LES MONDES NUMERIQUES

Blog des Masters en Sciences Sociales de l'Université Gustave Eiffel

Contagion de l’art du tricot et du crochet par le biais d’internet

Pluquet Elisabeth

 

Comment les anciennes pratiques survivent et se transmettent grâce à internet : le cas du tricot et du crochet.

Introduction

J’ai eu pendant longtemps, plus jeune, une image en tête, représentant une personne âgée tricotant dans son fauteuil à bascule, au coin du feu. Lorsque j’ai vu des aiguilles et des pelotes dans un magasin, je me suis dit “pourquoi pas ?”. Mais difficile de savoir par où commencer quand personne ne nous a appris. Alors, débutante, plusieurs personnes maîtrisant cet art m’ont aiguillé dans mes choix de matériel et dans mon apprentissage. Non, des grosses aiguilles ne peuvent pas tricoter du petit fil et des petites aiguilles n’ont rien à faire avec du grosses laines dans des mains débutantes. Tricoter un pull dès le départ, sans entraînement, ce n’est jamais une bonne idée.
De plus, je me suis retrouvée confronté à plusieurs difficultés pendant mon apprentissage. Pour bien comprendre, j’ai besoin de plonger les mains dans la mécanique, de démonter et remonter tous les rouages de cette chose étrange. Seulement voilà, je ne peux pas le faire si mon ouvrage n’est pas déjà monté. Comment comprendre les subtilités d’un point de tricot particulier en le faisant, sans savoir le faire ? J’ai dû visionner beaucoup d’images, de vidéos, et d’explications écrites avant de comprendre les subtilités des bases. Je ne peux aussi que remercier toutes les personnes qui m’ont aidé et redirigé dans les arcanes de cet art obscur, dont l’exécution a fini par me marquer assez fortement.
(Mal)heureusement, ce qui était un essai, juste comme ça, « pour voir », « parce qu’il faut tout tester dans la vie », est vite devenu une passion folle il y a de cela deux hivers, pendant une panne de chauffage en pleine période glaciaire. L’instinct de survie m’a automatiquement relancé sur mes aiguilles et les morceaux de pelotes qu’il me restait de précédents massacres. Et miracle ! La magie opère, agiter les mains de la sorte tient chaud. Ce fût la première révélation.
Les autres révélations furent de voir le produit fini naître sous mes yeux et prendre vie autour de mon corps. Ayant un besoin presque fou furieux de créer tout un tas de choses, ce rituel ne pouvait que me plaire. Et les possibilités infinies font rêver. Les utilisations nombreuses, variées, promettent une routine toujours différente. Mais pour cela, il faut maîtriser les points !
Et l’apprentissage, seul, est parfois compliqué. Ce travail manuel semble avoir été abandonné par beaucoup de monde à un moment. Mais est-ce qu’il perdure tout de même ? Comment faire quand personne ne peut nous transmettre ces anciennes pratiques ? Étonnamment, il est possible d’apprendre ces pratiques manuelles sans passer par une formation spécifique, en regardant sur internet.
C’est pourquoi il peut être intéressant de se demander comment les anciennes pratiques survivent et se transmettent grâce à internet : le cas du tricot et du crochet.

I)Internet et la transmission d’un apprentissage manuel

A)Le déclic

Pourquoi des personnes ont-ils eu le déclic ? Qu’est-ce qui les a poussé à apprendre ?
Plusieurs personnes pratiquant le tricot et le crochet apportent des éléments de réponse :

Pourquoi avoir appris ? Qu’est-ce qui vous a convaincu ?

pour créer personne ne m’a convaincu

ma grand-mère m’a appris et c’était tellement beau le résultat que çà m’à donnée envie de le faire aussi

À l’école et surtout ma maman

Un rêve depuis toujours.

J’ai eu envie d’apprendre juste en regardant la mère tricoté j’avais 5/6 ans

Le plaisir du fait main

Savoir faire qqchose de mes mains pour reposer ma tête. Apprendre qqchose de nouveau, des techniques, échanger avec d’autres tricoteuses, éprouver la satisfaction d’avoir réalisé qqchose par moi-même. L’aide des tutoriels sur internet m’est très précieuse.

