LES MONDES NUMERIQUES

Blog des Masters en Sciences Sociales de l'Université Gustave Eiffel

Internet est-il malade ? La viralité sur le web : les challenges

Internet est-il malade ? La viralité sur le web : les challenges

Maximilien Breton, Julie Jacques-Bonvalot et Romain Keller – Master 2 CMW – 2017/2018 – Sous la direction de M. Christophe Aguiton.

“Tu n’es même pas capable de le faire”, “t’es une poule mouillée”, ne sont-elles pas des phrases qui résonnent de vos lointains souvenirs du collège ? Ce moment où vous êtes poussé dans vos retranchements et où votre fierté est en jeu. Que ce soit pour aborder une âme inconnue assise au comptoir du bar, ou pour sonner à la porte du voisin et partir en courant, ces défis sont monnaie courante dans la vie de tous les jours. Ce sont des défis que nous nous lançons ou que nous recevons dans la vie sous de nombreuses formes.

Mais si vous lisez ces lignes, c’est que nous avons quitté le cadre de la cour de récré. Pour autant cette tendance semble avoir une certaine continuité sur Internet. Il est  récemment apparu le phénomène des challenges sur le web, qui sont une forme de défi autrement dit le “t’es cap ou t’es pas cap” de notre jeunesse, que se lancent maintenant les internautes.

 

Ainsi, avec la transformation de nos habitudes par le web, et notamment avec le web 2.0 qui entraîne la participation du quidam, comment se développent les challenges à l’heure du numérique ?

 

Qu’est-ce qui pousse encore plus les gens à accomplir de tels défis sur le web ? Dans quelle mesure leur impact peut être tout autant bénéfique que dramatique ? Est-ce la notion de contenu viral omniprésente sur internet qui explique la force de diffusion des challenges ?

Par ce biais nous allons aussi nous intéresser aux liens existants entre le phénomène des challenges et la viralité sur internet.

Ces petits défis du quotidien permettent des prises de conscience du public sur internet au sujet de maladies, comme l’Ice Bucket challenge dont le but était de médiatiser et de récolter des fonds pour la lutte contre la maladie de Charcot. Tout le monde s’est pris au jeu et les vidéos de célébrités, amis et familles se jetant des seaux d’eau glacés sur la tête s’est démultiplié de façon exponentielle. Ce qui montre que les challenges peuvent être positifs. Mais tous ne sont pas aussi légitimes, et peuvent même entraîner de graves conséquences comme le Blue Whale Challenge, un challenge russe qui poussait au suicide. Nous allons donc aussi nous intéresser cette la dualité plus trouble des challenges.

Sommaire

1/ Qu’est ce que la viralité sur Internet ?    3

a) La viralité, le buzz, les challenges, définition de cet univers    3

b) Typologie des challenges viraux    4

c) Qui sont les créateurs des challenges ?    9

2/ Deux études de cas selon le type de réseau social    11

a)  Les Classiques : Facebook et Twitter 11

b)  Les Media-sharing : Instagram, SnapChat et YouTube 12

i) Généralités 12

ii) Etude de cas : Ticket à Gratter Challenge, phénomène éphémère de YouTube 13

c) A chacun son challenge ? 14

3/ Que pensez-vous des challenges ?    15

a) Enquête quantitative sur des étudiants    15

b) Entretien qualitatif avec une psychologue spécialisée chez les enfants et adolescents    18

Conclusion    20

Notes de bas de page    20

Annexe    22

 

1/ Qu’est ce que la viralité sur Internet ?

a) La viralité, le buzz, les challenges, définition de cet univers

Avant de nous intéresser aux challenges en eux-mêmes, nous devons comprendre une notion qui s’applique à une grande majorité des contenus (au sens de textes, images, vidéos) devenus célèbres sur internet, la viralité. Qu’est-ce que la viralité sur internet ?  Sur l’analogie du virus, c’est une transmission, une contagion à partir d’un facteur déclencheur. Dans les faits, un contenu est dit viral sur internet, quand il connait un ou plusieurs pics de popularité soudains dans une période de temps limité[1]. Ce dernier acquiert alors une certaine notoriété pendant une durée potentiellement très réduite. La diffusion se fait alors de proche en proche comme un virus, vers le plus grand nombre à travers les réseaux sociaux. Mais cette diffusion est bien souvent initiée par un agent de propagation plus institutionnel. La propagation du contenu viral est donc le fait d’une diffusion horizontale qui “s’accompagne souvent d’un relais de diffusion médiatique”[2].

Le buzz, quant à lui, peut se définir comme étant le déclenchement d’un intérêt autour d’un évènement ou du lancement d’un produit[3]. Mais des films comme Blair Witch Project ont basé une grande partie de leur communication autour d’un buzz à leur sujet, tout buzz n’est pas marketing. Le buzz est en somme une “courbe de focalisation temporelle de l’attention”[4] de l’internaute sur un sujet donné ce qui lui donne un caractère viral. Le buzz apparait comme la temporalité pendant laquelle toute entité sur internet acquiert un caractère viral.

Comment pouvons donc qualifier les challenges? Un challenge sur internet, c’est ni plus ni moins l’évolution de défis que nous pouvions nous lancer dans la cour de récré, ou plus tard dans des soirées entre amis, ou toute autre incitation à l’action. Avec internet et les réseaux sociaux, une part importante de nos communications ont migré sur ce nouveau support, et les challenges en font partie. Comme beaucoup d’autres contenus sur internet, les challenges se font connaître via un phénomène viral, ils ont donc une forte popularité pendant une période de temps réduite. Pour illustrer ce fait nous pouvons remarquer qu’une grande partie des internautes connaissent l’Ice Bucket Challenge[5], qui va encore réaliser ce défi? Peu de gens, car justement le défi est déjà ancien et il n’est plus dans la tendance des réseaux sociaux. Nous devons donc bien appréhender les challenges sur internet comme ayant une composante virale. Mais comment expliquer que les challenges aient la particularité d’être bien souvent accompagnés de photos ou de vidéos? C’est justement l’image, le médium qui ancre les challenges dans une sphère de contagieux viral. Avant pour relever un défi, s’il suffisait simplement de montrer aux autres, à nos amis, que nous étions capables de faire quelque chose, sur internet comment prouver que le défi est relevé quand il s’agit d’une tâche à faire dans le monde réel ? Cela passe alors via le mécanisme de la preuve par l’image. Car, tout autant que cette phrase est à questionner à l’heure du numérique, dans la Photographie, je ne puis jamais nier que la chose a été là”[6], si bien que la photographie et la vidéo, sont bien souvent présentes avec les challenges. Or ce sont des médiums visuels, facilement communicables sur internet, ce qui renforce encore plus le lien entre les challenges et la vitalité qui accompagne la communication autour de l’action.

b) Typologie des challenges viraux

Quels sont les types de challenges que l’on peut rencontrer sur le web ? Très variés, on peut commencer par distinguer les challenges individuels des challenges de groupes. Ces derniers sont une mise en scène, parfois prise très au sérieux, par plusieurs personnes qui vont accomplir un challenge, tel que le Mannequin challenge, dont le but est de garder une pose fixe tandis qu’une caméra se faufile entre les divers participants.

