Paige, Emma & Rosa
Introduction
« Salope de mes couilles« , « va crever sale pute« , « t’as vu sa gueule xD ? Qui aimerait l’harceler ou la violer ?« . Ces commentaires postés sur YouTube sont d’une rare violence mais ne sont cependant qu’une goutte d’eau parmi les 40 000 commentaires d’insulte, de menaces de mort et de viol que Marion Seclin a reçu depuis un an et demi. Sa faute ? Avoir dénoncé dans une vidéo le harcèlement de rue, sur la plateforme YouTube en mai 2016, qui a entraîné une vague de cyberharcèlement dans les mois qui ont suivi. À ce jour, Marion Seclin est l’une des vidéastes françaises qui a été le plus exposée à ce harcèlement et communique autour des mécanismes de cyberharcèlement, de façon transparente et pédagogique. Lors de son intervention au TEDx en novembre dernier, elle s’est même auto-sacrée de façon ironique « Championne de France de cyberharcèlement ».
Nous faisons aujourd’hui face à ces deux mouvements contraires : d’un côté l’apparente libération de la parole contre le harcèlement sexuel, notamment via #metoo et #balancetonporc ; et de l’autre des contre-réactions très violentes à l’encontre des personnes qui dénoncent des mécanismes d’oppression. Dans ce contexte, ce dossier ambitionne de comprendre les liens entre le cyberharcèlement et les discours féministes sur YouTube.
Si la vidéo de Marion Seclin reçoit toujours aujourd’hui, un an et demi après sa publication, des commentaires – négatifs et positifs -, le vidéaste Usul, qui a sorti une vidéo en octobre 2017 sur balancetonporc et la responsabilité collective des hommes, a suscité très peu de réactions négatives. Comment analyser cette différence de traitement et de réception par les internautes ? Faut-il y voir une amélioration des conditions de dénonciation des mécanismes d’oppression en 2017 ? Une matérialisation de la haine spécifique contre la personne de Marion Seclin ? Ou une discrimination genrée face aux discours féministes qui dénoncent le patriarcat et la misogynie dans l’espace public ?
Ainsi, nous nous demanderons dans ce dossier, dans quelle mesure les outils d’analyse de données permettent-ils d’illustrer le facteur aggravant du genre dans les cas de cyberharcèlement sur YouTube dans le discours féministe ?
Nous avançons l’hypothèse suivante : au-delà de la controverse habituelle générée par les discours féministes, l’intensité et la virulence des commentaires en ligne contre ces vidéos féministes sont aggravées par le fait que la protagoniste est une femme.
Dans un premier temps, nous aborderons la prise en compte des phénomènes de cyberharcèlement, et plus précisément du harcèlement des femmes publiques en ligne ; puis nous allons analyser spécifiquement trois vidéos emblématiques de cette situation : une vidéo où une femme, Marion Seclin, prend position contre le harcèlement de rue ; une vidéo où un homme, Raptor Dissident, critique de façon véhémente cette dernière ; et enfin, une vidéo d’un homme, Usul, qui prend position en faveur du féminisme. Enfin, nous tirerons des conclusions de cette analyse comparative.
1. Cyberharcèlement et paroles des femmes dans l’espace public, un bref état de l’art.
a. Alors qu’une prise en compte du harcèlement commence à être initiée
Depuis quelques années, le harcèlement devient un sujet social et politique à part entière. Une prise de conscience politique semble avoir été actée, notamment dans le milieu scolaire. En effet, depuis octobre 2015, le harcèlement scolaire a été décrété grande cause nationale en France, chaque premier jeudi après les Vacances de la Toussaint. De nombreuses personnalités se sont d’ailleurs positionnées sur le sujet, dénonçant les pratiques de harcèlement, souvent anciennes victimes de harcèlement, comme la YouTubeuse EnjoyPhoenix (3e YouTubeuse de France avec 3 millions d’abonnés). Il semble que le harcèlement soit devenu un objet culturel, et qu’il occupe désormais une place centrale dans la société et la pop culture. Par exemple, le harcèlement occupe une place centrale dans la série américaine de 2017 « 13 Reasons Why » qui retrace les causes du suicide de la protagoniste principale, Hannah.
Si le numérique a décuplé les canaux de socialisation, l’essor des réseaux sociaux a également contribué à l’augmentation des risques de harcèlement, en brisant la digue sphère privée et publique. En effet, si auparavant le harcèlement scolaire s’arrêtait aux portes de l’école, l’utilisation des smartphones et des réseaux sociaux a fait entrer les harceleurs jusque dans les maisons des victimes, comme le rappelle le guide pédagogique contre le harcèlement scolaire édité par l’Education Nationale. En effet, certains attributs du numérique tels que l’anonymat et l’instantanéité peuvent décupler les risques de cyberharcèlement. On note un véritable tournant politique, à la fois dans la précision du délit de cyberharcèlement en 2016, mais aussi dans les stratégies politiques bâties pour toucher les publics concernés : le Ministère de l’Education s’est d’ailleurs appuyé sur les communautés en ligne pour construire et diffuser des spots YouTube de sensibilisation contre le cyberharcèlement, notamment via la chaîne Rose Carpet (collectif de YouTubeuses françaises influentes). YouTube devient donc un outil de diffusion de messages de sensibilisation et de dénonciation du harcèlement.