Je voyais ma grand-mere le faire, elle m’a tout appris

LE TRICOT ET CROCHET DÉTEND

dans les années 60 c’était une nécessité et à 8 ans on veut tout apprendre, donc j’ai attrapé le virus ….

C’est ma mère ….quand j’étais petite durant les vaccances scolaires je la voyais faire …et comme si cela coulait de source…elle me transmetait les premières bases …les gestes…les techniques… voilà …ensuite vers 15 ans je me crochetais des débardeurs en coton phildar ….jen etais tres fiere.

Passion pour les choses manuelles.

Le froid ! On est très mal isolé dans mon appartement et je gelais dans ma chambre…

J’aime les activités manuelles. Alors je vois ça comme une nouvelle compétence à acquérir.

Pouvoir faire des habits pour mon bébé, de qualité et moins cher.

L’originalité, l’autonomie, le côté ludique, c’est un bon passe temps et ça peut dépanner aussi

J’étais au collège a l’époque. Moi et mes frangins avions diverses activités extra scolaires et on devait parfois attendre entre les séances. Ma mère attendait en tricotant et crochetant. A une époque, Elle crochetait des robes de poupées. Je trouvais ça trop joli donc j’ai voulu apprendre. Et au fur et a mesure c’est devenu écharpe mitaine etc. J’étais fière de pouvoir dire « c’est moi qui l’ai fait ! ». Je suis devenue la fille très manuelle (tricot crochet perle couture etc).

L’envie de faire quelque chose de constructif et en même temps de se détendre

J’ai essayer et le coté mécanique me détend

Une amie

Parce que une veille dame m’a montré ça et j’ai trouvé sympa

Le bruit interdit a la maison et pas de tele.

Ma mère me l’a enseigné dans j’étais plus jeune.

pouvoir me faire mes propre echarpes

Avec ce sondage, il est possible de se rendre compte que dix personnes ont été contaminé par un autre individu. Pris en flagrant délit, il était possible de les suivre dans leur création, de voir les mains élaborer une pièce unique, et d’assister à la naissance du vêtement au fur et à mesure du travail. Personnellement, j’ai remarqué que mon rapport aux vêtements en laine avait changé depuis que je fais du tricot et du crochet. Face aux difficultés que j’ai eues pour construire mon bonnet, je ne peux que trouver incroyables ces personnes qui créent des pulls eux-même. Pourquoi se donner tant de mal pour faire un produit disponible en magasin plus rapidement et moins cher ? Les machines actuelles font des vêtements, seules, plus rapidement, et avec un niveau de complexité (pour réaliser des motifs dans l’ouvrage par exemple) beaucoup plus élevé que mes capacités actuelles. Et leurs “créations” à la chaîne sont beaucoup moins cher que le prix de mes matières premières. Alors forcément, je ne regarde plus les pulls de la même façon. Et je ne peux m’empêcher aussi de remarquer la qualité des produits. Bien sûr, les machines ne ratent pas des mailles et sont programmées pour avoir la bonne tension de fil et pour respecter toutes les mesures. Mais mes ouvrages ne se sont encore jamais détricotées, malgré leur conception approximative. Alors que la fantastique écharpe Harry Potter, à l’effigie de la maison Gryffondor, payée relativement cher (sans comparer avec le prix de la laine nécessaire), voit ses mailles se déchirer et se détricoter, dans une agonie impossible à réparer.

Les sondé(e)s ont été touché par cet aspect créatif et fait-main. Faire soi-même apporte une certaine satisfaction. Pouvoir, pendant plus d’une vingtaine d’heures, arrêter de courir, se poser, créer quelque chose par un mouvement répétitif, et obtenir une jolie pièce à la fin donne des sentiments assez étranges. Détente, liberté, fascination et autres. Il faut aussi constater qu’internet ne semble pas avoir été un élément déclencheur chez eux. Ami(e)s non initié(e)s, rassurez-vous, fuyez les aiguilles et vous serez épargné(e)s par la contagion.