La particularité du challenge de groupe est que son caractère est principalement non violent et fait appel à la cohésion d’un groupe où chaque personne prend part. Des stars suivent d’ailleurs ce courant, on peut notamment voir sur la toile le mannequin challenge réalisé par des membres de la Maison Blanche aux Etats-Unis[7] en novembre 2016.

Sur le même principe, le Harlem Shake adopta un caractère véritablement viral. Le phénomène n’a connu son pic de popularité que l’instant d’un mois (février – mars 2013), en capitalisant l’équivalent de 2782 années passées à regarder des vidéos de Harlem Shake sur YouTube.

Les challenges individuels sont plus une preuve de performance, ou bien d’identification.

i) Les challenges dangereux

Sans séparer challenges individuels et challenges de groupe, nous pouvons les classer par thème. Tout d’abord, un thème très récurrent est celui de la preuve face à la douleur ou à la dangerosité.

Par exemple, le Fire Challenge (juillet-août 2014) consiste à asperger d’huile une partie de son corps et y mettre le feu.

Le Hot Water Challenge (août 2017) fait écho à l’Ice Bucket Challenge qui avait pour but de récolter des dons pour la maladie de Charcot. Contrairement à ce dernier, le premier nécessite de se renverser de l’eau bouillante sur la tête.

Le Salt and Ice Challenge (janvier 2017) consiste à mettre du sel sur le corps puis un glaçon. Les conséquences sont des brûlures plus ou moins fortes et des cicatrices.

Comme dernier exemple, le Blue Whale Challenge[8] (2017). Il rappelle le système des « chaînes » que l’on pouvait recevoir par email il y a une dizaine d’années : le but était de transférer un email à plusieurs amis ou connaissances pour échapper à une superstition. Né sur les réseaux sociaux russes et populaire chez les collégiens, le Blue Whale Challenge est une suite de défis à dangerosité croissante. Le joueur va rechercher un « tuteur » anonyme sur le web qui lui transmettra la liste des cinquante défis. Au début, il peut lui être demandé de se dessiner quelque chose sur la main, puis de ne plus parler à personne, monter sur le toit d’un bâtiment… Généralement les défis finissent par une incitation au suicide. Ce principe est d’ailleurs montré dans le film NERVE[9] : on challenge des “joueurs” à faire des actions contre de l’argent. On propose des challenges de plus en plus dangereux contre de plus en plus d’argent. C’est exactement le principe du Blue Whale Challenge (au détail près de l’argent).

Concernant la dangerosité, il existe aussi des challenges tournés vers la nourriture, la boisson. Exemple de deux défis particulièrement dangereux : le Cinnamon Challenge (juin 2017) et le Jack Daniels Challenge.

Le premier consiste à avaler une cuillerée de cannelle en poudre en moins d’une minute. Or, la cannelle assèche l’intérieur de la bouche et empêche le joueur de faire son challenge. Au contraire, il va tousser et peut risquer de s’étouffer ainsi que d’avoir des problèmes respiratoires.

Le Jack Daniels Challenge consiste à boire une bouteille d’alcool du même nom d’un coup.

ii) Les challenges sportifs

On retrouve également beaucoup de challenges sportifs. Ici, rien de dangereux à première vue, le but est plutôt de se surpasser dans un sport, ou alors de se mettre au sport. Généralement, les challenges ont un temps limité, leur exécution n’est pas un jour donné, mais doit être répétée tous les jours jusqu’à la fin. Par exemple, le 30 days squat challenge, invite les participants à effectuer un certain nombre de squats (50 le premier jour, 55 le deuxième, pour arriver à 250 squats au 30ème jour). La promesse : des cuisses raffermies en 30 jours seulement. Le succès de ce challenge est également rappelé par des sites reconnus, comme Doctissimo[10] ou Femmeactuelle[11].

Le Human Flag challenge est un exercice de sport. Il consiste à garder une position horizontale en se tenant à une barre verticale, avec les deux mains, comme si l’on était le drapeau accroché à son mât. Bien sûr, ce challenge requiert une grande force abdominale.

Des coachs sportifs peuvent également être créateurs de challenge. Par exemple, l’Australienne Kayla Itsines propose des défis à relever[12], afin de gagner en force, ou de mincir…

iii) Les challenges collectifs

Enfin, les challenges de groupe, qui sont très viraux. Ils ne se font pas seuls, le défi est de rassembler un maximum de participants, par exemple le Harlem Shake ou le Mannequin challenge. Le premier consiste à ce qu’une personne masquée danse seule parmi beaucoup d’autres vacants à leurs occupations, jusqu’à ce que cette scène soit coupée par une autre, où tout le monde danse déguisé. A noter que la “danse” peut être une répétition d’un même mouvement plutôt saugrenu. Ce challenge se produit sur la musique appelée Harlem Shake de Baauer. Le principe est aussi repris par le Running man challenge (mais la chanson est différente).

Le mannequin challenge est un défi où les participants ne doivent pas bouger, avoir l’air d’être figé, tandis qu’une caméra se faufile entre eux. Certains groupes ont réussi à rassembler des centaines voire milliers de personnes, comme le lycée Maple Ridge, au Canada, avec 1500 participants.

iv) Challenges beauté

On voit un focus des challenges “beauté”[13] sur Internet : La course à la minceur n’est pas une nouvelle histoire. Les magazines féminins fourmillent de conseils afin d’atteindre la taille de guêpe, de perdre dix kilos en deux semaines ou encore d’avoir bon nombre de recettes “légères et plaisir” à préparer. Véritable culte de la beauté, être mince est (surtout) l’obsession de nombreuses femmes. Maîtriser son poids, c’est maîtriser sa vie, tel un phénomène d’extimité[14].

