Par Lola Le Souffaché
En février 2017, la chanteuse Lana del Rey postait sur Twitter un message cryptique : “A minuit pile 24 février, 26 mars, 24 avril, 23 mai. Les ingrédients sont sur internet”. Supprimé depuis, le tweet était à propos d’un rituel magique auxquels ses followers, plus de 8 millions, étaient invité·e·s à participer, qui visait à jeter un mauvais sort au président américain, et qui circulait dans la communauté magique. A la fin de cette même année, la sorcellerie a été désignée comme l’une des tendances phares du réseau social Tumblr : la communauté magique est entrée pour la première fois dans les 15 plus grosses communautés sur le réseau. Au milieu des memes, des shitposts, voire même en les intégrant à part entière, les sorcières sont de retour après un certain silence.
L’année 2017 peut être vue comme une résurrection, mais la sorcellerie n’est pas une pratique moderne : elle est même très ancienne, mais ses apparitions les plus remarquables dans l’histoire européenne coïncident avec son rejet.
Pour beaucoup, les sorcières sont mortes. Elles ont péri brûlées lors de la chasse aux sorcières. En 1390, le premier procès en sorcellerie tenu par le Parlement de Paris condamne Jeanne de Brigue, paysanne de la région de Brie, à être brûlée vive[2]. Après quelques 50 ou 100 000 victimes, le dernier procès Européen pour sorcellerie condamne Anne Goldin, Suisse, en 1791, et les sorcières ne font plus parler d’elles, ou presque. Elles deviennent, pour les lettré·e·s, des reliques primitives dans un folklore magique presque déjà perdu, qui n’ont leur place que dans les campagnes les plus reculées, en témoignage du manque d’esprit des populations paysannes qui se retiennent à de “douces et consolantes illusions qui aident notre humanité à traverser cette vallée de misère”[3]. Pourtant, comme le témoigne Laisnel de la Salle à travers son mépris, la pratique n’a pas péri dans les flammes des bûchers européens. Elle a continué à faire exister un monde de magie pour celleux qui y croyaient, et qui y croient, encore aujourd’hui, un monde très différent de la conception hérétique. Ainsi la sorcellerie ne se cantonne pas à l’époque moderne, mais depuis plus longtemps, et bien après.
Si Lana Del Rey et les sorcières qui jettent des sorts à Trump font ressortir le mouvement aux Etats-Unis, les sorcières françaises ne sont pas en reste, et créent une vraie communauté sur internet, en redéfinissant la sorcellerie qui s’éloigne définitivement de l’image de la sorcière au nez crochu et au balais pour s’approcher de la sorcière à Iphone qui envoie des messages à son crush en reblogguant des emojis spells, sorts faits en émojis, pour qu’iel lui réponde.
Ce revival presque soudain a de quoi surprendre et on peut se demander comment l’image qu’on a de la sorcellerie cohabite avec nos nouvelles technologies, notamment internet, bouleversement majeur du XX° siècle lié au triomphe de la science et de la rationalité des centaines d’années plus tôt.
Nous verrons d’abord quelle définition de la sorcellerie nous pouvons dégager, et comment celle-ci a évolué, puis la manière dont la communauté sorcière s’articule sur internet, avant de nous pencher sur les bouleversements induits par cette technologie dans la pratique magique.
La Sorcellerie au XXIème siècle, quelle réalité ?
1.1 D’où vient la sorcellerie ?
Une magie suspecte intégrée dans un système
Dès l’Antiquité, Circé ou Médée, toutes deux issues de la mythologie grecque, sont des magiciennes et elles sont à relier, d’après Colette Arnould, à la pratique de la sorcellerie[4]. Les textes antiques parlent de magicien·nes, de magie, qui fait partie à part entière de la mythologie grecque. Les dieux sont magiciens, la Pythie prophète, et les hommes puissants s’entourent de devins : “de la religion à la superstition à la magie, il n’y avait qu’un pas”[5]. Cependant, la figure de la sorcière se construit déjà : la magie magus devient maleficus, et la sorcellerie se teinte déjà de méfiance, pour distinguer la bonne magie, infusant la vie de tout citoyen, et la mauvaise, celle qui veut nuire et terrifie. Il y a donc dans l’Antiquité deux magies, bien différentes.
La confusion arrive plus tard, avec le diable, et le terme sorcellerie englobe alors tous les types de magie, en confrontation avec la religion chrétienne, lors d’un mouvement qui a secoué l’Europe entière. En 1231 est nommé le premier inquisiteur d’Allemagne, Conrad de Marbourg. Il lie magie et hérétisme, et allume les premiers feux[6]. Deux bulles papales suivent et associent définitivement magie, hérétisme et satanisme, sous le terme de sorcellerie. En 1233, Vox in Rama de Grégoire IX, puis en 1326, Super illius specula, de Jean XXII. La première parle du diable, de rituels incestueux et sanglants, et de rejet de la religion, tandis que la deuxième y mêle pratiques magiques et invocation de démons[7]. C’est la naissance de l’image qu’on connaît de la sorcellerie, avec sabbats et profanations religieuses. Sous l’appellation sorcellerie, les bon·ne·s chrétien·ne·s classent alors tout usage de magie, présumée nocive. La sorcellerie est alors définie par ses détracteurices. Cette vision perdure en Europe, dans les villes et les campagnes, pendant longtemps, et les sorcières sont régulièrement brûlées, du XIII°s jusqu’au XVIIII°s.