Il est aussi possible de remarquer que cette découverte peut amener à s’intéresser à d’autres domaines du Do It Yourself :

Une large partie des personnes interrogées désire apprendre d’autres activités. Peut-être que la facilité d’accès à l’information et sa quantité leur permet d’envisager d’élargir leurs horizons créatifs.

Les internautes soulignent déjà à cette étape du questionnaire l’aide d’internet. Il faut maintenant se demander comment ce merveilleux outil peut nous aider à renforcer notre addiction ?

B)Apprendre les bases

Il n’est pas évident, au premier abord, de savoir comment s’équiper pour s’initier. Se diriger en magasin peut se révéler être une expérience troublante si personne n’est là pour nous guider. Personnellement, ce n’est pas une personne de mon entourage qui m’a aidé, les premiers instants, mais des inconnus dans le magasin. J’ai rencontré aussi quelques personnes dans le même cas que moi, à qui j’ai pu transmettre les premières bases. C’est par la suite que je me suis rendu compte que plusieurs personnes de mon entourage proche et amical avaient des connaissances utiles dans ce domaine. Les tricoteurs et tricoteuses semblent étrangement se reconnaître entre eux. Je connais aussi des amies qui ont appris seules, et dont personne dans l’entourage ne pratiquait cet art. Pouvons-nous en conclure que la transmission de ce savoir a sauté une génération ? Aujourd’hui internet souligne le retour du tricot dans les moeurs, comme s’il avait disparu, parfois jugé trop ringard.

Néanmoins, il semblerait qu’il n’ait pas signé son grand retour dans les moeurs de toute la population. Faire du crochet dans le rer est une expérience sociologique donnant des résultats quelque peu surprenant. Enfin, pour certains voyageurs à côté de moi dans la rame. Cela allait de la moquerie à une crainte étrange, peut-être liée aux derniers attentats. Mais il faut bien apprendre en pratiquant non ?

Qu’en pense la communauté des triconautes et fans de crochets ? Comment apprennent-ils ?

Tous n’ont pas appris par internet mais par d’autres personnes proches. Ainsi, internet n’est pas le déclencheur principal de la contagion. Ce sont les gens, eux-même, qui partagent leurs passions aux autres et contaminent le monde.

Pour ceux qui ont appris avec l’aide d’une personne, quelle est la moyenne d’âge de leur professeur ?

Les professeurs de tricot et de crochet sont donc des personnes trentenaires et au-delà. Les plus jeunes sont-ils en train d’apprendre, expliquant qu’ils ne peuvent enseigner leurs pratiques à d’autres ?

Une majorité des personnes qui tricote ou crochète ont entre 20 et 30 ans. Étonnamment, ils ne se retrouvent pas dans les professeurs. Peut-être sont-ils réellement en train d’apprendre.

L’autre point le plus surprenant aussi est qu’une majorité des personnes interrogées apprend avec l’aide d’autres personnes.

Loin du cliché imposant l’image de la personne âgée qui tricote seule au coin du feu, le tricot et le crochet sont un art social. En revanche, internet a un autre rôle dans ces pratiques, et une grosse partie de nos sondé(e)s l’utilisent aussi pour apprendre. Pour la question “Comment avez-vous appris ?”, avec 26 réponses, 20 personnes ont répondu apprendre avec d’autres, et 11 personnes ont répondu utiliser les vidéos sur internet. Comme il n’y a pas eu 31 personnes pour répondre à cette question, il est possible de déduire que les pratiquants utilisent plusieurs moyens pour apprendre, dont internet.

Alors, quel est le rôle d’internet dans la pratique du tricot et du crochet ?