Instagram, et autres réseaux sociaux participent activement à cette course à la minceur. Il suffit de lire l’un des récents articles en ligne du magazine de mode Vogue[15] pour s’en rendre compte : “Ces 9 filles à suivre cet hiver. Elles sont cools, funs et sexy”. Toutes arborent un look élancé, joues creusées et bras presque maigrelets. Ces mannequins, qui approchent en moyenne les 20 000 fans instagram, postent de nombreuses photos d’elles-mêmes sur les réseaux sociaux et sont parfois une source d’inspiration pour les jeunes.

Par ailleurs, en 2015, plus d’un adolescent sur deux considère que la minceur est importante et un sur cinq est obsédé par son poids[16].

Le phénomène de challenges sur internet n’a pas épargné cette course à la minceur.

Derrière ces défis un peu loufoques, se cache une dangerosité pour qui les prendrait au sérieux.

Parmi ceux-ci, on peut en citer quelques-uns : l’A4 Challenge (mars 2016): la taille ne doit pas dépasser la largeur d’une feuille A4[17], le Collarbone challenge : faire tenir le plus de pièces possibles au niveau des clavicules, le Thigh Gap (depuis 2013) : debout, pieds dans la lignée des hanches, les cuisses ne doivent pas se toucher, et encore mieux, l’espace doit être le plus grand possible ou bien encore le Belly button challenge (juin 2015): en passant un bras derrière le dos, pouvoir toucher son nombril avec la main…

Bien que superficiels et sans aucune preuve tangible ou scientifique, ces défis passent comme preuve de la minceur sur Internet, et c’est également une occasion de se mettre en scène. Apologie de la taille parfaite, correspondre à un idéal, ce comportement proche du trouble alimentaire, peut conduire à l’anorexie (environ 230 000 cas en France, dont 70 000 adolescents[18]), maladie qui peut être mortelle.

En conclusion, les challenges sont très différents des uns et des autres. Beaucoup sont à titres individuels, et peuvent avoir des répercussions dangereuses. Le but est de montrer la preuve de ses capacités physiques ou mentales. Pourtant, d’autres (surtout collectifs) sont uniquement axés sur les aspects drôles et participatifs des challenges : on essaye d’intégrer le plus de monde possible et de faire un défi amusant, collectivement.

c) Qui sont les créateurs des challenges ?

On peut avoir l’impression qu’ils arrivent de manière soudaine, sans prévenir, et de nulle part. Pourtant, il y a bien un, ou plusieurs créateurs. Par exemple, pour les challenges axés autour du sport, ceux-ci sont bien souvent mis en avant par des coachs sportifs, ou des accros du fitness qui détiendrait la solution pour se muscler visiblement et rapidement.

Dans le cadre du Harlem Shake, c’est l’influenceur et youtubeur Filthy Frank qui en serait à l’origine[19]. Il a commencé à danser avec des amis sur cette musique du même nom de Baauer, tous déguisés. Ce youtubeur est connu pour ses vidéos à l’esprit loufoque, habillé dans une combinaison en latex rose fluo.

Le mélange de la musique électronique qui invite à danser, et de l’influenceur qui donne la clé de la réalisation a conduit ce challenge à devenir viral. Des parodies ont été créées à la suite de la vidéo de Filthy Frank, par d’autres youtubeurs : TheSunnyCoastSkate et PHLOn NAN. 48h plus tard, le challenge est devenu viral.

Ainsi, pour le Harlem Shake, les youtubeurs ont été créateurs et relayeurs de contenus viraux. Cependant, le succès de ces challenges s’explique aussi par la “publicité” des sites dont la viralité est leur business : BuzzFeed, CollegeHumor, mais également les réseaux sociaux Vimeo et Facebook.

Concernant le Mannequin Challenge, l’idée vient de la troupe de théâtre new-yorkaise Improv Everywhere[20]. Elle réalise des performances en public, joue des tours aux passants… L’un d’eux consiste à leur faire croire qu’ils se rendent dans un magasin Apple, alors que l’entrée débouche dans un ascenseur. En 2008, une autre performance a mis en scène tous les membres de la troupe dans la grande gare de New York qui sont restés totalement figés afin de dérouter les passants. Ce n’est qu’en 2016 que l’idée fut reprise par le lycée Edward H. White à Jacksonville en Floride. C’est véritablement cette vidéo qui a lancé la viralité du challenge.

Des célébrités ou membres connus contribuent également à la contagion de celui-ci. Bill et Hilary Clinton, et Paul McCartney y ont d’ailleurs participé.

Pour tout ce qui concerne les défis sportifs, on peut notamment penser aux personnes se donnant des défis liés à leur physique (perte de poids) qui sont inspirés par des influenceurs fitness ou beauté. Par exemple l’influenceur Tibo InShape est adepte de ce concept et n’hésite pas à challenger ses 4 millions d’abonnés[21] sur YouTube et ses 2 millions de followers sur Instagram.[22] Il propose souvent à ses abonnés des challenges de remise en forme en sélectionnant parmi tous les participants quelques personnes souhaitant perdre du poids et/ou gagner en masse musculaire. Il diffuse alors une vidéo compilant des photographies de leur physique actuel et fait un point plusieurs mois plus tard sur leur nouveau physique, motivant ainsi les désignés à participer pour montrer les progrès au cours de la vidéo suivante. Sa dernière vidéo dans le genre est toujours d’actualité, remontant au 19 janvier 2018.[23]

 

2/ Deux études de cas selon le type de réseau social

a)  Les Classiques : Facebook et Twitter

Premièrement, le réseau social le plus célèbre, Facebook, est le lieu propice à la prolifération et la distribution facile du défi. Un challenge comme celui d’ “Une photo ou un resto” était un challenge organisé selon l’utilisation de Facebook puisqu’il consistait à publier une photo de soi enfant et nominer trois personnes à faire de même. Si les personnes nominées n’agissent pas dans le délai imparti, elles devaient inviter la personne les ayant nominés au restaurant. Un véritable phénomène qui poussait donc chacun des nominés à participer et à faire perdurer le challenge. La nomination de personnes est une fonctionnalité propre à Facebook, qui rendait ce format de challenge tributaire de son réseau de diffusion. Le projet est devenu très vite viral, au point de voir tous types de personnalités participer : de ses amis d’enfances, à ses collègues en passant par les influenceurs.

Facebook n’a pas de limitations en terme de longueur de texte, et l’utilisateur peut décider de publier dans des cercles bien définis comme des groupes, des amis, un cercle dédié au travail, ou de manière totalement publique. La pratique des challenges peut donc être parfois limitée à une certaine sphère.

