Maëlys GAILLET et Camille VIVIEN
CMW M1 – Groupe 1
En 1994 Phil Brandenberger fut le premier acheteur en ligne à partir d’un paiement par carte bancaire sécurisé, ce phénomène qui aujourd’hui a 24 ans ne cesse de se développer. Le commerce électronique ou le e-commerce est l’échange de biens et de services par le biais des réseaux informatiques, c’est-à-dire via internet ; depuis notre quotidien a changé. Au fur et à mesure, les nouvelles technologies développent de nouveaux moyens de communication qui font naître une nouvelle façon d’acheter, une nouvelle plateforme de distribution : le e-commerce ou commerce électronique. Ce nouveau système d’achat et de vente a modifié le comportement des consommateurs ainsi que des entreprises sur la vente de leurs produits. Nous pouvons alors différencier (dans le cadre de notre étude particulièrement) deux relations entre vendeurs sur internet : le commerce électronique à destination des particuliers appelé en anglais business to consumer. Il s’agit alors des sites web marchands qui vendent aux particuliers (Fnac, Venteprivée, Asos). Et dans un deuxième temps le commerce électronique entre particuliers venant de l’anglais consumer to consumer, en d’autres termes c’est la vente en ligne entre particuliers (Leboncoin, Ebay, par exemple). Ce système de vente a débuté son histoire quasiment en même temps qu’internet, et doit son évolution à sa généralisation au sein des foyers; mais aussi grâce au paiement en ligne sécurisé qui a marqué la confiance des consommateurs, devenant des habitués. Aujourd’hui le consommateur fait face à une multitude de e-commerce -Amazon, Ebay, Leboncoin, Fnac, Venteprivée, par exemple-, tous différents, ayant leur propre politique de vente et des prix différents. Si le consommateur peut se retrouver perdu, le e-commerce prend beaucoup d’ampleur dans notre quotidien. En effet en 2016 en France le commerce électronique représente plus de 72 milliards d’euros, ce qui équivaut à plus d’un milliard de transactions en ligne. En comparant avec les chiffres de l’année précédente on observe une augmentation d’achat en ligne de 23%. De plus, 36,6 millions de français affirment faire des achats sur internet, le commerce en ligne est alors un moyen de distribution qui devient attractif et qui attire de plus en plus au fil du temps. Le réseau informatique à donc permis aux commerces de se développer, mais permet aussi aux particuliers de faire leur propre braderie en ligne pour qu’ils puissent vendre leur objets; dont ils veulent se séparer. Internet ouvrant beaucoup de possibilités, on retrouve des sites où les particuliers peuvent vendre de tout, jusqu’au site spécialisé (Vinted, ou ParuVendu) qui vendent une sorte d’objet en particulier. Internet a donc contribué à créer des liens marchands entre internautes du monde, mais il a aussi permis de les rapprocher socialement.
Le réseau social est un terme en sociologie, pour désigner la structure de liens entre des individus selon un groupe défini : la famille, les amis, le travail, l’école, ou encore une communauté, etc… Ainsi le réseau social existe depuis des années, depuis que les hommes échangent et interagissent entre eux, ils établissent des relations sociales et donc un réseau. En 1995 est inventé le premier site internet de réseau social classmates.com, après celui-ci on suivit d’autres réseaux sociaux : Company of friends, Ciao, Dooyoo, et Toluna. Mais c’est en 2002 avec le site internet Friendster que le réseau social en ligne a commencé à s’épanouir, en ont suivi plein d’autres comme MySpace, Facebook, Google+, Twitter,… Pourtant s’il en existe des plus populaires que d’autres, aujourd’hui Facebook est le réseau social le plus utilisé dans le monde, il est le troisième site web le plus visité après Google et Youtube. Facebook est crée en 2004 par cinq étudiants de l’université d’Harvard Mark Zuckerberg, Dustin Moskovitz, Eduardo Saverin, Andrew McCollum et Chris Hughes. Ce fut d’abord un réseau utilisable par les membres d’Harvard puis il s’est ouvert à toutes les universités avant de devenir accessible au public en 2006. Il permet à ses utilisateurs de publier des messages sur un mur, mais aussi des photos, des vidéos, des documents, de jouer à des jeux, parler par messages instantanés, joindre ou créer des pages/groupes, et le réseau ne cesse d’augmenter son contenu d’applications. Facebook fait tout de même beaucoup parler de lui autant du coté juridique que politique, économique, culturel et social. En effet, celui-ci a une grande influence sur la sphère publique, qui s’en sert de plus en plus comme moyen d’information, alors qu’il a un rôle dans la diffusion des Fake News, sa politique d’usage des contenus ainsi que des données personnelles est souvent critiquée également. Dans notre étude nous nous intéresserons à deux utilisations de Facebook : les groupes et le Marketplace dans un but sociologique et économique. Le réseau social a lancé un nouveau service, le Marketplace, qui permet à ses utilisateurs de vendre et acheter des objets via son site web ou application.