II) Internet, bibliothèque d’Alexandrie

A)Les tutoriels

Si internet n’est pas le déclencheur, le world wide web permet de consolider l’apprentissage et de découvrir de nouvelles techniques. En effet, il y a une quantité incroyable de tutoriels écrits et vidéos pour réaliser le maximum de choses. Et les sondé(e)s l’ont bien compris :

La majorité d’entre eux utilise internet pour apprendre de nouvelles techniques. Il est possible d’imaginer que les autres n’ont pas besoin d’internet parce qu’ils ont d’autres moyens pour apprendre.

Et les moyens pour apprendre sont variés. Il y a énormément de livres sur les techniques de tricots et de crochets disponibles à la vente, et pour tous les tarifs. Et il y a aussi beaucoup de cours disponibles, en présentiel, avec une personne expérimentée.

Internet offre une alternative gratuite. Dans un temps fort ancien, les activités de Do it yourself, c’est-à-dire toutes ces activités où il faut créer soi-même avec des matériaux récupérés ou achetés étaient beaucoup moins cher. Mais pour entrer dans le mouvement, il fallait avoir accès aux informations. L’incendie s’étant propagé peu à peu, des marques ont bien compris l’intérêt de se placer sur ce filon. C’est aujourd’hui plus facile d’apprendre le tricot, mais pas forcément moins cher. Heureusement, le contenu disponible gratuitement sur internet permet d’apprendre, et de se perfectionner plus facilement sans trop dépenser. Ou pas. Est-ce facile d’apprendre sur internet ? Mon expérience personnelle tempère cet engouement. J’ai eu beaucoup de difficultés à apprendre les bases. C’est difficile au début de comprendre les mouvements exacts à exécuter pour positionner le fil de la manière correcte. Aidée par “ma” maître par caméra, avec des conseils personnalisés, apprendre fût un peu plus facile. Mais il a falut du temps, de la patience (autant pour moi que pour mon enseignante !), beaucoup de prises de tête et de ressources. Certaines personnes sont plus visuelles. Regarder une action leur suffit pour la reproduire. Mais d’autres sont plus manuelles, kinesthésiques. J’ai besoin de reproduire le mouvement pour le comprendre. Et nos internautes ? Éprouvent-ils des difficultés ?

Une majeure partie d’entre eux trouve l’apprentissage par internet facile. Il est vrai que la quantité de contenus est un point positif. Il est possible de regarder un grand nombre de vidéos sur un point précis pour bien le comprendre, et de l’agrémenter d’un nombre énorme d’images et de schémas réalisés par des passionné(e)s. Il y a même des personnes qui réalisent les techniques avec les deux mains. Eh oui, je pars avec un “handicap” en plus. Gauchère dans un monde de droitiers, mon cerveau ne fait pas encore la conversion des mains. Alors j’ai besoin d’un peu plus de contenus que les droitiers pour comprendre.

Quels avantages et désavantages y trouvez-vous ?

tuto facile, bcp d’idées aucun désavantages

avantage de voir comment on fait

Les vidéos

Tous les avantages, aucun désavantage.

Je comprends assez bien

Les gestes associés aux explications ont des vertus pédagogiques pour moi. De plus, je peux arrêter et reprendre quand je veux et retourner en arrière si je n’ai pas compris.
Il faut trier les vidéos: la pédagogie laisse parfois à désirer

Trouver des modèles

on y trouve facilement des vidéo et des tuto. mais comme je ne suis pas née avec internet je préfère les explications écrites…dommage qu’on ne puisse pas toujours imprimer…

Pas de contact humain mais souvent très bien expliqué.

Avantages : avoir plein de nouvelles techniques à visualiser et à tester. Et plein de gens peuvent nous aider. Désavantages : c’est parfois difficile de bien comprendre comment faire les points en regardant un écran. Être aidé par une personne, hors écran, peut s’avérer plus simple en cas de blocages. Mais internet est là, même à 3h du matin !

Internet est disponible n’importe où, n’importe quand, et a le savoir absolu. Vive internet !

C’est compliqué d’apprendre sur internet. J’ai souvent du mal à comprendre les nouveaux points, et il me faut souvent plusieurs vidéos et photos, et aussi beaucoup d’erreurs pour réussir.

