Auxane NITHARUM et Benjamin LOGEROT
M1 CMW – Groupe 2
2017/2018
Introduction
Il est de ces jeux dans le paysage vidéoludique qu’il est impossible d’appréhender simplement en lisant un ou deux articles par ci par là ou en regardant une vidéo, tellement les mécaniques et principes de jeu sont complexes pour les néophytes. Elite Dangerous fait partie de ceux-là. Elite Dangerous est un jeu vidéo de simulation spatiale de combat/commerce/exploration massivement multijoueur sorti en 2014 sur PC (plus tard sur Xbox One et PlayStation 4), développé et édité par les britanniques de Frontier Developments. Pour résumer simplement, le joueur se retrouve aux commandes d’un petit vaisseau au maniement complexe (d’où le nom de « simulation » pour ce type de jeu), lâché au milieu d’un système de la Voie Lactée reproduite à l’échelle 1 : 1. Au joueur de mener sa vie à travers les systèmes de la galaxie. Il pourra se spécialiser dans le minage de ressources dans les champs d’astéroïdes présents ici et là ou en tant que chasseur de primes s’il aime l’action et agir au service de la loi. Petite parenthèse sur la reproduction de la galaxie : la Voie Lactée apparaît à l’échelle 1 : 1 avec les systèmes, nébuleuses et autres curiosités spatiales connues modélisées et placées selon les calculs scientifiques. Pour ce qui est des systèmes encore inconnus, le jeu les intègre de manière procédurale, c’est-à-dire aléatoirement. Anecdote amusante : Si tous les joueurs présents sur Elite Dangerous voulaient explorer et découvrir les 400 milliards de systèmes de notre galaxie, il leur faudrait environ 56 206 ans pour en arriver à bout.
Cette estimation nous vient du site de fans Elite : Dangerous Star Map, qui répertorie à peu près toutes les données acquises dans le jeu par les joueurs. Un genre de Wikipedia des informations du jeu, si nombreuses à prendre en compte. Un site créé par des fans donc, qui apporte de très nombreuses informations utiles au débutant comme au joueur chevronné. Une main tendue à toutes et tous par des personnes motivées et désireuses d’aider leur prochain dans ce monde virtuel. Une tendance apparaissant de plus en plus limpidement à mesure de l’avancée et de l’expérience du joueur sur Elite Dangerous. La solidarité et l’entraide sont présentes aux quatre coins de la galaxie. Notre vaisseau tombe en panne au milieu de nulle part ? Il suffit juste d’envoyer un message auprès d’un groupe de joueurs pour que ceux-ci nous viennent en aide avec du carburant fraîchement embarqué. Une personne a du mal à prévoir son budget pour acheter et équiper un nouveau vaisseau ? Une base de données lui permet de sélectionner ce qu’il souhaite acheter et l’ordinateur calcule pour lui ce qu’il devra dépenser et où acheter ce dont il a besoin.
Des sites, feuilles de calcul et autres systèmes d’imagerie créés par les fans se sont multipliés sur le net avec pour unique mot d’ordre : la solidarité.
Il nous est alors apparu une question d’importance concernant le jeu et ce qui a fait en partie son succès : Comment l’implication de la communauté d’Elite Dangerous participe-t-elle à donner une expérience solidaire et positive du jeu ?
S’il est impossible d’aborder tous le contenu du jeu en lui même et de ce que la communauté a construit autour, il sera tout de même intéressant d’analyser et expliquer certaines tendances et autres modes de fonctionnement. En effet, après diverses recherches, les contenus dits de “fans” sont tellement nombreux et parfois complexes, qu’ils donnent presque autant, voire plus, le tournis que le contenu en jeu créé par le studio de développement.
Nous débuterons ce travail d’analyse par présenter un peu plus précisément ce que sont Elite Dangerous et ses mécaniques, les rôles que le joueur peut occuper et enfin faire une liste non exhaustive mais détaillée de quelques fan-sites importants créés par la dite communauté. Une présentation utile pour mieux comprendre par la suite les sujets que nous aborderons. Dans une deuxième grande partie nous plongerons encore plus profondément dans la constellation Elite Dangerous. Nous commencerons par aborder l’implication des joueurs et finirons en expliquant ce qu’apportent en général les sites de fans à ceux-ci.
I – Le système d’Elite Dangerous
A) Présentation du jeu
a. Présentation du principe général
Nous allons revenir dans cette partie un peu plus en profondeur sur les principes de base du jeu de Frontier Developments afin d’apporter des éléments nécessaires à la compréhension des enjeux qui découlent des mécaniques du titre. Comme dit dans l’introduction, Elite Dangerous est un jeu de simulation spatiale dans lequel le joueur est aux commandes d’un vaisseau et est libre de parcourir à sa guise la Voie Lactée entière recréée à l’échelle 1:1. Il s’inscrit dans la série Elite débutée en 1984 sur Amiga, Commodore 64 ou encore ZX Spectrum et créée par David Braben, encore aux commandes aujourd’hui. Des joueurs ont donc littéralement grandi avec cette série, expliquant en partie le succès d’Elite Dangerous aujourd’hui, qui s’est vendu à plus de 1,5 million d’exemplaires dans le monde.
Le contexte du jeu est relativement simple de base. Nous sommes au tout début du 3e millénaire (une année dans le jeu correspondant à une année réelle. Nous sommes actuellement en l’an 3004, soit 4 ans après le lancement de Elite Dangerous) et les humains ont colonisé des dizaines de systèmes, formant une gigantesque (mais minime lorsqu’on la compare à la taille de la galaxie) bulle de systèmes habités s’étalant autour du système solaire, point de départ évident de la colonisation. Depuis peu, il existe même dorénavant un nouveau secteur colonisé appelé Colonia, et se trouvant beaucoup plus près du centre de la galaxie, à plus de 20 000 années lumière de la Bulle.
Il existe trois grands pouvoirs politiques mis en place dans cette bulle pour gérer les dizaines de milliards d’habitants : L’Alliance, la Fédération et l’Empire, chacun dirigé par un personnage élu ou une famille régnante. Mais, au sein de ces superpuissances, existent aussi des supers organisations et des organisations plus mineures, ayant prêté allégeance à un des pouvoirs ou désirant se faire une place sur l’échiquier politique complexe. Nous reviendrons d’ailleurs plus en précision sur ce sujet dans la suite de notre développement.
La plupart des systèmes du jeu contiennent une ou plusieurs étoiles centrales de différents types réels (naines blanches, brunes, étoiles à neutron, etc) ainsi que des planètes, des champs d’astéroïdes et parfois quelques curiosités spatiales comme des trous noirs. Dans la bulle habitée, la plus grande partie des systèmes présents comportent diverses stations spatiales orbitales afin que les pilotes puissent se poser, recharger leur carburant et avoir accès à tous les services disponibles, comme le tableau de missions, l’écran de commerce ou encore les équipements pour les vaisseaux. Pour pouvoir profiter de toutes ces choses, il faut bien évidemment une monnaie, ici appelée “crédits”. Car Elite Dangerous dispose d’un véritable système économique évoluant à mesure que le temps passe et en fonction des actions des joueurs. Par exemple, si plusieurs joueurs viennent acheter le même type de produits dans une même station, le prix de celui-ci augmentera à cet endroit, dû à la forte demande en cours. Des prix fluctuants d’achat et de vente qui dépendent à la fois de l’offre, de la demande, mais aussi des routes commerciales empruntées dans la galaxie.
En effet, dans Elite Dangerous, s’il est possible de voyager vers n’importe quel système de notre choix à une vitesse rapide (quelques secondes suffisent pour passer d’un système à un autre en utilisant des réacteurs permettant de plier l’espace et le temps à volonté), effectuer de longs trajets nécessite une préparation certaine. Une grosse partie de celle-ci est gérée par le jeu qui calcule un itinéraire à partir du point de départ et du point d’arrivée, en tenant compte de plusieurs facteurs que l’on peut définir (poids du vaisseau, quantité de carburant à bord, etc). Des routes donc, qui sont créées à l’échelle galactique par des systèmes avancés développés pour le jeu.