Ainsi on peut se demander dans quelle mesure Facebook peut prétendre à intégrer le commerce électronique comme d’autres sites marchands (Amazon, Leboncoin,…) ? Et peut-on en interroger sa légitimité sur ce marché ? Dans un premier temps nous verrons l’évolution progressive de Facebook en e-commerce, puis dans un deuxième temps la réaction des utilisateurs face à ce changement.
Facebook et son entrée dans le commerce électronique
Au départ, Facebook n’avait pas de but marchand, c’était exclusivement un réseau social visant à rassembler les gens et leurs réseaux d’amis. Au fur et à mesure les utilisateurs ont vu en Facebook un potentiel pour communiquer avec les autres, avec la transparence des profils (sans oublier la possibilité que ce soit un faux), la discussion instantanée, ainsi que la création/participation à des groupes ont permis l’évolution d’un marché officieux. En effet en tant que particulier rien n’empêche de mettre sur son mur une annonce pour la vente d’un de nos objets pour privilégier son réseau plutôt qu’un étranger. Mais il existe aussi la possibilité d’appartenir à des groupes crées spécifiquement pour les ventes et échanges. Ces groupes peuvent être crées selon la géolocalisation de ces vendeurs comme le groupe « Wanted Community Paris », ou encore selon une collection/passion par exemple « Funko Pop! France-Ventes/Echanges ». Ce dernier est pratique car il permet de trouver à bons prix des produits plus disponibles sur le net ou trop chers sur des sites d’enchères, là c’est au premier qui se prononce pour l’objet. De plus, lorsque vous appartenez un groupe vous pouvez recevoir des notifications dès qu’un utilisateur publie un objet, ce qui rajoute le plus du réseau social.
Exemple d’un groupe marchand sur Facebook.
Par la suite, Facebook a commencé à rajouter des pubs sur le fil d’actualité de ses utilisateurs en fonction de leur « mention j’aime », et ou leurs recherches sur le web. Le réseau social contribue également à mettre en avant les commerces électroniques et physiques grâce au système de page. Il est très avantageux pour un commerce d’un point de vue marketing mais aussi pour la communication avec son consommateur d’être actif sur les réseaux sociaux, ainsi Facebook propose aux entreprises d’intégrer sur leur page un bouton « acheter » qui permet d’aller directement sur leur site marchand. En conséquence, le réseau social propose aux commerçants de promouvoir leurs produits sur leurs pages permettant aux consommateurs de se rendre directement sur leur site ou bien communiquer avec la boutique par message instantané à tout moment.
Une publicité s’intégrant au fil d’actualité.
Exemple d’une page d’entreprise sur Facebook.
