Sociologie des mondes numériques – M1 CMW
Franck Gregoire
La passion et la production de contenus simplifiés au possible sont deux notions plutôt contradictoires selon moi. C’est difficile de contenter les demandes une audience !
Fabien, vidéaste de la chaîne ElectronikHeart (128 000 abonnés), 1er mars 2018 lors d’une interview qu’il m’a accordée sur le sujet suivant : « Produire un contenu en tant qu’indépendant sur Internet : avantages, limites. »
Depuis sa création le 14 février 2005, YouTube est devenu une plateforme incontournable sur laquelle on peut trouver des vidéos en tous genres. Du tuto beauté au dernier sketch de votre humoriste préféré jusqu’aux diffusions en direct de vos influenceurs préférés, vous êtes à peu près sûr de trouver votre bonheur par l’usage de son moteur de recherche. Considéré comme le remplaçant de la télévision chez les jeunes générations, la plateforme a connu une croissance exponentielle ces dernières années.
Désormais, selon les derniers chiffres communiqués par la plateforme, ce sont 1,8 milliards de personnes qui vont au moins une fois sur YouTube chaque mois, soit environ 25% de la population mondiale.
Un dernier chiffre-clé est la démonstration de l’influence actuelle de YouTube : 90% des plus grands annonceurs TV ont dans leur plan d’action intégré une présence sur YouTube, ce qui montre qu’il a bien été compris par les acteurs économiques des médias dits “traditionnels” (TV, radio, journaux) que YouTube allait être l’endroit à ne pas manquer.
Selon les statistiques les plus récentes que nous pouvons trouver, le sujet high-tech ne fait pas partie des sujets les plus regardés sur la plateforme.
Cela n’empêche pas à YouTube de compter des vidéastes possédant plusieurs millions d’abonnés dans le domaine de la high-tech, comme la chaîne Linus Tech Tips (8,1 millions d’abonnés) pour la communauté anglophone ou celle de Jojol (1,5 millions d’abonnés) pour la communauté francophone.
C’est un segment qui ne fait pas partie des plus populaires, mais on apprécie avoir à portée de quelques clics de l’information sur le téléphone du moment qui nous fait rêver ou la dernière carte graphique surpuissante qui vient de sortir. On apprécie aussi trouver des personnes compétentes pouvant nous clarifier les termes du lexique lié à la high-tech : processeur, RAM, résolution, échelle de Mohs… Ce sont tant de termes aléatoirement choisis dont on apprend la signification au visionnage fréquent de vidéos sur ce sujet.
De toute évidence, on n’investit rarement plusieurs centaines d’euros dans un nouveau téléphone, par exemple, sans se renseigner sur le meilleur choix correspondant à nos besoins. C’est là où les vidéastes/influenceurs dans le domaine de la high-tech interviennent. Du point de vue d’un créateur néophyte qui souhaite se lancer aujourd’hui, cela n’a jamais été aussi facile de lancer sa chaîne : un bon smartphone en guise de caméra et le remplaçant de l’historique Windows Movie Maker sur Windows 10 suffisent pour faire ses premières vidéos. Néanmoins, on se rend vite compte que pour que l’aventure soit durable et plaisante sur le long terme, de nombreuses barrières doivent être franchies.
On va se demander dans quelle mesure la conception de vidéos high-tech sur YouTube est conditionnée au niveau de leur format et de l’information qui est délivrée par des facteurs contraignants si l’on veut survivre sur la plateforme.
L’analyse des raisons d’une telle saturation de l’offre de vidéos sur le sujet de la high-tech sera l’objet de la première partie. L’investissement financier d’une telle activité fera l’objet de notre deuxième temps d’étude. On terminera par l’analyse des difficultés d’être vidéaste high-tech à cause des habitudes actuelles de visionnage de vidéos.
I/ Un marché déjà très saturé où l’on peine à trouver sa place.
Tapez “Samsung Galaxy S9 test” dans le moteur de recherche de YouTube, et vous comprenez immédiatement l’utilisation du terme “saturé” pour caractériser l’état actuel de l’offre de vidéos sur YouTube sur le sujet de la high-tech. Quels sont les facteurs, les contraintes qui rendent l’entrée d’un nouveau créateur si difficile en 2019 ?
A/ Se trouver une place parmi tous les créateurs
Si démarrer l’activité de vidéaste spécialisé high-tech est avant tout une question de passion concernant le sujet, cette première motivation est indissociable du fait de vouloir être vu. Plusieurs stratégies existent afin de faire grandir sa communauté. L’un des plus efficaces quantitativement est de connaître hors d’internet l’un des vidéastes les plus connus et d’user de ce lien fort pour demander un coup de pouce à sa communauté. C’est quelque chose qui peut permettre de passer facilement la première grande en terme de communauté : réunir 1 000 abonnés. Autrefois une barrière symbolique en terme d’accomplissement mais réelle en terme de progression, elle s’accompagne aujourd’hui de droits supplémentaires octroyés au créateur, dont un qui est primordial s’il souhaite pouvoir tirer un quelconque retour sur investissement de ses vidéos : la monétisation. En terme de croissance organique (ici : une croissance sans achat d’emplacements publicitaires), c’est l’option qui est sans doute la plus efficace. Néanmoins, dans l’esprit de la communauté acquérie, la personne boostée restera le produit du grand influenceur, jusqu’à que la communauté acquérie par lui-même dépasse la communauté arrivée par le grand influenceur. Pour reprendre la logique des intersections connexes, tant que AnB reste inférieur à B (vidéaste aidé) tout seul, le sentiment d’association à A (grand vidéaste)
perdurera.