Abandon de la croyance
Les élites se détachent peu à peu des croyances magiques, qui ne survivent que discrètement. Si des pratiques subsistent, l’intérêt qu’elles suscitent s’est éloigné, balayé par les nouveaux principes de pensées, qui ne permettent pas d’y croire. Dès les Lumières, la rationalité et la science triomphent dans les esprits, puis l’industrie ensuite. On l’a vu avec Laisnel de la Salle : les lettré·e·s citadin·e·s considèrent les croyances magiques comme preuve d’une simplicité d’esprit qui se berce d’illusion. La sorcellerie a cette époque est donc peu documentée, les discours étant produits par les lettré·e·s qui n’y croient plus.
La sorcellerie devient alors fausse aux yeux du discours des lettrés et des lois. Les sorcières sont construits par les rapports de police, dans la ville, comme des escrocs et deviennent dès la deuxième partie du XVIII obligatoirement fausses[8], montrant l’abandon de la croyance. Au XIX° siècle, elle est l’apanage des campagnes, qui se perd cependant doucement dans l’uniformisation : le contact nouveau entre la campagne et la ville induit l’apparition d’une culture commune, en faveur de la ville. Laisnel de la Salle témoigne de l’évolution des moeurs du Berry ainsi : “Les contes et les légendes s’oublient, et on a honte de redire ces “vieilleries” du temps passé”[9]. L’école, objet de plusieurs lois depuis 1842, et la guerre, où se mélangent les communautés, précipitent la disparition des croyances, ainsi que le christianisme, qui, en prise avec la science et l’anti-cléricalisme, depuis la révolution, se bat contre les superstitions pour gagner en crédibilité.
Dès la fin du XIX° siècle, alors que la croyance s’effondre, la figure de la sorcière se distingue : la publication en 1862 du livre La Sorcière, de Jules Michelet, dessine deuxième vision de la sorcière qui subsiste encore aujourd’hui[10]. L’auteur y présente la sorcière comme femme opprimée mais puissante, dont le satanisme fait la liberté, une figure très forte qui se révolte. Il donne la voix aux victimes de cette ère des bûchers, en les glorifiant, et en en faisant une figure liée à la nature, à la fois libre et subversive, qui se révèle finalement positive, porteuse du “sourire de la nature”. Il reconnaît également la grande majorité de femmes condamnées, ce qui conjugue la magie au féminin. La sorcière sort alors d’un fonctionnement magique de la société pour devenir une figure à part entière. Aujourd’hui, c’est sur cette figure que se construit une nouvelle définition de la sorcellerie.
1.2 Qu’est-ce que la sorcellerie aujourd’hui ?
Définition
Difficile de définir précisément la sorcellerie aujourd’hui, même en en suivant les évolutions passées. Elle réunit des pratiques et croyances anciennes, comme le paganisme, la croyance dans des divinités issues de diverses mythologies, et souvent en lien avec la nature, ou le chamanisme, mais également des idéologies nouvelles, comme les néo-paganismes, les premiers étant apparus dans les années 1950, ou la Wicca, une branche très développée, fondée en 1954 au Royaume-Uni[11]. Mais il y en a aussi beaucoup d’autres, et également la possibilité de pratiquer la magie sans l’associer à la religion.
La définition française reprends des éléments hérités de la conception médiévale de la sorcellerie : selon le dictionnaire Larousse, il s’agit d’une “pratique magique en vue d’exercer une action, généralement néfaste, sur un être humain (sort, envoûtement, possession), sur des animaux ou des plantes (maladies du bétail, mauvaises récoltes, etc.)”. On voit l’origine campagnarde de la définition, qui cantonne la sorcellerie au bétail et au récolte, ainsi que la mauvaise réputation qu’elle possède toujours. La sorcellerie est en français le pendant noir de la magie blanche. Pourtant, une grande partie des praticien·ne·s de magie aujourd’hui ne font pas de distinction entre magie noire et blanche dans la définition de sorcellerie.