Finalement, on peut se douter que les employés de Facebook ont dû remarquer cette utilisation officieuse des groupes, le particulier veut vendre aussi via le réseau social. Ce service a d’abord été lancé en 2016 aux Etats-Unis et d’autres pays comme le Canada, le Royaume-Uni, le Mexique…, avant d’apparaître en France en Août dernier ainsi que d’autres pays européens. Le Marketplace permet de mettre en relation vendeurs et acheteurs à la manière d’une annonce quelconque que l’on pourrait voir sur Leboncoin; car celle-ci n’intègre pas de moyen de paiement. Mark Zuckerberg a tout de même tenu à justifier que le réseau social s’engageait à seulement mettre en relation les acheteurs et n’est donc pas responsable du paiement et de la livraison. Le vendeur et l’acheteur sont donc les seuls responsables de leur transaction, ils se doivent alors de convenir ensemble du moyen de paiement, et d’envoi de l’objet. On constate sur plusieurs groupes ainsi que sur le Marketplace que le moyen de paiement privilégié est Paypal; pour sa sécurité. En ce qui concerne l’envoi, cela reste très varié : l’échange en main propre, un collissimo ou un relais colis. Néanmoins on remarque que Facebook commence à relier les groupes avec le Marketplace, de ce fait on remarque cette envie de fusionner ces deux services afin que le Marketplace prime sur ces groupes « officieux ».
La page Marketplace que propose Facebook.
L’avis des utilisateurs (analyse du questionnaire)
Dans cette partie, nous allons étudier les résultats que nous avons récoltés suite à la création d’un questionnaire envoyé sur Facebook. Le questionnaire reprenait les questions que nous nous posions sur le sujet, c’est-à-dire comment Facebook se positionne en tant que marché par rapport à certains de ses utilisateurs. Nous nous sommes d’abord renseigné sur l’usage que les sondés faisaient de Facebook, puis de leur manière d’utiliser Facebook comme plateforme de vente, d’achat et d’échange, avant de demander leur avis sur le fait que le réseau social propose désormais de tels services. En résumé, de quelle manière les sondés se servent de Facebook, en particulier de sa dimension marchande, et qu’en pensent-ils ?
Nous allons donc reprendre les points abordés par le questionnaire tout en analysant les réponses apportées par les sondés. Le questionnaire a récolté en tout 240 réponses. Nous constatons tout d’abord que les femmes sont plus nombreuses à avoir répondu, ainsi que la tranche des 20-30 ans. Le deuxième fait s’explique car nous avons partagé le sondage à notre entourage sur Facebook (majoritairement jeune) ainsi que sur le groupe Facebook CMW, laissant la parole à beaucoup d’étudiants. Notre sondage a également été partagé sur un groupe « Funko Pop! France – Ventes / Échanges » possédant plus de 5000 membres et spécialisé dans les transactions de figurines de collection Funko Pop ! Les résultats pourront donc être influencés par ces facteurs, nous analyserons les données en connaissance de cause.
Nous avons voulu nous interroger en premier lieu sur l’utilisation que faisaient les sondés de Facebook en général pour pouvoir situer où se trouvait la fonction marchande du site comparé à ses autres fonctionnalités. On constate que, parmi notre échantillon, Facebook est utilisé principalement comme un réseau social : on regarde ce qu’il se passe sur notre fil d’actualité (ce que nos amis font, ce que les pages que nous aimons publient…). Les données ajoutées « veille » et « lire des articles » sont considérées comme faisant partie de cette même activité. En effet, Facebook est avant tout un réseau social, il est alors utilisé comme réseau social à environ 86,7% de notre échantillon. De plus, la messagerie (Messenger) est très utilisée par les participants, à environ 80% si nous incluons la mention « garder le contact avec ses proches ». La communication est donc primordiale sur Facebook, utilisé comme un moyen d’améliorer ou garder les liens avec nos amis (entendons ici « amis Facebook »). Cela semble même plus important que de donner des nouvelles pour alimenter le fil d’actualité, que 28,7% des sondés seulement pratiquent régulièrement. On peut se demander si la messagerie n’est pas plus efficace pour entretenir les nouvelles plutôt que le fil d’actualité, transformé en sorte de journal interactif adapté à chaque utilisateur en fonction de ses intérêts.