Tout ce que nous avons énuméré ci dessus ne représente encore que la surface de ce que Elite Dangerous a à proposer aux joueurs du monde entier, mais c’est un bon début pour mieux comprendre le tout. Développons maintenant un peu plus certains principes.
b. Un aspect politique et économique développé
Elite Dangerous possède ce qui est communément appelé dans le jeu un système de “background simulation” définit en ces termes par les joueurs sur le Wiki officiel : Le background simulation (qu’il serait possible de traduire par “simulation de contexte”) est un système complexe qui conduit à un système dynamique de changements constants des pouvoirs et de l’influence. Les luttes entre les petites factions sont courantes dans la galaxie et sont menées par les actions des joueurs à la fois indirectement et directement à travers les missions menées pour certains systèmes et d’autres activités.
Les joueurs ont le choix de soutenir une faction plutôt qu’une autre en l’aidant par exemple à gagner des batailles spatiales, en accomplissant des missions spécifiques (sabotage, assassinats, don d’argent, convoiement de ressources stratégiques) ou en prêtant allégeance à celle-ci. Si les actions d’un seul joueur n’ont que relativement peu d’effet à l’instant T, il peut tout de même aider à faire pencher la balance. Et lorsque l’on voit que Elite Dangerous est joué par environ 3 à 10 000 personnes par jour (ces chiffres sont des estimations venant de diverses sources officielles et non officielles comme la liste des jeux les plus joués de Steam, le site Steamcharts ou encore SteamSpy), il devient alors plus facilement possible de se faire une idée des bouleversements constants que peut subir l’univers d’Elite Dangerous.
Une façon pour Frontier Developments d’intégrer les joueurs dans l’univers entier du jeu et de les faire se sentir impliqués dans les changements qu’il subit. Le Commander (nom donné aux joueurs) n’est pas simplement un vaisseau perdu dans une gigantesque galaxie mais fait partie d’une histoire globale, que l’on pourrait considérer comme épique au vu de la densité de celle-ci. Il n’est pas simplement spectateur de ce qu’il se passe autour de lui, mais aussi acteur. Et en ce sens, il a la possibilité de jouer plusieurs rôles comme il l’entend. Lui donner la possibilité d’appartenir à un groupe peut également encourager son investissement. Les joueurs ayant prêté allégeance à une faction plutôt qu’à une autre se retrouvent alors dans la théorie dite de l’endogroupe développée en 1971 par Tajfel. Les pilotes ont donc plus tendance à interagir et à apprécier les membres de leur groupe et à montrer plus d’hostilité envers les individus de l’exogroupe, à savoir ceux appartenant à une autre faction. Soyons clair tout de même, ces relations se basent surtout vis à vis de l’IA du jeu, soit les personnages contrôlés par l’ordinateur, programmés pour réagir de la sorte. En effet, lorsqu’un joueur est très bien implanté au sein d’une faction, des vaisseaux d’un autre groupe peuvent se mettre à le pourchasser dans la galaxie afin de le détruire. Autre exemple typique, les missions données par les factions peuvent parfois avoir pour but de saboter des stations ou d’assassiner des membres d’un groupe “ennemi”. Cette observation peut être évidemment appliquée à nombre d’autres MMO (des jeux massivement multijoueurs) comme World of Warcraft, dans lesquels les relations de joueurs à joueurs est plus mis en avant et où les outils permettant de telles interactions ont plus été créés pour encourager ces comportements (système de la Horde et de l’Alliance dans WoW).
c. Les occupations possibles du joueur
Selon Bo Marit, community content manager chez Frontier, il existe plusieurs façons pour les joueurs de s’intégrer au jeu : “Vous pouvez jouer en solo et découvrir la galaxie par vous même, ou vous associer à des Commanders dans un jeu ouvert (la partie en ligne massivement multijoueur de Elite Dangerous, par opposition à la partie solo où le joueur ne rencontre que des personnages contrôlés par l’ordinateur) et soit explorer, échanger ou vous battre pour être le meilleur. C’était notre objectif original pour Elite, donner aux joueurs l’option de jouer à leur façon. Ils peuvent toujours faire ça aujourd’hui, ce qui est génial.”
Il est donc possible de jouer plusieurs rôles dans Elite Dangerous. Par exemple, un joueur peut décider de s’acheter un vaisseau d’exploration et partir à la découverte de la galaxie et de ses curiosités afin d’emmagasiner des données et de les revendre une fois revenu à son point de départ et permettre à Frontier d’évaluer les systèmes à potentiel et leur permettre de préparer les prochains cycles de colonisation. Par ailleurs, il s’agit d’une activité très longue et lente mais incroyablement lucrative sur le long terme (partir en exploration plusieurs semaines et découvrir de nombreuses nouvelles planètes peut rapporter au final plusieurs dizaines de millions de crédits).
Elite Dangerous est parfois appelé “Routier de l’espace Simulator” par les joueurs. Une appellation humoristique désignant le métier de convoyeur de marchandises. Celui-ci consiste en effet à récupérer une certaine quantité de marchandises dans une station A et à les acheminer dans un temps imparti à une station B plus ou moins éloignée afin de toucher une récompense. Une façon simple de se faire de l’argent mais assez rébarbative. Dans le même style, un joueur peut décider de se lancer dans le commerce en achetant diverses marchandises dans un système et à les revendre dans un autre afin de faire le plus de profit possible. Ces “commodités” comme elles sont appelées vont du vin aux composants électroniques en passant par des minéraux et même des produits illégaux comme, parfois, des esclaves.
Un joueur peut également décider de passer son temps à se battre en devenant par exemple chasseur de primes. Pour résumer, Elite Dangerous possède un système de primes posées sur des personnages et des joueurs eux-mêmes en fonction de la gravité des infractions et crimes commis. Partir à la recherche des vaisseaux recherchés par les autorités et les détruire constitue une occupation de choix dans le jeu puisqu’elle peut être lucrative et comporte son lot d’action.
A chaque style de jeu correspond donc une occupation et tout le monde peut alors y trouver son compte sans se sentir mis sur la touche. Et lorsque des problèmes surviennent ou que des joueurs ne se sentent pas assez impliqués, Frontier reste à l’écoute. “Nous avons vu le jeu évoluer depuis le début, nous surveillons notre communauté de près à travers les interactions que nous avons avec eux (livestreams avec des développeurs pour répondre à des questions de joueurs ou sur les réseaux sociaux) et les enquêtes que nous menons auprès d’eux, ainsi qu’à travers les retours que nous avons directement des créateurs de contenus et des chefs de groupes” nous explique Bo Marit.
Pour remplir toutes ces missions le joueur dispose d’un choix de vaisseaux conséquent à acquérir, chacun ayant ses particularités et ses spécialisations. Certains sont destinés au convoiement de marchandises, disposant de larges soutes pouvant accueillir un nombre important de matériaux, lorsque d’autres sont plus utiles pour le combat, légers et rapides. Lors de l’achat, et même après, il est possible de personnaliser son vaisseau plus en profondeur. Le jeu propose toute une panoplie d’équipements à mettre sur les engins. Par exemple, pour avoir un vaisseau taillé au mieux pour l’exploration, il faudra privilégier de bons modules (les équipements) comme le réacteur FSD, qui permet d’effectuer des sauts entre les systèmes, le réservoir de carburant, des scanners pour obtenir un maximum de données utiles ou encore des drones de réparation afin de pallier à d’éventuels dommages possibles lorsqu’on se trouve loin de toute civilisation. Il faut donc réfléchir lorsqu’on achète un vaisseau, au delà des capacités de base possible, demandant alors une certaine minutie dans la préparation du vaisseau. On n’achète pas simplement un engin parce qu’il est “joli” ou “puissant”. Il faut prendre en compte divers facteurs comme le type d’usage que le joueur va en faire, les possibles difficultés rencontrées ou encore l’argent que l’on peut investir dedans. De très nombreux paramètres, qui peuvent parfois perdre le joueur lambda, peu habitué, qui pense encore qu’il ne peut que s’appuyer sur ce que le jeu lui propose comme outils. Erreur que de penser de la sorte, car la communauté d’Elite Dangerous est là aussi pour aider.
