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Body positive : mouvement tendance des réseaux sociaux

« Les vrais corps des femmes ne sont pas mis en avant et valorisés dans notre société. On voit toujours les mêmes types de corps à la télé, au cinéma, dans les publicités et magazines : femme blanche, grande et mince, sans défaut apparent; ce qui ne représente pas du tout la population française (par exemple) et crée des complexes dès le plus jeune âge (ce qui n’empêche d’ailleurs pas des femmes répondant aux « standards de beauté » d’avoir elles-aussi des complexes bien sûr).» Léa Bordier, entretien du 22 Mars 2017 pour le magazine MAZE

La pression sociale à être parfait physiquement d’après des standards de beauté est aujourd’hui confrontée à un mouvement créé par des féministes américaines : le body positive.

Comment le mouvement body positive a grandi grâce à internet, et notamment grâce aux réseaux sociaux ?

Après avoir défini ce qu’est le body positive, nous allons étudier le cas des vidéos Cher Corps de la YouTubeuse Léa Bordier puis nous analyserons comment ce mouvement se manifeste sur les différents réseaux sociaux.

1. Qu’est-ce que le body positive ?

Le mouvement body positive, en français « corps positif », a été créé aux États-Unis en 1996 par Connie Sobczak et Elizabeth Scott. Cette association « The Body Positive » a été initiée par Connie Sobczak suite au décès de sa soeur lié à ses troubles du comportement alimentaire. D’après la psychothérapeute Elizabeth Scott, sa partenaire aurait «  fondé le Body Positive en l’honneur de sa soeur, et pour s’assurer que sa fille Carmen et les autres enfants grandiraient dans un nouveau monde — où les gens s’efforceraient de changer le monde, pas leur corps ». Elles décrivent leur mouvement Body Positive comme « une communauté vivante et thérapeutique qui libère des messages sociaux étouffants qui maintiennent les gens dans une lutte perpétuelle contre leur corps ». En créant « The Body Positive » elles s’adressent à tout le monde, peu importe la morphologie ou les caractéristiques physiques.  Sur le site internet de l’association, on y retrouve leur définition du Body Positive.

« Being Body Positive is…  » a way of living that gives you permission to love, care for, and take pleasure in your body throughout your lifespan. Struggles will inevitably occur, especially during times of transition or imbalance. » Practicing true body positivity… »allows you to find what you need to live with as much self-love and balanced self-care as possible. Experiences of conflict and suffering become opportunities to learn what is required to further your growth so you can find greater contentment and peace. » 

Le body positive c’est donc l’idée que tous les corps sont de « bons corps » et montre particulièrement des représentations de corps marginalisés : montrer des corps gros, queer, de couleur, etc. Le mouvement se base sur l’acceptation de soi et de son corps tel qu’il est. Et malheureusement s’accepter n’est pas toujours facile dans la société actuelle, qui nous pousse à être parfait. Le culte du corps tourne aujourd’hui à l’obsession, à tel point qu’aujourd’hui des entreprises discriminent certains demandeurs d’emploi à cause de leur physique. Le diktat des apparences a fait apparaître le body shaming, c’est-à-dire la stigmatisation des corps, qui est l’ensemble des discriminations basées sur le physique d’une personne. Cette stigmatisation existe tant chez les hommes que chez les femmes. Cependant, il y a une pression sociale plus forte concernant les critères de beauté chez la femme. 

« Il y a une pression plus forte pour les femmes et qui peut parfois avoir des conséquences désastreuses. Il est aujourd’hui important de montrer de vrais corps : minces ou gros, petits ou grands, et montrer que c’est normal et sain d’être comme on est. » Léa Bordier, entretien du 22 Mars 2017 pour le magazine MAZE

Nous allons donc nous intéressés dans cette étude sociologique uniquement au mouvement Body Positive chez les femmes.  J’ai décidé de mener une enquête à mon échelle en posant quelques questions à mon entourage via un questionnaire en ligne, que j’ai également partagé dans des forums féministes et sur les réseaux sociaux. Ce questionnaire, mis en ligne pendant un mois, a eu 126 réponses de femmes âgées pour 79 % d’entre elles entre 18 et 26 ans. Toutes connaissaient le mouvement Body Positive et l’avaient pour la grande majorité découvert sur internet, et plus précisément sur les réseaux sociaux. C’est principalement sur Instagram qu’elles ont découvert des photos de femmes grâce au hashtag #BodyPositive et sur Twitter qu’elles se sont intéressées au discours et aux informations en lien avec ce mouvement. Certaines, moins nombreuses, ont découvert le mouvement sur YouTube.    

