l’ère numérique, sujet dont se préoccupent également les adolescentes interrogées ici. Ainsi, ici les adolescentes vont davantage faire confiance à Snapchat pour la confidentialité de leurs données.
Conclusion :
A un âge où ils ont besoin de s’intégrer, les adolescents cherchent à valoriser leur image sur Snapchat et Instagram afin d’en tester la validité auprès de leurs pairs. Ces plateformes offrent la possibilité de se socialiser dans un processus de construction de soi. Cette quête de reconnaissance peut les rassurer et leur apporter une certaine estime de soi.
D’après Jocelyn Lachance, cette diffusion de nouvelles représentations de soi s’inscrit dans un réseau d’interactions non pas pour produire ultimement une photo mais pour également maintenir ou engager une conversation, comme on a pu le voir avec Snapchat. Snapchat apparaît plutôt comme une plateforme où l’image conversationnelle est privilégiée.
Cette application encourage l’expression de l’éphémère, des émotions à travers des grimaces ou des postures comiques partagées entre amis proches.
Instagram, au contraire, repose plutôt sur la diffusion d’images esthétisées chez les adolescents. En effet, sur cette plateforme, certains vont embellir leurs photos afin de se montrer sous le meilleur jour par exemple. On va modifier la photo en s’inspirant de modèles avant de la poster ou bien prendre plusieurs photos à la suite afin de sélectionner la photo parfaite. (Balleys, 2015)
Dans le monde des images numériques, tout un chacun est libre de se montrer comme il le souhaite, ce qui peut s’accompagner de dérives avec la quête permanente de se sentir exister à travers le regard de l’autre. Certains vont chercher à tout partager de leur quotidien et à provoquer des « likes », des commentaires et voire même essayer de créer le buzz. Cela peut donc créer une certaine dépendance à l’image. Cette volonté d’exposition repose sur une nouvelle manière de regarder : « je me regarde, je te regarde et je te regarde me regarder. » (Escande-Gauquié, 2015) C’est particulièrement le cas aujourd’hui avec le selfie, qui se présente comme une pratique photographique contemporaine particulièrement représentative de l’expression des adolescents. Les pratiques des adolescents évoluent constamment, notamment en raison de l’apparition de nouvelles plateformes, qui doivent sans cesse innover et s’adapter aux désirs de leurs utilisateurs. Actuellement, Instagram et Snapchat sont les applications préférées des adolescents. Mais qu’en sera-t-il demain… ? La photographie règnera-t-elle toujours sur notre société ou bien la vidéo par exemple, ou un autre médium prendront-ils le pas sur celle-ci ?
Bibliographie
Ouvrages :
GODART, Elsa, Je selfie donc je suis, Albin Michel, 2016
ESCANDE-GAUQUIÉ, Pauline, Tous selfie ! Pourquoi tous accro ?, 2015
BOUAISS, Rachida, Collégiennes en quête de beauté, entre devoir social, expression identitaire et hédonisme, L’harmattan, 2013
DAGNAUD, Monique, Génération Y : Les jeunes et les réseaux sociaux, de la dérision à la subversion, Presses de Sciences Po, coll. « Nouveaux débats », 2013
POMMEREAU, Xavier, Nos ados.com en images : comment les soigner ? Odile Jacob, 2011
MERCKLE, Pierre, La sociologie des réseaux sociaux, La Découverte, 2011
Revues :
LABOURDETTE Benoît, « Des vies en images », Esprit, 6/2016 (Juin), p. 93-98.
LACHANCE, Jocelyn, Grandir dans un monde d’images. Des adolescents acteurs, réalisateurs et spectateurs, Revue de l’enfance et de l’adolescence, 2016, n°93
DIZERBO Anne, Facebook, snapchat : instances de biographisation partagée, L’Harmattan, Représentations, traces, images : des peintures du néolithique aux écritures de soi contemporaines, 2016, Actuels n°5 (160 pages)
GODART, Elsa, « Éphémères images », L’école des parents, 3/2016 (N° 620), p. 39-41.
JEHEL, Sophie, Les pratiques des jeunes sous la pression des industries du numérique. Le journal des psychologues, Martin Média, 2015, n° 331 (80 pages)
TORDO, Frédéric, Séduire à l’ère du numérique : une séduction polymorphe à l’adolescence, Enfances & Psy, 2015, n°68 (216 pages)
VIERS, Aurélien, « Vous n’avez rien compris aux selfies », 2015. URL : http://bibliobs.nouvelobs.com/idees/20150912.OBS5721/vous-n-avez-rien-compris-aux-selfies.html (Consulté le 28 janvier 2017.)
GUNTHERT, André, « L’image conversationnelle », Études photographiques, 31 | Printemps 2014, [En ligne], mis en ligne le 10 avril 2014. URL : http://etudesphotographiques.revues.org/3387. (Consulté le 25 janvier 2017.)
MERZEAU, Louise, Partager ses secrets en public, Association Médium, 2013, n° 37 (362 pages)
TISSERON, Serge, Les jeunes et la culture Internet, Réseau internet et lien social. Revue Empan, 2009 (176 pages)
Annexes
Entretien n°1 avec deux adolescentes
Charlotte : Présentez-vous
Personne 1 : J’ai 16 ans. J’habite à Cernay-la-ville dans le 78 et je suis lycéenne, je suis en première S.
Personne 2 : J’ai 16 ans, j’habite à Paris dans le 14ème à porte d’Orléans. Je suis lycéenne dans un lycée privée, le lycée Sévigné dans le 5ème .
C : Est-ce que vous utilisez Instagram et Snapchat ?
Personne 1 : Alors moi j’utilise Snapchat et Instagram.
Personne 2 : Moi juste Snapchat parce que Instagram j’ai pas. Mais je connais un peu quand même
C : Depuis combien de temps vous les utilisez ? Depuis quel âge ?
Personne 1 : Euh Instagram peut-être depuis que j’ai 13-14 ans et Snapchat pareil
Personne 2 : Euh ouais moi aussi
C : Donc vous avez les applications sur vos téléphones ?
Personne 1 : C’est ça
C : Vous les consultez souvent ?
Personne 1 : Oui surtout Snapchat
Personne 2 : Moi aussi tous les jours, un petit moment
C : Vous êtes actives dessus ? Vous en envoyez ? Ou juste vous regardez ?
Personne 1 : Bah perso pour Snapchat j’en envoie et j’en reçois beaucoup aussi et pour Instagram, je regarde plus que je ne publie
Personne 2 : Moi pour Snapchat j’en envoie et j’en reçois, par contre les story j’en mets pas beaucoup
C : Vous passez combien de temps à peu près en moyenne ?
Personne 1 : Je sais pas peut-être facilement 3-4h sur Snapchat dans une journée mais pas d’affilée en tout, mais quand t’as cours nan, mais c’est vraiment à la sortie des cours même le weekend, on passe beaucoup de temps dessus
Personne 2 : Moi énormément le week-end mais les jours de cours ça doit être une demi-heure, un truc comme ça
N-A : Sur Snapchat, vous avez un compte public ou privé ?
Personne 1 : Privé
Personne 2 : Moi aussi privé
N-A : Et vous avez beaucoup d’amis ? Environ ?
Personne 1 : Moi assez, je pense ça peut monter à 100 facilement
Personne 2 : Moi je pense que j’en ai plus que sur les vues
Personne 1 : Ouais sur les vues en fait quand on met une story, y’a le nombre de personnes donc moi ça tourne autour de 100-150
Personne 2 : Moi je pense que c’est pareil enfin non je pense que j’ai moins de vues que d’amis, donc ça doit être 100 dans les vues, et donc dans les amis, 150 quelque chose comme ça
N-A : Et dans les amis, c’est à peu près les gens que vous connaissez ?
Personne 1 : Bah ça peut être des personnes très proches, des personnes qu’on a rencontré une ou deux fois
Personne 2 : A part les célébrités
Personne 1 : On les suit sur Instagram aussi
N-A : Mais la majorité des gens que vous avez, c’est des gens que vous connaissez ?