Le cyberharcèlement est donc aujourd’hui une réalité prise en compte et étudiée par de nombreuses revues en France. Sur Google Scholar, on repère plus de 470 articles de recherche liés au cyberharcèlement, dont plus de 300 sont liés à l’école, et donc aux enfants anonymes depuis 2014. Sur Cairn, la plupart des articles liés au cyberharcèlement sont également cantonnés au milieu scolaire et à l’adolescence. Force est de constater le faible nombre d’articles de recherche autour du cyberharcèlement chez les adultes, et a fortiori chez les personnages publics célèbres féminins.
Pourtant, les femmes publiques et le discours féministe ne sont étrangers aux phénomènes de harcèlement.
b. Face à des revendications d’une quatrième vague ?
La théorie du genre formulée dans les années 60 nous a laissé une certitude : dans le monde social, il existe une sphère publique – traditionnellement réservées aux hommes –et une sphère privée – confiée à la femme –(Oakley, 1977). Et ces deux sphères se trouvent en constante tension et redéfinition. La première et deuxième vagues féministes, ont conquis l’accès de la femme à l’espace public, par le biais de la citoyenneté – principalement par la revendication du droit de vote -, et a l’éducation. La troisième vague des années 60, met dans la sphère publique la question de la sexualité, par la revendication des femmes de disposer et décider sur leur corps et leur sexualité par l’utilisation de moyens de contraception et la légalisation de IVG (Bereni, Chauvin, Jaunait, & Revillard, 2008). Serions-nous face à une 4ème vague ?
Depuis quelques années, on a vu émerger grâce aux plateformes des réseaux sociaux, une série de dénonciations contre les violences faites aux femmes : violences sexuelles, harcèlement de rue, slutshaming etc. Mais tous ses dénonciations ont une structure plus profonde : la parole des femmes se libère. Les femmes, de plus en plus, se sentent en droit de dénoncer ces sortes de violences. Principalement par le fait d’une sensibilisation du public et de la citoyenneté à la violence de genre. Mais aussi également par une prise de conscience de la part des femmes que ces violences auparavant considérées comme « normales » – par une supposé sexualité masculine prédatrice -, ou de leur faute, était en réalité une forme d’expression d’une discrimination et oppression structurale appelée le patriarcat (Delphy, 1970).
La parole est une question centrale dans ce phénomène et elles se heurtent encore à une une constante : la femme fait face à un jugement pour la seule raison d’être femme, ce que les hommes ne rencontrent pas. C’est ainsi que se théorise le plafond de verre : une femme est moins prise en compte, souvent remise en cause et moins mise en valeur qu’un homme dans sa même situation, ce qui l’empêche d’accéder aux postes de pouvoir, car elle est considérée comme moins talentueuse que ses égaux masculins. Les premiers travaux sur le verre de cristal appliqué à la parole publique se font dans les espaces académique et éducatif : les femmes sont des meilleures élèves que les hommes lors des résultat scolaires, mais la parole reste monopolisée par les hommes. De même, les femmes sont moins embauchées dans le monde académique, moins citées et financées que leurs pairs masculins, mais elles sont plus nombreuses à réussir l’université(Pigeyre & Valette, 2004)
Mais ce constat peut découler tous les domaines de la vie sociale, Par exemple, la 1ere YouTubeuse de France, Natoo, se trouve seulement à la 10ème place. Dans le top 50, on retrouve que cinq femmes, dont trois se concentrent sur des vidéos de tutoriels de beauté. C’est-à-dire que YouTube par une sélection démocratique d’abonnés et vidéos aimées, fait ressortir des stéréotypes de genre fortement marqués. De plus, elles sont minoritaires et se font harceler sans plus de raisons apparentes que leur sexe féminin. La YouTubeuse de beauté EnjoyPhoenix publie le 16 septembre 2017 une vidéo ou elle explique pourquoi elle a pris du poids après subir de cyberharcèlement à cet égard. Un mois plus trad, la YouTubeuse de mode Sananas publié le 3 novembre 2017 une vidéo où elle raconte son expérience d’harcèlement depuis un an, avec des insultes telles que « t’est qu’une salope de luxe », « t’es tout refaite » et « bouche de suceuse ».
La virulence et violence de ce type de commentaire est surprenant. Et dans le cas de la vidéo de Marion Seclin que l’on va analyser, la violence ne fait qu’augmenter. Le seul point communs de ces vidéastes est leur condition de femme. Comme si la seule raison de prendre la parole dans un espace public tel que YouTube, autoriserait en quelque sorte à faire des commentaires sur leurs physiques, leurs vies privés, leur choix de vie et non leur paroles. Comme si les « conditions qui rendent possibles ou qui entravent la participation, qu’il s’agisse d’accéder aux scènes d’échanges, de s’y exprimer, d’y être reconnue comme interlocuteur et interlocutrice légitime » (Rui & Paoletti, 2015) ne s’appliquaient pas aux femmes. L’espace public, comme explique Nancy Fraser (Fraser, 1992), n’est ni neutre ni égalitaire. Les paroles dans la sphère publique sont traversées par des discriminations de sexe, de genre et âge. Si bien que la mirage démocratique nous a fait croire que tous les interlocuteurs ont les mêmes droits lors de la prise de parole, mais l’expérience nous montre le contraire. La parole du masculin blanc occidental est le registre accepté comme neutre et universel, et toute parole qui sort de ce cadre est considéré illégitime, douteux et susceptible d’être mise en question.
Nous souhaitons interroger la réception du discours féministe sur YouTube, car c’est le discours qui suscitent le plus de réactions , et notamment la différenciation de réactions et de réception en fonction de l’interlocuteur mis en scène. Nous avançons l’hypothèse selon laquelle les réactions et commentaires diffèrent en fonction du genre du protagoniste sur le média.