Influence anglo-saxonne
En fait, pour mieux comprendre la conception moderne de la sorcellerie, celle qui se pratique aujourd’hui par celleux qui se revendiquent sorcières, il faut regarder sa définition anglaise, car c’est principalement des pays anglo-saxons que vient le courant. Dans le dictionnaire d’Oxford, juste après une première définition qui se rapproche de celle que nous venons de livrer en français, se trouve la définition suivante : “(dans un contexte moderne) pratique spirituelle impliquant de la magie et des affinités avec la nature, souvent dans une tradition païenne”. On voit donc qu’il y a une nouvelle définition de la sorcellerie, apportée par la pratique moderne, qui dégage cette pratique des enfers et de la malveillance pour la définir simplement comme une pratique païenne. Ces pratiques païennes sont larges et induisent une idée religieuse, mais floue : le terme païen désigne en effet tout ce qui est non-chrétien. Cette conception anglo-saxonne fait de la sorcellerie un terme global qui recouvre de nombreuses pratiques, religieuse ou non.
La définition anglaise est la plus pertinente, car c’est des mondes anglophones que provient la sorcellerie moderne et ses différentes branches. La grande majorité du contenu disponible sur internet autour de la sorcellerie est disponible en anglais : c’est ce qu’explique un article du webzine Simonae, présentant la pratique moderne de la sorcellerie à ses lecteurices, en pointant le manque de sources francophones.
“la sorcellerie se décline en particulier dans le monde anglophone et plus spécialement encore du côté anglo-saxon (allez faire un tour sur Tumblr [voir nos ressources en fin d’article], vous comprendrez vite l’ampleur du phénomène : la sorcellerie c’est vraiment ‘a thing’)”
C’est donc a thing avec un vocabulaire et une pratique tirée de l’anglais. On peut expliquer cette domination par le fait que le Royaume-Uni soit le lieu de création d’une des doctrines sorcière les plus répandues, la Wicca, qui touche très vite les Etats-Unis et le Canada, et aussi par le fait que, pour une pratique marginalisé, l’anglais soit un moyen de rassembler une communauté internationale.
Pratique moderne
Aujourd’hui, dans le monde occidental, être sorcière, c’est d’abord se définir sorcière. Simonae explique la difficulté de théorisation de la sorcellerie, ainsi que la personnalisation par chacun·e : “il paraît que si l’on demande une définition précise du terme ‘sorcière’ à 12 sorcières, on obtient 13 réponses différentes”. La sorcellerie moderne, ce serait donc croire et pratiquer. En fait, la nouveauté radicale de la sorcellerie aujourd’hui, c’est qu’elle se définit elle-même, et non pas à travers les combats menés contre elle, comme c’était le cas auparavant, par les dénonciations, les procès et les rapports de police, mais aussi les fantasmes et les contes. Ainsi, Simonae donne pour définition de la sorcière une très longue définition, de Sarah Anne Lawless, qui commencent par ces mots : “la sorcellerie n’est pas le culte néo païen de la Grande Déesse-Mère, ce n’est pas la vénération laïque des saisons, ce n’est pas embrasser les arbres, et ce n’est pas une énième connerie New Age”.
Une sorcellerie moderne très liée au Web
2.1 Comment se présente la sorcellerie sur internet ?
Importance de la communauté francophone
Cette forme nouvelle de sorcellerie, si elle n’a fait parler d’elle que récemment, compte beaucoup de pratiquant·e·s sur le web francophone. Ainsi les groupes Facebook dédiés au partage autour de la communauté comptabilisent un certain nombre de membres : parmi les plus connus, Les Sorcières rassemble 4 342 utilisateurices, et Sorciers et Sorcières )O( 1820. Il y a au moins cinq autres groupes rassemblant plus de 1 000 utilisateurices, et d’autres groupes plus spécifiques comme Le Monde des Sorcières(ers) Wiccans, à 1 031 membres[3], dédié aux pratiquant·e·s de la Wicca, ou Sorciers et Païens Gays Francophone, à 124 membres, dédié à la communauté gay. Ces groupes sont les résultats d’une recherche du mot sorcière. Une chose importante à noter est la prolixité dont ils font preuve : pour la plupart, même ceux où il y a peu de membres, le nombre moyen de publications par jour est entre 2 et plus de 10.
Il est difficile de quantifier le nombre de sorcières sur les autres réseaux sociaux, mais il existe tout de même un intérêt certain des internautes francophones pour la sorcellerie. Ainsi, le hashtag sorcellerie rassemble 5 921 publications, et le hashtag sorcière est encore plus populaire, avec 16 056 publications. Cependant, il faut noter la prévalence des termes anglais : le hashtag witchcraft éclipse largement son équivalent français avec 1 541 671 publications et witch en compte 4 957 890. Ces éléments nous permettent de voir qu’il y a une vraie communauté sorcière francophone, loin certes de toucher une majorité de la population, mais tout de même existante. Rappelons que si une partie des sorcières francophones publient des contenus francophones, la plupart utilisent l’anglais dans leur utilisation du web magique ; les chiffres français sont donc largement inférieurs à la pratique réelle, qui se fond dans l’internationalité de la pratique magique.