En effet les plateformes sociales sur le web ont leurs restrictions. Twitter a par exemple une limite de 280 caractères[24], mais l’utilisateur peut publier des photos et vidéos en plus de cela. Twitter se veut être un réseau social volatile et sans tabou : il n’y a pas de restriction en terme de contenu et il a la possibilité d’accueillir tout type de contenu, y compris sur des thèmes comme l’alcool ou bien même la nudité. De plus, Twitter n’est souvent pas bridé en terme de visibilité et les tweets de chacun sont ouverts au monde entier (hormis dans le cas d’un profil privé, mais ceci est un cas bien à part). On propose donc plus souvent des challenges pour se mettre en avant.

b)  Les Media-sharing : Instagram, SnapChat et YouTube

i) Généralités

Une autre grande classe de réseaux sociaux ayant leurs particularités serait celle d’Instagram et Snapchat. Ces réseaux sociaux relèvent, tout comme Youtube; d’un côté “media sharing”.[25]

Instagram possède par exemple la réputation de réseau social photographique[26], où des photographes publient leurs clichés et les marques mettent principalement en avant leurs produits. Sur Instagram, on peut s’ouvrir au monde entier à l’aide de simples hashtags facilitant le référencement et ne nécessitant pas de payer. (la portée d’un post n’est pas bridée par un algorithme aussi restrictif que celui de Facebook). Le réseau social regroupe environ 41% d’adolescents et jeunes adultes (16-24 ans) et est le réseau social où l’interaction est la plus forte. On comptabilise plus de 4.2 milliards de likes sur les vidéos et photos postées chaque jour.[27] Cette forte interaction permet aux amateurs de challenges de s’épanouir. Les challenges étant bien souvent des défis photos ou vidéos afin de servir de preuve à la validation du challenge. La plateforme donc est totalement adaptée à ce format. Elle promet un fort taux d’engagement de ses abonnés et permet ainsi aux personnes participant à un challenge d’avoir de nombreux retours.[28] On retrouve donc en priorité des challenges de type beauté/physique. De nouveaux challenges sont apparus sur la plateforme, comme le challenge référencé sous le hashtag #365project qui consiste à un utilisateur à publier une photo par jour pendant un an, sans exception, ou bien le challenge #inktober qui, tous les ans au mois d’octobre depuis 2009 invite les artistes à présenter leurs talents autour de thématiques prédéfinies par l’initiateur du projet Jake Parker[29]. Seul à participer en 2009, le phénomène est devenu mondial en 2017, avec des communautés qui se sont fédérées autour de ce projet[30]. Instagram est aussi le premier lieu de défis dangereux, et liés au physique comme le A4 challenge. Ces défis sont accessibles de tous, comme pour Facebook, mais sont souvent provoqués par des influenceurs.

L’article de Foreman[31] explique la différence des réseaux sociaux d’un point de vue business, mais dans notre cas, Snapchat ne sera pas à considérer de la sorte puisque les défis seront principalement utilisés pour l’autre particularité de Snapchat. En effet Snapchat est un réseau social “media sharing” finalement très intimiste puisqu’ils fonctionnent plutôt sous la forme de conversations bijectives et privées, et à l’avantage de proposer des messages éphémères. Les plus jeunes l’utilisent souvent pour se lancer des défis plutôt dangereux ou bien osés comme des photos érotiques ou bien des photos de soirées un peu trop alcoolisées. Les traces de ces actes disparaissant, ils sont donc plus à même de participer à ce genre de phénomène.

ii) Etude de cas : Ticket à Gratter Challenge, phénomène éphémère de YouTube

Enfin, le media-sharing orienté sur la vidéo n’est autre que Youtube, la plateforme de vidéo de Google, les challenges ont aussi grignoté une grande partie des publications de nombreux vidéastes. Ici, les défis sont principalement relevés par des influenceurs et la nomination n’a pas toujours lieu comme sur Facebook : on participe, car on a vu d’autres influenceurs participer, et on essaye de surfer sur la tendance pour se faire d’avantage connaître. C’était notamment le cas du Ticket A Gratter Challenge où il était question de dépenser de l’argent dans des tickets à gratter et de découvrir les potentiels gains, face à la caméra. C’est le vidéaste AdriGeek et ses 880.000 abonnés[32] qui a lancé le principe le 20 janvier 2017[33] en France. Le principe a été repris dès le 4 février 2017[34] par DavidLafargePokemon, 1,5 million d’abonnés sur YouTube qui a exposé davantage le challenge. Le pic de popularité est arrivé à son maximum à ce moment-là. Une recherche avancée sur le mot “ticket à gratter challenge” montre l’évolution sur le temps de ce genre de phénomène. En filtrant la recherche sur l’année 2017, on obtient 3340 résultats. Si l’on effectue la recherche sur le mois en cours (novembre 2017), la recherche tombe à 118 résultats. En effectuant la recherche en triant par nombre de vues, on constate rapidement que toutes les vidéos les plus vues datent de février et mars 2017, moment de gloire du challenge. C’est aussi à ce moment-là que l’on peut voir des influenceurs ayant une audience moindre par rapport aux deux chaînes précédemment citées essayer de reproduire les vidéos pour gagner en popularité. C’était par exemple le cas de LoKzzY (100.000 abonnés environ, soit 8 fois moins qu’Adri Geek ou 15 fois moins que DavidLafargePokemon) qui publia une vidéo sur le même challenge le 3 mars 2017[35], totalisant 250.000 vues au 25 novembre 2017. Globalement, les challenges YouTube ont plus un objectif humoristique que dangereux : On retrouve par exemple le Chubby Bunny Challenge, qui consiste à dire une phrase avec des chamallows en bouche ou bien encore le Try Not To Laugh Challenge qui consiste à regarder des vidéos drôles sans rire et de se filmer pour voir le temps que l’on résiste.

c) A chacun son challenge ?