Personne 2 : Oui voilà après y’a quelques exceptions du genre des gens qu’on a rencontré une fois en soirée ou des gens en colo où on était super amis et après on les a perdu de vue mais j’ai aussi [rires] des amis de ma sœur, ça me fait super rire de voir leurs stories.
N-A : Du coup vous acceptez un peu tout le monde sur Snapchat, vous donnez facilement votre Snapchat, si on vous le demande, vous le donnez spontanément
Personne 1 : Oui enfin je pense que surtout si quelqu’un nous demande notre Snapchat c’est qu’elle nous connaît donc moi je vais le donner directement
N-A : Mais ça serait qui le genre de personne où vous refuserez de donner votre Snapchat par exemple ? Ou par exemple si vous êtes en soirée et vous voyez que la personne est un peu enfin vous avez pas envie
Personne 2 : Moi ça m’est arrivé, je sais plus pourquoi j’avais écrit son Snapchat sur un papier et le lendemain matin je me suis réveillé et je l’ai pas accepté
N-A : Et quand vous mettez des snaps ou des photos sur Instagram, est-ce que vous avez des critères un peu esthétiques ou des poses particulières ?
Personne 1 : Euh c’est vrai que sur Instagram, avant de poster une photo, je vais peut-être la prendre 2-3 voire 20 fois [rires]
N-A : Vous faites donc plusieurs essais
Personne 1 : Ouais c’est ça
Personne 1 : On va essayer de la modifier, changer l’éclairage, mettre un filtre, essayer d’embellir la photo
Personne 2 : La priorité sur Snapchat, c’est que nous on soit jolies après si les autres, ce n’est pas grave [rires]
N-A : Ça serait des snaps plutôt travaillé ?
Personne 2 : Sur Snapchat, un peu moins quand même, parce que y’a moins les moyens de le faire
N-A : Du coup la différence entre Snapchat et Instagram ? Vous mettez pas exactement la même chose ?
Personne 2 : Snapchat ça sera plus sur le moment, après Instagram tu vas te dire, « ah cette photo elle est pas terrible du coup je vais peut-être la supprimer » genre un ou deux mois après. On se met plus en scène sur Insta en fait.
Personne 1 : Parce que déjà on peut prendre du temps à la prendre donc c’est pas sur le moment et oui donc comme c’est une photo qui vas rester, on va essayer de la prendre le mieux possible
Personne 2 : Est-ce que tu penses que t’es plus présente en tant que personne sur snap, enfin je veux dire sur Snapchat tu peux mettre autre chose que des selfies, ou toi-même en selfie ou quelque chose comme ça alors que sur Insta y’aura forcément nous sur la photo
N-A : Vous cherchez donc plus à vous mettre en valeur sur Instagram plutôt que sur Snapchat ?
Personne 1 : Oui
N-A : Vous utilisez donc les effets, les filtres tout ça sur Snapchat
Personne 1 : Euh au début je les utilisais beaucoup, mais maintenant plus ou presque plus. Pour envoyer un snap drôle oui, mais pour mettre sur la story non
N-A : Pourquoi ?
Personne 2 : Bah parce que ça a été monopolisé par un certain type de personnes [rires] Enfin moi c’est plus pour envoyer aux gens, par exemple je parle tous les jours avec une même personne, donc par exemple pour varier un peu, je lui envoie des filtres mais je le mettrais pas dans ma story
Personne 1 : On n’en met plus, pour rigoler oui
N-A : Parce que je vois tous les jours y’a des nouveaux effets, parce que avant c’était pas autant, j’ai l’impression que ça s’est beaucoup développé
Personne 1 : Y’a même une période où les filtres étaient payants, et maintenant plus du tout, parce que personne ne les aurait utilisé
N-A : Y’a même des effets au niveau des paysages
N-A : Quand vous allez envoyer un snap par exemple à quelqu’un, qu’est-ce qui fait que vous allez l’envoyez à cette personne ? Qu’est-ce qui fait que vous allez la mettre dans votre story ?
Personne 1 : Je pense que quand on envoie un snap à quelqu’un c’est plus pour montrer à cette personne-là alors que dans la story c’est plus pour tout le monde quoi, montrer qu’on fait quelque chose.
C : Est-ce que quand vous la mettez dans votre story, vous l’envoyez aussi à certaines personnes ?
Personne 1 : Ca dépend, si on trouve que le snap est drôle ou qu’il peut être intéressant bah oui, sinon nan mais c’est plutôt rare
Personne 2 : Par exemple si j’ai pris une photo cool avec quelqu’un et qu’elle est cool je vais la mettre dans ma story et je l’envoie à la personne comme ça il peut la screener
N-A : Vous prenez des screens aussi ou pas ?
Personne 2 : Juste quand y’a moi sur la photo [rires] je me dis ça sert à rien mais je prends
Personne 1 : Ça arrive quand la personne nous envoie une photo avec nous dessus, ou si c’est une photo drôle de lui, on va vouloir la garder
N-A : Est-ce que vous faites des vidéos sur snap par exemple ?
Personne 1 : Oui, soit c’est des vidéos que je garde pour moi donc je les enregistre, soit je les envoie mais j’en mets pas souvent dans ma story
N-A : Si tu mets des vidéos, ça serait quoi ? Des exemples ?
Personne 1 : Soit moi avec un filtre, soit quelqu’un d’autre en train de faire quelque chose de bête, soit je sais pas quelque chose dans la rue mais ça, ça m’est quasiment jamais arrivé, quelque chose d’amusant
N-A : Est-ce que vous mettez du texte sur vos snaps ? Dans vos stories ?
Personne 2 : Ouais moi ça m’arrive
Personne 1 : On peut avoir une conversation en se prenant en photo, donc là on écrit mais pour mettre une légende ou une description pas souvent, sur Snapchat moins que sur Instagram enfin je pense
Personne 2 : Moi j’en mets en story
N-A : Est-ce que vous mettez des hashtags sur snap par exemple ?
Personne 1 : Enfin moi ni sur Instagram j’en mets pas, enfin je sais que quand on a un compte public, quand on va cliquer sur les hashtags, il va y avoir toutes les personnes qui ont vont avoir accès à ma photo donc ils vont liker
N-A : Est-ce que vous suivez des personnes célèbres sur Snapchat ? Et des exemples
Personne 1 : Moi je suis Kylie Jenner, des youtubeurs après Gaspard Lee
Personne 2 : Moi je suis le mec blond là costaud avec son perroquet, Logan Paul
Personne 1 : Après y’a un humoriste, il s’appelle Elias Gadelle, il a 17 ans et il doit y en avoir d’autres mais je les ai pas en tête
Personne 2 : Moi je suis quelqu’un qui fait des dessins sur les snaps, il prend des lieux en photos et il rajoute des dessins dessus, et c’est assez jolie, ou sinon quelqu’un qui fait des ballons
N-A : Vous regardez leurs stories à chaque fois ?
Personne 1 : Bah ça dépend, des fois si ils en mettent beaucoup sinon oui je les regarde le soir
N-A : Qu’est-ce que vous aimez dans leurs stories ?
Personne 1 : Bah ils racontent vraiment toute leur vie dans leur story, c’est vrai que Kylie Jenner enfin on les envie beaucoup dans leurs snaps, c’est surtout par curiosité de les voir dans leur vie de tous les jours, voir leur quotidien, ce qu’ils font
N-A : Vous regardez aussi les stories de vos amis ?
Personne 1 : Oui
Personne 2 : Moi pas toutes, enfin ça m’arrive beaucoup de regarder la story de quelqu’un parce que je sais que cette personne mets des stories vraiment bizarre, du coup ça me fait super rire parce que t’as l’impression que la personne est en 2003. Sinon des personnes qui en mettent jamais du coup ça m’intéresse de savoir. Et des amis plus proches parce que parfois j’ai pas envie de tout regarder
Personne 1 : Enfin moi je sais que j’aime pas laisser une story qui a pas été vu, je reste juste appuyer, mais je regarde pas vraiment
C : Et qu’est-ce que vous trouvez d’intéressant ou d’ennuyant ?