Les groupes ont été choisis à 53,8%, ce qui révèle tout de même une certaine importance des communautés sur Facebook. Peu de personnes interrogées administrent une page eux-mêmes (13,8%) mais beaucoup plus se retrouvent sur des groupes partageant leurs intérêts communs. Dans ces groupes, nous pouvons inclure les transactions qui nous intéressent, car les ventes et échanges se font soit sur les groupes, soit sur le Marketplace. Cependant, nous pouvons constater que cette pratique reste minoritaire. En effet, environ 12,5% (nous incluons également la notion « marketing online ») -soit le pourcentage le moins élevé des notions que nous avons proposées- des participants ont déclaré effectuer des ventes/achats et échanges régulièrement sur Facebook. Nous analysons alors une pratique qui est peu répandue sur le réseau social.
Nous avons jugé bon de poser cette question qui pouvait différer considérablement de ce que les utilisateurs interrogés considéraient comme être une pratique régulière. Est-ce qu’une transaction marchande ou un échange a déjà eu lieu dans leur parcours Facebook ? Sont-ils familiers, de près ou de loin, avec cette fonctionnalité ? Nous pouvions nous attendre à un écart avec notre chiffre précédent, cependant il n’est pas assez considérable pour pouvoir changer d’avis sur le fait qu’acheter/vendre ou échanger sur Facebook est une pratique relativement marginale pour notre échantillon. De 12,5% d’acteurs réguliers du marché Facebook, nous passons à 27,9% qui ont déjà participé au marché. Ce qui laisse un gros 72,1% de sondés qui n’a jamais mis les pieds sur le côté marchand de Facebook, ou en tout cas n’y a jamais contribué.
La partie qui va suivre concerne désormais les 27,9% qui ont répondu avoir déjà effectué des achats ou des échanges sur Facebook. Nous allons analyser leur manière de voir le réseau social en tant que marché.
Nous avons voulu tenter d’évaluer quel type d’articles pouvaient se trouver sur ce qui semble être le petit marché de Facebook. On constate que les objets de collection font partie des plus recherchés, à environ 46,3%, soit près de la moitié des résultats. Cependant, même si le partage sur la page « Funko Pop! France – Ventes / Échanges » peut biaiser cette constatation, nous pensions qu’il était intéressant d’avoir l’avis de collectionneurs aguerris. Il est donc presque naturel que ce résultat ressorte (nous incluons également la mention « funko pop »). Cependant, nous pouvons voir que les recherches des utilisateurs interrogés se trouvent être très variés dans l’ensemble : vêtements et ameublement sont recherchés à 22,4%, et toutes les autres propositions gravitent entre 13,4% et 17,9%. Les sondés n’ont d’ailleurs pas hésité à énumérer d’autres recherches régulières : animaux, équipement divers, billets de concert et de train… Cela ressemble à une foire aux petites annonces, et c’est avec ce sentiment que nous ressortirons de cette analyse. Est-ce que Facebook pourrait s’apparenter à un vide-grenier en ligne : varié, pas très populaire mais prisé par les collectionneurs ?
Le constat est clair : même au sein de l’échantillon d’acteurs récolté dans l’échantillon principal, Facebook n’est pas la priorité dans leurs activités marchandes sur le web. Le réseau social est loin d’être exclusif, et 86,6% des sondés recherchent les articles précédemment cités sur d’autres sites que Facebook. Cependant, nous ne savons pas encore si ce résultat est plutôt influencé par l’abondance d’autres sites ou par Facebook lui-même. Le réseau social se défend-il en tant que marché ou possède-t-il des lacunes ? Le second résultat est un peu plus mitigé, cependant la majorité s’élève tout de même à 68,7% des utilisateurs interrogés qui ne préfèrent pas Facebook à n’importe quel autre site. La balance penche alors pour des lacunes que le réseau social pourrait avoir dans le marché qu’il propose, nous allons par la suite nous interroger sur les raisons pour lesquelles les sondés ont donné cet avis global. Nous nous concentrerons sur les inconvénients de Facebook en tant que plateforme marchande, même si nous n’écarterons pas complètement ses avantages. Mais tout d’abord, nous allons éclaircir la nature des échanges du marché Facebook.