On voit donc une réelle différence de contenu que cela soit au niveau des participants ou bien des types de challenges proposés sur les différents réseaux. Le type de réseau social et les raisons pour lesquelles on se trouve dessus : Instagram avec des photos de marques/modèles/influenceurs et plus ouvert sur le monde,  ou bien encore Facebook qui se veut plus orienté sur les relations avec ses “amis” directs pour ne citer que ces deux exemples là. Selon les exemples présentés ci-dessus, on pourrait comprendre que les challenges viraux se retrouvent conditionnés sur les plateformes où ils sont diffusés. Est-ce aussi simple que cela ? Pas toujours puisque certains challenges franchissent les frontières d’un réseau pour se disséminer au-delà de son origine. En partant d’un réseau social, on arrive ensuite à le retrouver ailleurs comme par exemple le plus connu à ce jour, l’ “Ice Bucket Challenge” qui a su se propager sur tous les réseaux sociaux sans exception, et même conquérir toute la presse et les célébrités.[36]

3/ Que pensez-vous des challenges ?

a) Enquête quantitative sur des étudiants

Nous avons choisi d’effectuer une recherche quantitative sur la vision des challenges des utilisateurs de réseaux sociaux et leur connaissance face à un challenge qui a fait beaucoup parler de lui en son temps : l’Ice Bucket Challenge. Cette analyse a été menée à travers des partages sur des groupes sur Facebook, composés principalement d’étudiants, ce qui pourra fausser les résultats sur un public plus jeune et plus âgé, mais qui est représentatif de la tranche d’âge étudiante (18-25 ans). Au 10/01/18, nous avons récolté 83 réponses. Sur ces réponses nous avons récolté les avis de 60% de femmes pour 40% d’hommes environ. 70% des répondants avaient entre 19 et 24 ans et étaient étudiants.

Pour beaucoup des sondés, le mot “challenge” est assimilé au terme de défi, de surpassement de soi, et le second terme ressortant pourrait être résumé par le champ lexical de la bêtise : “stupide”, “connerie”, “idiot”, “débile”. Certains parlent même de “dangereux” en évoquant le challenge. Une réponse mentionnait le fait qu’un challenge était très éphémère, ce qui est en lien même avec le sujet de ce dossier.

Le challenge le plus connu était le challenge de l’Ice Bucket Challenge, (même si celui-ci n’avait pas encore été mentionné jusqu’à cette question afin de ne pas influencer les résultats). Ce challenge est ressorti 49 fois sur 76 réponses sur la question le faisant premier très largement devant des réponses plus anecdotiques tels que l’Ice & Salt Challenge, l’Underboob Challenge ou bien encore le Bottle Flip Challenge.

A la question si les challenges avaient un réseau social de prédilection, environ 62% des personnes pensent qu’il n’y en a pas, 30% oui et 8% sont sans avis. Cela va donc un peu à l’encontre des parties précédentes évoquant la différence entre les challenges. Comme cité précédemment, les challenges prolifèrent rapidement et un peu partout, et parler de réseau sociaux de prédilection est peut être délicat dans le sens où il n’est pas possible de le maitriser. Cependant les exemples cités précédemment permettent de garder cette théorie en tête. On peut penser au fait que tous les sondés ne sont pas non plus sur tous les réseaux (tous les répondants venant uniquement de Facebook), et qu’ils ne font peut-être pas forcément attention à certains types de challenges, voire ils ne les considèrent pas comme des challenges en tant que tel.

A l’inverse, la question suivante est unanime : 98% des sondés pensent que certains challenges sont dangereux, sans forcément préciser lesquels. Le challenge est donc une nouvelle fois assimilé au caractère dangereux déjà évoqué. D’ailleurs, 78% contre 22% pensent qu’un challenge idiot ou dangereux fera d’avantage parler de lui et sera plus viral qu’un challenge qui ne le serait pas.

La seconde partie du questionnaire était ensuite essentiellement basée autour du challenge ayant probablement le plus fait parler de lui et ayant sollicité la participation de tous : l’Ice Bucket Challenge. Preuve en est : seul 6% ont répondu “non” à la question “Connais-tu le Ice Bucket Challenge”. Pour la réponse favorable, plusieurs propositions étaient possibles et les réponses se sont réparties de façon très équitable : 41% grâce à des célébrités y ayant participé et 41% grâce à des médias (papier/tv/radio). Enfin, les 12% restants ont connu le challenge par le biais d’amis ou famille. On voit donc grâce à ce spectre équitable des répartitions que le challenge a su se faire connaître au travers de tous les canaux exploitables possibles.

Concernant l’avis des sondés sur le challenge en question, il était possible de choisir jusqu’à deux réponses parmi Inutile/Utile et Amusant/Idiot. 48.8% trouvait le challenge idiot contre 32.5% amusant. 35% des personnes pensaient également l’Ice Bucket Challenge inutile contre 22.5% d’utile. On a donc une majorité de personnes pensant qu’il s’agissait d’un défi idiot et inutile par rapport au fait qu’il soit utile (pour les causes qu’il défendait) et amusant. La viralité semble donc faire perdre le sens premier du challenge, un peu à la façon d’un “téléphone arabe” ou le propos premier se perd au profit d’un résumé prenant parfois un peu trop de raccourcis.

Enfin la dernière partie reposait sur l’avis général sur les types de challenges évoqués dans la typologie précédente : Quels types de challenges aiment voir les sondés, et quels types de challenges sont-ils prêts à faire.

Dans l’ordre décroissant des challenges qu’ils aiment voir : les défis de groupe (35,8%), beauté/fitness (32,1%), défis de soirée type necknomination (nominer des gens pour qu’ils boivent, 16%) et enfin les défis érotiques (8.6%)

Dans l’ordre décroissant des challenges auxquels ils aiment participer : les défis de groupe (20,6%), à égalité les défis beauté et ceux qui ne participent à aucun défi (17.6%), les défis érotiques (14.7%) et enfin les défis en soirée type necknomination (13.2%). On remarquera en revanche que près de la moitié (plus de 40% des votants) a indiqué ne pas participer.

On voit donc une nette domination des défis de groupe (les non-participants mis à part) qui ont souvent une tendance à être plus spectaculaires (du fait du nombre de participants) et plus amusants, provoquant ainsi la venue de participants occasionnels qui ne le feraient pas sans l’effet de groupe. A l’inverse, on voit que le défi le plus déprécié à faire est celui des défis en soirées, ce qui se comprend dans le sens où il s’agit des défis les plus dégradants pour son estime personnelle puisqu’ils ont souvent pour but de ridiculiser le participant ou de le mettre à mal et le faire sortir de sa zone de confort.