Personne 1 : C’est vraiment quand on s’ennuie qu’on regarde les story, en soi y’a pas grand-chose d’intéressant, c’est une personne qui raconte sa vie ou qui montre ce qu’elle est en train de faire
N-A : Est-ce que vous utilisez mémory sur snap ?
Personne 1 : Oui, je vois pas trop l’intérêt d’avoir fait mémory parce qu’on peut les enregistrer
Personne 2 : Moi j’enregistre quand j’ai pas envie de les envoyer à des gens ou que j’ai pas envie de le mettre dans ma story, j’ai envie quand même de le garder
N-A : Combien dure en moyenne vos story ?
Personne 1 : Moi en moyenne entre 3 et 5 secondes
Personne 2 : Moi je me dû de toute façon ils vont taper, mais c’est jamais très long, après je pense pas que les gens regardent en intégralité, donc en soi qu’il y est 10 secondes ou 3
Personne 1 : Avant je mettais énormément de stories sur Snapchat, mais plus du tout maintenant ou vraiment une fois de temps en temps ou quand je fais quelque chose d’intéressant, mais sinon non
Personne 2 : Moi c’est super irrégulier, par exemple quand je suis en soirée en général je vais en mettre beaucoup, et un mois après j’en mets plus
Personne 1 : On sait tout de suite que Nina n’est pas allée en soirée [rires]
N-A : Est-ce que vos postez beaucoup de selfies ?
Personne 1 : Dans la story ouais, avec des amis aussi
N-A : Pourquoi vous utilisez Snapchat ?
Personne 1 : On l’utilise parce qu’elle est là l’application, avant quand elle était pas là, on était très bien sans et depuis qu’elle est arrivée, on passe beaucoup de temps dessus, y’a très peu de gens qui n’ont pas Snapchat aujourd’hui
N-A : Vous connaissez des gens qui ont pas Snapchat par exemple dans votre classe ?
Personne 2 : Oui quelques-uns mais en général c’est ceux qui sont un peu à l’écart
C : C’est quand même plus comme un moyen de communication ?
Personne 2 : Ca a beaucoup remplacé les messages parce que moi j’en reçois pratiquement plus les messages
Personne 1 : Moi non plus, c’est que par Messenger
Personne 1 : C’est que par les parents qu’on reçoit par messages, ou les gens qui ont pas, après Messenger c’est encore autre chose, après Snapchat, si on va envoyer un message à quelqu’un ça va être Snapchat
N-A : Et à qui envoyez-vous des snaps ? A la famille ? Aux amis ?
Personne 1 : Surtout les amis
Personne 2 : Après j’envoie des snaps à ma sœur, mes parents n’ont pas Snapchat
N-A : Et est-ce que vous vous envoyez les mêmes snaps à vos amis, à votre famille ? C’est quoi la différence ?
Personne 1 : Avec les amis on se relâche beaucoup plus qu’avec les parents
C : Parce que toi tes parents ont Snapchat ?
Personne 1 : Moi mon père oui [rires], mais je les ai pas gardé
Personne 2 : Moi c’est plutôt le contraire, quand je vais voir un truc plutôt bête je vais plutôt l’envoyer à ma sœur, sinon les gens vont pas trouver ça intéressant
N-A : Est-ce que vous faites passer des messages via vos stories ? Indirectement ?
Personne 1 : Non mais y’a des gens qui le font, non on trouve ça un peu ridicule, c’est assez drôle à regarder
Personne 2 : C’est pour que les autres gens s’intéressent : « mais qu’est-ce qui s’est passé ? », c’est un peu ridicule d’exposer ses sentiments, par exemple on a une ami qui met absolument tout par exemple ça va faire 2 ans avec son copain, elle va le mettre, quand elle se dispute avec son copain, elle va le mettre, ça peut être des snaps ou des écrans noirs
C : Vous mettez pas des écrans noirs ?
Personne 1 : Par exemple, quand on va allez sous la douche, on va lui envoyez direct sur un écran noir, on pas va le mettre dans la story
Personne 2 : Ou quand je suis trop moche et que j’ai la flemme de mettre un snap, mais c’est tout
N-A : Est-ce que vos amis vous prennent en snap ?
Personne 1 : Avec notre portable ?
C : Oui par exemple, ils prennent votre portable et vous prennent en snap
Personne 1 : Généralement tout est verrouillé
Personne 2 : Moi j’ai un garçon qui est dans ma story, et toutes ses stories, c’est d’autres personnes qui les prennent, c’est que des filles qui prennent [rires]
C : Est-ce que ça vous arrive de mettre la même story que vos amis ?
Personne 2 : Quand il y a des photos de groupes, un truc comme ça
Personne 1 : Par exemple, c’était mercredi dernier, par exemple j’ai regardé leur story, et y’en avait 4 qui était en train de réviser, pour un bac blanc et ils ont tous les 3 mis la même story au même moment
Personne 2 : C’était quoi ?
Personne 1 : Bah en fait c’était un ami, il faisait un truc bizarre avec son stylo, et les trois autres étaient en train de regarder, ils ont tous filmer, ils étaient tous au même endroit, on voyait aucune différence
N-A : Est-ce que vous répondez à tous vos snaps ? Est-ce que ça vous arrive de pas répondre ?
Personne 2 : Des fois quand il y a rien à répondre
Personne 1 : Des fois je sais que j’ai la flemme moi de répondre
C : Ou vraiment pour certaines personnes
Personne 2 : Moi je sais que les gens que qui comptent j’essaie un minimum de répondre, après ceux qui sont un peu moins important, quand tu dis des choses intéressantes [rires] parce que si c’est que des filtres, d’accord c’est bien
N-A : C’est quoi pour vous des stories inintéressantes pour vous ?
Personne 2 : Des filles avec le snap chien là
Personne 1 : Bon après y’a des paysages c’est pas très utile, enfin des fois c’est jolie enfin ça dépend lesquels
Personne 2 : Ou juste l’heure
Personne 1 : A ça c’est moi, en fait je prends le paysage après je mets l’heure
Personne 2 : Les températures y’a beaucoup moins à part quand il fait froid, tout le monde mets la température, y’a que des -2 sur les stories
N-A : Est-ce que vous demandez l’avis de d’autres personnes avant d’envoyer un snap ?
Personne 1 : Enfin ça dépend si c’est une photo de moi, je vais demander l’avis pour demander si je suis bien dessus, si on prend un selfie à plusieurs aussi ouais
N-A : Après vous m’avez dit, vous mettez pas la même chose sur Instagram et Snapchat ?
Personne 1 : Non après il se peut que si on a une photo qu’on a mis dans notre story et qu’on aime bien par exemple et ça arrive qu’on va la mettre sur Instagram
Personne 2 : En général, les gens ils remarquent quand même
N-A : Et vous préférez Snapchat ou Instagram ?
Personne 1 : Snapchat
N-A : Et pourquoi ?
Personne 1 : Snapchat, on peut regarder qui a vu, mais Instagram ça commence à être comme Snapchat, on peut mettre des stories, on peut parler, mais même sur les discussions enfin j’utilise quasiment jamais les discussions sur Instagram, ça va tout de suite aller sur Snapchat, c’est beaucoup plus simple d’accès sur Snapchat, et ça a pas la même fonction. Instagram c’est un peu Facebook sauf que c’est que pour les photos alors que Snapchat c’est plus instantané et tu peux discuter
Personne 2 : Tous les grands réseaux sociaux, ils commencent à copier Snapchat.
Personne 1 : Oui on peut envoyer des story je crois sur Messenger, ça a commencé Insta, après Facebook, c’est une cata, y’a pas des copyrights ?