Le body positive est aujourd’hui la réponse au body shaming et à la grossophobie. Grâce aux réseaux sociaux, ce mouvement né il y a plus de 20 ans prend de l’ampleur : ils aident à promouvoir le mouvement et à créer une véritable communauté autour du hashtag #BodyPositive.

2. Le body positive sur YouTube : le cas de Cher Corps

Les vidéos « Cher Corps » de Léa Bordier sur YouTube sont une série de portraits-témoignages de femmes qui nous parlent de leurs rapports au corps. Ce sont des vidéos décomplexantes sur le corps de la femme, qui prônent l’acceptation de soi. On retrouve des témoignages très variés de femmes qui nous racontent avant tout l’histoire de leur corps : cette dimension est particulièrement intéressante car il est plus facile de s’identifier à une histoire qu’à un physique. Léa Bordier est considérée comme l’une des YouTubeuses à suivre en 2018 selon Les Inrocks. Son travail a été mis en lumière par les journaux télévisés après la publication de sa vidéo #MeToo relatant des histoires d’agressions sexuelles faites sur des femmes. La chaine YouTube de Léa Bordier est engagée pour les femmes et avec les femmes. Lors de notre entretien, la vidéaste m’a expliquée qu’elle avait envie de traiter le rapport au corps des femmes depuis longtemps, sans savoir réellement sous quelle forme traiter le sujet.

« Et c’est en regardant une vidéo de Lysandre Nadeau, Youtubeuse Québécoise, qui avait fait une vidéo qui s’appelait « Dear Body » donc Cher Corps justement. C’est une vieille vidéo, elle date d’environ 5 ou 6 ans. Il y a déjà une tendance des vidéos Dear Body des YouTubeuses anglo-saxonnes etc. Et du coup Lysandre Nadeau adressait une lettre à son corps, et c’était hyper joli. C’est une vidéo qui la concernait elle à ce moment là. Et un soir d’insomnie je me suis dis qu’il faudrait que j’en fasse quelque chose. J’ai fais ma première vidéo avec Amélie, qui est en paix avec son corps. Et j’ai fais ça comme ça, dans mon coin. J’avais pas l’idée d’ouvrir la chaîne YouTube et que ce soit visible. Au début c’était juste pour tester. » Léa Bordier, entretien du 20 Septembre 2017

Léa a donc commencé à filmer des femmes de son entourage, principalement ses amies proches. Les vidéos ont vite plu, à son grand étonnement. Elle a donc décidé de faire appel aux internautes qui aimaient ses vidéos afin de les inclure dans ce projet. Un message sous chaque vidéo Chers Corps de sa chaîne YouTube invite les personnes pouvant être intéressées à la contacter afin de raconter, elles aussi, leur histoire.

« Pour participer au projet, si tu as entre 18 & 30 ans et tu es sur Paris / région parisienne avec possibilité de filmer chez toi, tu peux m’envoyer un petit mail à : lea.bordier@gmail.com, merci ! »

Je me suis demandée comment les filles étaient sélectionnées : en effet, toutes les femmes qui témoignent dans ses vidéos tiennent un discours intelligent et bienveillant, on ressent également beaucoup de féminisme dans leurs propos.

« Au début c’était simple, je recevais pas beaucoup de mails (rires). Du coup j’en recevais et je me disais « cool ça a l’air bien ». Et maintenant je reçois beaucoup trop de mails, c’est trop difficile à gérer, et ça me gêne parce que je peux pas répondre à tout le monde. Et puis j’ai la copine de la copine qui voudrait le faire etc. j’ai des gens qui m’ajoutent sur Facebook (j’ai du changer mon nom c’était plus gérable) donc j’ai dis stop. Du coup j’ai beaucoup de demandes, je choisi vachement au feeling. J’ai appris à faire ça en étant chez MadmoiZelle, je sens quand la personne est sincère, et je pense que j’ai cette qualité là de pouvoir repérer, j’ai pas eu de mauvaise surprise. Je les mets à l’aise, elles parlent et s’expriment bien devant la caméra. J’ai eu deux filles qui avaient un peu de mal à parler, c’est tout. Le problème maintenant c’est que j’essaye de diversifier les témoignages un maximum, parce que si c’est quelqu’un qui va me raconter exactement le même témoignage qu’une autre fille, même si c’est intéressant, je ne peux pas. Faut que j’essaye d’avoir des histoires différentes. » Léa Bordier, entretien du 20 Septembre 2017

Cet exercice est loin d’être facile : parler de soi et de son corps face à une caméra et à une inconnue peut s’avérer être plus compliqué que prévu. Tout en sachant, en plus, que ces vidéos seront vues plusieurs milliers de fois sur YouTube.  J’ai donc demandé à certaines des filles qui ont participé au projet Cher Corps ce qui les a poussé à contacter Léa et à accepter de se livrer face à la caméra. Les motivations étaient différentes en fonction des personnes. Pour Mallory, c’était le manque de représentation de femmes noires qui lui a donné envie de raconter son histoire.