Il est aussi possible d’investir l’espace commentaires de plus grands vidéastes de plusieurs manières afin d’essayer de faire connaître son travail : la manière la moins appréciable est de faire sa promotion, de manière totalement déconnectée de la vidéo sur laquelle on laisse le commentaire. Il existe deux réponses majoritaires à ce genre de méthode : les personnes qui acceptent de s’abonner, mais qui vont demander de s’abonner à leur chaîne en échange (soit la technique du follow-for-follow, extrêmement populaire sur Instagram) et les personnes qui vont répondre de manière négative à cette demande, avec parfois des injures à la clé.
Une dernière manière de s’offrir gratuitement de la visibilité, sans forcément la rechercher dans un premier temps, est de critiquer le travail des autres vidéastes. L’espace commentaire doit d’abord servir à la critique (positive comme négative) qu’à la promotion. Le souci est que dans chaque grande communauté, il existe des personnes qui vont défendre corps-et-âme l’influenceur critiqué, alors même que celui-ci répond de manière censée aux commentaires en question.
Les conséquences de ces critiques, vous mettant en lumière sans forcément le vouloir, est une réputation peu positive chez les grands vidéastes (car vous pourriez aussi remettre en cause leur travail) et la communauté du vidéaste critiqué qui peut venir empoisonner vos commentaires en retour.
En réalité, il existe un moyen simple pour faire en sorte de trouver une place sur le marché saturé qu’est l’offre de vidéos high-tech : la production d’un travail objectif, qui nous plaît, qui nous correspond. Le medium vidéo est celui qui laisse passer le plus les émotions, et faire un travail qui ne nous correspond pas est visible du spectateur. Si l’on analyse rapidement quelques créateurs qui ont des grandes communautés aujourd’hui, Unbox Therapy a basé son succès sur les déballages et les réactions fortes du présentateur (Lewis Hilsenteger) face à la caméra, ainsi que ses questionnements à son ami imaginaire Jack. Linus Tech Tips, chaîne qui cache une équipe de production assez grande à l’échelle de YouTube (une trentaine de personnes, une fois leur phase de recrutement actuelle terminée), joue un peu sur tous les fronts (déballages, impressions, tests, tutoriels…), ce qui fait en sorte de toucher un public large, sur un sujet large comme celui de la high-tech. NowTech, qui est une chaîne française, place avant même les considérations de test une réelle prise de conscience éthique avec le descriptif complet des moyens de revenus et d’aide apportée à la vidéo : sponsoring, liens avec commission, partenariats etc… Leurs vidéos sont sur le même niveau de sérieux, avec une accroche bien moins agressive que les deux autres chaînes citées auparavant.
Il existe donc beaucoup de différentes façons de parler de high-tech sur YouTube. Bien que l’on puisse s’inspirer des techniques qui semblent marcher, le meilleur moyen de plaire au public qu’à nous même est de trouver son style, d’essayer, d’écouter les commentaires objectifs et de construire sa réussite. La constance sur le long terme est bien plus valorisante que des pics de trafic et de popularité.
B/ Se trouver une place entre une information complète et une information simplifiée
Une difficulté supplémentaire s’ajoute à celles pour trouver une place sur le marché : la confusion qui existe entre les différents types de vidéo pour un même sujet, notamment par le titre donné aux vidéos, peut donner l’impression que quelques minutes de vidéo peuvent suffire pour donner une information suffisante. Alors que souvent, ce n’est pas le cas. On distingue quatre catégories de vidéos sur le sujet de la high-tech :
- les présentations : on y présente les caractéristiques et les informations sur un objet/produit, avec peu ou pas d’avis objectif. Dans cette catégorie se range les unboxings par exemple.
- Les review : on passe en revue tous les points importants, différenciants autour d’un produit/objet. Les points secondaires sont laissés de côté.
- Les tests : on passe par tous les points d’un objet/produit, au moins rapidement. Ce n’est pas forcément une question de temps qui définit la frontière entre test et review.
- La vulgarisation “brute” : on y explique des notions, des mots de vocabulaire technique afin de les rendre compréhensible de tous.
La seule des quatre catégories sur laquelle il n’y a généralement peu de doute à la lecture du titre est celle de la vulgarisation. Si l’on prend cet exemple, tiré de la chaîne ElectronikHeart (et de son contributeur principal qu’est Fabien) le titre nous évoque la notion, la manière dont elle sera abordée et la description explique de manière très simplifiée ce à quoi correspond la loi de Moore.
Pour différencier une présentation d’un test et d’une review, c’est plus compliqué dès que ce n’est pas inscrit explicitement dans le titre.