Personne 2 : J’espère une seule chose c’est que ça va rater, parce que si tous les réseaux c’est la même chose, Messenger tu discutes, Insta tu postes tes photos, moi perso j’ai jamais une story sur Insta c’est mort, parce que j’ai snap pourquoi je vais mettre des stories
Ma sœur elle me dit que c’est plus pratique les stories sur Instagram parce que tu peux voir directement la story d’une star par exemple
Autre intervenante : Ouais quand tu es célèbre, parce quand c’est ton pote, on s’en fout
Personne 1 : Y’a Snapchat pour les potes et Instagram pour les stars, c’est vraiment un truc pour se promouvoir quand on est célèbre un truc comme ça
C : Est-ce que vous acceptez tout le monde comme sur votre compte Instagram ?
Personne 1 : Non
C : Donc vous avez un compte privé ?
Personne 1 : Oui
C : Est-ce que vous prenez le temps de construire votre profil Instagram ?
Personne 1 : Construire ça veut dire description et tout ?
C : Oui aussi
Personne 1 : Bah la description pas plus que ça, je dis juste mon prénom et mon nom de famille, après je vois surtout des gens qui écrivent leur âge, leur collège, leur ville, leur drapeau donc moi pas forcément
Personne 2 : Moi je trouve que la bio c’est important, moi elle en parle beaucoup, elle voulait être sur la bio d’une de ses amies, enfin elle cherchait ce qu’elle pourrait mettre dedans pour être sur la sienne
Personne 1 : Ouais ils essaient de mettre une phrase d’accroche au tout début, j’avais une amie qui avais mis « moi je vous laisse, j’y vais » elle avait mis un mot, mais je sais plus lesquelles mais c’était ce mot-là qui était drôle = aussi en jaune
C : Par rapport à Snapchat, est-ce que tu postes des trucs particuliers sur Instagram ?
Personne 1 : Je vais plus mettre des photos sur moi sur Instagram, après j’aime pas trop les gens qui vont mettre des photos d’eux tout seuls dans leur story, je pense que Instagram c’est mieux fait pour ça, après je mets 2-3 photos de paysage je pense, des photos de groupe. Je pense que Instagram c’est tout ce qu’on peut mettre dans une story snap mais qui est plus travaillé
C : Est-ce que tu vas te maquillé avant de poster des photos sur Instagram ?
Personne 1 : Pas forcément
C : Plus que sur Snapchat ?
Personne 1 : Bah comme sur Snapchat c’est plus sur le moment, on est pas forcément maquillé, ou préparé
C : Est-ce que ça serait pour te mettre en valeur le maquillage ?
Personne 1 : Bah oui, quand même
C : Est-ce que tu fais des retouches, des montages ?
Personne 1 : Sur Instagram oui, l’éclairage surtout quand une photo est trop sombre, après tout ce qui est retouche physique un peu à la Photoshop non, ça va être surtout sur la photo en elle-même, tout ce qui est ombre, éclairage, le filtre et tout ça
C : Est-ce que tu suis des compte beauté ou des compte de marques ?
Personne 1 : Je vais suivre un ou deux comptes beauté qui vont publier de tous, de maquillage, et mode je suis certains mannequins, et certaines marques aussi, et célébrités
C : Est-ce que t’identifies, ou tu reproduis des poses de certains mannequins ?
Personne 1 : Non, c’est vraiment pour regarder
C : Est-ce que tu te prends en photo avec des vêtements que tu viens d’acheter ?
Personne 1 : Euh non, ça peut importe
C : Quelle genre de photo tu likes ?
Personne 1 : Bah les photos de mes amis, surtout et après les photos des célébrités quand je la trouve jolie, ou qu’elle porte une belle tenue, je vais liker après c’est vrai que je like un peu de tout, donc euh à part si c’est quelqu’un que j’aime pas trop, ou si la photo ne me plaît pas je vais pas liker mais en général je like beaucoup
C : Combien de temps tu prends pour te prendre en selfie ? Par exemple sur Instagram ?
Personne 1 : Ca peut prendre beaucoup de temps [rires], bah quand j’ai rien à faire, je peux passer 1h voir 1h30 à prendre pleins de photos, et après à choisir la bonne, je peux prendre environ 20-30 photos avant de la poster
C : Et en moyenne tu prends combien de selfies en moyenne ?
Personne 1 : Après avec Snapchat, c’est vrai qu’on prend beaucoup de selfies, mais après pas beaucoup 2-3, pour la garder pour moi
C : Et avec qui tu prends des selfies ? Toute seule, avec ta famille ? Ton animal de compagnie ?
Personne 1 : Ca peut aller du chat aux amis, de temps en temps avec la famille, la sœur aussi
C : Où tu prends le plus de selfies ? En soirée, en cours, chez toi ?
Personne 1 : Chez moi, parce que j’aime pas trop prendre de selfies en public
C : Et puis quand ? Le jour, la nuit pendant les vacances ? Le weekend ?
Personne 1 : Le jour après surtout pendant les week-ends et les vacances
C : Avec quoi prends-tu les selfies ? Est-ce que c’est avec directement ton appareil photo ?
Personne 1 : Avec le téléphone
C : Ou avec des applis
Personne 1 : Ou ça va être sur Snapchat
C : Pas de perche à selfie ?
Personne 1 : Est-ce que tu gardes tous tes selfies ou tu les supprimes ?
Personne 1 : Non je les garde pas tous
Personne 2 : De toute façon une fois que c’est envoyé sur snap, y’a plus aucune trace
Personne 1 : Parce que un selfie que j’ai envoyé à quelqu’un, non je vais pas l’enregistrer. Pour Instagram d’abord je vais essayer l’appareil de photo d’Instagram, je vais les enregistrer pour après les comparer avec les autres
C : Quand tu mets une photo, est-ce que tu attends une réaction de la part des gens ?
Personne 1 : Un selfie je ne vais pas forcément le poster sur Snapchat et puis je pense qu’en général sur Snapchat, on ne donne pas trop son avis par rapport aux selfies et euh sur Instagram eh bah on attend un nombre de likes assez élevé et après bah on voit quoi et puis aussi des commentaires, bah ça fait un peu comme Fb à ce moment-là, quand on poste une photo de profil, ils vont être là « Oh t’es jolie », oh na na na… Voilà
C : Et donc est-ce que c’est important que les gens commentent tes photos ? Les likes ? Le nombre d’abonnés ?
Personne 1 : Bah ce n’est pas forcément important, même des fois je ne réponds pas, mais enfin ça fait plaisir
C : Mais par exemple si t’as aucun retour est-ce que tu vas supprimer ta photo sur Instagram ?
Personne 1 : Non non, je pense pas
C : Est-ce que tu utilises des applications pour obtenir plus de likes ? Ou plus d’abonnés ?
Personne 1 : Non, non non, pas du tout
C : Est-ce que sur Instagram tu suis des gens pour qu’ils te suivent en retour ?
Personne 1 : Euh non, non non
N-A : Tu connais des gens qui font ça ?
Personne 1 : oui oui j’en connais
Personne 1 : Mais enfin je ne vois pas trop à quoi ça sert, parce que après c’est bien d’avoir un nombre d’abonnés, mais s’il n’y a pas les likes derrière, enfin je ne vois pas trop l’intérêt
Personne 2 : moi, je connaissais des filles qui étaient super jolies qui allaient s’abonner à des mecs genre qu’elles connaissaient pas, mais elles savaient qu’ils allaient s’abonner direct à elle parce qu’elles étaient jolies et tout, donc là les likes seraient suivis
C : Et donc tu as combien d’abonnés à peu près ?
Personne 1 : 360 je crois (455 abonnés en vrai)
N-A : Est-ce que tu postes des snaps pendant que tu es en soirée par exemple ?
Les 2 : Euh oui et non
N-A : …Au restaurant ? En famille ?
Personne 2 : En famille pas trop
Personne 1 : En famille, ça dépend, enfin oui et non, euh des fois quand on est dans un beau restaurant on va prendre une photo en famille, on va mettre le nom du restaurant et puis c’est tout, sinon en général je pense qu’on ne va pas trop exposer trop notre vie non plus donc..