Le questionnaire que j’ai fait circuler à récolté 165 réponses, ce qui nous permet de l’utiliser dans cette étude. Les répondant·e·s sont en majorité issu·e·s de groupes facebook spécialisés dans la pratique de la sorcellerie, les autres étant pour la plupart mon entourage. Sur ces réponses, 63% pratiquaient la sorcellerie. De ces 104 personnes, une majorité, soit 66, utilisaient internet dans le cadre de leur pratique magique. Lisbeth Nemandi, sorcière blogueuse que j’ai interrogée dans le cadre de ce travail, considère qu’internet fait partie intégrante de sa pratique, au même titre que ses autres activités :
“Forcément, aujourd’hui qui peut se targuer de se passer d’internet? Je fais énormément de recherches, en français et en anglais (surtout en anglais), je peux aussi bien avoir une recherche précise en tête que me balader simplement de surprises en surprises.”
Surtout en anglais, on l’a vu, internet a une grande place dans la communauté magique, pour différentes utilisations, parfois conjuguées. Dans les plateformes utilisées, Facebook est le plus utilisé, avec 77.3% des répondants, dont 95.5% sur des groupes Facebook. Les blogs et comptes Instagram sont assez plébiscités, puisque 43.8% des répondant·e·s en suivent et 6.3% en animent. Tumblr, Twitter, Pinterest et Youtube sont également cités, ainsi que des sites spécialisés ou des forums.
Partager et se rassembler
Cette utilisation large d’internet répond à plusieurs besoins. C’est d’abord pour partager des astuces et des connaissances autour de la sorcellerie, pour 75.8% d’entre eux, et pour poser des questions, pour 36.4% d’entre eux. Il s’agit d’approfondir sa pratique de la magie, ou d’apprendre comment faire. Sur le groupe Sorciers et sorcières )o(, c’est ce que l’on retrouve le plus : des questions sur un type de magie particulière, des astuces pour un rituel, et même des demandes d’interprétation de signes magiques, comme la fumée d’une bougie ou le dépôt du thé au fond d’une tasse.
Mais on y retrouve aussi des partages d’images pour bénir la communauté, des photos de réalisations d’autels pour certaines célébrations ou de création artistique en lien avec la pratique : bref un partage de soi et de sa pratique. En effet, à égalité avec la demande de conseils, avec également 75.8% de vote, les réseaux sociaux servent aussi pour pouvoir être en contact avec d’autre sorcières et sorciers. Le web permet de rassembler une communauté éparse et discrète, d’être moins seul dans sa pratique. Pour Lisbeth, “Facebook fourmille de groupes de païens avides eux aussi de partages. Pratiquer en solitaire peut parfois peser, ce que je comprends”. En effet, la sorcellerie reste une pratique encore peu connue, nous y reviendrons. Internet agit donc comme un moyen de rassemblement pour se sentir moins seul.
Pour les blogs ou comptes Instagrams, c’est la même chose : sont recherchés des conseils autour de pratiques magique, pour 68.6% des répondants, des astuces et DIY’s à intégrer dans la pratique, pour 48.6%, et des réflexions autour de ce mode de vie, pour 31.4% ; soit un contenu relativement classique de blog qui porterait sur un autre sujet plus répandu, comme le maquillage. Le blog de Lisbeth Nemandi propose ainsi des textes inspirants sur la sorcellerie, des tutos et des idées de décoration d’autel, voire même des recettes de cuisine adaptées à la période de culte. On retrouve donc la côté pratique, qui recherche des conseils et des connaissances, et le côté émotionnel, qui attache l’utilisateur à la figure d’une sorcière, conçue comme un modèle.
2.2 Être une sorcière sur le web
Se présenter comme sorcière
La sorcellerie est très présente sur Instagram, où se distinguent des figures de sorcières qui ressortent et des contenus qui inspirent la pratique des utilisateurs. Lisbeth l’utilise en complément du blog qu’elle tient : “Mon compte Instagram me permet d’élargir un peu ma communauté, partager des petits bouts un peu excentrés de ma pratique, comme des illustrations sur le thème de la sorcellerie, des petits moments de vie où il n’y a pas besoin de s’étendre (Disneyland durant Halloween, une session de méditation/coloriage), mais aussi de mettre en avant mes nouveaux articles”. C’est une manière d’élargir ce qu’elle souhaite mettre en avant de sa pratique, avec des moments qui ne sont pas forcément des astuces magiques, ou des réflexions profondes, mais qui on trait pour elle à la sorcellerie, avec des beaux visuels. Elle s’en sert aussi pour attirer les utilisateurs à son blog, notamment “la communauté francophone païenne active sur les réseaux [qui] n’est pas forcément énorme donc il faut poster un peu plus régulièrement pour les attirer” : Instagram possède, on l’a vu, un gros réseau sorcier, et est donc très utile pour cela.