Nous avons trouvé important d’inclure les échanges non marchands dans notre analyse, qui pour nous est une caractéristique de Facebook qui ne se retrouve pas dans tous les autres sites d’e-commerce. Nous nous demandions si cette particularité pouvait influencer le choix d’agir sur le marché de Facebook, surtout pour les collectionneurs pour qui le but est d’acquérir plutôt que de vendre. Cependant, nous constatons que les échanges marchands sont majoritaires à 73,1% de nos sondés acteurs sur le marché. Toutefois, 23,9% des participants ont répondu pratiquer à la fois des échanges marchands et non marchands, ce qui est loin d’être la majorité, mais c’est un chiffre qu’il faut prendre en compte et ne pas négliger. Les échanges ne sont pas totalement absents du marché Facebook et ont leur place, aussi petite soit-elle. Au final, c’est presque le quart des acteurs interrogés qui échange article contre article, ce qui mérite d’être souligné.
Nous avons ensuite décidé de s’interroger sur les deux zones que proposent le marché Facebook, à savoir les groupes et la fonctionnalité Marketplace. On remarque qu’un schéma assez similaire au point précédent se présente : une majorité à 68,7% pour les groupes, et cette fois un peu plus du quart qui inclue la zone Marketplace. Cependant les groupes semblent être prioritaires chez les sondés concernés, même si nous pouvons nous poser plusieurs questions sur cette similarité de graphique. Ce qui est curieux, c’est que nous ne pouvons pas affirmer que la minorité d’échanges correspond à la minorité du Marketplace, car les échanges ne semblent pas du tout présents sur cette partie du marché Facebook, étant plutôt une particularité des groupes. Les raisons pour lesquelles le Marketplace paraît être moins populaire que les groupes lors de transactions marchandes ou non marchandes ne se trouvent alors pas ici. D’où l’importance d’évaluer les avantages et les inconvénients des deux lieux de transactions sur Facebook.
Si nous commençons par nous pencher sur les avantages des groupes Facebook en tant que marché selon l’échantillon interrogé, nous constatons que trois grands pourcentages se démarquent : « Je peux trouver des articles plus spécialisés » à 50,7% , « Je fais de meilleures affaires » à 49,3% et « L’échange entre vendeurs est plus simple/transparent. » à 40,3%. On peut être tenté de considérer que ces trois avis peuvent prétendre à être les plus pertinents. On note que « Je préfère ce mode de fonctionnement par habitude » et « Les règles sont strictes et le système est bien encadré » le sont moins, à défaut d’être complètement faux. Une des entrées rajoutées dit « Je trouve des articles qui n’existent plus à la vente », ce qui nous rappelle encore la dimension de « vide grenier web », où les collectionneurs peuvent y dénicher la perle rare. Lorsque nous passons aux inconvénients, le résultat est beaucoup plus tranché : plus de la moitié, soit environ 68,7% des sondés ont répondu « Les mauvaises expériences (arnaques, objets en mauvais état…) », ce qui souligne l’instabilité de ce mini marché. L’encadrement ne se fait que par les membres du groupe et non pas un administrateur Facebook, ce qui donne lieu à plusieurs débordements. Une entrée a d’ailleurs été rajoutée, faisant part du mécontentement de certains utilisateurs et fournissant un exemple concret : « Je me suis déjà rendue à un point de rendez-vous et la personne n’étais pas là ! Et ne répondait plus aux messages. ». « Les désaccords entre les membres du groupe » vient en deuxième avec 25,4%. Le reste des propositions étaient centrées sur l’offre inadaptée à l’acheteur/échangeur ou les prix trop décalés par rapport à l’attente. Des résultats peu choisis mais tout de même notables qui prouvent leur existence : « Les offres ne me conviennent pas ou rarement » à 17,9% et « Les prix ne conviennent généralement pas à mes attentes » à 14,9%. Le résultat le moins populaire étant « Les règles spécifiques aux groupes sont trop strictes/ne me conviennent pas » à 3%, prouvant que les règles sont en général gage de sécurité, peut-être pas assez présente sur ces groupes marchands.