N-A : Est-ce que tu te considères comme dépendant des réseaux ?
Personne 2 : Je pense que je m’ennuierais en fait sans
Personne 1 : Mais si ces applications disparaissaient comme ça, enfin je pense que je saurais m’y faire sans
N-A : Il n’y aurait pas un manque un peu ?
Personne 2 : Je pense que ce serait un ennui généralisé
Personne 1 : Bah c’est vrai que ça occupe beaucoup nos journées quand même
N-A : Vous passez quand même beaucoup de temps dessus, non ?
Personne 1 : Plusieurs heures
N-A : Est-ce que vous seriez capables de supprimer votre compte Instagram ou Snapchat par exemple ?
Personne 1 : Instagram oui, Snapchat je pourrais m’en passer, mais là pour le coup tout le monde l’utilise et puis tout le monde est actif dessus donc je ne vois pas pourquoi j’irais le supprimer
Et Instagram bah ce n’est pas indispensable, même-moi si j’y vais là c’est surtout pour regarder les photos des autres que plus pour en poster donc
C : Est-ce que tu penses que les adolescents utilisent plus Snapchat ou Instagram ?
Personne 1 : Ils utilisent plus Snapchat, après y a des gens qui sont adeptes d’Instagram, bah j’ai une amie Ivanka, l’année dernière elle était là en mode euh Mona s’il te plait prête-moi ton téléphone faut que j’aille voir Instagram, plus que Snapchat pour le coup, là, mais ça peut s’expliquer
N-A : Mais de manière générale vous pensez que les adolescents sont plus actifs sur Snapchat qu’Instagram ?
Les 2 : Oui
N-A : Est-ce que vous avez déjà supprimé des photos dont vous avez eu honte ? Ou peut-être des anciennes photos que vous avez mis il y a longtemps et vous avez refait votre compte et vous avez décidé non ça j’enlève, ça j’enlève
Personne 1 : Oui, c’est ça c’est plus des photos qu’on a posté bah quand on venait d’avoir Instagram donc euh… et quand on grandit on se dit ah pourquoi j’ai mis ça, pourquoi elle est encore là, du coup on préfère nettoyer le compte, avant de recommencer un peu à zéro
N-A : Est-ce que vous avez supprimés des photos qui n’ont reçu aucun commentaire, aucun like ?
Personne 1 : Bah ça m’est jamais arrivé donc pour cette raison-là, non, mais même au tout début on est là on peut avoir 5 likes mais je n’avais pas supprimé pour autant
N-A : Et vous connaissez des gens qui font ça peut-être ?
Personne 1 : Non, j’en connais pas mais après je pense ça se dit pas, après ça peut arriver
N-A : T’as pitié alors tu mets un like ?
Personne 2 : Ça c’est ma mère
Personne 2 : après enfin je pense pas qu’on soit trop au courant, oh elle n’a pas eu de likes, mais vraiment zéro moi ça ne m’est jamais arrivé, il y a toujours quelqu’un les parents, la famille ou des amies qui vont aimer, même si elle en a 5 elle en quand même 5
N-A : Est-ce que vous complexer parfois par rapport à des photos que vous voyez sur Instagram ? Souvent on voit des comptes de filles assez fines, ou qui ont beaucoup d’objets matériels
Personne 1 : Bah on les envie beaucoup, vraiment, ah j’aimerais bien être comme elle, je suis pressée d’être riche pour pouvoir faire comme elle ou ce genre de choses en fait, enfin mais complexer peut-être pas
Personne 2 : Mais peut-être pas complexer quand même
N-A : Mais est-ce que des fois vous vous comparez ?
Personne 1 : C’est pas toujours évident de voir quelqu’un toujours comme ça qui s’expose sur les réseaux mais en fait qui n’a aucun défaut
N-A : Je voyais sur Instagram il y a beaucoup de comptes post bad, des filles qui reproduisaient les mêmes poses
Personne 2 : Il y a un truc qui est bien sur Insta, y a des filles un peu rondes qui ont énormément d’abonnés, et qui s’exposent sans complexes et qui ont énormément d’abonnés, et ça a permis que l’industrie de la mode s’y intéresse et il y a eu des mannequins plus rondes qui ont été prises dans des défilés ou des choses comme ça, et ça je trouve que c’est une bonne chose, parce que bon elles sont super jolies
N-A : C’est important pour toi les notifications ? Les j’aimes, les retours, commentaires etc.
Personne 1 : S’il y a un commentaire qui ne me plait pas je vais le supprimer, ou ce genre de choses, là je n’ai pas d’idée en tête d’un commentaire qui m’ait pas plu mais enfin je sais que c’est déjà arrivé et j’ai préféré le supprimer (c’était une remarque, ah oui si si je m’en souviens, c’était à un mariage, j’avais posté une photo, j’avais une longue jupe en fait, j’ai un ami qui a commenté « on dirait une nonne avec la longue jupe noire », alors j’ai supprimé le commentaire au lieu d’y répondre
N-A : Que pensez-vous des selfies ? (Dangereux, perte de temps, moyen de garder un souvenir, c’est illusoire, autre etc)
Personne 1 : Ça peut être bien, mais ça dépend de comment il est pris
Personne 2 : Si la qualité est super nulle et que la fille elle est moche dessus, que c’est mal pris
Personne 1 : Il y en a qui en font trop quand ils prennent des selfies du coup c’est pas trop/top
N-A : Et ceux qui en mettent trop ou qui mettent que ça ?
Les 2 : C’est insupportable, c’est trop
N-A : Vous en voyez souvent ?
Personne 2 : J’ai une amie qui m’a parlé, bah y a un garçon dans ma classe qui est assez timide, mais il est assez mignon et elle m’a dit qu’il lui avait parlé d’Instagram, qu’il avait Instagram et il lui a dit oh tu mets des photos de photographes et tout, ouais j’ai pas mal d’abonnés, tout ça et genre, elle avait regardé et c’était que des selfies, mais du coup elle m’avait dit ça parce que ça l’avait déçu de lui justement, enfin j’ai trouvé ça bizarre parce que en gros il a complètement baissé dans son estime juste pour ça
Personne 1 : Donc attend celui qui était hyper timide, il n’avait que des selfies ?
Personne 2 : Il n’y avait que des selfies de lui sur Insta
Personne 1 : Parce que quand on est timide on va éviter de poster des selfies
Personne 2 : oui c’est hyper bizarre, mais là c’était assez contradictoire
N-A : Qu’est-ce que ça vous apporte d’être sur Instagram et Snapchat ?
Personne 1 : Bah sur Snapchat enfin je pense que la plupart des gens, ils profitent des stories pour exposer leur vie déjà, et enfin en soi ça nous apporte pas grand-chose parce que, on peut parler avec une personne comme ça instantanément sur Messenger ou enfin y a d’autres (moyens) ou même par messages, mais je sais pas peut-être le fait qu’on peut envoyer des photos comme ça facilement je pense que c’est ça qui nous pousse un peu à utiliser Snapchat parce qu’en fait c’est un moyen différent d’envoyer des messages. Après pour Instagram, bah il y a moins d’intérêt quand même à utiliser Instagram que Snapchat, je trouve
Personne 2 : Après pour Snapchat je pense que tu peux voir ce que les gens aiment tout ça et après leur en parler, quand on regarde leur story par exemple, on peut voir qu’ils font du basket par exemple ou quelque chose comme ça et quand on arrive dans une discussion, s’ils parlent de quelque chose, on peut savoir de quoi ils parlent parce qu’on a vu la story de quelqu’un et ça je trouve que c’est plutôt bien
N-A : Est-ce que vous pensez que c’est dangereux ? (risque mortel, moqueries, humiliation, non respect de la vie privée)
Personne 1 : Je connais une personne, elle est spéciale, elle va avoir tendance à ne pas du tout s’embellir dans ses stories, ce n’est pas des moqueries, elle faisait l’elfe des forets, c’est marrant, mais sur le fond c’est gênant, elle prenait des voix bizarres
Personne 2 : Après moi je sais qu’avec ma sœur, on connait une fille qui met toutes ses stories sont en noir et blanc, elle met des selfies d’elle en noir et blanc, je pense qu’après avec ma sœur on peut se moquer d’elle, c’est juste que ce sont des stories qui sont super différentes de ce dont on a l’habitude, ce n’est pas par méchanceté, elle met 1h de story à chaque fois, on comprend pas, t’as des plantes en noir et blanc
N-A : Comment tu définirais Snapchat ou Instagram ? (en quelques mots)
Personne 2 : Snapchat c’est dans l’instant déjà, il n’y a pas de traces, enfin je veux dire je peux envoyer des photos horribles à des amis et s’ils ne screen pas ils disparaissent, enfin on l’espère, parce que apparemment c’est gardé, jusqu’au moment où toutes les photos vont ressortir, après je trouve que ce qui est intéressant sur Snapchat c’est que c’est public, on peut montrer à pleins de gens et en même temps plus sur Snapchat
Personne 1 : c’est la même chose sur Instagram du coup, sur Snapchat on utilise autant les 2 alors que sur Instagram c’est visible par tout le monde, alors que Snapchat soit on publie pour que tout le monde le voit soit on sélectionne, alors qu’Instagram soit le compte est privé et personne n’entre, personne ne voit rien, soit le compte est public et en fait tout le monde y a accès, n’importe qui
N-A : Et le selfie en quelques mots ?