Ce contenu magique se rassemble sur plusieurs hashtag très utilisés, dont #frenchwitch, spécifiquement francophone, qui rassemble 542 publication, mais surtout #witchesofinstagram, le hashtag fédérateur, avec 1 055 073 publications. Les images qu’on y trouve sont de belles images, souvent de nature, de collections d’objets magiques (cristaux, cartes, crânes…) et de photographie de la sorcière elle-même. On voit donc l’importance de mettre en scène sa pratique, et de se présenter soi-même comme sorcière avec plusieurs hashtags, qui permettent de se retrouver entre initiés. Il est intéressant de noter l’apparition de challenges sorciers sur ce réseau, comme le #sahmainwitchychallenge, rassemblant 4 873 photographies, qui consiste, pendant la période de Samhain, fête païenne, à suivre des règles de publications préétablies chaque jour : cette année, le jour 1, il fallait poster un selfie d’hiver, le jour 2, du thé chaud, ou encore le 31, son autel de sorcière. Ce challenge, très porté sur le partage de la vie quotidienne, permet de rassembler la communauté en affirmant son identité de sorcière non par des pratiques spécifiques de magie, mais par l’adhérence à un hashtag.
Emergence de figures sorcières : des influenceureuses ?
On trouve sur le blog de Lisbeth des AskToLisbeth, qui sont des questions d’abonnés, parmi lesquels “Quel rapport as-tu avec la prière en tant que sorcière ? Je trouve ça super important dans mon quotidien, mais comment l’intégrer au mieux dans la pratique?” ou “Qu’est-ce que tu déconseilles de faire aux débutants ?”, qui sont des interrogations sur les avis de la sorcière, sa réflexion sur des pratiques magiques et sa manière de faire, et sur les conseils qu’elle peut donner en fonction des profils et de ce qu’elle pense : ces questions se rapprochent de celles que reçoivent les blogueuses make up, comme “Que penses-tu de la palette Becca et Jaclyn Hill”, ou même “que me conseilles-tu comme études ou parcours ?”. Comme dans le cas des blogueuses beauté, la blogueuse sorcière devient confidente et conseillère, alliée de pratique voire de vie, autour du sujet de la sorcellerie, avec les mêmes codes.
La sorcellerie a donc elle aussi ses figures de proues : en effet, si Lisbeth Nemandi dit “détester ce terme” et ne pas se considérer “comme une influenceuse en sorcellerie grand bien me fasse”, une majorité des répondant·e·s s’accorde pour en désigner, 32.3% y étant abonnés, et 23.1% en connaissant sans les suivre, contre 9.2% qui ne pensent pas qu’un·e influenceureuse sorcière existe. En personnalité sorcière francophone, Lisbeth nous cite deux spécialistes du tarot : Lilith – coaching intuitif, qui compte 2 567 abonné·e·s sur Instagram, et Claire de la Lune, 7 780 abonné·e·s sur Youtube. Une des sorcières les plus connues et influentes du monde francophone est Jack Parker, qui comptabilise 12.8k abonné·e·s sur Instagram, où elle partage son quotidien personnel mais aussi magique, avec des rituels et des réalisations magiques. Son projet de newsletter de la sorcière moderne est un succès, avec plus de 3 000 abonné·e·s.
La sorcellerie au grand jour : tendance et paradoxe
3.1 Un contenu trendy adapté aux codes d’internet
Format et langage internet
La newsletter de Jack Parker, qui en est à sa 17ème édition, est un exemple parlant du fonctionnement de la sorcellerie moderne, complètement adaptée aux codes actuels en matière de communication et de partage de contenus. Ce format un peu désuet est en effet en grand retour, avec des newsletter sur tout les sujets, d’anecdotes sur l’histoire de l’art tout les jeudis, Artips, à un rattrapage quotidien de l’actualité, TTSO, en passant par la géniale Quoi de meuf, qui énumère toutes les actus féministes de la semaine. La newsletter des sorcières modernes propose des astuces magiques en raccord avec l’actualité, comme des idées pour fêter Imbolc, fête païenne, ou de comment profiter de la lune bleue de janvier, mais aussi des rituels pour soigner le rhume quand c’est la saison, ou des templates pour concevoir ses propres sorts. C’est un contenu spécifiquement dédié à celleux qui pratiquent la magie, mais aussi pensée pour être accessible à des débutant·e·s en la matière, et à des non-pratiquant·e·s pourvu qu’iels aient envie de s’abonner.