Ici, le schéma apparaît similaire dans les deux cas : la plupart des sondés n’ont pas d’opinion sur le sujet du Marketplace, que ce soit par rapport à ses avantages ou ses inconvénients. Mauvaise communication de la part de Facebook sur cette fonctionnalité ? Ou désintéressement de la part des utilisateurs ? Cela ouvre beaucoup de questionnements. L’absence d’opinion est cependant plus forte pour les avantages (49,3%) que pour les inconvénients (35,8%). Il y a plus d’utilisateurs étant prêts à communiquer sur les désavantages d’un outil comme Marketplace que le contraire. Pour les avantages, le reste des résultats est assez partagé. Les plus pertinents (sans compter l’absence d’opinion) étant « Je peux localiser les vendeurs (pour faire de l’échange en main propre…) » à 28,4%, « Je trouve cette fonctionnalité plus simple/pratique » à 20,9%, « Je peux faire en fonction de mes moyens avec la barre de prix » et « Tout le monde peut y accéder » à 17,9% ainsi que « Cela paraît plus sécurisé » à seulement 11,9%. Ces opinions représentent donc une minorité de l’échantillon de sondés, ce qui traduit peut-être un certain manque de confiance envers Facebook. Le résultat le moins choisi étant « Il y a moins de règles à respecter » à 1,5%, cela prouve qu’un encadrement dans les transactions marchandes est primordial pour les utilisateurs. Quant aux inconvénients, nous avons également ce genre de minorité un peu plus importante cependant, car le résultat le plus choisi n’est pas aussi majoritaire qu’au-dessus. À 26,9%, nous avons « Les mauvaises expériences », « Je ne connais pas cette fonctionnalité » à 22,4% (qui était présente mais très peu choisie dans la partie des avantages, traduisant peut-être une certaine déception de ne pas connaître cette fonctionnalité ?), « Je n’ai pas confiance en cette fonctionnalité gérée par Facebook » à 17,9% et « Cela ressemble trop à d’autres sites de vente » à 11,9%. Nous pouvons donc constater que la plupart des utilisateurs pourraient être prêts à utiliser cette fonction si elle était mieux mise en avant, mais le problème de la confiance envers Facebook et envers son manque de sécurité pèse dans la balance.
Nous voici maintenant dans la partie finale du questionnaire, servant à déterminer quelle opinion les sondés ont du marché sur Facebook. La question au-dessus et les deux autres suivantes étaient désormais accessibles à la totalité des 240 personnes, que ce soient des utilisateurs du réseau social participant à ce marché ou non.
On constate immédiatement que les avis sont partagés : c’est presque un 50/50. Il est alors d’autant plus intéressant d’analyser les deux questions suivantes qui approfondissent ce résultat. Les deux questions étant tout simplement Si oui, pourquoi ? et Si non, pourquoi ?
On constate que la grande majorité des sondés ayant répondu « oui » pensent que « Tout est centralisé (profil, géolocalisation, consultation régulière…) et donc plus pratique ». La question de confiance en Facebook ne se pose donc plus vraiment pour cette partie et met en avant le côté accessible de la plateforme, qui pourrait être un avantage pour le réseau social et son marché. Cette notion est d’ailleurs souvent reprise dans les entrées écrites manuellement. Nous avons également dégagé une remarque intéressante : « Un réseau social est fait pour mettre en relation, quelle que soit la nature de cette relation (y compris commerciale, donc). » Facebook proposant un marché pourrait donc être tout simplement une extension à sa nature au lieu d’être une entrave. Nous pouvons dire que, d’après nos résultats, il y a un côté intéressé à cette évolution. Bien que Facebook ne semble pas être un grand marché d’e-commerce, il peut peut-être prétendre à le devenir.
À une majorité quasi identique que pour les réponses positives, les personnes ayant répondu « non » pensent : « Ce n’est pas le but premier de Facebook selon moi, le réseau social s’éparpille trop », ce qui contraste radicalement avec les résultats au-dessus. Il nous semble être dans un cas d’opposition tranchée, les deux partis ayant une vision très opposée de la même chose. Il y a également un nombre assez conséquent de personnes pensant « Je n’ai pas confiance en Facebook » à environ 49,2%, qui se ressent également dans les entrée ajoutées. Il n’est cependant pas majoritaire et plus de personnes semblent penser que Facebook n’est pas là pour proposer un marché. Il n’est donc même pas question d’y participer dans un premier temps.