Si personne est disponible alors là vidéo internet peut être très utile

Avantage : de nouveaux modèles et techniques gratuitement. Un nombre infini de patrons ! Inconvénient : parfois frustrant quand la vidéo YouTube est ni en anglais ni dans une langue que je connais alors que toutes les étapes ne sont pas spécifiées une par une. Puis faut trouver la laine et le crochet correspondant.

On trouve tout mais il faut du temps pour trouver La bonne technique pour le bon projet

avantage, on ne sors pas de chez soi, on regarde la vidéo autant de fois que l’on veut on a pas l’impression d’embêter. Désavantage, on peut parfois rester sur un echec sans comprendre ce que l’on fais mal.

Désavantage: on ne peut pas vraiment avoir des réponses à nos questions

24h sur 24

Reponse immediate pour les oublis

C’est pratique car on n’a l’information à portée de main. Mais parfois c’est difficile à comprendre et personne n’est là pour m’expliquer

cela dépend des DIY pour le tricot je demande à ma mere je n’ai jamais regardé de tuto de tricots sur internet.

La quantité incroyable de contenus ne veut pas forcément dire que l’apprentissage est plus facile. Il faut trouver celui qui nous permet de comprendre le travail à réaliser ! Et trouver la technique nécessaire pour le projet en cours (diminuer un rang en point mousse est facile surtout par accident… Mais comment diminuer un rang “volontairement” en jersey ?). Et il arrive aussi de se trouver bloqué au milieu d’un ouvrage, pour une raison inconnue, surtout pour les débutants (qui ne voient pas forcément les erreurs réalisées et les accumulent). C’est dans ces moments là où l’absence d’une personne expérimentée se fait cruellement ressentir. Heureusement, armé d’un appareil photo, il suffit de photographier l’ouvrage et d’appeler à l’aide la communauté, comme via Facebook.

Autre désavantage, et pas des moindres : internet. Tout le monde n’est pas forcément en mesure d’exploiter l’outil au maximum. Pour les personnes les moins familières avec cet outil cela peut s’avérer difficile d’apprendre. Surtout si les tutoriels ne peuvent pas être imprimés, ce qui peut aussi gêner les inconditionnels du papier. D’autant plus si les sites ne proposent pas de version PDF à télécharger pour imprimer ensuite. Comment récupérer les tutoriels et les stocker pour ensuite les retrouver si besoin ? Les livres marquent un point par rapport à internet.

En plus, internet peut ne pas forcément répondre à tous les besoins des utilisateurs. Mais ce problème peut être réglé en mettant en contact les utilisateurs entre eux.

Ou alors, autre problème : les tutoriels qui ne sont pas dans la langue maternelle du pratiquant. Le vocabulaire du “mouvement” pouvant être assez technique, et parfois même difficilement compréhensible en français, il est facile d’imaginer à quel point un tutoriel dans une autre langue peut être déroutant. Heureusement que la communauté aide à la traduction.

Beaucoup de points positifs viennent tout de même s’ajouter. Comme souligné précédemment, la quantité de ressources qui facilite l’apprentissage. Et aussi la disponibilité de ces ressources, partout (où il y a une connexion internet) et tout le temps. Plus besoin de réveiller nos professeurs au milieu de la nuit ! Autre avantage, la possibilité de visionner autant que désiré les explications, ce qui ne peut que soulager la personne chargée de nous apprendre. En revanche, lorsqu’une personne expérimentée aide, elle peut changer de manière d’expliquer. Ce que ne peut faire une vidéo sur Youtube.

B) La communauté

Encore un très gros avantage de l’utilisation d’internet. La possibilité de trouver des communautés, par des forums, ou Facebook, de pratiquants pour échanger, trouver de l’aide et de l’inspiration si besoin. Les artistes du fil rivalisent de créativité, de maîtrise et de techniques pour créer des ouvrages d’une beauté saisissante. Leurs photographies, vidéos, et explications font rêver. Ainsi que la possibilité d’interagir et d’avoir de l’aide si besoin.