Pour conclure, le public sondé, et donc plus particulièrement des étudiants entre 19 à 24 ans, est principalement peu intéressé par les challenges. Les challenges de groupe comme le Harlem Shake les amusent et ils sont plutôt friands de ce type de challenges amusants, mais sont très réfractaires aux challenges d’alcool (necknomination) et autres types de challenges dangereux et “idiots” tels que l’Ice Bucket Challenge. Pour eux, il faut que le challenge soit plutôt dangereux pour se faire connaître, ce qui renforce cette impression et cette volonté de ne pas y participer. Il s’agit de modes et d’événements éphémères qui disparaissent aussitôt qu’ils sont arrivés.

b) Entretien qualitatif avec une psychologue spécialisée chez les enfants et adolescents

Pour aller plus loin que cette enquête quantitative, nous l’avons mis en parallèle avec une autre étude réalisée l’année dernière auprès d’un public plus jeune de collégiens et lycéens.

Selon cette enquête menée en 2017 par l’étudiante Audrey Leclerc en master 2 de psychologie à l’Université Descartes sur les challenges et leur dangerosité auprès des jeunes, on voit que ce sont les plus jeunes adolescents qui ont tendance à faire davantage de challenges et à diffuser ce genre de contenus.[37] Dans les classes sondées, on voit qu’une majorité des collégiens et lycéens sondés sont au courant de bien plus de challenges que notre échantillon estudiantin. C’est tout de même l’Ice Bucket Challenge qui reste le populaire, mais on voit apparaître assez significativement le “Mannequin Challenge” qui a été une tendance chez les plus jeunes et auquel beaucoup ont participé (environ un tiers des sondés) Le challenge est une tendance virale et nombreux sont ceux à connaître les challenges dangereux sans forcément voir jusqu’à quel point ils peuvent l’être.

Nous sommes allés à la rencontre de la psychologue à l’origine de la recherche pour lui demander de nous parler plus en détail des dangers de la viralité auprès des plus jeunes et son avis plus général sur les challenges et leur expansion rapide.

« A l’adolescence on veut faire ses preuves afin d’intégrer un groupe plus grand. Les réseaux sociaux apportent des nouvelles normes et facilitent les challenges à plus grande échelle dans le sens où on est plus dans un cercle restreint… »

Cette affirmation d’Audrey nous apprend que les plus jeunes sont plus enclins à partager et participer à des challenges de groupe dans lesquels ils peuvent se mettre en avant, et chercher leurs limites. Cela est corrélé avec leur statut d’adolescent : les jeunes veulent connaître leurs limites et voir ce “dont ils sont capables”. Le côté dangereux du challenge ne serait cependant pas un facteur de partage et de réalisation : les jeunes sont quand même conscients du danger immédiat (comme le Blue Whale Challenge demandant de se suicider à la fin du challenge) mais ne pensent pas aux conséquences sur le long terme et leur intégrité pour leur carrière future.

Beaucoup de jeunes gens ont besoin de s’affirmer. Le challenge n’est pas né avec internet, mais au lieu de rester dans les sphères d’adolescents, il s’expose dans la sphère publique du web. Les réseaux sociaux, vitrine du monde et de la tendance actuelle, participent à une pression sociale visant à une certaine conformité de l’individu au sein de la société[38]. De la comparaison des vies des différents « amis » sur les réseaux sociaux, découle un besoin de reconnaissance. « Il faut quelque chose qui fera tourner les projecteurs sur soi », confie le sociologue Michel Fize[39]. « Donc plus c’est loufoque, plus c’est spectaculaire, plus c’est dangereux et plus on va susciter de l’intérêt ».

 

Conclusion

Les challenges ont donc indéniablement un caractère viral. Selon leur typologie, ceux-ci se partagent plus ou moins rapidement et sur différentes cibles. Là où les plus jeunes chercheront davantage à s’intégrer dans un groupe qui est celui des adolescents, et faire comme tout le monde, les plus âgés chercheront plutôt des challenges amusants et réalisables en groupe, ou bien sans conséquence pour leur intégrité. En effet, ceux-ci ont plus conscience de la potentielle mauvaise image de certains challenges et sont plus sensibilisés aux effets de l’exposition de soi sur la toile. Les challenges sur Internet se doivent d’avoir un caractère viral par définition afin d’être connu du grand public et de se diffuser largement : ils passent donc presque systématiquement, voir débutent par un ou plusieurs influenceurs, capables de diffuser le message en masse. C’est le phénomène de nœuds d’intérêt sur les réseaux sociaux. Une personne ayant un très grand nombre de personnes le suivant a une plus forte chance de voir, parmi ses “followers”, une ou plusieurs personnes reproduire l’épreuve annoncée, et ainsi de suite. C’est ainsi que des challenges tels que l’Ice Bucket Challenge, repris par un nombre très important de célébrités a permis une ascension et une diffusion rapide sans précédent, même si son but initial s’est un peu perdu, faute de déformation de la réalité.

Notes de bas de page

 

[1] Beauvisage, T. et al. Le succès sur Internet repose-t-il sur la contagion ? Une analyse des recherches sur la viralité. Tracés, 2011, p. 151-166

[2] ibid

[3]Barthelot B., « Définition : Buzz », Défintions marketin, juni 2016 (en ligne : https://www.definitions-marketing.com/definition/buzz/). Consulté le 26 novembre 2017

[4] Beauvisage, T. et al. Le succès sur Internet repose-t-il sur la contagion ? Une analyse des recherches sur la viralité. Tracés, 2011, p. 151-166

[5] Nous avons obtenu 93.9% des internautes (sur 82 réponses) dans notre études partagées sur les réseaux sociaux, connaissent  l’Ice Bucket Challenge.

[6] Roland Barthes, La Chambre claire. Note sur la photographie, Paris, Éditions de l’Étoile/Gallimard/Seuil, 1980, p. 120.

[7] Le monde.fr, « Un « mannequin challenge » de stars à la Maison Blanche », Le monde.fr, novembre 2016 (en ligne : http://www.lemonde.fr/ameriques/video/2016/11/23/un-mannequin-challenge-de-stars-a-la-maison-blanche_5036353_3222.html). Consulté le 26 novembre 2017.

[8]  SIGNORET Perrine, « Blue Whale Challenge : itinéraire d’une légende urbaine sur Internet », Le monde.fr, mars 2017 (en ligne : http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/03/15/blue-whale-challenge-itineraire-d-une-legende-urbaine-sur-internet_5094540_4408996.html). Consulté le 26 novembre 2017.