B) Les fan sites
a. Les bases de données
A la question “comment se rendre compte de cela?” , il suffit simplement de répondre “visiter les sites créés par des fans, pour les fans”. On remarquera d’un premier coup d’oeil la rigueur, l’effort et le niveau d’exécution, digne d’un site officiel.
Le rôle des joueurs dans la communauté Elite Dangerous s’étend bien plus au delà du simple jeu. Selon leurs besoins et selon leurs ressources, ces derniers créent toute une multitude d’outils dans le but de simplifier leurs échappées dans l’espace. C’est ainsi qu’au fil des années se sont développées des bases de données recensant stations spatiales, étoiles, matériaux, modules, vaisseaux, joueurs; des cartes permettant de maximiser ses routes de commerce; d’exploration; des forums d’entraide où sont postés des guides complexes, ayant pour cibles débutants tout comme experts; ainsi que des réseaux sociaux actifs permettant à tous les joueurs de mettre en ligne des photos et autres billets de blog contant leurs aventures.
Les bases de données se comptent facilement par dizaines, d’importance variée. Elles peuvent être générales ou cibler un aspect particulier du jeu. Pour être les plus complètes possible et afin de combler les manques, presque toutes les bases de données sont connectées entre elles et profitent du travail des joueurs qui remplissent ces bases dans un partage en synergie. Cela veut dire qu’une base de donnée dont le thème primaire est le prix de vente et d’achat des produits commerciaux, afin de compléter ce qu’elle offre, va chercher d’autres informations dans une autre base.
La plus grande base de données à ce jour se nomme EDDB : “Elite Dangerous DataBase”. Elle a été créée par l’allemand Paul Heisig, de son pseudonyme Commander themroc. Étant extrêmement large, en taille comme dans ses sujets traités, elle utilise les données d’autres bases pour se compléter. A l’inverse des autres cependant, elle est globale et recense tous les aspects du jeu, c’est un des outils annexes les plus puissants. Grâce aux données entrées manuellement par les joueurs concernant prix des ventes, systèmes et stations spatiales, la base s’enrichit et se met à jour.
Ces bases de données illustrent bien cette tendance des joueurs à établir par eux-même des règles d’exécution. En effet, mis à part l’alimentation manuelle des bases de données par les joueurs, ces dernières échangent entre elles tous les soirs grâce à des dépôts de fichier JSON ou tableurs dans les pages API (Application Programming Interface) des bases de données. Ces fichiers récupérables et gratuits permettent donc l’import de données depuis une autre base, tous les jours. Un serveur Discord public et peuplé de plusieurs centaines de personnes existe même afin de permettre à tous les fans qui veulent et à des programmeurs passionnés d’échanger sur les meilleures façon de tenir ces bases de données et de les améliorer.
Les joueurs les plus méticuleux utiliseront ces données dans le but de se tenir informés de la hausse des prix des marchandises qu’ils transportent ou encore des changements géopolitiques ayant eu lieu. Les bases de données apportent donc un mécanisme définitivement important au jeu, qui paraît être presque indispensable dans sa façon de compléter le gameplay. Sans elles, le joueur serait amené à errer dans le système, à la recherche de la situation la plus fructueuse qu’il puisse trouver grâce aux outils mis à disposition dans le jeu, c’est-à-dire rudimentaires. Grâce aux fanbases, les pilotes d’Elite Dangerous peuvent en quelques pages établir un plan de commerce et être sûr d’être au bon endroit, au bon moment afin de profiter de tous les bénéfices.
b. Les cartes et GPS
La galaxie à échelle 1:1 est sans surprise extrêmement vaste. Afin de mettre toutes les chances de survie de leur côté, les fans de Elite Dangerous ont aussi collaboré afin de produire des cartes de la galaxie ainsi que des sites servant de GPS. Les outils cartographiques occupent une grande partie du panel mis à la disposition des joueurs, par les joueurs. Ils se présentent de plusieurs façon:
- soit un itinéraire simple, du type voyage d’un point A à un point B
- soit d’une carte détaillée représentant toutes les étoiles et systèmes découverts.
De la même manière que les bases de données, les outils cartographiques sont réalisés par les joueurs, de leurs propres moyens. On les retrouve sous plusieurs formes comme par exemple un site web normal ou même un mod de jeu qui change une partie de l’interface pour nous permettre d’accéder à des détails qui nous demanderaient autrement de sortir du jeu pour nous renseigner en ligne. Ce type d’outils participent à l’immersion en offrant une gamme complète de filtres permettant de rechercher précisément la route que l’on souhaite suivre. L’affichage sur un écran annexe permet d’avoir sous les yeux beaucoup plus de détails, évitant ainsi l’obligation de naviguer dans les différentes fenêtres du jeu, notre “tableau de bord”, que l’on compte déjà par dizaines, et se concentrer sur la navigation dans l’espace.
Les cartes et GPS sont mises à jour par le biais des données récupérées via le journal de bord que certains pilotes tiennent, et servent ensuite à alimenter les plus grosses bases de données.
La plus connue, EDSM ( “ Elite Dangerous Star Map”) permet de :
- Faire un suivi de son plan de vol
- Faire un suivi de son équipe
- Faire un suivi de ses rangs ( réputation)
- Ecrire un journal de bord
- Commenter et marquer les systèmes explorés
- Trouver des objets particuliers dans les milliers de stations disponibles
- Trouver les vaisseaux disponibles à l’achat dans les stations.
Elle propose même aux explorateurs, pour qui la clé du succès est la découverte de systèmes auparavant inconnus, d’étudier une carte des déplacement dans la galaxie, afin de mettre toutes les chances de leur côté durant leurs voyages.
Pour d’autres, il s’agira simplement d’établir un plan de vol qui les emmènera visiter différents points d’intérêt, sous la forme d’expédition. Ils pourront ensuite publier ce plan sur le site de EDSM afin de trouver des camarades de vol. Le site se double donc comme un hub central pour tout explorateur désireux de faire des rencontres et de partager l’expérience de jeu. Certaines expéditions peuvent être simplement à but touristique. C’est-à-dire qu’ un joueur décide d’emmener d’autres pilotes dans des régions qui leur sont inconnues afin de leur faire découvrir les secrets de l’univers sur lesquels il est tombé durant son voyage. Il est aussi utile pour vérifier son itinéraire sans avoir à ouvrir le jeu, un aspect sur lequel nous reviendrons plus bas dans ce dossier.
c. Les sites d’entraide
Au-delà des sites facilitant la navigation directement dans le jeu, la communauté d’Elite Dangerous bénéficie aussi de sites promouvant l’entraide entre les joueurs, de toutes classes et de tout niveau.
Le cas le plus pertinent de site d’entraide est celui des Fuel Rats, un concept unique au jeu. Pour donner une brève description de ce service : ce sont des joueurs entièrement volontaires qui viennent au secours de vaisseaux tombés en panne, dans toute la galaxie. Le site des Fuel Rats, créé par ses membres, se vante d’un design moderne professionnel et propose au public d’explorer en chiffres et statistiques l’influence qu’ils ont eu sur le jeu jusque là.
Le fonctionnement est simple. Le pilote dont le vaisseau tombe en panne se rend sur le site web des Fuel Rats et envoie une demande de sauvetage avec ses coordonnées. Le service est gratuit et le dépannage se fait selon les disponibilités des Fuels Rats, en comptant le temps de déplacement jusqu’à destination. Du côté des Rats, leur mission est de retrouver le vaisseau nécessitant le dépannage, apporter suffisamment de fuel et enfin raccompagner le pilote en lieu sûr, où il ou elle pourra faire le plein. Les rescousses se font sur toutes les plateformes disponibles : PC, Xbox, PlayStation. Le Fuel Rat classé numéro 1 a en tout participé à 1182 dépannages au cours de son temps de jeu.