Youtube est également un réseau social vecteur de magie, où l’on trouve beaucoup de Youtubeureuses spécialisé·e·s dans le sujet, comme Claire de la Lune, que nous a cité Lisbeth, mais aussi, par exemple, Anne-Sophie Pau qui comptabilise 12 756 abonné·e·s, Athénos Orphée, 8 714 abonné·e·s, ou encore Lyra Ceoltoir, à 2 937. Sur les chaînes de ces derniers, des tutoriels pour se protéger du mauvais œil ou réaliser un charme de Mabon, des tirages de tarot, des FAQ et des Youtubes Pagan Challenges, ainsi que des routines de prières… Face caméra, les Youtubeurs expliquent les ressorts de leurs pratiques, font quelques blagues en format podcast. Un contenu qui rappelle là-aussi le contenu “classique”, calqué sur le format Youtube et qui réussit très bien, tous ayant la plupart du temps plusieurs milliers de vues sur leurs vidéos.
En fait, en 2017, la sorcellerie se présente comme n’importe quel contenu, autour des réseaux sociaux et des blogs et de ses figures les plus connues. Voire, même, elle innove et créée une sorcellerie moderne inédite : en témoigne la pratique des emojis spells, qui consiste à jeter un sort à travers des emojis. Il s’agit de transcrire en emoji ce qui nous tient à coeur, que l’on aimerait voir se réaliser, et de l’envoyer, sous la forme d’une suite d’emoji. Sur Tumblr notamment la pratique est très développée, et a un fonctionnement particulier : un like charge la formule, et un reblog la lance. Attention cependant ! Un emoji spell se réfléchit et se travaille, comme toute formule magique, et il faut le faire correctement : mais pas de panique, le web fourmille de tutos appropriés, même pour les non-initiés. Ces emojis spells s’addressent à la vie quotidienne, “pas de rumeurs sur moi au travail”, sur des espérances, “trouver un mec stable, créatif, qui aime le karaoké”, mais aussi bien sûr sur sa pratique magique, “il ne m’arrivera pas de malheur quand je communiquerais avec des esprits”, ou même des memes, “for dank memes”.
Une tendance 2017 ?
Nous l’avons vu, Tumblr a classé la sorcellerie dans les “tendance 2017” du réseau, entre Wonder Woman et le shitposting. La figure de la sorcière elle-même est hype, mais aussi toute l’esthétique autour de ce mouvement, mi-sombre, mi-glamour. Les signes occultes et les crânes, mais aussi les fleurs et les cristaux attirent les jeunes de 2017 et inspirent la mode, la musique et les films. Le webzine Madmoizelle propose des “looks witchy pour mettre ton esprit de sorcière dans tes tenues”, et la chanteuse Lorde s’amuse d’être “complètement une sorcière”. Le marketing s’est aussi saisi de cette opportunité, et sur Instagram, dans les hashtags les plus connus, un certain nombre de posts promeuvent en fait des marques dédiées au commerce de la sorcellerie. Une box mensuelle pour sorcières a même été lancée, la Witch Casket, qui remporte un certain succès puisqu’elle comptabilise 35.5k abonnés, et qu’elle est reçue jusqu’en France.
Le webzine Simonae relie cette hype nouvelle avec la croissances des mouvements militants féministes, queer et vegan, ainsi qu’avec le retour de la pop-culture des années 90, maintenant que les enfants des années 90 sont des jeunes adultes. Effectivement, la sorcière est une figure clé du féminisme, car présentant l’image d’une femme forte et libre sortant des cases, une figure de résistance face à un système d’oppression. La pop-culture y joue aussi ; on pense bien sûr à Harry Potter, mais aussi à Charmed, qui met la Wicca au centre, et à Sabrina l’apprentie sorcière : 9.7% des répondants au questionnaire (la plupart des autres réponses ne dépassaient pas 10%) ont indiqués avoir connu la pratique de la sorcellerie par des oeuvres de fiction. La recrudescence d’intérêt pour ces sujets entraîne donc la recrudescence d’intérêt pour la sorcellerie, et l’envie de prendre part à cette représentation “cool” de la sorcière.
Cependant, pour plusieurs des répondant·e·s, il faut distinguer l’adoption de l’esthétique sorcière de la pratique de la magie, on note : “La pratique se démocratise un peu, ne serait-ce que via la mode (vestimentaire, décorative). Certaines personnes décorent leur maison avec des signes magiques sans trop y croire mais ‘bon on sait jamais et puis c’est joli’” ou encore “La sorcellerie moderne est surtout une image, un ‘aesthetic’ plus qu’une pratique je pense”. Une sorcellerie qui se divise alors en deux courants, l’image trendy et la pratique, en partie à cause d’internet, ce qui, bien sûr, cause des débats à l’intérieur de la communauté.