2. Analyse comparé de 3 vidéos YouTube
a. Méthodologie
Afin d’illustrer le harcèlement des femmes publiques sur YouTube, il nous paraît pertinent de mettre en perspective leurs vidéos avec des discours proches, prononcés par des hommes. Nous avons donc choisi de partir de la vidéo de Marion Seclin et d’analyser ses commentaires en les comparant à la vidéo de réponse faite à celle-ci par Raptor Dissident, ainsi que la vidéo sur #balancetonporc réalisée par Usul sur la chaîne Médiapart en octobre 2017. Ces vidéos partagent des caractéristiques communes : toutes ont eu un écho relativement important dans les médias, et ont été publiées sur des chaînes YouTube différentes de celles de protagonistes dans la vidéo. Par ailleurs, les vidéos jouent avec les codes de l’humour, et traitent des sujets de féminisme, et plus particulièrement de harcèlement – de rue ou non. Ces vidéos sont relativement proches et cohérentes en termes de statistiques, à la fois de vue et de réactions. Enfin, les protagonistes des vidéos bénéficient tous d’une communauté qui les suit activement, par le biais de leurs chaînes YouTube ou personnellement sur d’autres réseaux sociaux (Chaîne YouTube personnelle, comptes Twitter et Instagram notamment).
Nous avons scrappé les commentaires des vidéos YouTube à partir de l’outil YouTube Comment Scraper. Grâce à l’outil Iramuteq, nous avons pu générer un tableau des fréquences de mots pour chacune des vidéos. Nous avons ensuite nettoyé les fichiers CSV via les librairies Python Pandas et NLTK et réalisé du topic modeling avec le package stm sur R. Ainsi, nous dressons une typologie des commentaires de chacun des vidéos et comparons donc les réceptions de ces trois discours spécifiques.
b. Marion Seclin
Présentation
Madmoizelle est un média français sur le web, d’orientation féministe., lancé en 2005. Sa ligne éditoriale s’appuie sur des articles qui s’adressent aux femmes de 15 à 25 ans, mais depuis 2010, Madmoizelle s’est lancé dans les vidéos sur YouTube. Par le biais de vidéos courtes, des pastilles humoristiques le plus souvent, Madmoizelle met en scène à la fois la rédaction de journalistes, mais aussi des personnes extérieures, telles que Marion Seclin. Marion Seclin, vidéaste française de 28 ans, a commencé à réaliser des vidéos pour et via le média Madmoizelle, notamment plusieurs pastilles d’orientation féministes avec une dimension humoristique. C’est dans ce cadre qu’elle se lance finalement dans un cycle de vidéo féministe en mars 2016, débutant par la vidéo
“T’es féministe, mais tu suces ?” qui a généré plusieurs centaine de milliers de vues (aujourd’hui plus d’un million). Elle enchaîne ensuite avec une vidéo traitant du harcèlement de rue. Pour ce faire, Marion Seclin tweete le sujet de sa future vidéo et lance un appel à témoignage des pires phrases entendues dans la rue. En s’appuyant sur ces témoignages, elle produit donc une vidéo “T’as été harcelée, mais tu as vu comment t’étais habillée?”. Cette vidéo est postée depuis le compte YouTube de Madmoizelle le 17 mai 2016. Aujourd’hui, cette vidéo a atteint plus d’1 million de vues, et généré énormément de réactions : plus de 15 000 commentaires, mais aussi une vidéo très clivée avec 26 000 pouces bleus (d’appréciation de la vidéo), et 36 000 pouces rouges (de jugement négatif de la vidéo).
Dès sa sortie, la vidéo avait engendré beaucoup de réactions, positives, violentes ou d’incompréhension. Face à ces multiples malentendus, Marion Seclin décide donc de faire une troisième vidéo, explicative de ses propos, pour prendre le temps de développer davantage son argumentaire et sa démarche. Ainsi sort la vidéo plus pédagogique, #TasÉtéHarceléeMais tu t’es pas exprimée assez clairement, du coup tu réponds“ en juin 2016.
Cependant, malgré la sortie d’une troisième vidéo, sa deuxième vidéo, “T’as été harcelée mais tu as vu comment t’étais habillée” a continué d’être très commentée. Cette vidéo a connu en effet un écho très important au sein de la communauté de Madmoizelle, à tel point qu’elle s’est étendue à d’autres communautés, et notamment celles du vidéaste Raptor Dissident dont la marque de fabrique est de faire des “revues d’actualité avec une bonne grosse dose de haine« , c’est-à-dire analyser les discours de personnes influentes et les critiquer de façon très acerbe, en ayant souvent recours aux insultes. Ce YouTuber possède une fanbase assez conséquente, aujourd’hui près de 550 000 abonnés, encensant son ton très trash.
Raptor Dissident poste donc début juillet 2016 une vidéo de “réponse” à Marion Seclin, intitulée “Marion Séclin, Féminisme en déclin” – Expliquez moi cette merde” . Sa vidéo a été vue plus d’un million de fois. Galvanisée par cette vidéo, sa communauté de fan se précipite sur la vidéo originale de Marion Seclin et commente de façon massive, processus qu’ils appellent entre eux une “raptorisation”, c’est-à-dire le fait de commenter massivement en insultant Marion Seclin, et faisant référence à Raptor Dissident – même si ce dernier se défend d’avoir jamais demandé à sa communauté d’aller insulter Marion Seclin. En effet, comme en attestent les statistiques ci-dessous, la chaîne Madmoizelle a connu un pic de visibilité en mai-juin 2016.