Il y a quelques semaines, ce groupe de sauveteurs faisait parler de lui alors qu’ils commençaient un voyage qui aura duré 48h au total, afin de porter secours à un vaisseau explorateur, appartenant au Commandant Persera, tombé en panne aux marges de la galaxie. Le sauvetage à été diffusé en direct via la chaîne Twitch d’un des acteurs des Fuels Rats présent sur la scène. Cet acte “héroïque” comme le décriront certains, est le premier dans l’histoire du jeu et est évoqué dans des dizaines de billets de blogs et site webs dédiés à l’univers du jeu vidéo. Les deux pilotes des Fuel Rats ont été acclamés en héro, et un chapitre de fiction entier à été écrit sur cet épisode.
d. Les réseaux sociaux
Pour partager ces écrits, les joueurs d’Elite Dangerous ont établit des hubs sur différents réseaux sociaux, et ont créé des sites hébergeant les journaux de bords des différents pilotes volontaires. Reddit est la base non-officielle la plus active avec une moyenne de 50 nouveaux billets par jour. Les joueurs peuvent poser leurs questions et obtenir rapidement des réponses, mais aussi mettre en ligne des captures d’écran du jeu mettant en avant leur vaisseau ou l’une de leurs découvertes. Ce centre de partage foisonnant est là où nous avons mené une partie de notre enquête concernant le jeu. La communauté est, majoritairement, conviviale et nous à fourni toutes les informations que nous avions demandé.
L’autre partie sociale de Elite Dangerous sur le web, prend place dans ce que l’on appelle des “Commander’s log”, ce que l’on peut traduire par un “Journal de bord des commandants”. Le but de ces journaux est simple : répertorier tous ses trajets et prendre des notes. Certains commandants prennent des notes très sobres et terre à terre à but uniquement informatif si jamais ils ne touchent pas au jeu pendant quelques semaines et désirent se rappeler ce qu’ils étaient en train de faire par exemple. D’autres prennent plaisir à se mettre dans la peau d’un véritable pilote de vaisseau spatial et écrivent leur journal de bord à la manière d’un jeu de rôle, d’un conte de fiction à propos de leur aventure.
Ils permettent, entre autre, d’alimenter les bases de données automatiquement, sans que le joueur aie à entrer les informations manuellement. Cela fonctionne encore une fois via l’aide de mods, qui récoltent des données sur l’itinéraire, d’abord pour le pilote, puis pour les bases.
“Fuel Rats have saved my skin before. I’ve used EDDB, Inara, Rougey, Coriolis, ED Bearing. Various Engineer guides and exploration guides. EIC also has a couple of in house services that are a huge help in the game.”
Cmdr Lobe Tbone, Reddit
C’est ainsi grâce à un réseau d’outils entièrement connectés les uns aux autres que la communauté a bâti une structure d’aide à un jeu déjà complexe, qui ne saurait être reproduite dans d’autres cas. Un joueur témoigne de son utilisation des outils annexes : “ Les Fuel Rats ont déjà sauvé ma peau. J’utilise EDDB, Inara, Rougey, Coriolis, ED Bearing. Plusieurs guides portant sur les ingénieurs et l’exploration. EIC (East India Company) propose aussi leurs propres services, qui sont d’une grande aide dans le jeu.”
Cependant, ce n’est pas seulement cette exploitation des données qui fait des joueurs de Elite Dangerous un modèle de communautarisme. Il faut aussi envisager toute la partie liée directement au jeu que les joueurs influencent de par leurs actions.
II – La communauté d’Elite Dangerous
A) L’implication des joueurs
a. Dans l’histoire
Elite Dangerous dispose d’un lore, c’est à dire une histoire, fourni et détaillé. Les développeurs du jeu font avancer les différentes histoires à mesure que le temps, les semaines et les mois passent. Remettons nous un peu dans le contexte actuel de ce début d’année 3004. Il y a un an, des signaux étranges ont été enregistrés dans un secteur non loin de la Bulle habitée, le secteur des Pleiades. Des joueurs ayant eu vent de cette nouvelle via le canal d’information du jeu, appelé Galnet (l’AFP du jeu pour résumer), se sont alors précipités dans le secteur précédemment cité et ont commencé à en scanner les moindres recoins. Très vite, les anciens joueurs de la série Elite ont reconnu ces signaux comme étant des signes de vie des Thargoids, des aliens bien connus des fans. Le temps passe et la communauté apprend que des structures Thargoides sont présentes sur des planètes du secteur des Pleiades. Une ruée de joueurs a alors lieu, provoquant diverses missions communautaires afin de bâtir des stations orbitales dans le secteur pour servir d’avant poste aux joueurs. Le projet a été mené à bien grâce à l’implication des Commanders, qui ont livré en quantités énormes des matériaux nécessaires à la construction des stations.
La chasse aux structures Thargoides a pu alors vraiment commencer. A chaque nouvelle structure découverte, scannée et analysée, les joueurs envoyaient leurs informations aux diverses bases de données. En peu de temps, des centaines d’informations ont été regroupées sur un document ouvert à tous.
Un beau jour, le Commander DP Sayre enregistrant sa partie sur Xbox, capture la toute première rencontre dans l’espace entre un joueur et un vaisseau Thargoid. La communauté a sa réponse : les aliens sont de retour. Beaucoup y voient alors une menace et décide de s’équiper en conséquence. De leur côté, les développeurs et scénaristes font réagir les divers acteurs du jeu en publiant des déclarations publiques des différents leaders des factions majeures.
Au bout de quelques mois après le début des émissions de signaux étranges, les Thargoids arrivent de plus en plus nombreux dans la galaxie. Ils agissent d’abord de façon curieuse en scannant chaque vaisseau arrivant à portée de leurs outils, mais n’hésitant pas à attaquer et détruire sans sommation les Commanders s’approchant trop. Encore plus tard, des Thargoids deviennent violents et des affrontements éclatent. Des stations sont détruites dans le secteur des Pleiades. Des missions communautaires sont alors lancées par les équipes en charge du jeu afin de porter secours aux personnes bloquées dans le secteur. Les affrontements se faisant de plus en plus violents, les grandes factions réagissent. Nous assistons alors à une alliance inattendue entre la Fédération et l’Empire afin de mener le combat. Une nouvelle mission communautaire d’envergure est lancée. Objectif : construire un super-vaisseau capable de résister aux assauts Thargoids et défendre la Bulle habitée. Cette mission laissait deux choix d’action aux joueurs : apporter les commodités nécessaires à la construction ou défendre le chantier contre d’éventuels pirates. Au total, plus de 10 000 Commandants ont participé à cette mission, qui a atteint ses objectifs deux jours avant l’échéance de celle-ci.
Une preuve de l’implication des joueurs et de l’intérêt qu’ils portent à l’histoire qui se développe dans la galaxie. Une implication motivée aussi, ne nous le cachons pas, par une promesse de rémunération à hauteur de la participation de chaque joueur. En se basant sur toutes ces observations, une chose devient alors clair. Les développeurs font avancer l’histoire du jeu, ce qui pousse les joueurs à réagir, entraînant une nouvelle avancée de l’histoire basée sur les résultats de leurs actes. Un cercle vertueux qui fait se développer constamment le lore.
b. Dans les événements
Cette explication n’était que centrée sur l’histoire développée par Frontier Development. Mais la liberté laissée aux joueurs dans l’entièreté de Elite Dangerous leur permet aussi de créer leurs propres histoires, sciemment ou non. Nous allons encore une fois développer une histoire ayant eu lieu dans le jeu, mais aussi en dehors, brisant les frontières entre les médias. Il s’agit de l’histoire de Salomé. Lorsque le projet Elite Dangerous est arrivé sur la plateforme de crowdfounding Kickstarter en 2012, l’auteur de science fiction Drew Wagar, fan de la première heure de la série, a levé de l’argent de son côté pour écrire une histoire se déroulant dans l’univers de ce nouveau jeu. L’histoire conte les aventures de Kahina Tijani Loren, une rebelle aristocrate, qui sera plus tard connue sous le nom de Salomé qui deviendra alors leader d’une faction. Des joueurs, inspirés par cette histoire ont créé un groupe du même nom que cette faction afin d’implémenter au jeu lui même l’histoire de Salomé. Le groupe a été reconnu par la communauté pour ses exploits dans le domaine de l’exploration, leur objectif principal.