Personne 2 : Ça permet de refléter une émotion, par exemple quand on parle par messages y a aucun moyen de représenter une émotion à part avec les émojis, alors que quand on parle en selfie par exemple eh bah on peut voir tout de suite ce qu’on veut faire passer, faire passer une émotion avec l’expression du visage tout ça
Personne 1 : Enfin j’en connais quelques-unes mais qui ne postent pas non plus tout le temps tout le temps, mais quand elles en postent on voit bien que c’est parce qu’elles se trouvent jolies, qu’elles veulent se montrer quoi c’est rouge aussi
N-A : Vos parents ils en pensent quoi de votre utilisation de Snapchat et d’Instagram ?
Personne 1 : Moi je pense que mes parents ils sont toujours là à nous reprocher qu’on est beaucoup beaucoup dessus, ils sont toujours là à nous reprocher oh lâche ton téléphone na na na, ou Snapchat, ils sont même prêts à nous confisquer les téléphones pendant toute une soirée
Autre intervenante : Mais après c’est marrant parce que papa il avait fait insta en début d’année, il a mis une story, ouais et snap ils avaient, maman elle regardait et elle m’envoyait des snaps à une période, mais je suis sure qu’elle a oublié comment ça s’utilise, c’était juste au début quand ils découvrent.
Personne 2 : Non, mais moi mon père il dit que je suis complètement droguée, « vous êtes complètement drogués vous passez tout votre temps sur votre téléphone, prenez un livre »
Personne 1 : C’est vrai que l’apparition de toutes ces applications n’a pas arrangé le fait qu’on soit tous sur nos téléphones en fait, (Snapchat, fb, Insta,…)
N-A : Est-ce que vous pensez que les filles et les garçons utilisent Instagram et Snapchat de la même manière ? Différences d’utilisations ?
Les 2 : Ils mettent moins de stories je pense
Personne 1 : Sur Instagram je pense qu’en général ils postent moins de photos que les filles. Mais je connais un mec qui a au moins 60 publications sur Instagram et ce n’est pas quelqu’un de bizarre, c’est quelqu’un de normal
N-A : Est-ce que tu penses que la beauté à avoir avec les nombres d’abonnés ?
Les 2 : Ouais
Personne 1 : Après je connais quelques personnes qui ont beaucoup beaucoup d’abonnés, beaucoup de commentaires, beaucoup de likes et ce ne sont pas les personnes les plus belles qu’on est croisé quoi
Personne 2 : Mais je pense que si on est jolie ça arrange, ça facilite, surtout au niveau des likes/j’aime
Personne 1 : Après je pense que ça marche aussi par popularité, si tout le monde nous aime tout ça, il va y avoir beaucoup de likes, mais si on est quelqu’un de retiré qui parle pas beaucoup, bah ça se voit quoi
Personne 2 : Mais si t’es super jolie, il peut y avoir des inconnus qui aiment tes photos par exemple, si c’est public oui
N-A : Comment tu définirais la beauté sur Instagram ?
Personne 1 : En ce moment disons que je pense que les post bad ça a beaucoup de succès
Mettre en valeur tout son corps, prendre une bonne pose, être bien formé disons, être bien maquillé, super bien habillé pour des likes, c’est vraiment pour s’exposer
N-A : Votre avis sur les post bad ? Sur le fait de reproduire les poses ?
Autre intervenante : Personnellement, je trouve que c’est inintéressant
Personne 1 : C’est un peu trop
Personne 2 : c’est tellement trop que ça me fait/donne pas envie
Autre intervenante : C’est un peu passé
N-A : Est-ce que tu cherches à être belle sur Instagram de façon général ?
Personne 1 : C’est vrai que avant de poster une photo, on va faire attention, on va essayer de prendre la meilleure photo quoi, c’est vrai que déjà sur Instagram, il va plus y a voir des gens qu’on connait à peine que sur Snapchat, toujours envoyer une bonne image, sachant qu’en plus c’est une photo qui va rester, on va essayer d’en mettre une bien quand même je pense, c’est beaucoup plus travaillé sur Instagram, c’est vrai que sur Snapchat, en story, ça m’est déjà arrivé d’être en groupe et de faire une grosse grimace parce que je sais qu’elle va pas rester la photo de toute façon
N-A : Est-ce tu as déjà vu des photos qui ont tourné dans tout le lycée ? (sur les réseaux, photos compromettantes)
Personne 1 : Oui c’est arrivé, son mec avait pris une photo nue d’elle, elle est sorti un tout petit peu de temps avec lui, peut-être 3 semaines, son copain l’avait pris en photo et après il l’a quitté, il s’en fichait complètement puis il montrait la photo à tout le monde, à un moment j’étais en train de regarder ses photos, je tombe dessus je dis oulà c’est Violette là, et il me dit oui oui regarde, il s’en fichait complètement
L’histoire d’une fille qui envoyait des photos qu’un garçon a screené et qu’il a envoyé à une autre fille qui la déteste et qui fait tourner toutes les photos et c’est un cercle infernal après ça s’arrête jamais, surtout pour la fille et sa réputation, elle a changé de club et sa réputation l’a suivie
N-A : Est-ce que vous pensez que c’est dangereux niveau respect de la vie privée ?
Personne 1 : Oui, je pense, dans le sens on ne sait pas sur qui on va tomber, après déjà faut être un minimum prudent, faut avoir confiance en les personnes, on va pas prendre des photos comme ça les envoyer à quelqu’un
N-A : Est-ce que tu penses être assez prudente ? Quels sont tes limites ?
Personne 1 : Oui, je fais quand même attention à ce que je poste
Personne 2 : Oui oui
N-A : Et prendre des selfies dans des situations dangereuses pour obtenir le parfait selfie ?
Personne 1 : Non, quand même pas, ça non jamais
C : Est-ce que vous aimez recevoir des selfies ?
Personne 1 : Sur Snapchat j’aime bien avoir le visage de la personne quand même, bah par exemple quand nous on va envoyer un selfie et pas que l’autre va nous envoyer ses pieds quoi donc c’est vrai que c’est bien d’avoir aussi une photo de la personne en retour
Personne 2 : Mais tout seul aucun intérêt, mais si tu reçois juste une tête, c’est même un peu bizarre
Personne 1 : Surtout sur Snapchat, on les garde pas
Personne 2 : moi ça m’est déjà arrivé de bien travaillé mon selfie Snapchat avant de l’envoyer comme par exemple si la personne à qui je parle c’est un garçon qui me plait
Personne 1 : Avant de poster une photo sur Instagram, je vais envoyer tous mes selfies à une amie qui va les choisir, oui je vais leur demander leur avis et sélectionner
C : Est-ce que vos selfies sont plutôt de votre tête, de votre corps en entier ou ils montrent plutôt où vous êtes et avec qui ?