A partir de ce moment, Marion Seclin été la cible de cyber-harcèlement et a reçu “40 000 menaces de mort, de viol et d’insultes” comme elle le raconte dans un TED Talk. Le site en ligne Madmoizelle a publié un article regroupant plus de 200 commentaires reçus sur les trois vidéos que Marion Seclin a réalisé, afin de représenter de façon concrète ce à quoi le harcèlement ressemble. La page Wikipédia dédiée à Marion a même été modérée de façon semi-protégée afin d’éviter que certaines personnes ne modifient de façon intempestive la page avec “des vandalismes”. Voici donc le contexte chargé de cette analyse de commentaires de la vidéo de Marion Seclin.
Analyse
Nous avons récupéré les commentaires de la vidéo “T’as été harcelée mais t’as vu comment t’étais habillée?” de mai 2016 afin d’analyser les commentaires. Nous passons maintenant à l’analyse par Topic Modeling, via R, après nettoyage du corpus sur Python.
Grâce au topic modeling, nous avons généré plusieurs topics sur la vidéo de Madmoizelle mettant en scène Marion Seclin. Les topics sont pertinents pour la plupart et représentatifs des différents commentaires postés sur cette vidéo. Arrêtons-nous sur différents topics représentatifs de commentaires :
Topic : Raptor
Ce topic rassemble tous les commentaires qui font référence à Raptor Dissident et sa vidéo critique, on peut imaginer que la plupart de ces personnes sont arrivées sur la vidéo de Marion Seclin par le biais de la vidéo de Raptor Dissident, et ont opéré ce processus de “raptorisation”. Le fait de citer Raptor Dissident les identifie comme appartenant à une communauté, parfois ressemblant à une secte où ses membres adulent et glorifient leur leader (voir commentaires plus bas). Par ailleurs, nous pouvons constater des termes tels que “dislike” et “mdr” ce qui nous donne un aperçu du ton employé au fil de ces commentaires.
Topic : Insultes physiques
Ce topic réunit toutes les insultes adressées à l’encontre de Marion Seclin sous cette vidéo qui parlent à la fois de son apparence physique (ses sourcils notamment), mais également l’insulte (pute, moche, etc.).
Topic : Témoignages et soutien féministe
Ce topic semble réunir les différents soutiens des féministes ou des soutiens de cette vidéo. En effet, on retrouve les mots “douleur”, “psychologique”, “répétition”, “hostiles” comme autant de témoignages de situation similaire, ou de dénonciation de violence d’une d’expérience vécue.
Concernant la fréquence des mots utilisés, on constate quatre catégories principales : 1) avis personnel, 2) contre-exemples niant le harcèlement, 3) insulte et 4) acteurs concernés dans le discours. Concernant cette première, il y a 865 usages de « j’ai », 456 de « sentir » et 256 de « avis ». La combinaison du pronom à la première personne « je » et le verbe auxiliaire « avoir » peut évoquer soit le désir d’agir (« j’ai envie de te faire du mal physiquement », « j’ai envie de dire ») soit un retour d’expérience ou un témoignage (« Merci Raptor, j’ai bien ri 🙂 », « J’ai rencontré ma copine »). Dans la seconde catégorie, les mots « draguer », « compliment » et « aborder » sont employés respectivement 696, 645 et 480 fois. Ces termes sont largement utilisés pour réfuter l’expérience du harcèlement narrée par Marion Seclin. Dans la troisième catégorie, figurent 553 fois dans les commentaires, le mot « féministe » qui peut être considéré comme insulte au vu du champ lexical qui l’accompagne (« mourrez », « péter les couilles »). Les autres insultes les plus utilisées incluent « con » (385), « putain » (355) et « gueule » (340). Enfin, dans la dernière catégorie, le mot « raptor » est mentionné 652 fois tandis que « marion » ne l’est « que » 581. Cela signifie que Raptor a une influence forte sur les vues et les conversations générées autour cette de vidéo, puisque son nom est davantage cité que celui de Marion Seclin.
Au travers des topics et des occurrences de cette vidéo, on peut construire une typologie des réactions textuelles. Les commentaires suivants montrent à quel point Raptor a connu un effet fanatique au sein de sa communauté :
Dans les exemples ci-dessous, nous pouvons constater que ces commentaires vulgaires reposent sur le jugement de ses caractéristiques faciales et donc des insultes qui sont souvent accompagnées des interjections péjoratives et grossières, voire violentes.
Le commentaire ci-dessous nous montre que cette vidéo peut attirer des retours d’expériences partagées ayant l’air sincère, la preuve étant le témoignage à cinq paragraphes et 300 mots ci-dessus. Le registre linguistique employé est d’une part informel par le tutoiement et son vocabulaire qui rentre dans le langage courant ; d’autre part, son usage de locutions, de connecteurs de phrase et d’anecdotes nous montre une réflexion considérable de sa part.
Pour illustrer la catégorie de commentaires niant le harcèlement, regardons le commentaire ci-dessous qui semble à la fois réfuter l’expérience du harcèlement vécue par les femmes, en le qualifiant de drague, mais aussi dénigrer les personnes qu’ils considèrent incapables de draguer.
Enfin, il faut remarquer la présence des émoji dans les commentaires de cette vidéo. Il s’agit en grande majorité d’emoji cœur, décliné sous plusieurs couleurs, et notamment le violet, couleur symbolisant le féminisme. Ces emoji sont souvent placés dans des commentaires de soutien à Marion, le plus souvent venant de personnes confirmant l’argumentaire développé dans sa vidéo, emblématique donc d’une logique communautaire.