« J’adorais le concept de ces vidéos, mais je trouvais que les femmes noires n’étaient pas représentées et ça me dérangeait. Et puis je me suis dis qu’au lieu de m’énerver dans mon coin, je devais contribuer à ce projet et faire une vidéo. J’ai donc envoyé un mail à Léa. » Mallory, entretien du 14 Octobre 2017

Mallory a également répondu à cette question lors d’un entretien à MakeitNow où elle explique un peu plus le fond de sa pensée.

« J’ai adoré le positivisme et la douceur que dégage ses vidéos. Je suis des youtubeuses anglophones qui parlent de ce genre de sujets, mais des vidéos m’avaient rarement fait autant de bien. Aussi, même si les femmes qui témoignent ont des morphologies différentes, en regardant les premières vidéos j’ai commencé à ruminer sur le fait que comme souvent le projet parle “des femmes” en ne montrant que des femmes blanches, cisgenres et valides. Puis j’ai réalisé que seules ces femmes voulaient témoigner jusqu’ici. J’ai donc pris mon courage à deux mains et j’ai écrit à Léa histoire de participer au changement que j’aimerais voir se produire. »

Le format de vidéo est intelligemment pensé : Léa n’intervient jamais dans ses vidéos, elle laisse les femmes filmées s’exprimer et raconter leur histoire. Les vidéos ont un côté très artistique, avec un fond de musique jazz et un éclairage intimiste.

« Pour moi c’est leur moment, c’est elles qui parlent. Je joue également avec la musique. Je mets du jazz, car les chanteuses de jazz sont des divas. En mettant ces filles devant l’objectif ça les élève aussi au rang de diva. Elles sont toutes belles. Il faut les entendre. » – Léa Bordier, entretien pour makeitnow

Certaines filles se montrent en sous-vêtements de leur vidéo portrait. Pour Léa Bordier, c’est à la base une démarcher purement esthétique. Pour elle, il est important de voir des silhouettes différentes, avec des vergetures et autres « parfaites imperfections ».

« Je veux juste pour montrer les corps. Les montrer sans que ce soit pervers ou quoi. J’essaye de les rendre jolies, et à chaque fois je le dis « si tu veux te mettre en sous-vêtements tu le fais, sinon tu le fais après ou pas » et c’est elles qui choisissent. Au début c’était une envie de filmer des corps, je trouve ça hyper beau donc c’était vraiment une démarche esthétique. » Léa Bordier, entretien Septembre 2017

Léa est consciente qu’il est déjà difficile de se livrer autant sur son rapport au corps et que se dévêtir face à la caméra est encore une étape supplémentaire que toutes n’acceptent pas : un tiers des filles ont accepté de dévoiler leur corps lors de leur témoignage. Léa Bordier se dit incapable de faire ce que ces femmes font.

« Je serais incapable de faire ça, et c’est pour ça que je suis derrière la caméra. J’ai fais quelques vidéos, j’ai fais une interview pour MademoiZelle, je ne l’ai pas regardé ! Alors pour en plus de parler d’histoires aussi personnelles, je pourrais pas. Mais elles le font, et tant mieux. » Léa Bordier, entretien Septembre 2017

Ces vidéos ont tout d’un projet body positive : elles reflètent l’acceptation de soi et de son corps, et rejètent toutes formes de discrimination, de violence ou de critique du corps. Cependant, la vidéaste à l’origine de ce projet n’est pas convaincue par cette approche.

« J’ai du mal à rentrer mon projet dans ce cadre de body positive. Ça l’est, ça me paraît logique, je ne suis pas contre, mais c’est un peu un non-mouvement qui est donné pour tout et n’importe quoi et qui est mal repris par les médias traditionnels. Sur France info j’ai vu un reportage qui parlait de body positive ils m’ont demandée s’ils pouvaient utiliser mes vidéos et j’ai dis ok. Et y avait une fille, très connue dans le mouvement sur Twitter, qui répondait aux questions et sa réponse c’était en gros mettre en avant les gens moches, ceux qui n’entrent pas dans les standards de beauté de la société. Donc ça n’englobait pas tout le monde : une fille mince, « normale », bah elle n’entrait pas dans le mouvement. Moi j’englobe tout le monde, j’ai aucun critère. Certaines personnes chercheraient plus des corps atypiques ou des histoires atypiques pour faire des vidéos comme Cher Corps, tandis que moi non. Je vois pas pourquoi un mannequin qui correspond aux standards de base se sentirait mieux que quelqu’un d’autre. Juste pour ça j’ai un peu de mal avec le terme body positive. Je ne mets pas dans mes mots clés de Cher Corps body positive. » Léa Bordier, entretien Septembre 2017