Ce que nous pouvons retenir de ce questionnaire, qui servira de réflexions à développer par la suite, est donc que le marché de Facebook est utilisé par une minorité d’utilisateurs du réseau, souvent de manière spécifique et unique par rapport à d’autres sites marchands ; et que deux écoles se forment autour de la légitimité de Facebook en tant que marché : ceux qui n’y croient pas et ceux qui voient en cette dimension de Facebook un outil pratique.
Que peut-on en tirer de Facebook en tant que plateforme d’e-commerce ?
On peut constater beaucoup de choses à partir de ces résultats, et cela nous donne un aperçu de ce que peut réellement signifier le marché de Facebook. Au vu de l’impopularité notable de la fonction marchande du réseau social, on peut se risquer d’affirmer que Facebook n’est pas un grand marché comparé aux grands sites d’e-commerce que nos sondés préfèrent largement utiliser. Un fait causé par deux grands problèmes qui ont pu être relevés : l’insécurité légitime des utilisateurs et la crédibilité partagée du réseau social en tant que commerce. Le manque de sécurité n’est pas forcément lié à une méfiance de la plateforme au vu des réponses concernant les utilisateurs ayant déjà contribué au marché Facebook et ayant réellement vécu de mauvaises expériences dessus. La moitié des personnes passant outre la question de légitimité du réseau social, lui donnant sa chance, ne se retrouvent donc pas forcément en situation de confiance face à une transaction, ce qui est pourtant un des fondamentaux de l’e-commerce. Lorsqu’un marché n’est pas sécurisé, sa dématérialisation le rend plus vulnérable, plus propice à des dérapages.
Cependant, peut-on aller jusqu’à penser que le marché de Facebook est inutile ? Il semble exister pour une raison, et plusieurs communautés d’habitués se sont formées autour de la plateforme. Nous avons déjà évoqué le parallèle entre Facebook et sa ressemblance avec un « vide grenier en ligne », et c’est justement cette dimension qui paraît intéressante à exploiter. Facebook pouvant être considéré comme un petit marché, il peut s’avérer attirant pour des utilisateurs en besoin d’articles très spécifiques, notamment les collectionneurs. On retrouve énormément de groupes dédiés à la vente et à l’échange d’objets de collection : Funko Pop !, pin’s (en particulier les communautés de pin trading Disney : des échangeurs et collectionneurs de pin’s passionnés, cette pratique est très répandue dans les parcs Disneyland), cartes… Ce genre de plateforme semble alors parfaite pour la collecte d’articles spécifiques plutôt que des articles trouvés dans de grands marchés plus sécurisés, ce qui semble très logique. Si ces articles-là ne sont pas disponibles dans les plateformes classiques utilisées par la plupart des internautes, il est normal que ces derniers se tournent vers des solutions plus marginales.
Enfin, même si la popularité du marché Facebook n’est pas avérée, rien ne prédit son évolution future. Si une moitié ne croit pas en la légitimité du réseau social, l’autre ne voit pas d’inconvénient à l’imaginer, et voit même une dimension pratique à son existence. De plus, la création du Marketplace par Facebook et son incorporation des groupes marchands sur la même page montre que le réseau social ne fait pas la sourde oreille aux pratiques qui se développent. Sur le long terme, nous pouvons imaginer que Facebook pourra peut-être développer un réseau marchand plus conséquent s’il règle les problèmes de sécurité des transactions, et deviendra la brocante de demain.
Sources : https://www.twenga-solutions.com/fr/insights/histoire-e-commerce/
https://www.blogdumoderateur.com/chiffres-e-commerce-2016-2017/
https://www.numerama.com/business/282920-facebook-marketplace-le-le-bon-coin-du-reseau-social-debarque-en-france.html