Personne 1 : Je pense ça se partage entre la tête et avec qui on est surtout
C : Quel est votre selfie le plus mémorable ?
Personne 1 : Du coup y en a eu beaucoup, c’est ça le problème
Ah je sais, c’était à une soirée, pour l’anniversaire de Jules chez Inès, j’ai pris un selfie il y avait 3 garçons qui étaient derrière sur le canapé avec un mignon géant et une bouteille de vodka à la main et j’étais comme ça sur le selfie et ils étaient tous morts derrière
C : A votre avis en quoi sont différents les selfies par rapport aux autres photos ?
Personne 2 : Bah je pense les expressions
Personne 1 : Et je trouve que quand on se prend en selfie ça ne va pas être pareil que si on se prend comme ça et qu’on retourne l’appareil photo, ça ne donne pas le même effet, pas le même cadrage pas le même recul, en plus avec le selfie on arrive un peu à contrôler l’image
C : Est-ce que vous prenez des photos dans pleins de poses différentes ou plusieurs mais avec toujours la même pose ?
Les 2 : Je pense que ça va être plusieurs mais avec à peu près la même pose
Personne 2 : Sauf si c’est vraiment trop affreux et là on change, et puis on teste
C : Et quel genre de poses ?
Personne 2 : On m’a dit à la dernière soirée que à chaque fois je coupais ma tête, toujours de la même manière, mais je ne m’en rends pas compte
Personne 1 : Comme pose, des fois ça peut être la main posée sur le menton, parfois on essaye de rendre ça ridicule, parce que bon prendre un selfie, ce n’est pas discret, mais même je ne trouve pas ça du tout confortable de prendre un selfie, après le bras il commence à faire mal
C : Est-ce que vous pensez que prendre des selfies ça peut devenir addictif ?
Personne 1 : Si on est narcissique oui
Personne 2 : J’ai vu un article sur quelqu’un qui est devenu narcissique il est en cure là, parce qu’il prenait que des selfies tout le temps, en plus en fait il est tombé en dépression quand il a réalisé qu’il ne pouvait pas prendre le selfie parfait
C : Pour qui postez-vous des selfies, pour vous ou pour les autres ?
Les 2 : Pour les autres, je pense
Personne 1 : Si on l’enregistre ça veut dire qu’on s’est trouvé bien dessus donc on va le garder pour nous, mais sinon surtout pour les autres en fait
C : Quels genres de selfies vous prenez ?
Les 2 : Surtout des selfies qui montrent une activité sociale, avec qui on est, des selfies lors de grandes occasions, événements (mariage, anniversaire), selfies de groupes,… = c’est aussi en jaune
Entretien n°2 avec une adolescente
Charlotte : Est-ce que tu peux te présenter ? (Dire ton âge, ton statut, où tu habites, etc.)
Personne 3 : J’ai 17 ans et j’habite à Villelongue de la Salanque avec mon père et à Canet (dans le 66, sud de la France) avec ma mère et je suis étudiante (en terminale ES)
C : Utilises-tu Instagram et Snapchat ?
Personne 3 : Euh pas Instagram, mais Snapchat
C : Depuis combien de temps les utilises-tu ? (L’âge où tu t’es inscrite)
Personne 3 : J’étais en 3ème
C : Est-ce que tu as les applis sur ton téléphone ?
Personne 3 : Ouais
C : Consultes-tu souvent ces applications ?
Personne 3 : Tous les jours
C : Est-ce que tu es active dessus ? Combien de temps passes-tu en moyenne sur les réseaux sociaux ? (par jour)
Personne 3 : ouh… Je pense 1h par jour un truc comme ça
C : Est-ce que tu regardes souvent les stories ?
Personne 3 : Ouais
C : Combien d’amis as-tu sur Snapchat environ ?
Personne 3 : 150 mais je ne leur parle pas à tous
Score snap : 53 129 snaps le 9 janvier 2017
C : Est-ce que tu as des critères esthétiques quand tu postes des snaps ? (Photo qui doit être jolie par exemple, poses particulières, expression du visage etc.)
Personne 3 : Ouais j’essaye que ce soit jolie, j’en poste pas beaucoup
C : Est-ce que tu mets des snaps plutôt travaillé ?
Personne 3 : Euh ouais
C : Qu’est-ce que tu cherches à te mettre en valeur sur tes snaps ?
Personne 3 : La bouffe [rires], ouais c’est souvent des paysages ou des trucs à manger
C : Utilises-tu les filtres, effets ?
Personne 3 : Ouais un petit peu, mais pas énormément,
C : Pourquoi ?
Personne 3 : Pour essayer de faire plus jolie
C : Prends-tu le temps de sélectionner le snap que tu vas mettre dans ta story ?
Personne 3 : Bah oui quand même
C : Qu’est-ce qui fait que tu vas choisir celui-là plutôt qu’un autre ?
Personne 3 : Bah parce que je le trouve plus beau
C : Est-ce que les gens te screen ? Est-ce que toi tu screen ?
Personne 3 : Je ne sais pas si les gens me screen je ne regarde pas et ouais des fois ça m’arrive de screener des trucs
C : Qu’est-ce que tu screenes ?
Personne 3 : Des trucs jolis ou des trucs qui me font rire
C : Est-ce que tu fais des vidéos ? (Ou tu te filmes ?)
Personne 3 : Oui, mais je les mets pas en story, je les envoie, je ne les partage pas à tout le monde
C : Est-ce que tu mets du texte sur tes snaps ? (par exemple le fond noir avec du texte)
Personne 3 : Oui, mais rarement texte sur un fond noir
C : Est-ce que tu suis des personnes célèbres sur Snapchat ?
Personne 3 : Ouais, Rihanna, Calvin Harris, Martin Garrix
C : Est-ce que tu regardes leurs stories en entière ?
Personne 3 : Ouais
C : Qu’est-ce que tu aimes dans leur story ?
Personne 3 : Comme ça on suit leur vie, c’est sympas
C : Qu’est-ce que tu aimes dans les stories de tes amis ?
Personne 3 : Bah on suit leur vie aussi, c’est cool
C : Est-ce que tu utilises mémory ? Pourquoi ? Qu’est-ce que tu postes dessus ?
Personne 3 : Non
C : Combien de secondes durent tes stories ?
Personne 3 : 3 secondes
C : Tu postes beaucoup de selfies ?
Personne 3 : Non
C : Est-ce tu mets des émojis sur tes snaps, ou du texte ? Le lieu, l’heure, la température
Personne 3 : Pas trop non
C : Pourquoi utilises-tu Snapchat ? (Rapport ludique + divertissement, moyen de communication ou bien pour s’exposer, (montrer sa vie sociale, se faire une réputation…)
Personne 3 : Parce que j’aime bien envoyer des photos c’est sympas (ludique, divertissement et moyen de communication
C : A qui envoies-tu des snaps ? Famille, amis, copain etc.
Personne 3 : Bah à mes amis, famille
C : Est-ce que tu envoies les mêmes snaps à tes amis, à ta famille etc.
Personne 3 : Pas exactement, mais à peu près quoi [rires]
C : Qu’est-ce qui fait que tu vas envoyer ce snap à telle ou telle personne ?
Personne 3 : Si je la connais plus ou moins, si je sais que je peux lui envoyer des conneries ou pas
C : Est-ce tu envoies toujours des snaps à la même personne ?
Personne 3 : Ouais
C : Est-ce que tu l’envoie à tous tes contacts ? Sur quels critères ?
Personne 3 : Souvent j’envoie à beaucoup de gens, mais y en a à qui j’envoie tout le temps des trucs quoi
C : (Après tu le mets aussi dans ta story) ?
Personne 3 : Pas trop non
C : Est-ce que tu fais passer des messages par exemple à tes amis via tes story ?