« Le Body Positive, c’est aider les femmes à s’accepter, qu’elles répondent aux standards de beauté ou non. On parle trop souvent de Body Positive pour les personnes qui sortent des standards, et je ne suis pas spécialement d’accord avec cette idée : ce n’est pas parce que tu corresponds aux standards de la société (en étant blanche et plutôt mince par exemple), que tu ne te trouves pas de complexes. » Léa Bordier, entretien pour 

Elle souligne ici un aspect du mouvement Body Positive très critiqué sur les réseaux sociaux : en effet, tout le monde ne le définit pas de la même façon. Pour certains, le  Body Positive est exclusivement réservé aux physiques en marge des critères de canons de beauté, principalement pour les personnes en surpoids ou obèse. Malgré cela, le web contribue à une libération de la parole.

« Le web contribue totalement à une libération de la parole. Un exemple avec les règles, le body positive etc. Après y a toujours les extrémistes, qui pour moi vont trop loin, mais y a un réel mouvement qui se créé. Ça permet de faire entendre aux plus jeunes les idées féministes, et nous on avait pas ça avant. Là tu peux découvrir des trucs vachement intéressants, ça aide beaucoup plus que les médias traditionnels je pense. […] Moi j’aurai aimé voir ces vidéos quand j’étais plus jeune, et j’ai envie que la cible de mes vidéos soit différente : je sais que c’est les 18-25 ans qui regardent les vidéos Cher Corps, mais j’ai envie que les filles qui les voient ce soit plus les adolescentes, plus jeunes, parce que c’est vachement plus intéressant pour elles, pour apprendre à s’accepter et accepter la crise que tu traverses entre 12 et 17 ans. Une de mes ambitions c’est de les aider à déculpabiliser et qu’elles ne se sentent pas seules. Chaque témoignage aborde un sujet différent, mais bien sûr du coup il faut regarder chaque témoignage et ça dure une dizaine de minutes, mais faut faire l’effort, surtout parce que je dis pas de quoi on va parler dans la vidéo, je laisse la surprise. Donc oui, un des buts est de donner confiance et de voir la beauté un peu partout. C’est quelque chose qu’on me reproche dans mes vidéos, on me dit qu’elles sont toutes belles : alors déjà qui est moche ? ça n’a aucun sens ! Je devrais faire quoi ? Un appel sur Twitter « Bonjour je suis à la recherche de personnes très moches s’il vous plait » ? Non. Cher Corps aide à t’attarder sur la beauté des femmes parce qu’elles sont toutes différentes. Tu les vois belles parce qu’elles s’expriment et qu’elles parlent d’elles, et ça c’est rare. Tu vois rarement une femme lambda qui va parler d’elle et de son vécu et qui va parler à pleins d’autres femmes. Quand je vais tourner avec les filles, généralement je sais ce qu’elles vont dire parce qu’elle me l’expliquent d’abord par mail, et puis on discute. Et finalement on part d’un petit truc qui se transforme en vraie histoire qui va être parlante pour pleins de femmes. C’est plus des portraits-témoignages, en réalité même moi j’ai du mal à le définir quand j’en parle, ce sont des filles qui parlent de leur rapport au corps, mais c’est bien plus que ça : c’est leurs rapports à elles-mêmes, à leur confiance etc. » Léa Bordier, entretien Septembre 2017

Dans sa vidéo Chers Corps, Rachel nous explique la vision de sa soeur concernant son corps et l’importance d’internet et de ce que l’on décide de regarder ou non.

«  elle a se moto que le corps c’est ok […] c’est une enfant des années 2000 donc l’internet elle l’a dans la gueule depuis tout le temps, tout le temps, tout le temps. Ça peut être hyper négatif d’un certains côté, là où des gamines se prennent cet internet là à coup de « corps parfait, corps retouché etc.» Elle elle a vraiment le coup de l’internet vachement militant qui lui dit que non en fait t’es ok quoi, t’as pas à changer […] y a tellement de gens inspirants sur internet qui parlent tellement bien d’eux, de leur rapport au corps et de ce qu’ils peuvent vivre […] ça peut être tellement bien de se dire ouais je suis pas tout seul » Rachel, vidéo Chers Corps, https://www.youtube.com/watch?v=hwVdlJQFy7o

3. Comment ce mouvement se manifeste-t-il sur les réseaux sociaux ?

31 % de la population mondiale est présente sur au moins un réseau social : ces plate-formes sont devenues incontournables. L’audience y est donc très importante  et les messages communiqués dessus peuvent avoir un réel impact sur les mentalités. Les français passent en moyenne 1h20 par jour sur les réseaux sociaux.