Wagar a décidé de continuer son histoire de Salomé et a voulu préparer un deuxième livre, en collaboration avec les développeurs de Frontier, afin de la faire correspondre au mieux à ce qui a déjà été développé en jeu. L’histoire transforme Salomé en “personne la plus recherchée de la galaxie” car elle détient de très nombreuses données vitales pour comprendre certains mystères de la galaxie. Ces informations révélées sur elle ont attiré les convoitises et des groupes de joueurs ont placé des primes sur sa tête. Wagar a alors entrepris, accompagné de joueurs, de jouer Salomé elle-même et de commencer un voyage fin avril 2017 pour mettre le personnage à l’abri. La réaction des joueurs et le déroulement de son voyage escorté avait pour but d’orienter son histoire et il s’appuierait sur les résultats de cette grande mission pour écrire son livre. Evidemment, des groupes de joueurs se sont alliés afin de trouver et détruire Salomé et son escorte avant qu’ils ne puissent arriver en lieu sûr.
Au total, ce sont plus de 3000 commandants qui se sont fait face, dans une course poursuite acharnée. Cela a demandé une énorme organisation de la part des joueurs qui n’ont pas manqué de partager leur expérience en temps réel sur les réseaux sociaux ou des sites de partage de vidéo. Un journaliste du site américain Polygon a même suivi l’événement directement dans le jeu, comme un reporter de guerre suivrait des soldats en opération. Après des heures de poursuite, le vaisseau de Salomé a été détruit, non pas grâce à l’organisation du groupe de poursuivants, mais par le réputé et belliqueux Commander Harry Potter, qui s’est infiltré dans le groupe de Salomé pour enfin lui porter le coup fatal, réduisant à néant les efforts des joueurs des deux côtés.
Une histoire typique qui souligne que la communauté d’Elite Dangerous transcende cette barrière du réel et du virtuel pour faire se développer l’histoire, mais qui montre aussi que tout le monde n’est pas bienveillant et ne joue pas avec les même codes. Ce Commander Harry Potter est connu de la communauté du jeu pour harceler, poursuivre et détruire de nombreux vaisseaux de joueurs juste parce que cela l’amuse. Son intervention dans la grande mission Salomé a mené à de nombreuses discussions, notamment sur le forum Reddit où des joueurs se sont outrés de ses agissements.
Mais Elite Dangerous est aussi un jeu dans lequel des histoires peuvent s’écrire sans aucune préparation préalable. Nous pouvons citer par exemple ce sauvetage héroïque du commandant Persea par les Fuel Rats, permettant à la joueuse de battre le record du voyage effectué le plus loin du centre de la galaxie. Autre exemple encore plus récent, un groupe de joueurs a entrepris un voyage vers la nouvelle bulle Colonia avec le Commandant Brandon “DoveEnigma13” Keith, alors en phase terminale d’un cancer. Des levées de fonds ont été organisées afin de pourvoir aux besoins de sa famille lorsque le temps sera venu. L’expédition, simple au demeurant a fait parler d’elle, pour son but déjà, mais aussi pour les difficultés qu’elle a rencontré. En effet, des “grieffers”, des personnes mal intentionnées ayant pour seul but de saboter l’expérience de jeu de la communauté, ont tout fait pour empêcher le malade et son groupe d’arriver à la station Enigma (baptisée donc en l’honneur de ce joueur), allant même jusqu’à exploiter un bug la rendant alors inaccessible.
Des histoires même reprises par divers médias spécialisés, participant à leur notoriété. C’est justement ce mélange de l’histoire préparée, scriptée et celle se construisant par les anecdotes et les partages des Commandants qui fait rester de nombreux joueurs.
Voici ce que que certains joueurs pensent de tout cela en réponse à un questionnaire que nous avons fait suivre sur Reddit.
Cmdr Gazatronic : “Je trouve que la communauté d’Elite Dangerous est très diverse, avec diverses opinions sur ce que devrait être Elite. Parfois, je trouve les plaintes et la négativité énervantes, mais j’ai remarqué ça dans plein de communauté de jeux aujourd’hui. Il y a de supers joueurs créatifs cependant. J’adore les vidéos funs et les choses que génèrent les gens. J’adore écouter les histoires en jeu des joueurs. Elite Dangerous est un jeu pour s’échapper. C’est relaxant. Je ne joue pas à fond pour avoir le plus d’argent possible ou le meilleur vaisseau, je pars juste en vadrouille avec mon vaisseau après le boulot. J’ai pris du plaisir à augmenter lentement mes compétences de pilotage et mes connaissances.”
Le Cmdr Zersty van Sthalhamm nous explique que rejoindre un groupe de joueurs qui participe à l’histoire et écrit la sienne est ce qui l’a aidé à continuer de joueur : “Lorsque j’ai commencé à jouer, je restais pour le plaisir du combat. J’étais le meilleur pilote de combat de mon groupe, et c’était mon rôle. Toutefois, après des années à jouer, je me suis retrouvé sans beaucoup de personnes avec qui jouer, et la seule chose que nous pouvions faire ensemble était l’exploration et c’était le seul point que nous avions alors en commun, à cause de leur perte d’intérêt pour le combat. Il y a quelques mois, j’ai décidé de rechercher un autre groupe de joueurs à rejoindre et avec qui jouer. C’est alors que la East India Company (un groupe de joueurs spécialisé dans le commerce et cherchant à étendre l’influence de l’Empire dans la galaxie) m’a trouvé et m’a offert une place. Depuis, ce qui me pousse à continuer de jouer est de me battre dans des guerres dans l’espace de la EIC pour renforcer la faction et approfondir nos intérêts. Depuis que je les ai rejoints, je me connecte beaucoup plus au jeu qu’avant maintenant que j’ai un but et de supers personnes avec qui jouer. Nous avons également un système de leaderboard, ce que j’adore car cela permet de voir sa contribution reconnue.”
B) Ce qu’apportent les sites créés par les fans
a. Une facilité d’accès de plusieurs facettes du jeu
Revenons aux outils créés par la communauté de Elite Dangerous au fil de ses années. Lorsque l’on demande aux joueurs s’ils les utilisent, ils répondront que sans toutes ces informations mises à leur disposition, le jeu serait beaucoup moins limpide, et que soit les mécanismes les plus compliqués resteraient cachés, soit ils formeraient un barrage à la progression.
Clairement, tous ces sites et modules complémentaires ne sont pas juste là pour exploiter des failles du jeu. Au contraire, ils complètent ces trous de données que le jeu lui même n’a pas sû mettre en place au début; et qu’il n’a plus besoin de faire à présent. Grâce à eux, toute l’information est accessible en très peu de temps. Et dans un jeu aussi chronophage que Elite Dangerous, cela est vital. Le joueur armé de ses bases de données favorites et de cartes des systèmes qui l’intéressent va pouvoir très rapidement extraire toutes les informations qui lui sont nécessaires au bon avancement de sa carrière en tant que pilote.
Reprenons l’exemple de l’acquisition d’un vaisseau spatial. Certains jeux proposeraient d’acheter des types de vaisseaux avec des statistiques fixes, qui peuvent, au meilleur des cas, être améliorées. La vitesse, l’accélération, la puissance du saut seraient la même pour tous. Dans le cas d’Elite Dangerous, cela serait un problème plutôt qu’autre chose. Dans le cas de certains pilotes qui préfèrent utiliser un type de vaisseau étant, de base, bon pour plusieurs activités. Dans Elite Dangerous, ils pourront ajouter et supprimer des modules comme bon leur semble afin d’augmenter certaines capacités de leur véhicule. Ils pourront par exemple augmenter la taille de leur espace de cargo pour transporter plus. Si ils souhaitent s’aventurer dans des contrées réputées dangereuses, ils auront aussi la possibilité de s’équiper de champs de force ( un bouclier en quelque sorte) plus puissant.