Personne 3 : Pas trop non
C : Tu mets la même story que tes amis ?
Personne 3 : Ouais un petit peu
C : Tes amis te prennent en snap ?
Personne 3 : Pas avec mon portable
C : Est-ce que tu regardes les stories de tout le monde ?
Personne 3 : Oui
C : Quelles story sont les plus intéressantes pour toi ?
Personne 3 : Celles des gens avec qui je suis un peu plus proche
C : Ce n’est pas par rapport au contenu ?
Personne 3 : Si des fois il y a des trucs qui sont plus sympas que d’autres comme ceux qui sont en soirée par exemple ou dans des endroits jolie et tout c’est plus rigolo que ceux qui mettent leur chien quoi, quoi que c’est sympas le chien quand même (rire)
C : Est-ce que tu demandes l’avis de tes amis, ou d’autres personnes avant d’envoyer un snap ? (ex : Qu’est-ce que j’écris par exemple)
Personne 3 : Pas trop non
C : Est-ce que tu te maquille avant de prendre tes photos et de les poster ?
Personne 3 : Pas trop
C : Combien de temps prenez-vous pour prendre un selfie ?
Personne 3 : Ah… ça dépend, si je connais bien la personne je m’en fous d’être moche et si je la connais moins bien, j’essaie d’être à peu près potable
C : En moyenne, combien de selfies prenez-vous par mois, ou par semaine ?
Personne 3 : Oh je sais pas, une dizaine par jour
C : Avec qui prenez-vous des selfies le plus souvent ? Toute seule, avec des amis, votre famille, amoureux, animal de compagnie
Personne 3 : Je prends très peu de selfies accompagnés, avec d’autres personnes, souvent je suis toute seule
C : Où prenez-vous le plus souvent des selfies ? Exemple de lieux (voyages, cours, soirée, chez soi etc.)
Personne 3 : Souvent dans ma chambre
C : Quand prenez-vous des selfies ? Le jour, la nuit, pendant les vacances, le weekend, pendant des occasions spéciales
Personne 3 : Le soir plutôt après les cours
C : Avec quoi prenez-vous des selfies ? Directement l’appareil photo du smartphone, appareil photo de la tablette, via une appli
Personne 3 : Directement avec l’appareil photo du smartphone et avec Snapchat
C : Est-ce que tu gardes tous tes selfies ? Ou tu les supprime ?
Personne 3 : Non, je ne les garde pas
C : Quand tu mets une photo, est-ce que tu attends une réaction de la part des gens ?
Personne 3 : Ça dépend…
C : Est-ce que tu postes des snaps pendant que tu es en soirée par exemple ? Au restaurant ? En famille ?
Personne 3 : Un petit peu ouais, mais pas beaucoup
C : Te considères-tu comme dépendant des réseaux ?
Personne 3 : Je pense que ouais quand même parce qu’après ça me manque quand je n’ai pas Snapchat pendant une journée
C : Est-ce que tu serais capable de supprimer ton compte Snapchat ?
Personne 3 : Oh non ! [Rires]
C : C’est important pour toi les notifications ? Les j’aimes, les retours, commentaires etc.
Personne 3 : C’est sympas, après ce n’est pas vital quoi
C : Que pensez-vous des selfies ? (Dangereux, perte de temps, moyen de garder un souvenir, c’est illusoire, autre etc.)
Personne 3 : C’est rigolo, après ceux qui en prennent beaucoup tout le temps, ça devient lourd quoi
C : Qu’est-ce que ça t’apporte d’être sur Snapchat ?
Personne 3 : C’est rigolo, c’est sympas, tu communiques et puis voilà
C : Est-ce que vous pensez que c’est dangereux ? (risque mortel, moqueries, humiliation, non respect de la vie privée)
Personne 3 : Ça peut l’être ouais, comme par exemple des gens un peu influençables on leur demande des photos un peu dénudées et ils commencent à le faire et tout
C : Est-ce que vous avez connu des personnes qui ont subi des moqueries par rapport à ça ?
Personne 3 : Ouais, je sais que genre à mon lycée y a des photos de filles toutes nues qui circulent quoi qui sont envoyées sur snap
C : Comment tu définirais Snapchat ou Instagram ? (en quelques mots) Et le selfie ?
Personne 3 : C’est une application pour parler avec des photos, on a plus l’impression d’être en face et de communiquer pour de vrai quoi
Et Instagram c’est pour se la péter, mais c’est sympa quand même
Le selfie : se prendre en photo soi-même et ça peut être un peu narcissique
C : Tes parents ils en pensent quoi ?
Personne 3 : Comme je pense que je suis à peu près modérée, ils ne me disent rien là-dessus
C : Est-ce que vous pensez que les filles et les garçons utilisent Instagram et Snapchat de la même manière ? Différences d’utilisations ?
Personne 3 : Bah je pense que les filles postent plus dans les stories et que les mecs ils envoient plus en privé
C : Est-ce tu as déjà vu des photos qui ont tourné dans tout le lycée ? (sur les réseaux, photos compromettantes)
Personne 3 : Oui
C : Qu’est-ce que tu penses de ces photos ?
Personne 3 : C’est un peu bête de faire ça quoi, et faut faire attention
C : Est-ce que tu penses être assez prudente ? Quels sont tes limites ?
Personne 3 : J’espère… [Rires]
C : Est-ce que vous aimez recevoir des selfies ?
Personne 3 : Ouais, c’est rigolo
C : Comment les partagez-vous ?
- post sur les réseaux sociaux
- envoi par message
- partage via twitter
- autres
Personne 3 : J’en envoie par messages plutôt
C : A quelle fréquence prends-tu des selfies qui montrent… une activité sociale ?
Personne 3 : Quasiment jamais [rires]
C : … qui sont amusants ?
Personne 3 : Ça très souvent, mais je ne les mets pas dans ma story, je les envoie en privé
C : …des selfies de la vie de tous les jours comme prendre en photo tes animaux de compagnie
Personne 3 : Ouais, je le fais souvent
C : … des selfies de grands événements (compétitions sportives, concerts)
Personne 3 : Un petit peu
C : …qui reflètent ta créativité ?
Personne 3 : Euh non
C : … qui montrent qui tu es ?
Personne 3 : Bah normal euh… pas particulièrement
C : …qui montrent à quoi tu ressembles ? Plus ton apparence
Personne 3 : Bah ouais
C : … qui montrent des choses inhabituelles, incroyables
Personne 3 : Non, ça pas trop
C : …Avec ta famille, tes amis
Personne 3 : Hmm… pas trop, je ne mets pas trop de photos de groupes
C : …Romantiques
Personne 3 : Non
C : Est-ce que vos selfies sont plutôt de votre tête, de votre corps en entier ou ils montrent plutôt où vous êtes et avec qui ?
Personne 3 : Ma tête
C : Tu peux décrire comment c’est pour toi quand tu prends en selfie ?
Personne 3 : Bah euh j’essaye d’être à peu près jolie
C : Quel est votre selfie le plus mémorable ?
Personne 3 : Les gros dossiers que j’envoie, des grimaces
C : A votre avis en quoi sont différents les selfies par rapport aux autres photos ?
Personne 3 : Je ne sais pas trop
C : Est-ce que vous prenez des photos dans pleins de poses différentes ou plusieurs mais avec toujours la même pose ?
Personne 3 : Souvent avec la même pose
C : Et quels genres de poses ?
Personne 3 : Sourire
C : Est-ce que vous pensez que prendre des selfies ça peut devenir addictif ?
Personne 3 : Ouais je pense, c’est sympas quand t’en fais et que t’aimes bien, puis je pense qu’au bout d’un moment, t’aimes beaucoup et que voilà
C : Pour qui postez-vous des selfies, pour vous ou pour les autres ?
Personne 3 : Hmm… bah peut-être pour les autres hein
C : Est-ce que tu penses que les autres accordent de l’importance aux selfies que tu leur envoies ?
Personne 3 : Pas particulièrement, mais ouais normal quoi