D’une façon globale, on peut reconnaître trois types de commentaires au regard de ces topics :
- Un groupe de gens qui argumentent et qui parlent du fond du sujet de la vidéo
- Une communauté pro-féministe qui témoigne dans son sens
- Une communauté pro-raptor qui l’insulte et la “raptorise”
Intéressons-nous maintenant à ce personnage, Raptor Dissident, qui prend une place majoritaire dans les commentaires harcelant Marion Seclin.
c. Raptor Dissident
Présentation
Raptor Dissident est un vidéaste de 24 ans qui s’est fait connaître sur YouTube grâce à ses vidéos chocs et agressives, souvent insultante et appelant à la haine. Il a atteint les 40 000 abonnés en avril 2016, puis 100 000 en juin 2016. Comme vu précédemment, il décide de faire “répondre” à Marion Seclin et sa vidéo sur le harcèlement de rue dans le cadre de son format “Expliquez-moi cette merde” fin juin 2016. Raptor Dissident se vantait dans un post en août 2016 des bonnes statistiques de vues de cette vidéo, qui comptait alors »1 million de vues, 21 000 commentaires, 65 000 pouces bleus et 13 000 pouces rouges ». Cependant, suite à de nombreuses plaintes autour du manque de modération auprès YouTube pour harcèlement, cette vidéo de Raptor Dissident a été supprimée pour “appel à la haine”, en octobre 2016. Le jour même, le 12 octobre 2016, un internaute récupère la vidéo et et la poste à nouveau. Il s’agit du compte de Ness4car, 500 followers, qui précise que la vidéo originale a été supprimée et met un lien dans la description de la vidéo vers le compte de Raptor Dissident. La vidéo “re-uploadée” cumule aujourd’hui 350 000 vues, 9000 pouces bleus et 1000 pouces rouges. Nous sommes donc loin des statistiques de la vidéo initialement postée par Raptor Dissident.
Analyse du graphique: Raptor Dissident a connu plusieurs pics de popularité, notamment en juillet 2016 au moment de la sortie de sa vidéo initiale contre Marion Seclin. On note par ailleurs un deuxième pic de popularité au moment de la suppression de ces vidéos par la modération de YouTube en octobre 2016.
Avant d’analyser les commentaires de cette vidéo, intéressons-nous au discours de Raptor Dissident dans cette vidéo. Sa thèse est la suivante, pour lui Marion Seclin fait un amalgame entre “drague” et “harcèlement” : “Mais le gros problème, c’est que Marion Seclin va apparenter la drague de rue au du harcèlement en utilisant des comparaisons illégitimes et des raccourcis douteux” – qui est le fil conducteur durant toute sa vidéo de réponse.
Il termine sa vidéo de façon inhabituelle “Marion, j’ai fait l’effort de pas t’insulter pour que les gens puissent comprendre mon point de vue sans pouvoir se réfugier dans “de toute façon tu fais qu’insulter” qui est l’argument du débile qui souhaite ne pas comprendre. Pour une fois j’aimerais que l’espace commentaire reste à peu près respectueux”. Cependant, Raptor Dissident a fait monter la pression avec un teasing abondant sur Snapchat et sur Twitter, et on notera tout de même dans la vidéo une certaine violence : “On s’en bat les couilles” “ferme ta gueule sale *bip*”, et autres “arrête tes caprices de merde”…
Suite à cela, comme nous l’avons vu, sa fanbase s’est déplacée massivement sur la vidéo de Marion Seclin pour la “raptoriser”.
Nous nous penchons ici sur les réactions suscitées par cette vidéo, en gardant en tête que ces commentaires ont donc tous été posté après l’upload de la nouvelle vidéo, octobre 2016, suite à la suppression de la vidéo originale de Raptor Dissident.
On se livre, comme pour la vidéo précédente, à une analyse de la fréquence des mots dans les commentaires, après les avoir scrappés.
On retrouve une surreprésentation :
- du nom de Marion Seclin : “Marion” est le 10e mot le plus cité dans le corpus, cité plus de 90 fois, et “Seclin” est, lui, cité 34 fois.
- des insultes (“putain” 29e mot le plus fréquent avec 41 occurrences), “con” (43e mot, 30 occurrences), “pute” (46e mot, 30 occurrences), “couille” (24 occurrences), “connard” (89e mot, 17 occurrence), “connerie” (108e mot, 15 occurrence), “foutre” (118e mot, 14 occurrences), “chier” (163e mot, 11 occurrences). La plupart de ces insultes sont également prononcées dans la vidéo par Raptor. On constate donc un champ lexical violent utilisé par le créateur de la vidéo mais également repris par les récepteurs.
- des mots « violence » (29 occurrences), « insulter » (17e mot le plus fréquent, 60 occurrences) ; Au regard des commentaires, ces mots sont utilisés pour critiquer la violence et les insultes utilisés par Raptor Dissident dans son argumentaire.
Nous analysons ensuite les sujets des commentaires, obtenus grâce au topic modeling. Plusieurs topics attirent notre attention.
Analyse
Topic Marion
Tout d’abord, le topic n°5, qui réunit toutes les références, nombreuses, à Marion Seclin. Ce topic représente l’identification par les internautes de Marion Seclin, protagoniste de la vidéo décryptée par Raptor Dissident. A l’image de la vidéo, on note une personnification du discours contre le harcèlement de rue et des “féministes” sous la personne de Marion Seclin. On peut imaginer que si son nom est à ce point utilisé dans les commentaires, cela est lié à la structure aussi de la vidéo. En effet, Raptor Dissident s’adresse directement à Marion dans sa vidéo, s’adressant parfois directement à elle (via des “tu”) son argumentaire et en prononçant son nom 8 fois sur les 11 minutes que durent la vidéo.