La customisation de son vaisseau est donc un mécanisme primordial du jeu. Seulement trouver les bons modules, vendus séparément dans plusieurs stations, pour le bon vaisseau, peut relever plus de la chance qu’autre chose. C’est là qu’entrent en jeu les fansites du jeu. En se rendant sur le site coriolis.io, un site dédié au prototypage de vaisseaux, l’utilisateur peut en quelques minutes construire un vaisseau avec tous les modules compatibles, puis en passant sur Eddb.io (base de donnée) et en renseignant le nom des modules qu’il a préalablement recherché, le pilote verra apparaître le nom des stations les plus proches qui vendent les parties nécessaires.
Sans la communauté et ses créations, cette action qui nous demande maintenant 10 minutes, aurait pu facilement prendre une heure. Et il en est de même pour des dizaines de facettes du jeu : de la construction du vaisseau à la planification d’un trajet.
“The Community is the game. Without it you’d learn nothing.”
Cmdr edhe, Reddit
b. Un sentiment de solidarité à travers tout le jeu
De par la profondeur du gameplay et la complexité des commandes, Elite Dangerous peut très vite perdre des joueurs. Pour illustrer : une personne a décidé de nous rejoindre dans notre aventure, sans vraiment se renseigner sur le jeu. Il l’a donc acheté, installé et essayé sans plus de connaissance si ce n’est nos opinions. Résultat des courses : après avoir tenté pendant 10 minutes de piloter son vaisseau, il a abandonné et s’est fait rembourser le jeu.
Un autre joueur, Cmdr Zersty Von Stahlhamm, témoigne de la difficulté des contrôles et des conséquences que cela a : “Des amis ont acheté le jeu et ont vraiment eu du mal avec les commandes, ils ont fini par acheter un module d’appontage automatique puis ont arrêté de jouer.”
Ce que la communauté permet de faire, c’est de mettre en ligne et donc de partager tout un amas de données qui pourront ensuite servir aux nouveaux pilotes afin de les assister dans leur apprentissage et ainsi de les inciter à rester dans le jeu. Les types d’affichages d’informations qui sont mises à notre disposition par les autres joueurs facilite aussi la lecture. Plutôt que de mettre le jeu en pause pour ensuite rechercher la commande nécessaire dans le menu des options, il est plus facile d’ouvrir une image comme celle présentée plus au dessus sur un écran secondaire. Le joueur peut ainsi le consulter, à la manière d’un manuel de voiture sans ruiner une quelconque immersion dans le jeu.
Après avoir réussi à maîtriser les commandes de son vaisseau, il ne reste plus qu’à progresser dans le jeu. Seulement, le jeu n’offre aucun fil d’ariane. Après avoir complété un tutoriel qui couvre les bases de l’interface et du pilotage, le nouveau joueur se retrouve jeté dans une galaxie infinie avec plusieurs dizaines d’activités à entreprendre, mais pas un seul objectif dicté par le jeu. Où se rendre ? Quel vaisseau choisir et surtout comment l’améliorer ? Comment débloquer un ingénieur quand la seule façon de découvrir sa base et d’y être invité est via le bouche-à-oreille pratiqué par les personnages non-joueurs que l’on retrouve aléatoirement sur les bases ? Toutes les réponses à ces questions sont bien heureusement disponibles sur la multitude de sites webs qu’ont bâti les fans de Elite Dangerous. Des guides complets, focalisés sur un aspect particulier du jeu sont disponibles, gratuitement, sur le web.
La communauté est bénéfique aux joueurs, mais sans aucun doute aussi aux développeurs du jeu eux-même. Leur réactivité et leur présence peut désamorcer toute situation dans laquelle un joueur démotivé serait prêt à arrêter de jouer par frustration.
On retrouve donc un élément de solidarité fortement présent dans Elite Dangerous . Pour les joueurs qui ne souhaitent pas lire l’immense lore du jeu, qui est d’ailleurs toujours en construction, la communauté va représenter l’entièreté de l’expérience du jeu. Facile à comprendre lorsque l’on voit que certains joueurs vont sacrifier plusieurs heures de jeu dans le simple but de faire ressortir cette facette “jeu de rôle” dans Elite Dangerous. Rappelons l’exemple des Fuel Rats qui ont construit par eux-même ce service de dépannage, qui ne les gratifient de rien dans le jeu : pas de crédits, pas de progression vers le rang d’élite. Seulement la communauté qui acclame leurs exploits et dont ils se contentent.
A l’inverse, plutôt que de de devenir des héros, certains préfèrent se revêtir d’une cape d’antagoniste. En temps normal, les joueurs de Elite Dangerous sont relativement pacifistes. Ils ne vont au combat que contre la menace alien Thargoid ou contre les pilotes ayant amassé une prime assez intéressante pour prendre le risque. Néanmoins il est possible de trouver des joueurs désireux de se bâtir une réputation d’ennemi public #1 et de tout faire en leur pouvoir pour se mettre le jeu à dos. Dans un jeu traditionnel, ce rôle serait plus à même d’appartenir à un personnage non-joueur (PNJ), une entité scriptée donc. Pour illustrer : Cmdr Zarek Null, un joueur, a pris sur lui depuis quelques mois de terroriser le système d’Eravate. À bord de son Anaconda, l’un des vaisseaux les plus puissants du jeu, il sillonne l’espace à la recherche de pilotes à tirer d’hyper-espace pour ensuite les détruire de quelques coups de canons. Il s’amuse avec ses victimes, conscient qu’elles ne pourront que très rarement s’échapper, en leur demandant de reconnaître sa souveraineté sur le système et dire à haute voix qu’il est “Le chef suprême d’Eravate”, tel est le nom donné au vaisseau qu’il pilote. S’il se sent clément ce jour, Cmdr Zarek Null laissera peut-être une chance au pilote de s’échapper, si non il les exécutera sur le champs. Cependant la portée de son influence ne s’étend pas au-delà du système d’Eravate et certaines personnes n’ont même jamais entendu parlé de lui.
Le commandant, nommé “Harry Potter”, dont le nom à déjà été cité plus au-dessus, a fait énormément parler de lui il y a quelques mois. Réputé comme tueur sans merci, ni role-play, il n’est que très peu apprécié de la communauté pour commencer. Certains joueurs iront même jusqu’à proposer une prime pour la destruction de son vaisseau.
Par rapport à ces “petits” crimes contre les joueurs, le dernier exploit de ce-dernier a littéralement changé l’histoire de Elite Dangerous et causé une marré de réaction de la part de la communauté. Certains furieux car très impliqués dans l’histoire, d’autres amusés par l’ampleur de la situation. Une simple recherche de mots-clés sur la situation renverra environ 6 pages de résultats traitant précisément de cette histoire, avant de divaguer et nous renseigner sur le sorcier du même nom.
À propos des troubles-fêtes et autres joueurs suivant leurs propres codes et non ceux pré-établis par la communauté , Bo Marit nous renseigne : “ Il est normal d’avoir un équilibre dans toute communauté. Il y aura toujours quelqu’un qui ne sera pas d’accord avec la direction que prend le jeu, le contenu mais aussi les autres membres de la communauté […] Nous avons énormément de chance d’avoir dans notre communauté des joueurs aussi passionnés, mais avec cette passion vient aussi des critiques, car tous les joueurs n’ont pas les mêmes attentes par rapport au jeu”. Ainsi, même si la majorité des joueurs n’est pas en accord avec les déviances de certains, Elite Dangerous ne peut pas nier leur importance dans la solidarité de la communauté.
c. Un risque de se perdre dans l’océan de données
Les fans de Elite Dangerous apportent donc une multitude d’outils, d’aide et de données, gratuitement mis à disposition des joueurs. Chaque jour de recherche nous dévoilait toujours plus de lien, de tableurs, de mécanismes clés du jeu. Chaque jour toujours plus d’éléments permettant au joueur de maximiser son progrès dans le jeu. Mais le surplus de données, consommées sans modération, n’aurait-il pas un effet négatif sur l’expérience du jeu ? Sans que cela devienne frustrant, il y a un certain plaisir à arpenter au hasard la galaxie en espérant que le destin nous sourit. Utiliser toutes ces données risque de ruiner notre expérience en la rendant monotone : se renseigner sur les changements du powerplay afin de visiter les systèmes aux missions les plus fructueuses, à l’intérieur de ces systèmes trouver les commodités les plus voulues, créer ensuite une route de commerce à exploiter le plus possible; tout cela dans le but d’obtenir le plus haut grade, et les meilleurs vaisseaux le plus vite possible. Y-aura-t’il vraiment un sentiment de satisfaction à la fin de ce cycle, que le joueur n’aura plus qu’à recommencer ? Bien évidemment, chaque expérience de jeu est unique à l’individu. Mais si Elite Dangerous a été conçu de manière à laisser les joueurs découvrir par eux-même ce qu’il est possible de faire (même s’il bénéficie certainement de quelques fansites), cela est évidemment dû à un fil de raison fondé et bien pensé.