Le mouvement Body Positive a d’abord été porté sur Instagram, réseau social dédiée à la photographie : sur cette application, des femmes ont commencé à assumer leurs corps et à assumer leurs différences comme des atouts. Le hashtag  #bodypositive a été utilisé plus de 4 570 000 fois. Les photographies publiées sous ce hashtag sont diverses et variées et montrent très bien la multitude de beauté qui existe. Des corps sportifs aux corps maigres en passant par des corps gros, homme ou femme, tout y est représenté.

Sur Facebook, on retrouve deux pages principales sur le Body Positive : la page officielle Body Image Mouvement comptabilisant 251 000 abonnés et la page Body Positive comptabilisant 324 000 abonnés. Ces pages sont américaines, la France n’a pas de grosse communauté Body Positive sur Facebook pour le moment.

Sur Twitter également le hashtag #bodypositive est très utilisé, mais de manière différente que sur Instagram : ce ne sont pas tant des photographies qui sont publiées mais plutôt des idées, des critiques, des pensées sur le mouvement. C’est une partie du mouvement très intéressante également, le Body Positive n’étant pas seulement physique mais aussi psychologique avec l’idée d’être en paix avec son corps.

Sur Youtube, la recherche « body positive » renvoie 6 290 000 résultats : de nombreuses vidéos ont donc été faites à ce sujet. La  vidéo la plus visionnée sur le Body Positive avec 3,5 millions de vues concerne une jeune adolescente et sa maladie rare qui a des conséquences sur son apparence physique.

Sur Tumblr, la recherche body positive propose les termes associés suivants : « plus size », « chubby bunny », « curvy », « self love » et « fat positive » : ces termes ont un lien très direct avec la rondeur des corps, et enferme le mouvement dans une représentation de gros corps uniquement, ce qui est très réducteur.

Bon nombres de blogs traitent également de ce mouvement body positive.

Que ce soit sur Facebook, Twitter, Instagram, YouTube ou Tumblr, le mouvement Body Positive est présent, prenant des formes différentes, sur tous les réseaux sociaux. Cette omniprésence permet de mettre en lumière toutes sortes de physiques qui ne sont généralement pas représentés dans les médias classiques. En effet, dans les magazines ou à la télévision, le stéréotype français d’une belle femme est blanche, grande et mince. Sur les réseaux sociaux, les femmes ne se reconnaissant pas dans cette beauté ont décidé de se mettre en avant, afin de prouver qu’il existait plusieurs formes de beauté. Certaines sont même devenues aujourd’hui des gourous de la beauté marginalisée et du Body Positive. Internet permet donc de mettre en lumière de nouvelles formes de beauté.

Le mouvement Body Positive est de plus en plus médiatisé : des défilés sont même organisés afin de sortir cette philosophie de vie du web afin de le montrer dans la vraie vie. En Juin dernier par exemple, l’artiste Andy Golub a recouvert le corps de 200 personnes venues défiler nues à Time Square pour valoriser le Body Positive. Plus récemment, en Décembre 2017, des mannequins grande taille ont défilé à New York pour prôner la diversité des corps. Ce mouvement très populaire connait tout de même des limites et des critiques concernant les idées qu’il véhicule pour les femmes, leur corps et leur santé. D’autres mouvements apparaissent tel que le FatPositive, FreetheNipple ou encore le Bodyneutrality, ayant tous le même but : faire face au body shaming. Ces mouvements d’acceptation de soi deviendront-ils la norme et feront-ils disparaitre les pressions sociales liées à l’apparence physique qu’une femme devrait ou ne devrait pas avoir ? L’avenir nous le dira. Ce que l’on peut d’ores et déjà affirmer c’est que les réseaux sociaux jouent indéniablement un rôle prédominant dans la propagation du message Body Positive.

Magali Dos Santos

Bibliographie :

https://www.thebodypositive.org

http://www.madmoizelle.com/body-positive-mouvement-711817

http://www.psychologies.com/Beaute/Image-de-soi/Relation-au-corps/Articles-et-Dossiers/Body-positive-la-resistance-s-organise

https://www.youtube.com/channel/UCzgvmRCmKrSM7rxCnj1nUig

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