Si l’on prend en exemple le traitement autour du Xiaomi Mi 8 (téléphone à 500€, visant à concurrencer les grandes marques comme Samsung, Apple, Huawei), on remarque que la chaîne 01NetTV, medium historique en ce qui concerne la high-tech, énonce très clairement la quantité d’informations qui sera donné dans cette vidéo avec la mention du mot “test” dans le titre et une description qui, même si elle énonce une inspiration forte du téléphone par rapport à un téléphone Apple, ne contient pas de mots outranciers ou de confusion pouvant nous faire hésiter sur l’information donnée : nous sommes face à une vidéo de test courte, censée être le résumé de l’article posté sur leur site internet 01net.com (qu’ils ont oublié de mettre en lien pour cette vidéo… ).
Sur la chaîne de Jojol, le titre et la miniature n’ont que pour seul but de capter l’attention des potentiels visionneurs avec une comparaison explicite à l’iPhone XS, un téléphone coûtant 2.5x plus cher. La miniature, avec la vision de dos d’un iPhone adossé d’un grand “-500€” est complémentaire au titre : cette combinaison n’a pour unique but que d’attirer avant même d’informer. C’est d’autant plus dommage car la description cadre parfaitement le type d’information : “unboxing et présentation”. On note aussi à l’écoute attentive la répétition de l’argument “ce qu’il y a de mieux (sur un smartphone)”, notamment en ce qui concerne la sécurité par le déverrouillage facial. On pourrait s’interroger soit sur l’ignorance du plus grand vidéaste high-tech français, soit sur sa malhonnêteté car sur les téléphones précédents de la marque usant du même procédé de déverouillage (le Xiaomi Pocophone F1), il a été révélé que d’autres personnes que celle enregistrée avaient réussi à tromper le capteur soit avec leur tête, soit avec une photo de la personne enregistrée : https://bit.ly/2RSqulT
Enfin, il est même indiqué lors de la mise en service du déverouillage facial que ce procédé n’est pas des plus sécurisés ! Bref, une vidéo de présentation qui n’est pas des plus honnêtes.
Un troisième exemple avec la vidéo de la chaîne TechTablets est probablement la meilleure vidéo des trois. Le titre indique le type d’information qui nous sera délivrée (review), le temps de test nous est indiqué (5 semaines) et l’avis du vidéaste résumé en une phrase dans la description. En ce qui concerne le niveau d’information donné dans la vidéo, il n’a rien à voir avec les deux autres vidéos. Toutes les informations autour du téléphone sont traitées de manière objective et précise, les critiques négatives qui doivent être faites sont faites (le GPS bugué, l’écran avec des angles de vision imparfaits – bien que le propos soit tempéré -) si bien que si l’on se rapporte aux types de vidéos définis avant, cette vidéo peut être classée dans les vidéos de test sans aucun souci.
On peut tirer de ces trois vidéos sur un même sujet que le temps d’une vidéo n’est plus une mesure suffisante pour déterminer la qualité de l’information qui sera délivrée dans celle-ci. Une vidéo de test peut durer moins longtemps qu’une vidéo de présentation, comme on l’a vu en comparant les vidéos de Jojol et de 01NetTV. Il existe aussi un souci de détermination du type d’informations données au spectateur, tant à cause de pratiques d’attraction d’audience dont nous reparlerons plus tard qu’à cause d’une certaine humilité de l’autre côté du spectre. Tout ce qui est qualifié de review n’en est pas forcément une et en général, ce qui n’est pas qualifié de “test” n’en sera que rarement un. La vidéo de Jojol est un exemple parfait d’un titre aguicheur raté, car seulement 1/7e de son audience potentielle (nombres de vues/nombre d’abonnés) a regardé la vidéo. Le fait de ne pas avoir mis le nom du téléphone dans le titre, pour une présentation du téléphone, peut expliquer ce rendez-vous manqué.
Ce genre de titres aguicheurs, pour attirer un maximun d’audience, peuvent s’expliquer par une raison très simple et souvent la cause de nombreux problèmes : tester du matériel high-tech est un hobby coûteux.
II/ Une envie d’informer et de critiquer qui a un coût : l’argent peut contrôler les conclusions de vos vidéastes préférés
Produire des vidéos sur du matériel high-tech nécessite, pour la majorité des vidéastes, d’acheter le matériel en question. C’est une activité qui peut vite devenir extrêmement coûteuse et qui devra obligatoirement être déficitaire au début. Quels sont les problèmes liés au financement de l’activité de vidéaste et quels moyens existent pour y remédier ?
A/ Une activité onéreuse quand le vidéaste ne dispose pas des soutiens nécessaires
Acheter tout ce que l’on souhaite tester nécessiterait un budget très important. Bien que ce soit par cette voie que l’on est obligé de débuter, quels sont les moyens classiques de financer son activité de vidéaste high-tech sur YouTube ?