L’influence des outils de la communauté sur l’expérience des joueurs n’est cependant pas négligeable et apporte une toute autre dimension au jeu de par le fait qu’ils ont la possibilité de “jouer” sans même entrer dans le jeu. Elite Dangerous est avant tout extrêmement immersif : pilotage complexe, protocoles à suivre, influences géopolitiques… Chaque utilisateur est libre d’inventer sa propre histoire et le jeu maintient une excellente illusion de la réalité. Une fois le jeu lancé, notre bureau devient cockpit et le reste de la pièce le pont de notre vaisseau. C’est pour cette raison qu’utiliser un autre outil, lié au jeu, pendant la traversée d’un système qui durera 10 minutes ne ruine en aucun cas notre immersion. Se renseigner, rechercher, discuter et échanger, devient une partie de l’expérience Elite Dangerous. Ainsi, avec tous ces outils mis à notre disposition sans même avoir à être en train de jouer, il est possible de sortir le jeu hors de lui. Dans les transports, pendant une pause au bureau : le joueur a la possibilité de se renseigner sur l’achat de son prochain vaisseau et décider à l’avance comment s’y prendre pour obtenir les crédits nécessaires. Chose qu’il aurait été impossible de faire sans les créations de la communauté.
Le contenu créé par les fans, pour les fans apporte donc tout un assortiment de nouvelles fonctionnalités et de manières d’aller toujours plus loin dans le jeu. Données, services, guides : il n’y a personne de mieux placé que les joueurs pour savoir ce qu’il manque à leur expérience. En plus d’avoir des idées pour améliorer certaines facettes du jeu, les fans de Elite Dangerous possèdent les moyens et les capacités nécessaires à leur réalisation, probablement dû au fait que la moyenne d’âge se situe autour de 30 ans.
Conclusion
Nous avons vu et développé tout au long de ce texte les actions et décisions de la communauté d’Elite Dangerous au sein du jeu et mis en avant leur importance dans l’implication de celle-ci. En effet, tous ces contenus créés, ces sites d’entraide, ces groupes de joueurs ne sont sûrement pas étrangers au succès du jeu de Frontier Developments. Elite Dangerous est présent depuis plusieurs mois dans le classement des 100 jeux les plus joués sur Steam avec une moyenne de 10 000 joueurs connectés en simultané. Une jolie performance pour un jeu difficile d’accès au premier abord. Mais au final, pourquoi les joueurs ont-ils décidé en masse de créer autant de contenus externes ?
Tout d’abord peut-être parce que beaucoup reprochent à Elite Dangerous d’être un “jeu gigantesque mais avec l’épaisseur d’une feuille de papier”. Comprendre par là que le titre est vaste et long, mais que les possibilités et outils offerts sont assez limités lorsqu’on regarde plus en profondeur. Tout le monde n’aura pas cette impression, mais celles et ceux qui l’ont eu ont décidé de prendre les choses en mains, préférant l’épaisseur du dictionnaire que celui de la feuille simple. En cela, les bases de données toujours plus nombreuses et les sites de fiction et de groupes permettent d’atteindre cet objectif. Par ailleurs, cela aide même les développeurs à garder un œil sur les attentes des joueurs et sur ce qu’ils aiment. La preuve figure sur le site officiel du jeu qui, dans son onglet “communauté”, recense bon nombre de fan sites externes du monde entier développés pour aider.
Aider, le deuxième objectif de ces joueurs. Comme dit précédemment, Elite Dangerous n’a pas l’air très abordable au premier abord, et les outils donnés au sein du titre sont assez limités pour permettre à un joueur standard, qui découvrirait le genre pour la première fois, de rester et de s’y plaire. Lui donner d’autres options d’apprentissage et lui tendre la main devient alors nécessaire. A lui ensuite de chercher cette aide s’il le désire.
Avoir de plus en plus de joueurs au sein de Elite Dangerous, en plus de bénéficier économiquement au studio, permet à la communauté de se retrouver autour d’une même passion, d’échanger mais aussi de mieux s’organiser pour participer à l’histoire du jeu. Evidemment, autant de contenu peut paraitre aussi inaccessible à aborder que le contenu de base du jeu, tellement leur nombre est élevé et parfois compliqués à comprendre (exemple des tableurs listant des centaines de lignes de données sans autres indications que des initiales que la personne nouvellement arrivée peut trouver confus).
Ajoutons à cela le comportement d’une minorité d’individus dont le seul but est de profiter de leur puissance pour ternir l’expérience globale des autres joueurs et orienter l’histoire à leur façon. Mais cela ne semble pas poser de problème grave. Cela pousse d’ailleurs à l’entraide. En effet, sur un serveur Discord, il est possible d’échanger avec des personnes aux profils techniques et même parfois des développeurs du jeu sur les derniers outils mis en ligne. Les forums sont très actifs également, comme avec Reddit. Et les mauvais comportements encouragent la coopération afin d’y mettre fin, en s’alliant pour stopper des joueurs comme Harry Potter.
Au final, l’implication de la communauté de Elite Dangerous a bien servi à délivrer une expérience solidaire et positive du jeu, comme en témoignent nos précédentes analyses ainsi que les enquêtes menées auprès des joueurs et de membres du studio. Dans cette démarche là, Elite Dangerous ne fait pas figure de fils unique, puisque cette observation aurait pu être faite sur d’autres jeux multijoueurs. Mais ce qui est intéressant avec ce jeu est la profusion d’outils annexes et l’attrait qu’il a eu pour des personnes très techniques et fans, qui ont grandi avec la série, ont mûri depuis le premier épisode et l’abordent alors de façon mature et ouverte. Le business plan de Frontier étant d’agrémenter leur jeu en nouveaux contenus sur les années à venir, il est évident que la communauté va suivre et se renforcer encore…Si aucune grosse erreur n’est faite.
Annexes
Interview Bo Marit (community content manager chez Frontier)
Pensiez vous que la communauté de Elite Dangerous serait aussi développée ?
C’est évidemment ce que nous avions espéré lorsque nous avons commencé cette aventure. Nous avons été incroyablement chanceux avec cette communauté pleine de joueurs passionnés qui continuent de nous supporter et de nous faire de précieux retours. Elite Dangerous n’en serait pas là aujourd’hui sans eux.
Est-ce que cela correspond à la façon dont vous vouliez que les joueurs soient intégrés au jeu ? Si non, quelle était la façon dont vous le souhaitiez ?
Nos joueurs ont plusieurs façons de s’intégrer dans le jeu. Vous pouvez jouer en solo et découvrir la galaxie par vous même, ou vous associer à des commandants (le nom donné aux joueurs d’Elite) dans un jeu ouvert et soit explorer, échanger ou vous battre pour être le meilleur.
C’était notre objectif original pour Elite, donner aux joueurs l’option de jouer à leur façon. Ils peuvent toujours faire ça aujourd’hui, ce qui est génial. A côté de cela nous faisons énormément de livestreams (expliquer ce que c’est) et participons à des événements de la communauté, ce qui est une formidable façon pour les joueurs de se sentir impliqués. Nous avons des livestreams de retour dans lesquels nos lead designers et artistes viennent et répondent à des questions sur le jeu, il y a plus de sessions de jeu détente sur notre chaîne Twitch et enfin, il y a aussi des streams dans lesquels nous plongeons, avec un développeur, dans des sujets plus particuliers et précis. Nous expliquons le sujet assez longuement avec le plus de détails possibles comme sur les forges stellaires ou les Thargoids.