3.2 Des craintes et des espoirs
Une communauté discrète
Si la sorcellerie devient tendance, et se retrouve propulsée au devant de la scène, c’est encore une pratique discrète. Ainsi, seul 30.8% des interrogé·e·s répondent partager des contenus magiques sur leurs pages personnelles : 24.6% en partagent sur un compte dédié, et 47.7% n’en partagent pas du tout. Lisbeth a ouvert un compte Facebook spécialisé à côté de son blog pour dissocier ses deux vies :
“Mon compte Facebook me sert à ce que personne ne vienne fouiller dans mon compte personnel ! […] le succès a été au rendez-vous bien plus que prévu, ce qui fait qu’au fur et à mesure de mes échanges dans divers groupes païens, certains ont commencés à me demander en amis, ou à commenter et liker mes posts en public, heureusement sans mauvaises intentions. J’ai des gens sur Facebook qui font parti de mon milieu professionnel, et je crois qu’eux comme moi ne sommes pas prêts à aborder le sujet !”
Pratique parfois peu reconnue, elle est surtout pratiquée en privée et, on l’a vu, avec d’autres sorciers, ce que permet internet. Une expression indique même cet état de secret : être dans le placard à balais. L’expression fait un parallèle entre être dans le placard, qui indique des personnes non hétérosexuelles non “out”, et le placard à balais, objet typiquement sorcier.
Ainsi, malgré la diffusion lente de la tendance, beaucoup de gens ne sont pas au courant de l’existence d’une sorcellerie moderne : parmi les 61 réponses de non-sorciers obtenues dans mon questionnaire, 44.3% n’avaient jamais entendu parler d’une pratique moderne de la sorcellerie. A la question “qu’est-ce que ‘sorcellerie’ vous évoque”, beaucoup d’images étaient directement empruntées à une conception médiévale de la sorcière : “Sorcier, Moyen-Âge”, “Des potions, chaudrons noirs et sorts à tout va ?”, “Les sorcières du Moyen-Age, du coup une incompréhension de phénomènes chimiques ou naturels. Des pouvoirs surnaturels” ou encore “l’inquisition”. Une certaine méfiance se dégage aussi, avec beaucoup d’évocations de la magie noire, mais aussi “peur”, “bizarre”, ou “manipulation”. Une réponse avançait même la disparition de la pratique : “D’anciennes pratiques ésotériques, parfois un peu scientifiques, souvent liées plus ou moins directement a la religion, mais n ayant plus cours aujourd hui”.
Que pensent les païens de la diffusion de la sorcellerie ?
Cette relative invisibilité de la pratique magique, jusqu’alors, est bouleversée par la tendance récente. Ce nouveau paradigme inspire quelques craintes à la communauté, sur la diffusion de mauvaises idées sur la sorcellerie, une recrudescence de charlatans, ou encore la non-sincérité de pratique. Interrogés sur l’influence d’internet dans ce domaine, si la majorité trouvent cette influence neutre, car balancée, 21.5% la trouvent mauvaise, et 27.7% la trouvent bénéfique. Il y a donc pour certains un rejet de l’intervention d’internet dans la pratique :
“La pratique de la Sorcellerie est devenue commerciale et à la mode, en tant que sorcier traditionaliste, je suis affligé de constater à quel point les fondements essentiels nécessaires et indispensables aux pratiques sont bafoués et ignorés. Certains courants volent carrément des cultures et traditions à droite à gauche, en font un énorme fourre tout et ensuite se revendiquent pratiquants sérieux. A peine 5% de la communauté possède réellement les bases, ce qui fait que la majorité pratique de manière dangereuse. Le pire étant que ces personnes, qui n’ont aucune éducation occulte, ne comprennent pas les bases et refusent d’écouter les conseils de pratiquants plus avisés, se permettent d’insulter les gens sérieux qui savent pratiquer dans les véritables règles de l’art.”
C’est aussi pour certains une pression autour de sa définition personnelle, en tant que sorcière : “Je suis un peu mal à l’aise avec le fait de me montrer à tout le monde qu’on est une sorcière…”. La plupart font part d’un avis plus mitigé :
“Autant l’accès à l’information permet de démocratiser les pratiques sorcières et facilite les choses pour les gens qui souhaitent s’impliquer dans ce domaine et je trouve cela très positif. Autant la fiction et la facilité d’accès contribuent de la désinformation sur ce sujet, en vantant des capacités, dons, dogmes et j’en passe, qui sont bien loins de la réalité et contribuent à l’imagine marginale qu’on a longtemps attribuée aux pratiquants de la sorcellerie; de même que cela laisse penser que la sorcellerie est une chose sans conséquences et ‘facile’ et déresponsabilise les gens qui voudraient se lancer sans réelle implication.”
Pour résumer, “Cela permet le partage, mais cela peut être dommageable pour certaines personnes plus vulnérables”.