Le premier moyen qui était jusqu’à encore récemment ouvert à tous était le RPM que l’on pouvait obtenir de YouTube. Le RPM (Revenu Pour Mille impressions) est le revenu qu’un vidéaste peut obtenir en moyenne pour 1 000 vues obtenues sur ses vidéos. C’était le moyen plébiscité par tous pour démarrer son activité et récolter ses premiers euros grâce à l’affichage de publicités autour, avant, pendant et après ses vidéos, sous différentes formes (bannières, annonces ignorables, annonces non-ignorables…). Sa seule contrainte étant qu’un créateur affilié au programme partenaire YouTube (et à son service dédié Adsense) voit ses revenus tirés des affichages publicitaires n’être versés qu’une fois la barre des 70€ atteintes. Autant dire qu’avec un RPM à 0.80€ en janvier sur une chaîne high-tech, il faut accumuler un très grand nombre de vues afin de rendre son activité rentable en ne comptant que sur les vues, business plan qui n’est plus du tout quelque chose de commun aujourd’hui. Par exemple, pour rembourser un test d’une carte graphique comme la NVIDIA Geforce RTX 2080 sortie récemment, qui coûte 849€, il faudrait accumuler 1 062 000 vues rien que pour rembourser la carte graphique. On ne parle même pas de rémunérer le vidéaste ici ! Sans compter tous les soucis que YouTube rencontre ces derniers temps : vidéos démonétisés par l’algorithme de YouTube par erreur ou de manière préventive, qui font perdre une majorité des revenus du créateur sur sa vidéo.
Bien heureusement, janvier est le mois le plus bas en terme de RPM puisque c’est le mois qui suit les folies de Noël. Il n’y a pas de science exacte à ce sujet, mais voici une manière très schématique de comment on pourrait représenter en indice l’évolution du RPM tout au long de l’année.
Les pics remarquables sont les mois de janvier-février et de juillet-août en termes de minimum. Le premier cas s’explique par la conséquence de la période de Noël et la seconde par une activité ralentie sur la plateforme en terme de nombre de vues lors de l’été.
Le pic maximum de novembre-décembre s’explique simplement par la période de Noël, où les commerçants physiques font une grande partie de leur chiffre d’affaire annuel et où les marques poussent le consommateur à l’achat dans une période où il est motivé par les festivités de fin d’année.
Le second moyen classique d’aider au financement de ses vidéos est de prendre contact avec les marques des produits ou l’agence de l’agence de presse de la marque que le créateur souhaiterait tester. Bien que ce soit une technique qui soit plutôt appropriée aux vidéastes possédant un nombre important d’abonnés, certaines marques sont enclines à prêter leurs produits à des vidéastes ayant moins de 500 abonnés. Pour prendre mon cas en exemple sur ce point, les marques LG et Microsoft (quand cette dernière faisait encore des Windows Phone) avaient accepté de me prêter plusieurs de leurs téléphones haut de gamme et entrée de gamme alors que je n’avais pas dépassé les 500 abonnés. C’est une preuve que certaines marques sont ouvertes à la possibilité d’aider de petits vidéastes à obtenir de la visibilité sur YouTube, sans aucune consigne donnée lors du test (si ce n’est un temps de test d’une semaine).
Cette note de positivité quant aux marques ne doit pas non plus faire croire qu’il est simple de se frayer un chemin définitif vers des vidéos qui ne coûtent plus une fortune en matériel à acheter de sa poche grâce à l’aide des marques. Celles-ci regardent ce que font les créateurs et si le contenu de leurs vidéos ne leur plait pas, elles peuvent décider de rompre le contact avec le vidéaste.
B/ La critique négative empêche de solidifier ses liens directs avec les marques
Quel que soit le domaine, la critique négative ne plaît pas. Dans un monde idéal, la critique négative ne serait qu’une bonne raison d’obtenir un meilleur produit fini lors de son itération suivante. Dans le monde réel, une critique négative est une mauvaise publicité pour la marque. Pour un vidéaste spécialisé high-tech, ce genre d’attitude qui ferait en sorte de mettre en avant les défauts de chaque produit, sans restriction, est quelque chose de positif pour le consommateur qui verra la vidéo car il dispose d’une information en toute transparence sur le produit dans lequel il va peut-être dépenser plusieurs centaines d’euros. Pour le vidéaste, c’est une posture qui lui permet d’obtenir une grande confiance de son audience. C’est aussi une posture qui le coupe d’accès aux marques. J’en veux pour preuve une discussion rapide avec Chris, le vidéaste derrière la chaîne TechTablets, au moment où il a réussi à obtenir un exemplaire de test d’un téléphone Huawei… non pas de la marque, mais d’une boutique d’importation.
Les mots sont clairs : “Huawei a choisi de m’ignorer après avoir regardé plusieurs de mes reviews et vu comment je mentionne les points négatifs, cela a du les effrayer comme la plupart des autres marques”. 75 000 vues plus tard sur sa vidéo de test du Huawei Mate 20, la marque n’a pas donné suite à ses demandes, mais sa communauté (et la notoriété qu’elle lui apporte) lui a permis d’obtenir un exemplaire de test d’une autre manière.
La posture choisie de critiquer objectivement toutes les marques peut aussi mener à des vidéos où l’espace commentaire sera envahi de supporters de la marque. Les trois marques qui attirent le plus ce genre de commentaires sont sans aucun doute Apple, Xiaomi et Huawei à l’international. En France, la marque Wiko divise beaucoup, avec une écrasante majorité d’avis binaires : soit c’est très bien, soit c’est très mauvais.