Avez-vous pu, vous personnellement ou d’autres membres de Frontier, observer l’évolution de la communauté, son élargissement et ses actions ?
Personnellement, j’ai rejoint Frontier il y a un an et demi donc Elite était déjà bien lancé à ce moment et avait déjà sa communauté ancrée. Mais évidemment nous avons vu le jeu évoluer depuis le début, nous surveillons notre communauté de près à travers les interactions que nous avons avec eux et les enquêtes que nous menons auprès d’eux, ainsi qu’à travers les retours que nous avons directement des créateurs de contenus et des chefs de groupes.
Quels types de changements (positifs ou négatifs) ont apporté des joueurs comme Harry Potter à la communauté de Elite Dangerous ?
Il est normal d’avoir une sorte d’équilibre dans toutes les communautés. Il y aura des gens qui sont d’accord ou pas avec la direction que prend le jeu, avec nos contenus ou avec d’autres membres de la communauté. Nous devons nous assurer que tout cela se déroule dans un sentiment de respect (comme le fait d’ajouter des règles sur les forums et de la modération), que les gens comprennent que leur voix est entendue (à travers les réponses que nous faisons et notre communication sur les réseaux sociaux, les forums et les livestreams), mais aussi rester fidèles à notre mission et à ce que nous voulons que le jeu soit. Nous sommes chanceux d’avoir des gens incroyablement passionnés dans notre communauté, et avec une telle passion viennent parfois des critiques, car tous les joueurs n’ont pas les mêmes attentes vis à vis du jeu. Nous mettons un point d’honneur à être aussi clair et prévoyant que possible avec notre communication, tout en gérant les attentes et en restant fidèles à notre stratégie interne.
Arrivez vous à vous orienter à travers le nombre de contenus créé par les fans ? N’est-ce pas justement désorientant ?
Il y a évidemment énormément de contenus, mais nous faisons de notre mieux pour nous assurer qu’un grand nombre figure sur notre newsletter ou sur les réseaux sociaux tout en équilibrant la mise en avant des différents commandants.
Comment organisez vous des événements qui demandent une telle participation de la communauté ?
Nous commençons des mois à l’avance. Préparer prend beaucoup de temps, par exemple, la Frontier Expo a demandé presque un an entre le début de la préparation et le jour de l’événement. Au début, nous parlons déjà de comment nous voulons impliquer la communauté, ce que nous faire pour/avec eux et comment/quand nous allons le leur dire. La plupart du temps nous allons travailler en interne sur des choses pendant plusieurs mois avant que la communauté ne soit au courant, car nous ne désirons pas rendre disponibles des fonctionnalités en jeu ou créer une hype pour des choses qui ne sont pas prêtes à 100%. Mais quand le faisons, nous le faisons avec beaucoup de passion et de fidélité avec nos stratégies. Encore une fois, gérer les attentes est très important.
Est-ce que les gens participent à ces événements de leur plein gré (autrement dit, ils participent même s’il n’y pas de grosse récompense à la clé?)
Absolument, nous avons une communauté adorable et très généreuse. Nous aimerions toujours récompenser les gens pour leur soutien, évidemment, mais la joie pure vient des rencontres que nous avons avec eux, prendre le temps de parler en vrai avec ces gens, écouter ce qu’ils ont à nous dire. Par exemple, à la Frontier Expo en 2017, les gens présents à l’événement étaient surtout excités à l’idée de rencontrer David Braben (créateur de la licence Elite) ou de parler aux développeurs qui se baladaient simplement dans les allées. Et durant notre livestream caritatif de 24h pour SpecialEffect, nous avons levé plus de 57 000£ avec notre communauté – ils donnaient juste des sommes extraordinaires d’argent car ils s’amusent sur le jeu et tiennent honnêtement à ce que nous faisons.
Est-ce qu’il y a une sorte de contrôle dans ce que la communauté créé ?
Nous ne contrôlons pas les contenus de la communauté. Nous avons des influenceurs de notre côté à qui nous pouvons demander de créer des contenus pour nous, par exemple demander à ObsidianAnt (un Youtuber) de créer une vidéo. Nous pouvons pousser à la création de contenus à travers des compétitions et des récompenses, et nous pouvons stimuler le partage de contenus en le partageant nous même et en en faisant la promotion sur nos chaînes officielles. Mais au final, tout le monde est libre de jouer au jeu de la façon qu’ils veulent et créer le contenu qu’ils veulent – c’est leur opinion et ils ont tout à fait le droit de partager cela.
Webographie
Sites créés par la communauté
https://elite-dangerous.fr/forum/index
Elite: Dangerous Database – EDDB
(TS) – Canonn – Thargoid Structures – Old Code: US – Google Sheets
Coriolis EDCD Edition – Shipyard
INARA – Elite:Dangerous companion
Home · Marginal/EDMarketConnector Wiki · GitHub
VoiceAttack – Voice Recognition for Games and Apps
Elite Dangerous – Liens officiels
29-04-3303 Your universe needs you, CMDR! – Drew WAGAR
Guides
All the useful infographics I’ve collected in the last 2 years. A.K.A. New CMDRs Welcome Pack –
Articles web
Il faudra 56 206 ans aux joueurs d’Elite : Dangerous pour explorer toute la galaxie
Elite: Dangerous’ 3,000-player battle royale
Griefers or saviours? The Elite Dangerous players causing a rift in space
Resultats de la recherche Reddit « Harry Potter »
Elite: Dangerous Player Creates His Own Way To ‘Talk’ To Aliens
Distant Worlds II – Fleet Roster Sign Up Thread – Expédition
Ressources
The Discovered Galaxy of Elite Dangerous (to date – 2017-09-04)
http://store.steampowered.com/stats/?l=french
Questionnaire envoyé auprès de la communauté mondiale de Elite Dangerous sur le forum Reddit
Elite pilot rescued after being stranded outside galaxy
Les jeux vidéo, des utopies expérimentales | Cairn.info
Les communautés en ligne : échanges de fichiers, partage d’expériences et participation visuelle | Cairn.info
Gérer des communautés de création : Ubisoft Montréal et les jeux vidéo | Cairn.info
Aymeric
Merci pour cet article plus que complet. J’ai deux remarques cependant à vous soumettre :
Le nombre de joueurs que vous citez est bel et bien issu d’une moyenne sur Steam. A savoir que sur PC une partie (historique sans doute) des joueurs ne passe pas par steam : le jeu n’a été disponible sur cette plateforme à partir d’avril 2015, me semble-t-il). De plus ces statistiques ne tiennent pas compte des joueurs sur MAC (une minorité sans doute, probablement en raison de l’impossibilité d’y porter HORIZONS et BEYOND) ni sur XBOX et PS4. Il est sans doute minoré. Pour autant le suivi des stats indique de très fortes variations dans le temps (par exemple le plus bas historique en décembre 2017 avant de rejoindre l’un des pics historiques). Ces derniers sont marqués par l’arrivée des nouveautés qui donnent au jeu cet effet de vague qui le caractérise tant.
Second point : je trouve que vous minorez un point important sur Elite.
En reprenant votre exemple des Fuels Rats (ils ne sont pas les seuls) Elite ne propose pas seulement d’écrire une histoire et/ou de la vivre. Il est suffisamment ouvert pour permettre une pleine émergence de nouveaux gameplay. Avant les Fuels Rats, personne n’avait imaginé ce « métier, pas plus que tant d’autres. Là aussi Frontier peut donner une résonance : en ajoutant des objectifs communautaires pour soutenir ces « métiers » imprévus, voir même en ajoutant de nouvelles fonctionnalités disponibles pour tous. En cela ce je se distingue, car il ne permet pas seulement d’y jouer son « rôle », mais de l’utiliser pour enrichir son gameplay.
Elite n’est pas un jeu avec des règles et objectifs figés, c’est un jouet permettant à peu près tout ce que l’imagination que ses joueurs peuvent permettre.
Fly safe 😉