Topic Remerciement
Ce topic est remarquable en lui-même, en effet il n’est composé que d’un seul mot : « merci ». Ce mot est représentatif de la situation particulière dans laquelle la vidéo a été publiée. En effet, les internautes et la communauté de Raptor Dissident particulièrement, remercient ness4car d’avoir enregistré et re publié la vidéo sur YouTube. On note également beaucoup de commentaires qui s’inquiètent d’une future nouvelle suppression et qui appellent à enregistrer la vidéo. Il y a tellement de remerciements sur cette vidéo, qu’un topic entier leur est dédié. Par ailleurs, ces remerciements s’adressent aussi à Raptor, et son argumentaire qui touche certains internautes.
Au regard des occurrences et des topic de commentaires, on peut donc bâtir une typologie des réactions à cette vidéo :
- Des commentaires qui remercient le YouTubeur d’avoir reuploadé la vidéo : Même si de nombreuses insultes sont lancées dans les commentaires, le champ lexical du remerciement est également très présent dans le corpus : remercier, merci, etc. Cela s’exprime par exemple dans ces commentaires:
- des commentaires qui traitent de la suppression de la vidéo initiale par YouTube et de l’incompréhension de cette décision, qualifiée de « censure » :
- des commentaires remerciant Raptor pour sa vidéo, et qui valident son discours :
- Des commentaire qui valident le fond de l’argumentaire de Raptor Dissident mais qui rejettent la forme et la violence des propos :
- des commentaires qui critiquent le fond et la forme de l’argumentaire, qui sont moins nombreux :
Face à ce cas particulier, nous décidons maintenant d’analyser une situation opposée, celle où un homme défend, sur la chaîne YouTube d’un média, l’expression du féminisme, notamment via #balancetonporc. Nous cherchons à analyser les spécificités des réactions suite à ce discours et à comprendre si les commentaires sont aussi virulents et insultants qu’ils l’ont été pour Marion Seclin.
d. Vidéo Usul : Et les porcs furent balancés
Présentation
La dernière vidéo a laquelle nous allons nous intéresser a été publiée sur la chaîne YouTube de Mediapart, média français indépendant de gauche. La chaîne de Médiapart compte 113 000 abonnés et ses vidéos traitent principalement de sujets d’actualité politique et sociale. Dans cette chaîne sont développés plusieurs « émissions » spécifiques, des vignettes. C’est celle de Usul qui nous intéresse ici.
Usul est un vidéaste français qui s’est spécialisé dans un premier temps dans les jeux vidéo, et depuis 2014 il s’est orienté vers les chroniques politiques. En octobre 2017, Usul commence une nouvelle série appelée « Ouvrez les guillemets », à Mediapart. Cette série ambitionne de parler de politique de manière très générale en répondant à l’actualité dans certains épisodes. La forme est très libre, le fond reste engagé politiquement à gauche avec un ton humoristique. La vidéo sur laquelle se centre notre analyse « Et les porcs furent balancées , a reçu 225 000 vues, 2 253 commentaires et c’est la 13eme vidéo la plus vue dans la chaine, et la 4ème de son émission. Dans le mois de sa sortie, on observe un pic d’activité dans la chaine YouTube, dont cette vidéo prend une part importante.
Usul réalise cette vidéo dans le cadre de la révolte médiatique de l’affaire Weinstein, qui a donné naissance au mouvement connu #MeToo ou #BalancetonPorc. Le mouvement #Metoo met en évidence, à travers des témoignages dans les réseaux sociaux, d’une culture de harcèlement, agressions et violences envers les femmes, indistinctement de leur classe sociale, leur âge et leur ethnie. Ce mouvement a été lancé suite aux révélations d’agressions sexuelles de Weinstein vécues par de nombreuses actrices de Hollywood. Au fil du temps, de plus en plus de témoignages surgissent, et le mouvement devient mondial.
Analyse
Pour cette vidéo, on se trouve face à un registre différent des deux autres. La première vidéo joue avec l’humour et utilise un français courant, la deuxième vidéo s’appuie sur un langage courant aussi mais plus vulgaire. Cette troisième vidéo, au contraire, a un rythme de discours plus soutenu, des tournures de phrases élaborées et un humour très particulier. Les commentaires sont aussi d’une autre nature. On n’observe pas d’insultes comme on a pu en rencontrer dans les autres vidéos. “pute” ou “salope” ont disparu, et n’ont pas été transformées en insultes contre les hommes tel que “salaud », ou « connard”.
Lors de l’analyse statistique, on trouve très peu de topics qui ont un intérêt sémantique, mais néanmoins on peut extraire des informations. Si l’on observe les topics illustrés, on peut trouver des topics assez neutres sémantiquement. Le premier topic concerne la prise de parole argumentative. En effet les individus veulent prendre position dans le débat #metoo, avec « j’ai » comme le mot le plus important. Ensuite dans le deuxième topic présenté on retrouve des mots tels que « société », « monde », « penser » et « doit » qui sont proches d’un champ argumentatif qui explique le monde et la société où on l’on vit, ce que l’on peut penser et ce qui devrait être. Enfin, un topic de remerciements, avec des mots tels que « bravo », « sujet » et « persona ».