Un exemple de vidéo qu’il serait intéressant de revoir actualisée en 2019 est la vidéo d’ElectronikHeart, nommée “Smartphone – Les bonnes et mauvaises marques !”, sortie en juin 2015. Lors d’un exposé fleuve d’1h15, il classe les différentes marques de smartphone disponibles sur le marché, sur la base de deux années intensives de tests en amont de cette vidéo, mais aussi des retours de sa communauté dans les commentaires de chaque vidéo. On voit dans les commentaires de ladite vidéo que les spectateurs essaient de défendre leur marque, malgré le fait qu’il ait été montré dans des vidéos précédentes leur manque de qualité. Il faut savoir composer avec ces commentaires partisans.
Un dernier exemple intéressant concerne la critique possible d’une marque par un influenceur assez populaire et disposant d’une assez grande communauté pour être écouté par la marque plutôt que d’être boudé et blacklisté. Le 17 juin 2018, le vidéaste Dave Lee sort sa vidéo de test de l’Apple Macbook Pro 2018 15 pouces, où il critique ouvertement (logiciel de maintenance Intel à l’appui) le choix d’un processeur extrêmement puissant (l’intel Core i9 , CPU gravé en 14nm, hexacoeur cadencé à 4.8GHz, demandant 45W de puissance) dans un châssis (ici : la pièce de métal unibody du Macbook Pro) extrêmement fin d’1.5 cm d’épaisseur. Ce choix, – qui s’accompagne d’un système de refroidissement inchangé par rapport aux versions du Macbook Pro avec CPU double coeur 28W – mène à des soucis de surchauffe majeurs et un bridage des performances quasi instantané. Cette vidéo a fait parler d’elle et fut partagée par d’autres vidéastes high-tech très influents (comme Unbox Therapy et ses 13 millions d’abonnés par exemple).
Apple a répondu par un correctif logiciel, qui permet de mieux tirer profit des performances de l’ordinateur portable, même s’il a été dit et démontré que la solution idéale était un correctif matériel. Ce fut une polémique assez particulière car cela reste extrêmement rare que ce genre de critiques directe soit faite, surtout par des vidéastes comme Dave Lee qui reçoit par les agences de presse le matériel qu’il teste (à l’exception des appareils Apple, justement).
C/ Un financement alternatif qui permet de garder un contenu qualitatif et une croissance régulière
Plus globalement qu’à l’échelle de YouTube, la croissance d’internet et du Web 2 s’est accompagnée de l’hégémonie grandissante du modèle freemium. Une grande partie du contenu est disponible gratuitement, grâce à des affichages publicitaires. Néanmoins, c’est un modèle qui ne peut continuer d’être majoritaire. Les publicités ennuient de plus en plus les utilisateurs et un outil est devenu un ajout obligatoire à son navigateur internet : le bloqueur de publicités. Quels sont les autres moyens de se financer, en dehors de la publicité qui se fait bloquer et des vidéos sponsorisées par une marque qui rendent l’avis dépendant du contrat passé ?
Les plateformes de financement participatif, comme Tipeee ou Patreon, permettent aux personnes qui regardent régulièrement le vidéaste de le soutenir régulièrement par un don ponctuel ou mensuel. C’est une solution populaire qui permet de garder le contenu du vidéaste complètement gratuit, éloigné des vidéos sponsorisées, tout en étant financé par une partie de la communauté qui souhaite aider le vidéaste et par dessus tout qui peut aider le vidéaste. La chaîne TechTablets dispose d’une page Patreon depuis le 25 août 2017 qui rencontre un succès assez modeste, mais le but affiché par le vidéaste en premier sur cette page est d’aider au paiement des taxes sur les produits testés sur la chaîne provenant de l’importation (TVA, frais de dossier…)
Un autre moyen de financer son activité une fois une certaine communauté atteinte est un moyen inspiré des vidéos sponsorisées et qui semble être une solution à la croisée des chemins entre un paiement correct des vidéastes, une position privilégiée pour ceux finançant les vidéos et le contournement des outils de blocage de publicités : les inserts publicitaires dans la vidéo, qui n’ont pas de rapport avec le produit testé. Une chaîne comme Linus Tech Tips use de ce moyen de financement depuis un moment et cette méthode dispose de nombreux avantages pour tous les acteurs : l’argent découlant d’une vidéo n’est pas dépendant d’un taux d’adblock fluctuant, les publicités peuvent être passées en avançant dans la vidéo par les visionneurs sans que cela n’affecte le vidéaste, ce qui en position de spectateur n’est pas quelque chose que l’on fera systématiquement pour 10 secondes de publicité, énoncée par la même personne qui produit la vidéo, ce qui ne fait pas forcément passer cela pour de la publicité classique et monotone.
Pour reprendre l’exemple de Linus Tech Tips, qui sort une nouvelle vidéo tous les jours, chacune d’entre elles dispose d’un spot publicitaire au début de la vidéo et un autre à la fin.
Si l’on se base sur l’une des vidéos sorties récemment (le test de l’AMD Radeon VII, carte graphique visant à concurrencer la RTX2080 de NVIDIA), une publicité de 12 secondes est affichée avant le début de la vidéo (de 01:05 à 01:17) et après la fin de la vidéo pendant 34 secondes, quand ceux qui veulent ne pas la voir peuvent quitter la vidéo (de 09:01 à 09:35). Cela fait 46 secondes de publicité pour 9 minutes 13 de vidéo, ce qui passe très bien puisque c’est la même personne qui présente la publicité et la vidéo, en séparant bien les deux parties.