Une large partie des internautes utilisent internet pour suivre des sites divers et les réseaux sociaux. Ainsi, il est très facile d’échanger avec d’autres personnes autour de ce sujet, afin d’obtenir de l’aide, des idées et des informations. La communauté est présente sur les réseaux et active pour de nombreux tutoriels, aides et conseils. Des créateurs s’en servent aussi pour vendre et s’assurer une présence et une visibilité.

Et simplement pour échanger, ne pas être seul dans cette activité. Une façon de prolonger les nombreux cafés salons de thé tricot même dans les zones où il n’y en a pas.

Mais Internet offre aussi une autre possibilité intéressante : acheter du matériel. Avec toute une communauté pour nous conseiller, donner des avis, et des sites en ligne proposant d’acheter directement le nécessaire, comment internet influence-t-il les achats ?

La moitié des personnes interrogées regardent les sites de vente de matériel, sans forcément acheter. Pourquoi ces personnes n’achètent-elles pas directement, comme une autre partie des sondé(e)s ?

Voici une piste probable :

Peut-être parce qu’une majorité des sondé(e)s préfère se fournir dans un magasin physique.

Imaginons vouloir créer une écharpe. Il faut d’abord trouver un modèle. Des sites de ventes de matériaux proposent des modèles payants et gratuits, comme Phildar. Comme il y a beaucoup de modèles gratuits disponibles en ligne, il y a une forte probabilité pour que la personne choisisse un modèle d’écharpe gratuit, le télécharge directement (s’il est disponible en PDF), et peut-être l’imprimer (si possible).

Autre étape, avant de créer : vérifier la disponibilité du matériel. Les personnes pratiquant depuis longtemps ont plus de chances d’avoir toutes les tailles d’aiguilles et de crochets nécessaires, et ne pas avoir besoin d’en racheter. En revanche, il y a toujours besoin de laines. Et il est intéressant de regarder sur les sites pour commencer à faire un premier choix de laine, et se renseigner sur les différents types de laines.

Par exemple, une vraie laine, d’alpaga, ou de mérinos, tient plus chaud que de la laine acrylique industrielle. Le choix, pour l’hiver, peut être vite fait.

Ainsi, la virée au magasin est plus rapide. Savoir ce qui est nécessaire permet de gagner du temps. Même si c’est encore plus rapide de commander sur internet, il est plus intéressant d’avoir la pelote en mains pour se rendre compte de la qualité de la laine, de la taille de la pelote (qui indique la quantité de pelotes nécessaire pour réaliser un ouvrage et permet d’estimer plus précisément le nombre de pelotes à acheter) et du coloris.

Cette piste peut expliquer pourquoi une si grande partie regarde les sites internets mais achète en magasin.

Pour celles et ceux qui ont un magasin à portée de mains, c’est aussi plus rapide. Plus besoin d’attendre les délais de livraison.

Malheureusement, tout le pays n’est pas couvert en magasins vendant le nécessaire. Le nombre de magasins physiques de Phildar, par exemple, diminue. Alors internet va devenir le refuge inévitable de notre addiction.

Pour conclure, internet n’a pas été la cause du déclic poussant la personne à tricoter et crocheter. En revanche, internet aide à apprendre les bases.

En effet, internet est une bibliothèque immense aux possibilités infinies. Les tutoriels, écrits et vidéos, multiples, offrent des moyens d’apprendre variés. Mais ce n’est pas facile pour tout le monde, tant pour maîtriser l’outil que pour comprendre comment réaliser son ouvrage. Heureusement, la communauté vole au secours des pratiquants en détresse et leur présence participent à faire de cet art une pratique sociale, d’une manière numérique. Et la consommation de matériels est aussi facilité : laine à portée de clics, connaissances expertes en tête, les pratiquant(e)s se spécialisent.

Ainsi, internet permet de renforcer la pratique et de l’inscrire durablement face au temps, pour que ces pratiques ancestrales ne disparaissent jamais.

Annexe :

Questionnaire

 

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