Topics de prise de parole
Topic opinion
Topic refus
Topic remercîment
Les commentaires sont aussi très différents des autres vidéos, et on peut les catégoriser de la manière suivante :
- Une grande majorité de commentaires de désaccord, qui répliquent à la vidéo, souvent argumentés. Les commentaires répètent plusieurs fois la même idée : #balancetonporc ne doit pas entre généralisé à tous les hommes, et parler de la manière dont Usul en parle leur semble trop généraliste. Les mots les plus fréquemment retrouvés dans les commentaires sont « femme », et « homme », suivis de « Usul », « problème »et « porc »:
- En moins de nombre, des commentaires de soutien et remerciements pour la vidéo
- Encore plus rare, des commentaires qui s’amusent des aspects physiques d’Usul (il semble y avoir une private joke sur l’apparence de cheveux, a priori lancée sur jeuxvidéo.com, forum sur lequel il a débuté) ou des commentaires de trolls.
En définitive, Usul – un homme blanc – qui défend ouvertement la cause des femmes à travers du phénomène social de #balancetonporc, ne se fait jamais agresser sur le web. Il faut prendre en compte que les personnes qui regardent les vidéos de Mediapart, constituent un public spécifique, plutôt de gauche et plutôt éduqué. Néanmoins les critiques de la vidéo sont nombreuses, ce qui prouvent que le sujet est clivant, mais les critiques sont argumentées ciblant ses arguments et exemples, et pas son physique ou son sexe. Usul représente ici ce discours légitime dont on a parlé dans notre première partie.
3. Conclusion:
Au terme de cette analyse comparative, nous avons pu observer beaucoup de différences de traitement. Tout d’abord, l’importance des insultes et des remarques sur le physique dans les commentaires de la vidéo de Marion Seclin, qui préexistaient mais ont été décuplés suite à la vidéo de Raptor Dissident. Il est par ailleurs intéressant de noter que l’on retrouve cette même violence dans les commentaires de la vidéo de Raptor Dissident, et notamment d’appel à la haine. Il apparaît cependant, après lecture des commentaires, que cette haine n’est pas adressée contre Raptor lui-même mais plutôt contre Marion Seclin. Ainsi, le champ lexical utilisé dans la vidéo semble influencer le champ lexical des commentaires.
Par ailleurs, la comparaison avec la vidéo de Usul sur la chaîne de Médiapart est édifiante : on ne retrouve aucune insulte, alors que son propos est relativement similaire à celui de Marion Seclin, voire plus engagé puisqu’il fait son mea culpa et considère que “le problème c’est nous, c’est nos habitudes, notre culture, notre vision des femmes”. C’est typiquement le genre de phrases sur lesquelles Raptor Dissident à l’habitude de réagir et de critiquer violemment – pourtant on note une absence de réaction véhémente, à la fois sur YouTube en général, mais surtout dans les commentaires. Usul garde, quant à lui, un registre soutenu, et c’est le même registre que l’on retrouve dans les commentaires. Si les gens s’attaquent à son discours, c’est avec des arguments rationnels et des exemples personnels, et pas avec des insultes ou de la violence.
Il semble donc bien que le fait d’être un homme réduit la nature violente des commentaires lors d’un discours féministe. Par ailleurs, il apparaît y avoir une corrélation entre le champ lexical de la vidéo et les commentaires.
Les discours féministes entrainent globalement la critique sur le web, c’est un discours très controversé, comme le prouve les réactions de contradiction sur les deux vidéos féministes étudiées. Cependant, au-delà de la critique, ce qui entraîne le harcèlement semble être le fait d’être une femme.
Enfin, concernant les outils méthodologiques, si l’analyse par les occurrences et les topics model sont très pertinentes, il n’est pas moins nécessaire de connaître le contexte d’apparition de ces vidéos et de lire les commentaires pour comprendre les controverses. Une lecture seule des topics ne suffit finalement pas à analyser la nature des commentaires.
Limites
Notre analyse s’est structurée autour de trois vidéos, à notre sens, représentatives d’une réalité sur YouTube. Cependant, il est évident que cet échantillon ne suffit pas à expliciter l’intégralité des relations genrées et des réactions de cyberharcèlement sur YouTube, notamment dans le cadre des discours féministes. Pour autant, la diversité des publics de ces 3 vidéos, mais également la quantité de commentaires disponibles nous permettait d’analyser avec précision ces réactions. Il serait donc intéressant de poursuivre ce travail et de mener cette enquête à plus grande échelle.
Il aurait évidemment été intéressant de pouvoir analyser la vidéo originale publiée par Raptor Dissident avant qu’elle n’ait été supprimée en octobre 2016, qui aurait été plus représentatif des réactions initiales, sans le recul et de l’enjeu de la modération vue par sa communauté. Par ailleurs, afin d’interroger la violence des commentaires, il aurait été intéressant de s’appuyer sur une autre vidéo féministe d’une femme de la même envergure en termes de vues, qui n’aurait pas été visée par une campagne de harcèlement organisée par une communauté, et d’analyser les réactions des commentaires. Enfin, nous aurions aimé bâtir notre comparaison sur une vidéo réalisée par un homme dans une temporalité proche à la sortie de la vidéo initiale de Marion Seclin, durant l’été 2016. Mais, force est de constater la faible proportion d’hommes qui parlent du féminisme et défendent ses thèses de façon très visible sur YouTube, et qui soient autant exposés que certaines femmes peuvent l’être. Ainsi, trouver une comparaison valable et cohérente avec la vidéo de Marion Seclin n’était pas chose aisée. La vidéo de Usul est d’ailleurs sortie plus d’un an après, dans un contexte différent, où la prise de parole des femmes envers le harcèlement était plus acceptée.