L’argent reste un facteur clé à la production d’une information à l’intention du consommateur en ce qui concerne la high-tech. Comme nous l’indique la chaîne TechTablets dans une vidéo dédiée, il est impossible de faire confiance à un vidéaste qui sort une vidéo de test ou de review le jour de la sortie d’un appareil/produit ou même avant la date de sortie officielle. Les ventes sont une conséquence immédiate de ces vidéos et elles ne contiennent que trop rarement des points négatifs saillants.
Néanmoins, on peut comprendre pourquoi certains sont tentés d’emprunter cette voie, même ponctuelle, de la contradiction très légère. Si un vidéaste ne se montre pas coopératif, une centaine d’autres seront prêts à prendre sa place et ses privilèges auprès des marques. Le marché des vidéos high-tech conditionne ce problème d’information pas toujours claire et l’argent a une influence sur la contradiction et les points négatifs clairement énoncés. Mais ce qui influence aussi grandement les vidéastes high-tech, ce sont les habitudes de visionnage prises par le public.
III/ Des habitudes de visionnage qui contraignent les vidéastes à des stratégies de référencement appuyées, voire aguicheuses.
Sur internet, le référencement est le nerf de la guerre. Sur Google, les entreprises sont attentives à ce que leur nom ressorte le plus haut possible à l’appel de requêtes liées à leur activité. Sur YouTube, dans le domaine de la high-tech, les chaînes espèrent voir leur vidéo remonter à l’appel d’un nom d’appareil, de produit dans le moteur de recherche de YouTube.
Cela nécessite de s’adapter à comment les spectateurs regardent les vidéos.
A/ Un taux de fidélisation et de visionnage qui doit être élevé
Un des secrets les mieux gardés sur YouTube est son algorithme de référencement. Il reste relativement secret car si tous les vidéastes connaissaient ce qui leur permettrait de se mettre en avant, il ne serait plus efficace. Un point régulièrement cité comme déterminant dans le référencement est le taux de visionnage (estimation du nombre de minutes regardées en moyenne par vue, pour le contenu, la plage de dates, la zone géographique et les autres filtres sélectionnés, soit temps de la vidéo regardé/temps de la vidéo*100). C’est quelque chose de logique puisque une vidéo qui est regardée en entier ou qui dispose d’un très haut taux de visionnage a un potentiel pour diffuser plus de publicités du point de vue des annonceurs. C’est aussi le signe d’un vidéaste qui produit un contenu qui est apprécié. Le taux de fidélisation est aussi quelque chose de très important. Il est très rare de voir des vidéastes réussir à proposer plusieurs types de vidéos différentes sur une même chaîne tout en réussissant à attirer un public nombreux et fidèle. Prenons comme exemple la chaîne de Jerry Rig Everything, qui propose des tests de solidité et des démontages d’appareils mobiles. Étant quasiment seul sur ce créneau, il a réussi à faire grandir sa communauté très rapidement. On remarque sur les derniers mois qu’à chaque fois qu’il a choisi de produire une vidéo sur un sujet légèrement différent, les vues sont moins nombreuses que sur son sujet principal.
Plus globalement, comment se traduisent en solutions concrètes la réponse à un taux de visionnage et de fidélisation élevé ? Les vidéos dites “longues” sont de moins en moins nombreuses, le format entre 5 et 10 minutes s’est démocratisé, avec ses avantages (taux de visionnage élevé, chances plus élevée de regarder toute la vidéo, rythme plus soutenu de la vidéo) et ses défauts (détails parfois oubliés ou passés sous silence pour ne pas dépasser un temps maximal, vidéos de type “facile à consommer” et visionnage de plusieurs d’entre elles pour trouver une information, au lieu de regarder une longue vidéo complète). Les vidéos de plus de 20-30 minutes sont désormais considérées par la majorité comme “trop longues”, quelle que soit l’information donnée.
Malgré une adaptation à des formats de plus en plus courts, cela ne répond pas au problème d’attirer un public intéressé si le moteur de recherche YouTube ne fait pas remonter votre vidéo. Pour essayer de se différencier de la masse, une technique assez controversée s’est répandue.
B/ Le “putaclic” et les miniatures aguicheuses : quand l’apparence supplante le contenu
Mot pas très poétique mais révélateur du comportement qu’il cache, le putaclic est un “néologisme péjoratif désignant un contenu Web qui vise à attirer le maximum de passages d’internautes afin de générer des revenus publicitaires en ligne.” (Wikipédia). On peut utiliser de façon moins outrancière le terme de “piège à clics”. Stratégie qui s’est particulièrement popularisée depuis le début des années 2010, le putaclic se retrouve à deux endroits sur les vidéos : dans leur titre et dans leur miniature :
– Le titre peut être racoleur, contenir des mots et des formulations qui jouent sur le sensationnel, sur les émotions. Dans notre cas, la comparaison ad Applem* (les comparaisons aux iPhone, aux Macs…), les titres à la première personne et les formulations axés autour de “le pire” et “le meilleur” sont des procédés très répandus.