Pour Lisbeth, “internet me permet de garder mon jardin privé tout en allant à la rencontre des autres quand l’envie est présente”, et est donc un outil précieux dont elle ne pourrait se passer. Cependant, elle regrette le travers de compétition et de comparaison qui s’y exacerbe :
“Sur les groupes Facebook en période de célébration beaucoup postent des photos de leurs autels, de leurs décorations et je trouve ça super chouette. Une partie de moi ne peut pas s’empêcher de penser à ceux qui postent des photos comprenant beaucoup de petites choses faites à la main ou encore ceux qui n’ont pas beaucoup de moyens. Parfois certains postent des photos de fous avec des autels en 6 tables avec des étages et une abondance incroyable, du coup il y a beaucoup de commentaires, de likes… et souvent bien plus que les autels plus ‘humbles’. Pourtant, chaque autel est vraiment beau, inspirant, personnel et je suis toujours fascinée de voir à quel point le paganisme inspire les pratiquants. Je suis peut-être trop conditionnée, ou trop empathique mais je ne peux m’empêcher de me dire qu’il y a peut-être un païen derrière son ordinateur qui se demande pourquoi on lui a à peine adressé un « joyeux Mabon » en dessous de la photo de son autel, et ça me serre un peu le coeur.”
Conclusion
La sorcellerie est donc bien revenue sur le devant de la scène, qu’elle avait quitté brièvement après la fin des bûchers. Alertées par les temps sombres -Donald Trump au pouvoir, des porcs partout, la Manif pour Tous- les sorcières sont revenues dans les grandes tendance de l’année 2017 et l’esthétique sombre et mystérieuse est sur tous les plans. Si elle ne se conjugue pas toujours avec la pratique sorcellerie, cette dernière s’est néanmoins également retrouvée sous les feux de la rampe.
En 2017, être sorcière c’est donc se définir comme tel, la sorcellerie étant un terme large englobant beaucoup de pratiques païennes qui font intervenir la magie. Des sorcières, il y en a donc beaucoup, surtout sur internet. La communauté francophone est au rendez-vous avec une présence forte sur les réseaux sociaux, comme Facebook, Instagram ou Youtube. Il s’agit de se présenter comme sorcière, d’assumer son identité, pour se constituer en communauté avec d’autres pratiquant·e·s de la magie. Internet permet la cohésion et le contact autour d’un sujet qui, hors d’internet, semble peu abordé, voire compris. Les renseignements et les connaissances, ainsi que les conseils, sont aussi au cœur de la démarche des utilisateurices sorciers sur internet : il est plus facile avec le web de se renseigner sur la pratique magique et comment l’entreprendre. Dans cet éco-système émerge des figures de proues qui se posent comme des influenceureuses dans ce domaine, et constitue un guide pour les débutant·e·s ; il y a beaucoup de sorcières très connues sur le web français.
C’est en fait un contenu comme un autre, qui en adopte les codes et les formats, ce qui permet à un contenu trendy d’émerger. La sorcellerie se retaille pour s’adapter aux pratiques modernes, comme dans le cas des emojis spells. Ce contenu est de plus en plus populaire ; facile d’accès car empruntant des codes que nous connaissons déjà, mais aussi résonnant avec des besoins de magie dans le côté militant des jeunes, qui est affirmé, et un côté familier, issu de la pop-culture des années 90. La sorcellerie emprunte alors une nouvelle division, entre l’image de la sorcière et la pratique magique et spirituelle. Ces nouveaux concepts bouscule une communauté qui avait toujours vécu dans l’ombre, et qui ne se révèle que récemment, petit à petit. Cependant, si certain·e·s païen·ne·s sont méfiants face à l’intrusion d’internet dans la pratique, la plupart soulignent l’apport que permet internet, notamment grâce à la rencontre et au partage, et, s’ils en reconnaissent aussi les aspects négatifs, sont résignés à ce qu’internet englobe aussi la sorcellerie, comme tous les autres aspects de leur vie.
Internet a donc profondément bouleversé la pratique de la sorcellerie, dans les usages des pratiquant·e·s, sur la recherche et la rencontre d’autre, mais surtout il a mis sur le devant de la scène une pratique traditionnellement réservée à l’ombre. Reste à savoir si elle sera plus qu’une simple tendance, tant dans la durée que dans la pratique.
Bibliographie
[1] La France Pittoresque : Jeanne de Brigue
[2] Germain Laisnel de la Salle, Souvenirs du vieux temps, le Berry, Paris, Maisonneuve et Larose, 1968 (1ère édition 1902)
[3] ARNOULD Colette, Histoire de la Sorcellerie, Paris, Tallandier, 2009
[4] Ibid.
[5] Ibid.
[6] Martine Ostorero et Étienne Anheim, « Le diable en procès », Médiévales, n°44, Paris, PUV, printemps 2003
[7] Mathilde Monge, « Ulrike Krampl, Les secrets des faux sorciers. Police, magie et escroquerie à Paris au xviiie siècle », Revue de l’histoire des religions, 1 | 2015
[8] loc. cit. Germain Laisnel de la Salle, Souvenirs du vieux temps, le Berry
[9] Encyclopédie Universalis, La Sorcière, Jules Michelet, fiche de lecture
[10] Les Sorcières du Fjord, Histoire de la Wicca
Webographie
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