En effet, la parole s’est depuis ouverte. Ainsi, la moindre virulence à l’égard de Usul par rapport à la violence reçue par Marion Seclin n’est peut-être pas seulement imputable au fait qu’il soit un homme, mais aussi parce qu’il y a une libération de la parole et une démocratisation des mobilisations féministes, notamment autour du harcèlement avec #balancetonporc. Espérons que ce mouvement de libération de la parole permettra dans le futur à toutes et tous de pouvoir s’exprimer sans subir des campagnes de harcèlement, quel qu’il soit.
4. Bibliographie
Bereni, L., Chauvin, S., Jaunait, A., & Revillard, A. (2008). Introduction aux Gender Studies. Manuel des études sur le genre. Bruxelles: De Boeck.
Delphy, C. (1970, novembre). L’ennemi principal. Partinans, 54‑55.
Fraser, N. (1992). Repenser la shère publique: une constribution à la critique de la democratie telle qu’elle existe réelement. In C. Calhoun (Éd.), Habermas and the public Sphere (MIT press, p. 109‑142).
Oakley, A. (1977). Housewife (3ème). Penguin Book.
Pigeyre, F., & Valette, A. (2004). Les carrières des femmes à l’Université. Revue française de gestion, 4(151), 173‑189.
Rui, S., & Paoletti, M. (2015). Introduction. La démocratie participative a-t-elle un sexe ? Participations, (12), 5‑29.
5. Médias
Comment YouTube France s’engage pour faire plus de place aux femmes sur sa plateforme, Mashable, Décembre 2017 http://mashable.france24.com/divertissement/20171209-youtube-femmes-parite-stereotypes-elles-font-youtube-2017
Les YouTubeuses sont bien seules face aux harceleurs, Le Monde, Décembre 2017 http://mobile.lemonde.fr/pixels/article/2017/12/11/les-youtubeuses-bien-seules-face-aux-harceleurs_5228156_4408996.html?xtref=http://m.facebook.com/&utm_campaign=Lehuit&utm_medium=Social&utm_source=Facebook
Championne de France de cyber-harcèlement | Marion Seclin | TEDxChampsElyseesWomen, Novembre 2017 https://www.youtube.com/watch?v=sphZS8JVwNc
Sur YouTube, le Raptor Dissident et autres trolls ne sont plus tranquilles, Nouvel Obs, Novembre 2016 https://www.nouvelobs.com/rue89/notre-epoque/20161107.RUE4182/sur-youtube-le-raptor-dissident-et-autres-trolls-ne-sont-plus-tranquilles.html
Marion Seclin et le Cyber Harcèlement, Madmoizelle, Novembre 2017 http://www.madmoizelle.com/marion-seclin-cyber-harcelement-658755
L’extrême droite essaie d’imiter le Canal + des années 1980, Le Monde, Avril 2017 http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/04/04/l-extreme-droite-essaie-d-imiter-le-canal-des-annees-1980_5105714_4408996.html
YouTube aurait pu être une page blanche, elle est reflet des pires stéréotypes sur le genre, Slate, Novembre 2017 http://www.slate.fr/story/153825/youtubeurs-youtubeuses-stereotypes-genre
Classement des 250 premiers YouTubeurs en termes de nombres d’abonnés https://socialblade.com/youtube/top/country/fr/mostsubscribed
#Tasétéharceléemais, tu as vu comment t’étais habillée ?, Madmoizelle Mai 2016 https://www.youtube.com/watch?v=q_ZUHQFHMBI
#Tesféministemais… tu suces, Madmoizelle, Mars 2016 https://www.youtube.com/watch?v=AhoicEW6QTo
#Tasétéharceléemais tu t’es pas exprimée assez clairement, du coup tu réponds, Madmoizelle, juin 2016 https://www.youtube.com/watch?annotation_id=annotation_3312652381&feature=iv&src_vid=q_ZUHQFHMBI&v=t00b2r4oWno
Guide pratique pour lutter contre le cyber-harcèlement entre élèves, 2012 https://www.nonauharcelement.education.gouv.fr/wp-content/uploads/2012/01/guide_cyberharcelement_finalwebnouveau_numero.pdf
6. Vidéos :
Mise au point : il faut que ça s’arrête, Rose Carpet, 8 novembre 2017 https://www.youtube.com/watch?v=wN3E4e4ERw0
#Tasétéharceléemais, tu as vu comment t’étais habillée ?, Madmoizelle Mai 2016 https://www.youtube.com/watch?v=q_ZUHQFHMBI
#Tesféministemais… tu suces, Madmoizelle, Mars 2016 https://www.youtube.com/watch?v=AhoicEW6QTo
#Tasétéharceléemais tu t’es pas exprimée assez clairement, du coup tu réponds, Madmoizelle, juin 2016 https://www.youtube.com/watch?annotation_id=annotation_3312652381&feature=iv&src_vid=q_ZUHQFHMBI&v=t00b2r4oWno
Et des porcs furent balancés, Mediapart, Octobre 2017 https://www.youtube.com/watch?v=GPQniCaj3Is
Marion Seclin, Féminisme en déclin – Expliquez-moi cette merde, Nass4ar, octobre 2017 https://www.youtube.com/watch?v=UNlWH5AXJm4
« cyber-harcèlement : L’enfer que j’ai vécu pendant 1 » , Sananas 3 novembre 2017 https://www.youtube.com/watch?v=Ern2ZRAkElE