– Les miniatures sont composées sous Photoshop, usent de couleurs vives qui accrochent l’oeil, l’objet est mis en avant avec des effets et le vidéaste surjoue les émotions avec des expressions extrêmement marquées.
Prenons l’exemple du vidéaste high-tech français N°1 : Jojol. On remarque un changement radical au niveau des titres entre 2013, année de la révélation, et 2019 où il est désormais en haut de la pyramide.
Trois points ont radicalement changé entre ces deux époques :
– quand le produit était mis en avant en 2013 sur les miniatures, ce sont les têtes aux émotions surjouées qui sont visibles en premier en 2019.
– quand le nom du produit et le type de vidéo était indiqué dans le titre sans ambiguïté en 2013, on retrouve des superlatifs et des adjectifs (le pire, le meilleur, magique, surprise, introuvable, excellent…) pour attirer le public, sans jamais citer ni le type de vidéo, ni même le nom du produit parfois en 2019.
– On remarque une certaine habitude à afficher les prix quand ceux-ci sont soit au centre de la vidéo (ce qui n’est pas du putaclic dans ce cas), soit quand ils sont élevés (ce qui peut en être si le titre appuie aussi sur l’idée d’un produit cher, sans le citer). Même remarque pour l’affichage de nombreux “???” sur les miniatures, quand le titre joue sur la surprise et le questionnement.
En résumé, ce n’est pas le type de contenu qui attire le spectateur en 2019, mais la forme, dans ses traits les plus surprenants et les plus émotionnels. Est-ce une mauvaise chose ? Difficile de juger sans tomber dans les arguments subjectifs. Comprendre pourquoi cela est mis en place est quelque chose qui a pu être fait, comme ce fut le cas sur la chaîne Linus Tech Tips où son présentateur/fondateur Linus Sebastian s’est expliqué sur les raisons qui l’ont encouragé à passer des miniatures classiques de la chaîne (une capture d’écran d’un morceau de la vidéo, avec des écritures blanches dessus) à des miniatures plus aguicheuses et des titres racoleurs.
L’argument déterminant est simple : ce procédé fonctionne. Il a remarqué jusqu’à 20% de vues en plus par le passage aux nouvelles miniatures et titres, car elles ressortent mieux quand les vidéos sont en position de “vidéo suggérée” à droite d’une vidéo en cours. Il explique aussi qu’il ne peut pas se satisfaire d’une audience stagnante dans une plateforme en pleine croissance (point sur lequel il tient parole suite à une campagne de recrutement lancée récemment par la chaîne) et cette vidéo se finit par un contrat moral entre les spectateurs et le présentateur, où il promet que par ces miniatures et titres aguicheurs, il ne trompera pas son audience. Ses arguments sont parfaitement valables du point de vue qui est le sien (PDG de son entreprise, dans laquelle Linus Tech Tips est sa source de revenu. A l’échelle de la plateforme, une véritable barrière semble se dessiner entre les titres/miniatures aguicheurs et leurs équivalents trompeurs. Il semble tout à fait accepté désormais de produire une formule aguicheuse et un visuel dans le même ton, tant que le fond n’est pas trompeur ou entre en désaccord avec les éléments de forme. Bien que l’on puisse penser que c’est une défaite morale, on comprend pourquoi l’acceptation est telle. Si ce procédé ne trompe pas le spectateur, permet une meilleure visibilité au vidéaste et lui permet de se renouveler sur la forme, il n y a pas de raison à livrer une bataille sans fin sur ce point, tant que la vérité règne sur le fond.
C/ Une entrée compliquée pour les vidéastes femme
Peut-être que ce point est passé totalement inaperçu depuis le début, mais je n’ai cité que des exemples de vidéastes masculins. Ce n’est pas un choix anodin, puisque la représentation féminine de vidéastes high-tech est assez pauvre sur YouTube, malheureusement. Leur entrée n’est pas facilitée par la place qui leur est attribuée classiquement plutôt du côté lifestyle et beauté que du côté high-tech. Pire : aujourd’hui, on retrouve une part remarquable de femmes dans la communauté de vidéastes/streamers jeux vidéo (diffusions en direct sur des plateformes comme Twitch) qui – c’est mon avis – contribuent à prolonger l’image de la femme comme un être d’abord reconnu pour son physique que pour ses autres qualités, sans compter sur l’aide précieuse des réseaux sociaux en ce qui concerne les remarques sexistes et machistes. Toute une phase d’affirmation et de légitimation supplémentaire est nécessaire alors que la qualité de l’information est généralement de qualité comparable, voire supérieure à celle des représentants masculins. Je vais m’appuyer sur deux exemples de vidéastes féminines de qualité : Erica Griffin et NothingButTech88 (Jacklyn).
Deux représentantes très différentes puisque Erica est présente sur YouTube depuis 9 ans alors que Jacklyn est présente depuis 3 ans, ayant commencé à 14 ans. Deux générations différentes à l’échelle de YouTube mais qui ont basé leur succès sur une progression constante de leurs formats, une qualité d’information qui est présente depuis leurs débuts (en terme de high-tech… Je ne jugerai pas les débuts d’Erica sur les Tamagoshi) et une volonté forte de ne pas s’arrêter aux remarques sexistes des hommes.