[9] http://www.playnerve.com/

[10] MOYAL Stéphanie, « 30 days squat challenge », Doctissimo, octobre 2017 (en ligne : http://www.doctissimo.fr/html/forme/fitness/articles/16319-30-days-squat-challenge.htm). Consulté le 11 janvier 2018

[11]  HENRY Apolline, « J’ai testé le « 30 days squat challenge » pour maigrir des cuisses », Femme Actuelle, aout 2015 (en ligne : https://www.femmeactuelle.fr/bien-etre/sport-fitness/fiches-sports/squat-challenge-maigrir-cuisses-03902). Consulté le 11 janvier 2018

[12] kayla Itsines, « A Free BBG-Style Workout To Prepare You For The 12-Week Challenge! », Kayla Itsines, décembre 2017 (en ligne : https://www.kaylaitsines.com/blogs/exercises/a-free-bbg-style-workout-to-prepare-you-for-the-12-week-challenge). Consulté le 11 janvier 2018

[13] POLICE Marion, « Challenges minceur: à la source du phénomène », Femina, aout 2016 (en ligne : http://www.femina.ch/societe/minceur-forme/challenges-minceur-ab-crack-source-phenomene-avis-sociologue). Consulté le 24 novembre 2017.

[14] « […] la minceur, et donc la maîtrise du poids, est devenue la mesure étalon de la capacité de chacun

à dominer et à réussir sa vie, déplore le psychiatre Gérard Apfeldorfer »,

HOUGUET Véronique, « Obsession minceur : que se cache-t-il derrière l’envie de maigrir ?

», Marie Claire, juin 2017 (en ligne : http://www.marieclaire.fr/,arretons-de-maigrir,20258,268.asp). Consulté le 24 novembre 2017.

[15] TROCHU Eugénie, « Ces 9 filles à suivre cet hiver », Vogue, octobre 2017 (en ligne : http://www.vogue.fr/mode/experiences-digitales/diaporama/les-9-filles-a-suivre-en-2017-mode-instagram/39864). Consulté le 24 novembre 2017.

[16] Le Point, « Ados : l’obsession de la minceur », Le Point, juin 2015 (en ligne : http://www.lepoint.fr/sante/ados-l-obsession-de-la-minceur-03-06-2015-1933195_40.php). Consulté le 24 novembre 2017.

[17] BECLER Aurelia, « Le “A4 Challenge”, le défi minceur complètement absurde qui agite les réseaux sociaux », Au Feminin, mars 2016 (en ligne : http://www.aufeminin.com/mincir/le-a4-challenge-le-nouveau-defi-minceur-completement-absurde-s1783918.html). Consulté le 25 novembre 2017.

[18] Carenity, « Chiffres clés de l’anorexie  », Carenity, (en ligne : https://www.carenity.com/infos-maladie/anorexie/chiffres-cles-anorexie-119). Consulté le 24 novembre 2017.

[19] knowyourmeme, « Harlem Shake », knowyourmeme (en ligne : http://knowyourmeme.com/memes/harlem-shake). Consulté le 11 janvier 2018.

[20] knowyourmeme, « Mannequin Challenge », knowyourmeme (en ligne : http://knowyourmeme.com/memes/mannequin-challenge). Consulté le 12 janvier 2018.

[21] Compte Youtube de Tibo Inshape : https://www.youtube.com/user/OutLawzFR

[22] Compte Instagram de Tibo Inshape : https://www.instagram.com/tiboinshape/?hl=fr

[23] Tibo InShape, « Il Perd 137 Kg en 1 an ! Incroyable Transformation !! », Youtube, janvier 2018 (en ligne : https://www.youtube.com/watch?v=lCtOOPtMfSk). Consulté le 21 janvier 2018.

[24] Le Monde Pixels, «Twitter va tester les messages de 280 caractères »,  Le Monde Pixels, septembre 2017 (en ligne : http://www.lemonde.fr/pixels/article/2017/09/27/twitter-double-la-mise_5191902_4408996.html). Consulté le 6 janvier 2018.

[25] FOREMAN Curtis, «10 Types of Social Media and How Each Can Benefit Your Business », juin 2017 (en ligne : https://blog.hootsuite.com/types-of-social-media/). Consulté le 17 décembre 2017.

[26] OLLIVIER Diane, « Instagram, réseau social de l’image de marque », Autour de limage, décembre 2016 (en ligne : http://autourdelimage.com/instagram-reseau-social-image-de-marque/). Consulté le 25 novembre 2017.

[27] PERRICHOT Rozenn, « Chiffres Instagram – 2017 », Blog du moderateur, aout 2017 (en ligne : https://www.blogdumoderateur.com/chiffres-instagram/). Consulté le 25 novembre 2017.

[28]  KRDS.com, « Pourquoi Instagram est le meilleur réseau social en termes d’engagement et comment l’utiliser ? », KRDS, avril 2017 (en ligne : https://krds.com/fr/fr/pourquoi-instagram-est-le-meilleur-reseau-social-en-termes-dengagement-et-comment-lutiliser/). Consulté le 25 novembre 2017.

[29] Jake Parker, illustrateur de BD est l’initiateur de l’Inktober : http://mrjakeparker.com/inktober/

[30] https://www.facebook.com/inktober/ : Page Facebook de l’Inktober, 127.000 abonnés au 25/11/2017

[31] FOREMAN Curtis, «10 Types of Social Media and How Each Can Benefit Your Business », juin 2017 (en ligne : https://blog.hootsuite.com/types-of-social-media/). Consulté le 17 décembre 2017.

[32] Au 25/11/2017

[33] AdriGeek, « 100€ DE JEUX A GRATTER : JE GAGNE COMBIEN ? », Youtube, publiée le 20 janvier 2017. 1.5M vues au 25/11/2017. Disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=9rzl3GsTn48

[34] DavidLafargePokemon, « 200 EUROS de JEUX A GRATTER CHALLENGE en COUPLE ! TICKET A GRATTER GAGNANT DE FOU ! », Youtube, publiée le 3 février 2017, 3M vues au 25/11/2017. Disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=8qxI-tdKig4

[35] LoKzzY, « OMG ! J’AI GAGNE 200 000€ ! | TICKET À GRATTER CHALLENGE + J’APPEL FDJ

», Youtube, publiée le 3 mars 2017, 250.000 vues au 25/11/2017. Disponible sur : https://www.youtube.com/watch?v=wzsEdgyqVdg

[36] LE CAIN Blandine , «Comment le “Ice Bucket Challenge” est devenu viral », Le Figaro , aout 2014 (en ligne : http://www.lefigaro.fr/international/2014/08/21/01003-20140821ARTFIG00338-comment-le-ice-bucket-challenge-est-devenu-viral.php). Consulté le 21 janvier 2018.