Chacune semble avoir trouvé son style, Erica ayant gardé une partie de la structure de ses vidéos d’il y a quelques années en termes de longueur – ses vidéos beaucoup vues d’il y a 5-6 ans pouvaient faire 50-60 minutes, elle est plus proche de la trentaine de minutes pour les vidéos les plus longues aujourd’hui – mais aussi en termes d’information technique, avec des niveaux d’analyse que je ne retrouve quasiment nulle part (colorimétrie d’un écran, gradation de contraste…) et Jacklyn dans un style proche de la review sur la forme, mais qui se rapproche beaucoup plus du test sur le fond. Un mélange plutôt sympathique mêlant information correcte (sans être forcément très technique) et information synthétique.
YouTube essaie d’encourager les femmes, sur tous les sujets, à créer leur chaîne et à s’exprimer sur leurs sujets de prédilection (avec le hashtag #EllesFontYouTube en 2018), mais elles restent encore minoritaires sur les sujets hors lifestyle, beauté et cuisine.
Quel que soit le genre de la personne qui nous parle, ce n’est pas une question de jupe ou de pantalon mais de qualité de l’information qui nous est délivrée. Ce qui est paradoxal, c’est que je n’ai aucun souci à les classer au dessus de beaucoup de vidéastes masculins sur le sujet, ce qui me dérange, c’est que j’aimerais pouvoir voir plus de femmes prendre la parole sur le sujet. Je suis sur qu’il en existe d’autres, mais elles ne sont pas ressorties au fil de mes recherches et de mes années de visionnage, ce qui est bien dommage.
Conclusion
Après cette analyse extensive de ce qui fait la particularité du marché des vidéos high-tech sur YouTube, on comprend mieux pourquoi il est structuré de cette manière aujourd’hui. Débuter en tant que vidéaste high-tech aujourd’hui est plus facile que jamais sur le plan matériel, mais plus compliqué que jamais pour se trouver une place. La tendance de ces dernières années vers les vidéos “faciles à consommer”, rapides, plus forcément complètes et où l’on ne sait pas à quel niveau d’information nous allons nous confronter rend plus opaque pour le spectateur quels attentes il doit avoir et pour les nouveaux vidéastes, rend la mimêsis (l’imitation sur la base de conventions) plus compliquée.
L’argent est au nerf de la guerre de l’information délivrée par les vidéastes. Empruntez le chemin de l’honnêteté totale et de la transparence comme Chris de TechTablets, et les marques vous bouderont, ce qui rendra votre activité onéreuse. Choisissez d’être plus lisse, et vous n’aurez aucun souci à recevoir votre échantillon presse tous les ans. Choisissez des moyens de financement alternatifs, et vous pouvez gardez une opinion honnête tout en choisissant ce que vous voulez tester.
Les habitudes de visionnage jouent aussi un rôle important dans les tendances en ce qui concerne la production de vidéos. Les vidéastes doivent convaincre au plus vite, sinon le spectateur a des centaines d’alternatives à aller regarder. Des techniques pour aguicher le spectateur se sont popularisées et bien qu’elles continuent d’irriter certains, c’est un aspect qui a été globalement accepté. La place des femmes vidéastes doit continuer de grandir, car les rares créatrices connues sur le sujet produisent une information de qualité tout à fait satisfaisante et ont réussi à obtenir un avis qui est écouté et respecté, malgré le sexisme très présent sur les réseaux sociaux et le comportement nuisible d’une partie des vidéastes et streameuses jeux vidéo.
En 2019 arrivent les smartphones dotés d’un punch-hole pour placer la caméra frontale, les smartphones pliables, dotés d’écrans AMOLED et POLED vont débarquer sous peu, le ray tracing va être supporté sur les jeux vidéos pour PC… Tant de mots compliqués dont j’espère qu’ils seront explicités par les vidéastes high-tech, accompagnés d’avis objectifs sur chacun d’entre eux.
*Repose immédiatement Utopia de Thomas More sur la table*
Interview d’ElectronikHeart d’où est tirée la citation d’en-tête :
https://bit.ly/2Gprehc
Contexte : interview résultant d’un travail noté lors de la licence 3 de Lettres Modernes Appliquées, en UE « Journalisme Culturel ».
Webographie :
https://www.blogdumoderateur.com/chiffres-youtube/
https://www.webrankinfo.com/dossiers/youtube/chiffres-statistiques
https://www.reddit.com/r/Xiaomi/comments/9fg6on/psa_poco_f1_face_unlock_is_not_secure/
Chaînes citées pour exemple :
Erica Griffin : https://www.youtube.com/user/TheAngelofmusic1989
NothingButTech88 (Jacklyn) : https://bit.ly/1FjnIrX
TechTablets (Chris) : https://www.youtube.com/user/hendrickson
ElectronikHeart (Fabien) : https://www.youtube.com/user/ElectronikHeart
NowTech : https://www.youtube.com/user/NowTechTVfr
LinusTechTips : https://www.youtube.com/user/LinusTechTips
Unbox Therapy (Lewis) : https://www.youtube.com/user/unboxtherapy
Jojol : https://www.youtube.com/user/jojol67