[37] Voir annexe

[38] MAISONNEUVE J, La psychologie sociale, Que sais-je, PUF, 2013

[39] Air of melty , «Défis sur Internet : Michel Fize, « Les jeunes ont besoin d’être reconnus pour une performance, quelle qu’elle soit » », Air of melty  , septembre 2014 (en ligne : https://www.airofmelty.fr/defis-sur-internet-michel-fize-les-jeunes-ont-besoin-d-etre-reconnus-pour-une-performance-quelle-qu-elle-soit-exclu-a328210.html). Consulté le 24 janvier 2018.

Annexe

1)    Entretien avec Audrey Leclerc, psychologue spécialisée chez les enfants et adolescents

–       Pour toi de quand dates-tu le premier challenge qu’on t’ai lancé ?

Il date du collège. C’était tout simplement des « cap ou pas cap » sur des trucs idiots : cracher depuis un balcon, dire une phrase en cours pendant que le professeur parlait, placer un gros mot dans une phrase etc. Je suis de la génération 92 et Internet et les réseaux sociaux sont arrivés plus tard. J’ai connu les challenges en ligne via l’Ice Bucket Challenge à l’université je pense.

–       Comment en est tu arrivé à travailler sur le sujet des challenges ?

En M2, le thème de mon mémoire était « Les conduites à risques chez les adolescents : L’impact des réseaux sociaux ». La question s’est donc bien posée puisque les réseaux sociaux permettent aux jeunes de se lancer des défis à plus grande échelle via des photos et vidéos qui témoignent de la réussite ou non d’un défi.

–       Les personnes que tu as interrogées dans tes travaux étaient principalement au collège et au lycée ; penses-tu que c’est la période la plus touchée par ce phénomène ?

La question n’est pas aussi tranchée, mais cette tranche d’âge est beaucoup plus sensible. A l’adolescence on veut faire ses preuves afin d’intégrer un groupe plus grand. Les réseaux sociaux apportent des nouvelles normes et facilitent les challenges à plus grande échelle dans le sens où on est plus dans un cercle restreint comme je le disais avant, mais à l’échelle d’une ville, de France, voire du monde. Forcément, le réseau social participe à la viralité de l’information dont le challenge qui fait partie de ces informations partagées par les adolescents. Ils ont ainsi le sentiment de faire partie d’une communauté, celle des adolescents, qui partage ce type de contenu.

–       Qu’est-ce qui pousse encore plus les gens à accomplir de tels défis sur internet ?

C’est un aspect nouveau : chacun se reconnait dans certains défis. Certains préfèrent faire des défis sportifs, car ils sont sportifs, d’autres préfèrent les défis de danse, de boire des choses dangereuses pour montrer son côté casse-cou. Ce qui est inquiétant, c’est que certains challenges portent atteinte à son intégrité. Pour certains ce n’est pas le cas et ce n’est pas grave, mais ceux pouvant porter atteinte à leur intégrité est dangereux pour leur vie future. Les challenges politiques ou humanitaires sont plutôt de bonnes choses en général, cela ne prend en compte que l’avis de la personne et son appartenance sociale et politique, mais cela ne touche pas à son intégrité et son image.

–   Est-ce qu’internet rend les challenges plus dangereux que s’ils l’étaient seulement dans un cercle privé (par exemple cap ou pas cap de boire en soirée) ?

Pas forcément, cela peut aussi être dangereux selon le caractère du défi. La prise de risque était déjà là. On était certes moins exposés, mais le défi en lui-même pouvait rester dangereux. Sur Internet, il est dangereux ET pour son image ET pour le caractère même du défi.

–       Que penses-tu du lien reliant les challenges et le contenu viral sur internet ?

Un challenge sera viral si seulement il devient connu dans un cercle. Il y a eu un partage en masse et une médiatisation du challenge. Je suis sûre que beaucoup de jeunes tentent de lancer de nouveaux défis, en vain. Le partage peut être restreint et ne pas suivre. Les challenges que l’on connaît du grand public sont quasiment systématiquement ceux où des influenceurs ont participé ou bien des médias en ont parlé.

–  As-tu constaté une corrélation entre la dangerosité des challenges et leur popularité ? Signifiant qu’un challenge dangereux à plus de chance de devenir populaire ?

Non pas particulièrement. Il y a beaucoup de challenges à boire qui ne sont pas médiatisés et qui sont très dangereux. A l’inverse, l’Ice Bucket Challenge a été surmédiatisé et n’avait pas de danger réel, mais défendait une cause humanitaire.

Les jeunes sont à la recherche de sensations fortes et de défis. Même dans un cercle privé, si on réussit un défi, on va vouloir se lancer un défi plus dangereux pour trouver sa limite personnelle. Je pense que ça fait partie intégrante de l’adolescent, qui est accentué par les réseaux sociaux.

Par ailleurs, le Blue Whale Challenge a été médiatisé à but préventif. Les jeunes ont toujours conscience du danger et ils ne vont pas non plus aller jusqu’à risquer leur vie. Donc cette médiatisation a plus aidé à éviter le danger que l’inverse.

Quand on fait un challenge de boisson, c’est finalement relativement peu dangereux à court terme et pas systématiquement dangereux sur le moment (ça l’est plus sur l’image plus tard).

–       Connais-tu les challenges suivants : water bottle flip, la feuille A4 (la taille ne dépasse pas la largeur d’une feuille A4), Collarbone challenge (on peut faire tenir un maximum de pièces de monnaie sur dans le creux des clavicules), Ab crack challenge (avoir une sorte de fente entre ses côtes), underboob pen challenge (faire tenir un stylo sous ses seins), mannequin challenge ne pas bouger pendant qu’une caméra se faufile entre les participants – challenge collectif), running man challenge (on se met à danser (avec une choré spécifique) dès qu’on entend la chanson Ghost Town Dj’s – My Boo)

Oui pour le mannequin challenge, non pour le reste.

      Si tu devais retenir une chose sur les challenges sur internet quelle serait-elle?

Les challenges sur Internet démontrent la puissance virale de l’information. Les jeunes s’approprient l’espace des réseaux sociaux à leur image et à leur perception de leur réalité. Un jeune adolescent aura plus de chances de tomber sur des vidéos à sensation. Les réseaux sociaux deviennent des vitrines des jeux de son âge et de son époque. Il s’agit d’une goutte d’information parmi leur vision. Ce n’est cependant pas la majorité des jeunes qui feront ce genre de choses ; cela dépend aussi de son entourage, s’il nous incite à ce genre de choses ou pas du tout. C’est un schéma classique, mais pas universel.

 

2) Questionnaire quantitatif : Vous et les challenges

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